Saturday, September 30, 2006

The need for Dialogue, the need for Life.
Le besoin de dialogue, le besoin de vie.
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Semaine du 1er octobre-8 octobre 2006
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J'ai assisté le mecredi 27 septembre 2006 à un événement organisé par Tadamon-Montréal à McGill (Auditorium Frank Dawson Adams):
FEUX de la GUERRE et VOIX de la RÉSISTANCE.
Stratégies pour la solidarité du Liban à Montréal
Ce que j'ai retenu de cet événement est un appel à la vie de la part de jeunes Libanais, Palestiniens et Canadiens, et non à la survie; un appel à la vie doublé d'un appel à l'équité (le sang des Libanais et des Palestiniens ne vaut pas, hélas, aux yeux de beaucoup, les larmes d'autres), la liberté, la solidarité et le dialogue. En effet, la violence n'entraîne que la violence. Et la guerre ne peut être stoppée par un 'cessez-le-feu'.
On ne peut parler d'après-guerre au Liban, du moins, pas à court terme. Tant que les Libanais sont encore entraînés dans un cycle de survie qui émane du cycle infernal de la guerre et qui l'alimente en retour, ils ne pourront 'vivre' pleinement et dignement. Au-delà du retour à une sécurité minimale (physique bien sûr, mais aussi économique et sociale peu à peu), et de droits de 'base' (besoins élémentaires) assurés à une plus grande échelle grâce à l'aide humanitaire (pouvoir se nourrir, se vêtir, se loger); au-delà également des chiffres que l'on voit déferler dans les médias (nombre de morts, de blessés, de bombes et missiles, d'habitations, d'écoles et de ponts détruits, de déplacés et de réfugiés, aide monétaire provenant de plusieurs pays et associations...), jouir d'une vie décente ne vient certainement pas de pair avec l'annonce et l'implantation de la 'cessation des hostilités' - et le retrait progressif des forces armées israéliennes du Sud du Liban - et, comme l'avait affirmé le ministre de la culture libanaise Tarik Mitri au Sommet de la Francophonie à Bucarest la semaine passée: "les chiffres enlèvent à chaque être disparu son nom ; ils taisent la coupure de cet élan de vivre qu’est l’enfance ; ils ne peuvent rien dire du drame qu’inaugure une amputation ; ils ne rendront jamais rien, non plus, de l’incommensurable mémoire d’une maison détruite".
Traumatismes et Post-traumatismes, dépressions, Xanax, chômage, paupérisation, émigration forcée, déplacement à l'interne forcé, séparation des familles... Chocs et crises économiques et psychologiques (traumatismes-bis beaucoup moins spectaculaires mais tout aussi profonds!), désespoir, haine, vengeance... : voici le lot de la constante dynamique 'guerre/cessez-le-feu/statut-quo'.
Il va falloir implanter un dialogue multiforme ou un plurilogue au niveau national (interconfessionnel, intergénérationnel, inter-genres, inter-politique, inter-classes sociales et économiques, transnational, etc.), renforcer les dialogues et les mouvements de solidarité déjà existants, assurer le retour des réfugiés et des déplacés chez eux, renforcer l'éducation, implanter des cliniques de récupération psychique, assurer la liberté d'expression et les droits politiques pour tous les Libanais, réformer le système socio-politique confessionnel, combattre le clanisme et la néo-féodalité, renforcer la Société Civile, se départir des ingérences étrangères, construire et promouvoir une culture de la mémoire de la guerre en vue de la réconciliation et de la convivialité à tous les niveaux, lutter contre l'état d'épuisement général, de lassitude, de la perte de la foi en l'avenir, etc.
Ces logiques et bien d'autres encore, qui constituent des alternatives au système de la guerre - avec la sécurisation des conditions de vie (dont le désamorcement de plus d'un million de bombes à fragmentation larguées aléatoirement par l'armée israélienne sur le sol Libanais et dont les cartes n'ont pas été encore remises à l'ONU), le respect du droit international et du droit international humanitaire souvent ignorés, voire bafoués au Liban, en Palestine, à travers le Moyen-Orient et au-delà-, pourront assurer le passage de la survie à la vie, de l'injustice à la justice, de l'instabilité à la stabilité, de l'occupation et de la dépossession de territoires à la souveraineté et l'indépendance... Bref, de la guerre à la paix.
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TÉMOIGNAGES- TESTIMONIES
Wednesday 4 October, 2006.
9h54 a.m.

In line with the “domestic tourism” I have been going for practically every weekend since the end of the last war in Lebanon, I went, the previous Sunday, to relax and eat supposedly fresh fish from our Mediterranean Sea in “Abou-Philippe’s” restaurant in Byblos. Founded by the Phoenician God El at least 7000 years ago, Byblos is renowned for being the “oldest continuously inhabited city” and the place most Lebanese visit to dream, smile and admire. Similar to the road leading to the South of Lebanon, the way to Byblos was filled with alternative routes because of the bombardment and demolition by the Israelis of three bridges leading to the North of Lebanon; of course, to hypothetically stop the circulation of Hezbollah’s missiles. While the detours are a common trend by now for all Lebanese, the very tense discussion with my friends, surely a common trend as well, concerning Hezbollah and the way to annihilate them or dialogue with them collided with a scene I lived a couple of nights before at 2h a.m. in the MusicHall of Downtown Beirut. With a few hundreds Lebanese, I was enchanted by Zaki Nassif’s song “Rajee yet aammar Lebnan” (Lebanon will be rebuilt again). How many times have we heard the latter, sang it and believed in it? Yet will the Lebanese ever decide on a way to rebuild our beautiful land when friends can hardly op
en up a conversation without almost killing each other? Actually, the smiles and the hopes for a better winter of an old couple I met once in Zaarour, a ski resort area, revealed a sample of the Lebanese will to rebuild and go further. A dream I shall never doubt its tangible realization.

