Monday, May 08, 2006

À LA RENCONTRE DE L’ISLAM


À LA RENCONTRE DE L’ISLAM
Itinéraire d’une spiritualité composite et engagée

de Pamela Chrabieh

Montréal, Médiaspaul, avril 2006
Collection 'Spiritualités en dialogue'
ISBN 2-89420-679-8 * 120 p. * 16,95 $

Une artiste témoigne de sa rencontre avec l’Islam, d’abord imposée par une enfance vécue dans un Liban en guerre, puis assumée à travers une spiritualité chrétienne nourrie par la beauté de la spiritualité musulmane.

Résumé:
Jeune auteure et peintre d'icônes, Pamela Chrabieh a vécu son enfance dans un Liban en guerre. Elle nous livre ici avec intelligence, sensibilité et discrétion, le cheminement peu banal d'une artiste chrétienne maronite allant "à la rencontre de l'islam". Cet islam a d'abord le visage de son voisin musulman rencontré pendant la guerre, une guerre dont les racines plongent dans un terreau aussi bien religieux que politique. L'auteure raconte comment, sur un fond culturel d'islamophobie, vestige de la cruauté de cette guerre, elle part en quête d'une identité qu'elle croyait sans ambiguïté. Peu à peu, elle découvre l'impossibilité de démêler, parmi les fils qui tissent sa culture, ceux qui sont d'origine chrétienne de ceux d'origine islamique. C'est ainsi qu'elle en vient à qualifier de "composite" sa spiritualité nourrie dans les monastères du Liban et de Syrie, son art d'iconographe, sa recherche intellectuelle et son écriture. La rencontre interreligieuse devient alors pour l'auteure une voie de création, de transformation, de libération et d'engagement. Dans sa préface, Fady Noun reconnaît en Pamela Chrabieh une "icône vivante de la réconciliation". Et il ajoute: "Ceux qui ont goûté à la bonté de la réconciliation ne sont plus tourmentés par la peur de l'autre".

Table des matières:
Avant-propos de Fabrice Blée...............7
Préface de Fady Noun..........................11
Introduction...........................................15
Chapitre 1: Mémoires de guerre.........21
Chapitre 2: Islamophobies..................33
Chapitre 3: Relectures d'un héritage................ 43
Chapitre 4: Expériences de dépouillement.......51
Chapitre 5: Échos monacaux..............................63
Chapitre 6: L'appel des arts islamiques............71
Chapitre 7: La rencontre comme voie
de création ou l'écriture artistique spirituelle
renouvelée............................................................81
Chapitre 8: La rencontre comme voie
de transformation................................................87
Chapitre 9: La rencontre comme voie
de libération......................................................... 97
Chapitre 10: Une demeure à construire,
un chemin en devenir........................................103
Postface................................................................109
Bibliographie........................................................111

Tuesday, May 02, 2006

LA RESTAURATION-CONSERVATION DES ICÔNES




par Pamela Chrabieh

Je dédie cet article à la mémoire du regretté le P.Antoine Lammens, illustre restaurateur d'icônes et mon professeur à l'Académie Libanaise des Beaux-Arts (Université de Balamand, Liban) entre 1997 et 1999.


Le patrimoine religieux chrétien recèle entre autres, un trésor iconographique d'une richesse incomparable, témoignage par les lignes et les couleurs de croyances diverses en les Mystères divins. Qu'il s'agisse d'icônes de provenances diverses, celles-ci subissent constamment les épreuves néfastes du temps et l'ignorance des êtres humains. Il est temps de dénoncer les dégâts, mais aussi et surtout de contribuer à prendre soin de ce patrimoine.

Certaines confusions terminologiques se font en milieux public et médiatisé non professionnel. Il est donc important d'apporter les distinctions suivantes entre:
1- La conservation préventive, qui consiste à prendre les mesures qu'il faut pour contrôler le milieu dans lequel l'icone se trouve pour que son état reste stable, entre autres: la température et l'hygrométrie. Il est aussi recommandé d'éviter la proximité des sources de chaleur, des plantes, des lampes, des bougies, de l'encensement, le contact humain ( baisers, touchers, égratignures d'ongles... ), l'emprisonnement de l'icône dans un cadre fermé qui l'empêcherait de respirer et qui contraindrait le bois du support.
2- La conservation curative, qui consiste à prendre toutes les mesures sur l'icône déteriorée pour arrêter ce processus d'altération. Les opérations correspondantes peuvent être effectuées sur place et donc peuvent ne pas nécessiter un transfert de l'oeuvre qui augmenterait les risques de dégâts.
3- La restauration, qui consiste à rétablir au mieux la lisibilité de l'icône et peut être facultative. Sa démarche est totalement différente de celle d'une 'rénovation' qui est une 're-création'. La restauration met en valeur le patrimoine.


Il est important de noter que la conception de la science de la restauration-conservation a évolué rapidement au courant de ces dernières années, ce qui a entraîné la nécessité de repenser complètement le statut de la personne qui s'y spécialise.
En effet, cette dernière devrait suivre une formation rigoureuse et continue, comprenant entre autres: une déontologie de la profession ou le respect d'un code d'éthique appliqué à toute intervention lors du traitement d'une icône ( la réversibilité en est le grand pivot ); le restaurateur et la restauratrice ne sont pas des artisans ou des peintres dans leur atelier de restauration et se doivent de repecter l'identité de l'oeuvre; une formation scientifique est de première importance, moyennant des études approffondies en chimie-physique, macromoléculaire et la chimie des solvants utilisés, ainsi que la lecture des photographies prises sous les radiations électromagnétiques. Il est inadmissible de se contenter d'un empirisme dangereux et les résultats spectaculaires à l'immédiat peuvent ne pas assurer un bon vieillissement de l'icône; d'autre part, la formation artistique aide à mener au meilleur les opérations de ré-intégration des coloris, la connaissance des langues anciennes aide à déchiffrer les inscriptions et les textes retrouvés sur les évangéliaires et les phylactères, et la formation en histoire de l'art, en théologie et en liturgie orthodoxes aident le restaurateur et la restauratrice à se laisser imprégner par la beauté historico-culturelle et spirituelle de l'icône.
Cette multidisciplinarité n'exclue pas le fait qu'il est indispensable de travailler en collaboration avec des ébénistes, des historiens ( nnes ) d'art, des chimistes, des archéologues et des théologiens ( nnes ). La place est ouverte au dialogue et à l'échange, afin de mener les icônes en parfait état de restauration-conservation dans leur lieu de prière.