Michèle Chrabieh
Bab Idriss, Lebanon.
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The McGill Daily: Where were you when you found out about the deaths of your family members?
Hassan El-Akhras: The Israeli war had started. I was at a demonstration [against the Israeli bombings] here in Montreal that Sunday. My cousin from Beirut called me and told me that our house had been bombed.
MD: What have you heard about the situation in Lebanon right now?
HE: Actually, it's better, but some Israeli soldiers have stayed along the border around my village. They are supposed to go back to their side, but they continue to violate UN Resolution 1701 [which called for a ceasefire in August].
MD: After you found out about the deaths of your family members, what was the Canadian government's response and what support did they provide you and your family?
HE: The Foreign Minister, [Peter] MacKay, called me two days after and expressed his sympathies. And that's it. After that, one month later, they helped us bring our aunt to Montreal because she's not Canadian. These are the only things they did. I asked them to conduct an inquiry into the people who were killed by Israeli air-strikes, I asked to meet the Prime Minister, but I am still waiting to meet him. The only response I've gotten is a copy of the letter they sent to the [Israeli] Foreign Ministry asking for the inquiry. They told me that Israel was doing an investigation into what happened and they will give me any news. I'm still waiting.
MD: Do you plan to go to Lebanon?
HE: I am going in October for about four weeks, with my mom, to see our dad's tomb, and our family's tombs - we didn't see them and we want to go there. At the end of Ramadan during Aid, we have to go see the tombs of our family, so we want to go there and see and be there to commemorate and remember them.
MD: What is the main message you want to send the Montreal community on Wednesday?
HE: I'll ask people to help us to make justice, to introduce the criminals to court. I'm asking for justice, that's it. We want to have all criminals everywhere in the world pay for their crimes. I want people to help us... not only for my family, but for everyone around the world.
Compiled by Kaveh Namdaran
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Dans la nuit assassine
Au-dessus de la ville endormie,
Les étoiles veillent, nombreuses,
Un avion à moteur franchit le ciel,
Dans la nuit assassine.
Encore un pont qui tient debout,
la face des bombes ennemies.
Des portières qui claquent, une voiture qui s’éloigne,
Encore une famille qui a choisi de partir,
Nous sommes tous des ponts dans la nuit,
Des ponts qui relient le jour au jour,
Des ponts attendant le point du jour ;
Nous irons continuer nos vies ailleurs .
Pas de lumière, de ce côté du monde,
La guerre a tout éteint, tout endormi.
Quelque part, un enfant vient au monde,
Dont le père est sur le point de partir.
Quelque part, un homme se barbouille le visage
Pour ne pas refléter le clair de lune,
Il arme son fusil d'assaut et sort pour tuer
Ou mourir. C'est sa dernière nuit sur terre.
Le jour se lève sur Beyrouth,
Après une nouvelle nuit de mystère,
Une nouvelle nuit de vacarme au loin,
Une nouvelle nuit de silence.
Le jour étale ses couleurs,
Un rossignol réveille la nature,
J'ai veillé au sommet de cette nuit,
Dont je redescends pour dormir.
Le jour se lève sur Beyrouth, dans le bac à fleurs,
Les abeilles bourdonnent et butinent.
C'est bien, nos enfants goûteront cette année,
Du miel fabriqué au Liban.
(par Fady Noun, journaliste à L'ORIENT LE JOUR)
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PRESSE- PRESS
Benzodiazépines
L'article de Ziyad MAKHOUL

Trente-neuvième semaine de 2006.La réputation de ce pays qui attendait, avant le kidnapping par le Hezbollah des deux bidasses israéliens, une saison touristique hallucinante et des promesses d’investissements économico-financiers, mais aussi culturels, sociaux, humains, extrêmement précieux, s’est doublement avariée, carrément sclérosée : on n’y vient plus, certes, et, bien plus grave à court, moyen et long terme, on en part. Létale, scandaleuse hémorragie, que même les muscles des boys de la Finul Plus et l’hyperactivité/ubiquité de Fouad Siniora ont à peine réussi à endiguer. Polyhémorragie, surtout : ça s’en va de partout, de toutes les classes sociales, de tous les âges, des deux sexes, toutes tendances politiques confondues, de toutes les communautés. À ce propos, il serait d’ailleurs absolument inconvénient, voire désobligeant, stupide même, de se cacher derrière un petit doigt : les chrétiens déguerpissent beaucoup plus vite et en bien plus grand nombre que les autres, et quiconque pense qu’un Liban sans chrétiens resterait le Liban se fout du monde et, surtout, de lui-même. Tout le monde s’en va donc, et personne ne sait quand, s’ils le faisaient, ils reviendront. C’est vrai que si le Hezbollah désarmait, si Lahoud émigrait, si un audit international était imposé sur le moindre dollar reçu et géré par le gouvernement, sur la plus petite des institutions (dont, naturellement, le Conseil du Sud...), si la justice s’émancipait et devenait terrifiante pour tous, si la loi et le droit prévalaient en despotes éclairés, si le terrorisme (notamment intellectuel) cessait d’être pratiqué à chaque fois que quelqu’un ouvre la bouche, si Israël et la Syrie étaient sommés de ne plus toucher, de près ou de loin, au Liban, si la loi (électorale) Boutros était instaurée à vie, si Taëf était appliqué puis amélioré, si les fantasmes des uns et des autres étaient oubliés, c’est vrai que cela pourrait contribuer à un retour plus rapide, au Liban, de l’étranger et du Libanais. Que cela pourrait contribuer à rééquilibrer un minimum cette réputation d’un pays finalement châtié pour excès d’orgueil : il n’est pas simple, il n’est pas évident, peut-être même qu’il n’est pas possible d’être, impunément, un pays-message, un pays-modèle. Cela aiderait, donc, mais cela resterait nettement insuffisant, tant que les Libanais ne s’entendent pas sur la nature et la culture du Liban, sur sa raison d’être, sa mission et sa définition, sur ce qu’il doit être, sur ce qu’il a à faire. Sinon, ce ne sera jamais que du raccommodage, de l’aspirine, de la rustine, celle qu’on met sur un pneu crevé au lieu de le changer.Rester qu’en attendant de trouver l’abracadabra, qu’on s’occupe, au moins, de ceux qui, par délicatesse, par amour, par pitié, par conviction, par nécessité ou par obligation, ont décidé de ne pas partir.Ceux-là, d’où qu’ils viennent, quels que soient leur éducation, leurs revenus, leurs sympathies politiques, leur âge, leurs ambitions, commencent, pas vraiment lentement et certainement sûrement, et dans leur très grande majorité (il restera toujours quelques irréductibles souriants à voir dans l’insurmontabilité et la variété des défis, d’édifiantes vertus érectiles) à entrer dans une espère de somnolence, d’abdication, une espèce de bulle, fanée, résignée, avachie, éthylée et éminemment xanaxée. Il suffit d’ouvrir n’importe quel œil, même myope, même défait par quelque glaucome, pour voir, partout, ce mélange hyperTNT, ce mélange insensé, pire que toutes les pilules abortives réunies, ce mélange inédit et dantesque d’indifférence et d’anxiété. Un peuple qui dort n’est pas un peuple mort, certes, mais un peuple qui n’y croit plus et qui a peur, un peuple à la recherche de n’importe quelle sensation ébrieuse, un peuple fatigué par son activité cérébrale, un peuple glouton d’amnésie, a déjà quelques orteils dans, au mieux, n’importe quel (porte-)avions(s).Peu importe de savoir (c’est tellement facile...) à qui profiterait donc ce génocide qui ne dira jamais son nom, ce libanicide dont beaucoup rêvent – surtout éveillés. Ce n’est décidément, définitivement plus de dialogue dont ce pays a, pour l’instant, besoin, mais de vie. Pour que la vie grouille, il faut des retours, des investisseurs, des étudiants, des unions, des naissances, des touristes, des concerts, des expositions, des Sommets, des happenings, des métissages, des chrétiens et des musulmans réconciliés entre eux et avec les autres, égaux devant le Liban, il faut une sud-africanisation de ce pays, il faut un avènement. Pour qu’il y ait un avènement, une prise de conscience, pour que cesse, ici, la consommation de tous les Xanax du monde, quel que soit l’anxiolytique, il faut un Mandela, un Kennedy, un Juan Carlos : quand il n’y a plus d’envie(s), l’homme-providence a de nouveau l’hypercote.
(L'Orient-le-Jour, Beyrouth, 30 septembre 2006)
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ANNONCES-ANNOUNCEMENTS
According to OCHA Situation Report 39, 20-29 September 2006:
-14 people have been killed from all types of unexploded ordinance since the start of the Summer 2006 War,
-90 people have been injured from them
-The UN mine action center has estimated 1,000,000 unexploded cluster sub-munitions in South Lebanon
Nahwa al-Muwatiniya is pleased to invite Karine Gavand with Handicap International, who will be speaking about the:
‘Campaign to Ban Cluster Bombs’
Karine is the Project Manager of Handicap International in Lebanon within advocacy. She will be speaking about her work here in Lebanon, and more specifically, this campaign, which is an international consortium of 150 NGOs, including Handicap International, campaigning against cluster bombs.
Handicap International is an international charity working in 60 countries worldwide in the fields of disability, landmines and cluster munitions.
Date & Time: 2 October, 2006 at 8:00pm
Place: Club 43, Rue Gouraud, Gemmayzé, facing Doculand
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Fundraiser Musical Night
Healing Melodies
A grand Piano Recital performed by: RAMI KHALIFE
BENEFIT FOR LEBANON
Organized by: LSA Concordia
Ticket: 20$
Sunday, October 1st, 4:00 PM
Oscar Peterson Concert Hall
Loyola Campus, Concorida, Montreal
(514) 2991421; (514) 6907421
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INSIDE INVASIONS: FROM PALESTINE TO LEBANON
By 'Under the Olive Tree', the Canadian Palestinian radio show on CKUT (90.3 FM, Montreal).
Monday October 2nd, 2006.
McGill University, Frank Dawson Adams Auditorium,
Adams Bldg., 3450 University Street, Montreal.
Tania Tabar: Concordia student, speaking about her experience reporting on political prisoners and children living under occupation.
Hanin Amer: McGill student, speaking about the Apartheid Wall and its effects on Palestinians in the West Bank and Jenin.
Laith Marouf: Concordia student, speaking on life for Israeli Palestininans under bombardment from Hezbollah and targeting from the Israeli state Apartheid.
Laith Marouf: Coordinator and Host of the show, speaking about training Palestinian youth for Radio work and the exchange program.
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Israeli Apartheid. Racism, Occupation & Discrimination.
A public talk on Israeli Apartheid with Jamal Juma'a of the International Stop the Wall Campaign.
WEDNESDAY, OCTOBER 4th, 7:30pm.
School of Community & Public Affairs Concordia University
Donations Appreciated.
2149 MacKay [above de Maisonneuve] Metro Guy-Concordia
Participate in a public lecture by Jamal Juma'a, a representative of the Stop the Wall Campaign based in the occupied West Bank. This event is an opportunity to hear a detailed & compelling account of present-day Israeli apartheid & the growing global movement against it. In light of the Israel's recent bombardment of Lebanon & its ongoing brutal occupation of the West Bank & Gaza Strip, an international conference is taking place in Toronto, from October 6th to 8th, in order to launch a comprehensive Boycott, Divestment and Sanctions (BDS) strategy as the center-piece of international solidarity efforts to end Israeli apartheid
* Information on Jamal Juma'a: Juma'a was born and lives in Jerusalem and is the coordinator of the Palestinian grassroots anti-Apartheid Wall Campaign. He is a founding member of several support organizations, including the Palestinian Agricultural Relief Committees [PARC] and the Palestinian Association for Cultural Exchange [PACE], on whose boards he continues to serve. He has written several widely-published and translated analysis pieces on the Wall and the struggle for Palestine. He regularly represents the Stop the Wall Campaign. [http://stopthewall.org]
* Organized by Tadamon! Montreal & the International Solidarity Movement of Montreal [ISM].
Info: tadamon[at]resist.ca / 514 690 8499 / http://tadamon.resist.ca
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The Preamble to the Constitution of UNESCO declares that ‘since wars begin in the minds of men, it is in the minds of men that the defences of peace must be constructed’.
After many years of war in Lebanon the questions remain the same: why can’t these painful experiences be used as lesson for the future? How can we forget and move on as nothing happened?

Nahwa al Muwatiniya is pleased to invite you to a session with Dr.Antoine Messarra, Project Coordinator of the Lebanese Foundation for Permanent Civil Peace, who will be speaking about:

“The importance of building a collective memory”

Date & Time: 9 October, 2006 at 8:00pm
Place: Club 43, Rue Gouraud, Gemayzé, facing Doculand