Quelle est la démarche suivie pour conserver et restaurer une icône?
1- A son arrivée à l'atelier, l'icône est mise en réserve sous contrôle hygrométrique. Un constat d'état présenté au ( à la ) propriétaire, comprend l'identité de l'oeuvre, la description du sujet et éventuellement une étude iconographique comparative avec d'autres icônes, ainsi que la description de l'état de la facture, de la couche picturale et de la couche protectrice. Ainsi, une proposition provisoire de traitement est formulée. Chaque icône altérée est un malade dont le cas est unique et nécessite donc un traitement unique.
2- Si nécessaire, les opérations suivantes sont effectuées sur l'icône: le cartonnage, le refixage, la consolidation, la purification, l'allègement, le masticage, le ponçage, la ré-intégration etc... Enfin, une couche de finissage est appliquée afin de protéger l'icône et un rapport final de restauration-conservation est aussi soumis au ( à la ) propriétaire. Les photographies sous les radiations électromagnétiques et les macrophotographies accompagnent le travail depuis le début.

Lexique:
1- Allègement: opération qui tend à réduire l'épaisseur d'une couche protectrice assombrie qui n'accomplit plus sa fonction protectrice et optique, sans pousser jusqu'au dévernissage.
2- Cartonnage: opération qui consiste à appliquer une feuille sur la surface d'une icône pour la protéger temporairement contre la déterioration et qui permet des interventions de sauvetage.
3- Masticage: opération qui consiste à introduire un enduit approprié sous la préparation lacunaire de l'icône.
4- Purification: opération qui consiste à retirer les surpeints et repeints pour montrer la couche picturale originale.
5- Refixage: opération qui consiste à fixer les soulèvements de la couche picturale ou de la préparation par application de collagènes.
6- Ré-intégration: application de retouches picturales qui n'ont pas pour but de pousser jusqu'à l'illusionisme mais de rendre l'icône visible.
7- LE PATRIARCAT D'ANTIOCHE : Ancienne capitale des Séleucides, devenue ensuite capitale de la province romaine de Syrie, Antioche, située au bord de l'Oronte, était la deuxième Ville de l'empire byzantin. Deux célèbres écrivains d'Antioche, Liban et Saint Jean Chrysostome, parlent dans leurs écrits de la grande ville merveilleuse. Mais à part les souvenirs et les ruines, rien ne subsiste des merveilles de jadis, des villas élégantes dont parle Chrysostome, des avenues pavées de marbre et des nuits illuminées. De nos jours, Antakya-nom moderne de cette ville-est un modeste centre agricole en territoire turc. D'Antioche, centre international des affaires, bifurquaient les grandes routes pour Damas et Jérusalem, vers l'Asie Mineure et l'Égypte, vers la Perse et les Indes. La corrélation d'Antioche avec la prédication de l'Évangile est de grande importance: de là, la " bonne nouvelle" fut transmise en Syrie et en Perse, de là Paul entreprit ses premiers voyages apostoliques et c'est là que Pierre installa son siège épiscopal, avant qu'il soit transféré à Rome. Ce fut également à Antioche que les chrétiens furent nommés pour la première fois comme tels. En 325, au premier concile œcuménique - Nicée I- la primauté de l'évêque d'Antioche sur les autres diocèses civils fut attestée. En 451, au quatrième concile œcuménique -Chalcédoine- l'évêque d'Antioche fut promu au rang de patriarche. Période de grande crise, jusqu'à la séparation du patriarcat d'Antioche. Cette crise éclata à cause de la définition diophysite : les monophysites, qui ne voyaient dans la Personne du Christ qu'une nature divine-humaine, furent condamnés par le concile. Mais ils continuèrent de maintenir leur doctrine, ceci surtout pour des considérations politiques, anti-byzantines, à l'égard de l'empereur, garant de la vraie doctrine, de l' " Orthodoxie ". S'opposer au concile de Chalcédoine signifiait une sorte de protestation contre le pouvoir impérial, contre Constantinople. Les cinq sièges patriarcaux formèrent la " Pentarchie "; on appela les patriarches les cinq lumières de l'univers, les cinq têtes et soutiens de l'Église, les cinq sens du corps ecclésiastique, dont Rome représentait la vue. La Pentarchie, qui se manifesta d'une certaine manière par le règne de cinq papes territoriaux, dont l'un, le Pape de Rome, revêtait le primat universel, s'écroula en 1054 avec le Schisme de Constantinople. La séparation entre Constantinople et Rome, en 1054, entraîna celle de l'ensemble de l'orient avec l'occident et les patriarches, jusqu'alors en accord avec Rome, s'unirent à la thèse du patriarche oecuménique de Constantinople. Au 13e siècle, durant le règne des Mamelouks, la résidence patriarcale fut transférée d'Antioche à Damas. Et dès 1724, un patriarcat orthodoxe-melkite subsista, tandis qu'un patriarcat " grec-melkite-catholique ", rallié au siège de Rome, se constituait à nouveau à Antioche.