Monday, September 25, 2006

L'ère de la désinformation
Semaine du 25 septembre 2006


Selon Wikipédia:
"La désinformation est un processus, utilisable à tous les niveaux dans toutes les sphères de la communication, et qui consiste à présenter :
- une information fausse comme vraie
- une partie d'information vraie comme une totalité indépendante et vraie pour elle-même
- une information vraie comme fausse".
La désinformation peut être exercée comme moyen de propagande (d'un gouvernement, d'un parti politique, d'une institution étatique, privée, religieuse, financière, etc., d'un lobby, d'un groupe particulier...). Elle est dans ce cas planifiée. Elle peut être également latente et s'exerce sous forme d'autocensure, en privilégiant des informations sur d'autres, des sujets sur d'autres... Par exemple, quoi de plus désolant de constater la profusion des couvertures médiatiques des conflits-guerres et tensions entre États, cultures et religions; alors que ce n'est pas le cas des initiatives de dialogue, des actions communes et des interactions constructrices. Évidemment qu'il existe des canaux et des 'lieux' de communication alternatifs comme l'Internet, mais ce dernier véhicule aussi un large éventail de rumeurs, de canulars et différents types de propagande.
En se basant donc sur une définition large de la désinformation dont les caractéristiques sont étayées ci-dessus, il nous semble pertinent de qualifier notre ère de "l'ère de la désinformation". Les exemples à cet effet sont innombrables et ne constituent pas l'apanage d'un pays ou d'une culture spécifiques. Toutefois, ce qui m'intéresse actuellement est la désinformation qui s'exerce tant au Liban (au niveau interne), qu'au niveau de la transmission des nouvelles concernant le Liban (et le Proche-Orient en général) à l'échelle internationale. La censure, l'auto-censure et la propagande sont tellement présentes dans ces deux niveaux qu'elles dictent des visions du monde spécifiques à suivre: au niveau interne par exemple, toute information identifiée de 'pro-israélienne' est qualifié de 'traîtrise' et 'd'anti-nationalisme'; tel est également le cas de toute information identifiée de 'pro-syrienne', pro-américaine', 'pro-iranienne', etc. Que de politiciens Libanais se sont condamnés mutuellement ces deux dernières semaines, rendant le dialogue national des plus caduques... Que de médias (les principaux journaux et chaînes télévisées) ont colporté ces condamnations et alimenté les tensions internes...
Au niveau international, quoi de plus désolant de constater la qualification de toute critique à l'encontre de l'État d'Israël et de sa politique gouvernementale d' 'antisémitisme' et de 'menace', voire même de 'terrorisme'. L'article du politilogue Mohammed Oifi dans le Monde Diplomatique ('Désinformation à l'israélienne', septembre 2005) est à cet égard extrêmement éclairant. Il y étudie le cas du Memri (Middle East Media Research Institute, installé à Washington) qui forme une des diverses agences qui étouffent toute critique de la politique israélienne, présentant l'essentiel des journalistes des médias proche-orientaux arabes et musulmans comme des fanatiques antioccidentaux et antisémites (notons ici que le peuple 'hébreu' n'est pas le seul peuple 'sémite'. Les arabes également sont des 'sémites'. En ce sens, l'antisémitisme ne peut être réduit à l'antijudaïsme). En effet, fondé en février 1998 par le colonel Yigal Carmon, ancien membre des services de renseignements israéliens, le Memri est un centre de traduction des médias arabes et iraniens vers les langues européennes qui se veut "un pont entre l'Occident et le Proche-Orient" avec pour objectif d’« apporter des éléments d’information au débat sur la politique américaine au Proche-Orient. C’est une organisation indépendante, non partisane, à but non lucratif. Elle a des bureaux à Berlin, Londres et Jérusalem. Elle fournit des traductions en anglais, allemand, espagnol, français, hébreu, italien, russe et turc ». Ce service est envoyé gratuitement de manière régulière et massive aux médias, aux institutions et aux responsables politiques occidentaux, notamment les membres du Congrès des Etats-Unis. Aussi, Memri TV Monitor Project « surveille » les principales chaînes de télévision arabes et iraniennes. L’institut réalise de manière ponctuelle le sous-titrage et la distribution de courts extraits, soigneusement sélectionnés, de ces télévisions, qu’il fournit gratuitement aux chaînes occidentales. Selon Oifi: "Toute l’opération tient dans la sélection des textes et des séquences que l’institut choisit de traduire. Il a tendance à présenter comme majoritaires des courants d’idées très minoritaires dans la presse et les médias arabes. Ainsi, le lecteur non arabophone qui se contenterait de la lecture de ces traductions aurait l’impression que les médias arabes sont dominés par un groupe d’auteurs fanatiques, antioccidentaux, antiaméricains et violemment antisémites que combattraient quelques braves mais rares journalistes, que le Memri qualifie de « libéraux ou progressistes ». C’est pourquoi, à plusieurs reprises, des auteurs arabes ou quelquefois européens ont présenté le Memri comme une arme de propagande au service du gouvernement de Tel-Aviv, du Likoud et de leurs groupes de pression. Il est vrai que, lors de sa création, sur six membres de son équipe, trois étaient d’anciens membres des services israéliens. Depuis sa fondation, l’institut a réussi diverses opérations. C’est lui qui a lancé, en 2001, une campagne de dénonciation des manuels scolaires palestiniens, largement infondée, pour faire croire que ceux-ci attisaient l’antisémitisme. En 2004, il réussit, avec notamment le relais du site Proche-Orient.info (qui a, au moins provisoirement, cessé ses activités en juillet dernier), à exploiter les « dérapages » de la télévision du Hezbollah, Al-Manar, pour faire interdire celle-ci en France, suscitant des protestations de l’association Reporters sans frontières. Il a activement participé à la campagne qui a abouti à la fermeture du centre Cheikh Zayed aux Emirats arabes unis. Plus largement, le Memri sert la stratégie israélienne de mise en cause des relations entre les Arabes et l’Occident. Invité dans une émission d’Al-Jazira, le colonel Carmon rétorque à ses accusateurs que le Memri poursuit un objectif scientifique : transmettre à l’Occident la lecture que les médias arabes font des événements au Proche-Orient". Drôle de transmission...!!!

L’institut est souvent attaqué sur la qualité – parfois même l’honnêteté – de ses traductions. Selon Oifi: "Le professeur Halim Barakat, de l’université Georgetown (New York), aux Etats-Unis, a fait, lui aussi, les frais de ces méthodes. L’article qu’il a écrit dans le quotidien londonien Al-Hayat sous le titre « Ce monstre créé par le sionisme : l’autodestruction » a été reproduit par le Memri, explique son signataire, sous « un titre incitant à la haine : “Jews Have Lost Their Humanity” [Les juifs ont perdu leur humanité]. Ce que je n’ai pas dit... Chaque fois que j’écrivais “sionisme”, le Memri remplaçait par “juif” ou “judaïsme”. Ils [le Memri] veulent donner l’impression que je ne suis pas en train de critiquer la politique israélienne et que ce que je dis, c’est de l’antisémitisme ». A peine cette traduction mise en ligne sur le site du Memri, l’auteur a reçu « des lettres de menaces » dont « certaines disent que je n’ai pas le droit d’enseigner dans les universités » – il a enseigné plus de trente ans –, « que je n’ai pas le droit d’être professeur et que je dois quitter les Etats-Unis... ».
Comment dans ce cas construire des 'ponts' de dialogue et de convivialité? Comment, à l'ère de la désinformation, peut-on espérer l'implantation d'une paix à long terme? Face à ce fléau, encore plus dangereux que le 'terrorisme' dont parlent sans relâche les principaux réseaux médiatiques dans le monde, des ONGs, des centres de recherche et des agences de lutte contre la désinformation ont vu le jour ces dernières années. Au Liban, lors des récents combats israélo-libanais, la blogosphère libanaise a tenté de développer une culture de la résistance face à la 'chasse aux sorcières' pratiquée à travers le monde par plusieurs réseaux médiatiques traditionnels (les 'sorcières' ici étant les Libanais et tout individu ou groupe qui critiquent la politique israélienne) et des groupes de jeunes tel Nahwa al-Muwatiniyya ont lancé des projets 'Media Watch' pour traquer les articles de presse qui déforment la réalité libanaise ou qui en véhiculent une image monolithique. Mais la lutte à la désinformation est loin d'être achevée. Elle ne fait que commencer, et doit se déployer à tous les niveaux, moyennant une diversité de médiums. L'objectif n'est pas de remplacer une 'Vérité' par une autre qui serait tout aussi réductrice, mais d'ouvrir la voie à la pluralité des vérités!
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Témoignages
Tuesday 26 September, 2006.
14h04 p.m.

The Lebanese southern village of “Nacoura” ought to have been my destination on Sunday the 24th. I left Beirut at 11h00 a.m. with a very close friend of mine and a couple of foreign chefs; the Italian has been living in Beirut for the past 5 years and the French with an amazing knack to converse in Arabic, for the past 7 years. Both had the intention of examining the possibilities of investment in our stunning Southern area, which I have recently been discovering and which has not yet been touched by today’s highly consumer driven Lebanese “souks”. The chefs’ primary target market would be the thousands of UN soldiers that are still being deployed in the South; and “Nacoura”, the village where they are mostly amassed, was the chefs’ potential business location. On our way, we stumbled against numerous Spanish, French and Italian “battalions” with their stylish and modern clothing, accessories and weaponry. Each and every one of them jogged my memory as I pictured myself watching some “Miss Congeniality” whose crucial task is to salute and return the smiles of the natives and residents of the South. One hour and a half later, we took a very long impromptu break at the golden sandy seashore of the city of “Tyre”. The Mediterranean Sea could not have looked any better and the coast more genuine as no one has yet deformed it into Malibu beach or some Lebanese version of the latter such as the famous “Oceana”, “Bamboo Bay” and “La Voile Blue”. These have been the Lebanese master pieces crafted in the past few years to mainly amuse the rich and alienate the less fortunate classes. For a couple of hours, our debates revolved around food and the UN soldiers and it is with our consistently mystified outer shells that we found ourselves half tanning our legs and arms nearby a UNESCO protected distinctive section of the Mediterranean sea celebrated for the grouping and coupling of turtles. Unfortunately, time pressed and we had to go to “Nacoura” but at the first Lebanese army checkpoint, not far from “Tyre”, we were informed that civilian foreigners were not allowed to go any further without a permit. Our trip had to end with some displeasure, then with a French and an Italian determination to reach “Nacoura” the following Sunday and with a “Merci les Bleus” every time we crossed a French newly built-in bridge, which made it doable for us to return to Beirut with fewer detours to go through.

Michèle Chrabieh
Bab Idriss, Lebanon
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Quelques articles de presse
Making sure that the 'clash of civilizations' becomes a reality
By Rami G. Khouri
Daily Star staff
Saturday, September 23, 2006

In the five years since 9/11, a most worrying and widespread political trend in Western societies has been the broad identification of Islam with terrorism. The translation of that general perception into specific foreign policies by leading Western powers has led to dangerous new confrontations in the predominantly Islamic Arab-Asian region. It has driven military interventions and "regime change" policies spearheaded by the United States, sometimes with Europeans and Israelis on board. These tensions have also dovetailed with the persistent Arab-Israeli conflict, aggravating the overall situation.
In response, a new coalition of forces has emerged in the Middle East, prompted by a growing collective will to defy and sometimes militarily resist Western-Israeli policies. Such resistance includes the use of force in Afghanistan, Iraq, Palestine and Lebanon, and pushing back politically against Western-Israeli hegemony. Iran, Syria, Hizbullah, Hamas, Muslim Brotherhood groups and remnants of leftist and nationalist movements have all found themselves motivated by common fears of American-Israeli-driven policies.
The recent fighting in Lebanon highlighted these new battle lines, whose origins can be traced back in part to aggressive post-9/11 American strategies to "drain the swamp" in the Arab-Islamic Middle East.
The problem as seen by many in the Middle East is three-fold. First, since the end of the Cold War, the US and the West in general have seemed to need a new defining global paradigm to regulate relations among states or groups of states. Many in the West seem to have opted for a "clash of civilizations," quickly reduced to a West-Islam face-off. Incompatibilities and threats, rather than shared values and ethical-religious legacies, quickly defined the public discussion of Islam and the West in many parts of Europe and North America. 9/11 instantly propelled this dynamic to catastrophic new heights of anger and aggression.
Second, the American and British governments misdiagnosed and then overreacted to 9/11 and other terror attacks, in London and Madrid particularly. They opted for an aggressive military and diplomatic strategy that seeks to defeat terror groups, but also to change regimes and modify governance systems, along with some basic social values, in Arab-Asian societies. The West is no longer just suggesting gradual policy reforms to Arab-Asian countries - it is sending in the US Marines to do the job by force, often dictating the values and systems the target countries should adopt.
Third, George W. Bush and Tony Blair in particular have incessantly spoken of their fear that radical Islamic values and the acts of terror groups threaten the Western way of life, and must be beaten with a robust display of Western power and determination waged in a great civilizational "battle for hearts and minds." The most recent catchall phrase to describe the bad guys in the Middle East-Asian region is "Islamo-fascists" - a stunningly simplistic convergence of a noble ancient religion from the Middle East with an evil modern political ideology that was born in Europe. When two leading figures like Bush and Blair repeatedly speak of Islamic values, radical terror groups and ideologies and threats to Western lifestyles as one seamless set of ideas, the damage over years is devastating.
It is in the public mind and mass media throughout the West where the criminal terror acts of fringe groups like Al-Qaeda or local copycats have been conflated with the religion and values of Islam as a whole. Serious social science research indicates that public perceptions of Islam, Arabs and Muslims in Western societies are now routinely associated with concepts like religious extremism or fundamentalism, political violence, terrorism, anti-American and anti-Israeli sentiments, incompatibilities with Western values, and security threats to Western societies.
The confrontational cycle since 9/11 between many in the West and the Middle East has been fueled by specific policies and incidents that can be widely interpreted as reflecting a new form of political racism in the West against Arabs and Muslims. The main charge is that the American-led West applies a double standard when it comes to Arab-Islamic countries or groups. Four particular recent issues reflect this feeling: the Danish cartoons controversy last winter; reactions to Iran's nuclear technology development; the response to Hamas' victory in the Palestinian elections; and the relaxed Anglo-American attitude to calling for a cease-fire in the Israel-Hizbullah war, after initially giving Israel weeks to pursue its widespread devastation throughout Lebanon.
Each of these issues reflects distinct dynamics and concerns. But in the eyes of much of the Arab-Islamic world they also share a common thread: They manifest in practical policy terms a prevalent Western sense that the rights of Arabs and Muslims are broadly contingent on their first unconditionally accepting American-Israeli demands. This trend has been aggravated by the trauma of 9/11 and other terror attacks in the West, which prompt the US, the United Kingdom and Israel to feel they could use any combination of military force and threats of sanctions to change the policies of Middle Eastern governments (Iran, Syria, Lebanon, Palestine, Sudan, etc.) or non-state actors like Hizbullah. The same values and strategies behind such threats and attacks are not applied in the same way against others, such as the Irish Republican Army, North Korea, Israel, or Pakistan and India.
No other national or religious groups are repeatedly singled out by Western leaders and associated with terror, violence and imminent threats to Western civilization as are Arabs and Muslims. That is widely seen in the Middle East as racism in its latest form, and like all incidents of racism it has generated it own counter-movement to fight back.
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ANNONCES
FIRES of WAR & VOICES of RESISTANCE:
Strategies for Solidarity with Lebanon in Montreal.
WEDNESDAY, September 27th, 8pm
Frank Dawson Adams Auditorium 2nd Floor,
3450 University St. [Corner: Milton & University; McGill metro]
Presentations * Community Iftar Dinner * Poetry * Films * Free Child-care
----> A Panel Discussion Including Presentations from:
* HASSAN EL AKHRAS: Surviving member of the El Akhras family, 11 of whom were killed on July 16th, 2006 in an Israeli air strike in Aitaroun in southern Lebanon. Addressing Israeli war crimes & strategies to challenge international impunity.
* RAFEEF ZIADAH: Political activist from Toronto involved with the Coalition Against Israeli Apartheid & Sumoud. 'Making the Cut: Mobilizing an effective boycott of Israel' in North America.
* SAWSAN KALACHE: Member of Tadamon! Montreal & participant in the 2006 delegation to Lebanon who witnessed the first weeks of the Israeli military assault on the country & will address Israeli war crimes committed during the 2006 war.
* STEFAN CHRISTOFF: Member of Tadamon! Montreal's 2006 delegation to Lebanon who witnessed & reported on the Israeli military attack on Lebanon for the Daily Star, the Middle East's largest English daily, & the Electronic Intifada.
Whisper translation into English, French & Arabic provided.
----> Including Film Screenings:
*
----> Organized by: Tadamon! Montreal tadamon[at]resist.ca / 514 690 8499) & Association des jeunes libanais musulmans (info.ajlm[at]gmail.com)
----> Endorsed by: Al Hidaya Association, Block the Empire Montreal, Canadians for Justice and Peace in the Middle East, International Solidarity Movement-Montreal, No One Is Illegal-Montreal, QPIRG-Concordia, QPIRG-McGill, RAME, Solidarity Across Borders -
---> Tadamon! Basis of Unity: Tadamon! [Solidarity!, in Arabic] is a Montreal-based collective of social-justice organizers & media activists, working to build relationships of solidarity with grassroots political movements for social and economic justice between Beirut & Montreal. In the context of historic political changes taking place in Lebanon, Tadamon!, through its political work, aims to support struggles for social justice and human rights of ALL people living in Lebanon, through direct coordination and organization between activists in Beirut & Montreal. In Montreal, Tadamon! aims to organize within the Lebanese Diaspora, through popular education, cultural work and political action, which address struggles facing the Lebanese community, such as immigration, racism, poverty and labour rights. Through organizing work both locally and internationally, Tadamon! aligns itself with social justice movements in Lebanon, Canada and internationally which are anti-capitalist & anti-authoritarian in nature.
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Nahwa al-Muwatiniya is pleased to invite you to a session with Mercy Corps Lebanon, who will be speaking about:


“The role of International NGO’s operating in Lebanon.”

Community Development vs. Foreign Policy Implementation


Established in 1993, Mercy Corps has been extremely active particularly in the South of Lebanon working in the field of agriculture, environment, tourism, and relief. Along with several of his colleagues, Chris Politis, Program Manager at Mercy Corps Lebanon will lead us through a session beginning with an introduction about the activities of Mercy Corps. The presentation will be followed by a debate over the controversy of foreign aid, in particular American based funding, and the intentions behind it; whether it is strictly for community capacity building or merely foreign policy implementation.


Date & Time: 25 September, 2006 at 8:00pm
Place: Club 43, Rue Gouraud, Gemayzé, facing Doculand


Nahwa al-Muwatiniya
www.na-am.org

Tuesday, September 19, 2006

CONTROVERSE SUITE AU DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI

De l’importance du dialogue multiforme


Semaine du 18 septembre 2006



Au cours d’une conférence donnée par le pape Benoît XVI à l’Université de Ratisbonne (Sud de l’Allemagne) la semaine passée, au cours de laquelle il s’est attardé sur le thème du rapport entre foi, raison et violence dans le Christianisme et l’Islam - au fait, qu’est-ce que la rationalité, la raison, et la violence? Chacun de ces concepts s’explique d’innombrables manières dépendamment des milieux et des époques -, celui-ci n’a pas manqué d’émettre des propos réducteurs envers l’Islam pris pour entité une et indivisible – tout comme le Christianisme d’ailleurs. Face à ces propos, les réactions de musulmans de par le monde – et en l’occurrence de chrétiens – se sont multipliées et diversifiées entre rejet, condamnation, acclamation, self-defense de part et d’autre… Réactions démesurées pour certains, impulsives et déraisonnées pour d’autres… Certains dévots et dignitaires religieux défendent le pape en soulignant son parcours théologique important, son souci de renforcer le dialogue islamo-chrétien et sa critique de l’Occident pour son matérialisme excessif et sa marginalisation de toute dimension spirituelle dans la raison; d’autres par contre le compare au pape Jean-Paul II et aux divers travaux effectués au niveau du dialogue interreligieux lors de son pontificat. Certains leaders – comme Jacques Chirac - ont exprimé leur crainte d’un « divorce des cultures » entre l’Islam et l’Occident – ou alors de « croisades au Moyen-Orient -, comme si ces derniers seraient deux blocs monolithiques sans aucune interaction positive et en confrontation continue. Malheureusement, ce genre de vision du monde accrédite les thèses culturalistes telle celle de Samuel Huntington sur le Clash des civilisations.
Heureusement qu’il y eut des critiques constructives lesquelles ont pointé du doigt les généralisations excessives qui se font à tort et à travers - même celles émanant de théologiens et d’experts en religions renommés – et qui ne sont pas l’apanage d’une culture ou d’une religion. La critique constructive est constituée de la dialectique critique/auto-critique, laquelle est indispensable pour renforcer un dialogue multiforme déjà en cours depuis des siècles entre chrétiens et musulmans: dialogue théologique, culturel, philosophique, politique, social, et surtout, dialogue dans le quotidien (amitiés, mariages mixtes, actions communes pour la paix, etc.). Nous n’avons absolument pas besoin de discours agressifs, haineux et irrespectueux de part et d’autre, tant à l’échelle locale qu’internationale. Ces discours ne font qu’alimenter le cycle de la violence, des conflits et des guerres, qu’ils soient proférés par et-ou à l’encontre d’autorités religieuses, politiques etc. que par et-ou à l’encontre du ‘commun des mortels’. En matière de dialogue (pris au sens large de sa définition), l’hiérarchie sociale, religieuse et politique ne devrait pas constituer un point de référence. L’équité dans les droits et les responsabilités touchent tout individu et toute communauté.
Sur le plan local Libanais, le mufti chiite de Tyr et de Jabel Amel, Sayyed Ali el-Amine, eut par exemple une réaction louable et significative. « Se plaçant d’office dans une perspective d’ouverture et de compréhension de l’autre, sayyed Ali el-Amine a ainsi appelé à une analyse calme et sereine de l’intervention du Saint-Père (…). Si l’attitude du mufti de Tyr mérite qu’on s’y attarde, c’est parce qu’elle pose un problème non pas de forme, mais au contraire de fond. Elle reflète en effet un état d’esprit et une attitude de principe favorables au dialogue et à la compréhension mutuelle (…) » (OJ, 18 septembre 2006). Aussi, le Groupe arabe pour le dialogue islamo-chrétien et la Commission nationale du Liban islamo-chrétienne pour le dialogue ont appelé le 18 septembre 2006 à l’ouverture et le respect mutuel. Le communiqué de ces deux organismes affirme leur attachement à la pérennité des relations islamo-chrétiennes et à la « poursuite du dialogue de vie entre chrétiens et musulmans ». (…) « De son côté, le président de l’Association du salut islamique libanais, Mohammad Ali Dennaoui, a estimé dans une déclaration qu’il fallait regarder le pape Benoît XVI lors de sa conférence en Allemagne « comme un conférencier, non comme un pape ».« Les chrétiens de par le monde ne doivent donc pas considérer que cette conférence exprime le point de vue du Vatican », a ajouté M. Dennaoui. « Or, a-t-il poursuivi, un conférencier doit accepter la critique et s’il commet une erreur, il se doit de présenter des excuses à ceux qui se considèrent comme lésés, ce qui est de nature à éviter les troubles dans le monde entier. »Il a toutefois condamné « toute action hostile commise contre des symboles chrétiens » (OJ, 19 septembre 2006).

Évidemment, l’utilisation de la religion à des fins politiques – dont l’instrumentalisation de discours théologiques – est remise en question par les membres de ces organismes comme par beaucoup d’autres individus et collectivités qui militent pour la paix et la convivialité – mais là encore, j’aurai quelques questions : n’y a-t-il pas également ‘instrumentalisation’ dans ce cas ? La religion est-elle uniquement source de paix et d’amour? Qu’en est-il de la violence qui traverse l’histoire et même les écrits sacrés de toute religion? Et finalement, peut-on encore parler d’une religion ou d’individus qui ont telle ou telle autre croyance et pratiquent de telle ou telle autre manière? En d’autres termes, peut-on encore réduire des milliards d’individus à des entités fixes et monochromes?

Chose certaine : le discours du pape, les interprétations et réactions qu’il suscita - et qu'il suscitera encore -, constituent une nouvelle occasion pour repenser inlassablement le dialogue multiforme entre les diversités, et pour consolider les actions, initiatives et pratiques déjà en cours.
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Quelques articles de presse

Reactions vary as pope offers partial apology to Muslims

Compiled by Daily Star staff Monday,

September 18, 2006

Pope Benedict tried on Sunday to calm Muslim anger at his remarks on Islam, saying he was "deeply sorry" about the reaction and that medieval quotes he used on holy war did not reflect his personal views. The head of the world's 1.1 billion Roman Catholics stopped short of the full apology or retraction demanded by some Muslims for a speech they say portrayed Islam as tainted by violence. It was unclear whether his words would end the furor.
The deputy leader of Egypt's Muslim Brotherhood, Mohammad Habib, initially said it was "a sufficient apology," but later said: "It does not rise to the level of a clear apology and, based on this, we're calling on the pope ... to issue a clear apology that will decisively end any confusion."
Nevertheless, the Brotherhood tried not to further provoke anger with the group's leader, Mohammad Akef, saying that "relations with Christians should remain good, civilized and cooperative."
"I am deeply sorry for the reactions in some countries to a few passages of my address at the University of Regensburg, which were considered offensive to the sensibility of Muslims," he told pilgrims at his Castelgandolfo summer residence. "These in fact were a quotation from a medieval text, which do not in any way express my personal thought," the pope said at his weekly Angelus prayer. "I hope this serves to appease hearts and to clarify the true meaning of my address, which in its totality was and is an invitation to frank and sincere dialogue, with mutual respect."
Before the pope spoke, there had already been a protest on Sunday in Iran and assailants set two churches on fire in the West Bank. In Somalia an Italian nun was killed in an attack one Islamist source said may be linked to the crisis.
Palestinian Prime Minister Ismail Haniyya denounced the spate of attacks on churches in the Palestinian Territories.
"This is totally rejected," Haniyya told reporters in Gaza City. "Any Palestinian citizen should stop attacking Christian churches in the Palestinian Territories. The Christian brothers are a part of the Palestinian people, and I heard the highest Christian authority in Palestine denouncing the statements against Islam and against Muslims."
In the northern West Bank city of Jenin, armed members of the radical Islamic Jihad faction guarded a Catholic church in the city, witnesses and the group said.
Defending Benedict, Maronite Patriarch Nasrallah Butros Sfeir said that "the criticism of the pope is political" and was sparked by a misunderstanding. The pontiff had "not spoken directly about Islam," said Sfeir.
"Islam in general respects Christ as a prophet. Christians and Muslims have a common interest in cooperating, especially in Lebanon," he added.
German Chancellor Angela Merkel and politicians in Italy also rushed to Benedict's defense, saying he had been misunderstood and had really been making an appeal for dialogue.
In Tuesday's speech, the pope, a former theology professor and enforcer of Vatican dogma, referred to criticism of the Prophet Mohammad by 14th-century Byzantine Emperor Manuel II Palaeologus.
The emperor said everything the Prophet Mohammad brought was evil, "such as his command to spread by the sword the faith he preached."
Angry Muslim leaders flung what they saw as allegations of violence back at the West, referring to the medieval Crusades against Islam and to the US-led wars in Iraq and Afghanistan.
In Iran, hundreds of people demonstrated in the religious city of Qom, where hard-line cleric Ahmad Khatami told protesters that the pope and US President George W. Bush were "united in order to repeat the Crusades." He warned that if the pope did not apologize, "Muslims' outcry will continue until he fully regrets his remarks."
In Jordan, Parliament called on the pope to personally apologize for his remarks, and said his comments "stem from ignorance of the greatness of Islam and its teachings."
In Iraq, the influential Supreme Council for the Islamic Revolution in Iraq called on the pope to apologize "clearly and honestly."
Iraqi authorities also stepped up security around churches and other sites of Christian worship across the country after a bomb attack on a church in the main southern city of Basra.
In a sign that some Muslims have been mollified, the head of Turkey's religious affairs directorate welcomed the statement from the Vatican on Saturday.
Yet Turkish Minister of State Mehmet Aydin said the pope seemed to be saying he was sorry for the outrage but not necessarily the remarks themselves.
"You either have to say this 'I'm sorry' in a proper way or not say it at all," he told reporters in Istanbul.
Senior Indian Muslim clerics also welcomed the statement of regret, and asked their supporters to call off planned protests.
The Muslim Council of Britain said the Vatican statement was a "good first step" but also questioned whether it constituted "enough of an apology."
The uproar had raised questions about whether a papal visit to Turkey in November could go ahead, but the Turkish government, while calling the pontiff's remarks "ugly," said that there were no plans to call the trip off. - Agencies

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Les experts soulignent la nette rupture entre les deux pontificats
Benoît XVI moins diplomate que Jean-Paul II ?

Depuis les attentats du 11 septembre, il y a cinq ans, l’image de l’islam dans le monde continue de se détériorer en étant faussement liée au terrorisme. Et les derniers propos du pape Benoît XVI sur la guerre sainte ont justement déclenché une polémique sans précédent parce qu’ils ont été interprétés par des millions de musulmans comme des propos liant l’islam à la violence. Malgré les regrets publics du Vatican, les experts soulignent la nette rupture entre le pontificat de Benoît XVI et celui de Jean-Paul II.Sandro Magister, vaticaniste de l’hebdomadaire L’Espresso, écrit sur son site Internet que Benoît XVI, ancien gardien rigoureux de la doctrine catholique, est partisan de « moins de diplomatie et davantage d’Évangile », contrairement à son prédécesseur Jean-Paul II qui communiquait habilement avec tous les leaders religieux. C’est ce critère, selon Magister, qui a conduit le pape à prononcer au cours de son voyage en Allemagne, la semaine dernière, des paroles aussi politiquement incorrectes et potentiellement explosives.Mohammad Sammak, secrétaire général de la commission pour le dialogue islamo-chrétien, nous rappelle que Jean-Paul II avait clairement fait la différence entre islam et terrorisme, juste après les attentats du 11 septembre. « Les regrets de Benoît XVI doivent servir de base pour reprendre le dialogue islamo-chrétien qu’avait soutenu son prédécesseur », indique M. Sammak. Selon lui, le pape actuel devrait être plus conscient de la situation des chrétiens au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique. « Jean-Paul II leur donnait une plus grande importance, et surtout aux chrétiens dans le monde arabe. Et le Liban, qu’il considérait comme un “pays message”, donne cet exemple de dialogue islamo-chrétien qu’il souhaitait, explique M. Sammak. Nous ne souhaitons absolument pas que la stratégie de dialogue qu’avait construite Jean-Paul II avec le monde musulman soit brouillée », insiste-t-il.Mais comment alors corriger cette image si détériorée de l’islam dans le monde ? De nombreux journaux se demandaient même, en début de semaine, si l’Occident devait renoncer à la liberté de pensée et accepter que l’islam devienne un tabou après les polémiques provoquées tant par la publication des caricatures de Mohammad, l’an dernier, que par les propos du pape Benoît XVI, mardi dernier. Bien que tous n’écartent pas la responsabilité du souverain pontife dans la crise, beaucoup soulignaient toutefois le risque pour le monde occidental de céder au chantage des islamistes. M. Sammak note à cet effet que le problème n’est pas dans les déclarations du pape, mais dans le timing du discours qui s’inscrit dans un contexte politique très sensible.« L’un des grands défis des musulmans aujourd’hui est d’empêcher certains extrémistes, qui sont de mauvaise foi, de nuire à l’image de l’islam dans le monde. Malheureusement, les autorités religieuses musulmanes, comme l’Organisation de la conférence islamique (OCI), prennent très peu d’initiative à ce sujet », indique M. Sammak. En 2005, l’OCI avait chargé une commission constituée de 35 experts musulmans – dont Mohammad Sammak – d’améliorer l’image de l’islam dans le monde occidental à travers les médias et les institutions culturelles et académiques. « Bien que de nombreux projets aient été approuvés, rien n’a été entrepris jusqu’à ce jour. Je ne suis pas dans une position de blâmer l’OCI pour son inaction, mais nous avons besoin d’agir rapidement car cette crise a un effet boule de neige », poursuit M. Sammak.La polémique, bien que relativement contenue, risque de s’aggraver à l’avenir s’il n’y a pas de sensibilisation sérieuse au sujet de l’islam, surtout dans le contexte politique actuel. Beaucoup, dans le monde musulman, parlent de « complot américano-sioniste », comme le guide suprême iranien, Ali Khamenei. En Arabie saoudite, le journal al-Yom estime que les propos du pape s’inscrivent dans le courant de pensée des néoconservateurs américains. Pour de nombreux experts, la stratégie du Vatican envers l’islam est désormais « à reconstruire » entièrement. Rania MASSOUD (OJ, 20 septembre 2006)
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La classe politique italienne monte au créneau pour défendre le pape
Premiers signes d’apaisement dans la crise avec le Vatican

La violente polémique entre le monde musulman et le pape Benoît XVI a semblé connaître hier un début d’apaisement, notamment avec la première rencontre à Rome, depuis le début de la crise, entre un responsable du Vatican et des musulmans italiens qui ont appelé au dialogue.«Nous considérons que le chapitre est clos. Il n’y a pas d’autre alternative à l’affrontement que le dialogue, nous avons choisi le dialogue », a déclaré Abdallah Redouane, secrétaire du Centre culturel islamique de Rome, à l’issue d’une rencontre avec le cardinal Paul Poupard, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, et le grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni. « Nous avons accueilli avec satisfaction l’appel du pape au dialogue et nous n’épargnerons aucun effort en ce sens », a ajouté M. Redouane. Mgr Poupard a pour sa part assuré que « le dialogue est l’unique alternative à la violence et au terrorisme ».Le pape Benoît XVI, qui pourrait revenir sur cette crise aujourd’hui lors de son audience générale, a appelé au « respect » des différentes « convictions religieuses » et déploré « toute forme de violence », dans un télégramme de condoléances à l’ordre des missionnaires de la Consolation dont une religieuse a été tuée dimanche en Somalie.Après plusieurs jours de violente polémique dans le monde musulman, assortie de menaces contre le pape, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a exprimé son « respect » pour Benoît XVI, estimant que ses paroles sur l’islam et la violence ont été « modifiées ». Son pays avait violemment critiqué Benoît XVI notamment par la voix du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, qui avait qualifié lundi les propos du pape de « dernier maillon » en date d’une croisade américano-sioniste contre l’islam. Néanmoins, une manifestation d’étudiants en théologie chiites étrangers a eu lieu hier dans la ville sainte iranienne de Qom.Pour sa part, le président américain George W. Bush a « noté » les regrets du pape et les a jugés « sincères », a fait savoir la Maison-Blanche, alors que la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice a loué le souverain pontife pour son « amour de l’humanité » et rappelé qu’il avait exprimé ses regrets.La colère du monde musulman n’est cependant pas encore totalement apaisée au Proche-Orient et des appels à manifester ont été lancés pour vendredi, jour de prière pour les musulmans.En outre, al-Azhar, la plus haute autorité de l’islam sunnite dans le monde, a demandé hier des excuses au pape Benoît XVI, lors d’une rencontre de son chef avec un représentant du Vatican. « Le pape est appelé à s’excuser en prononçant un autre discours dans lequel il dit clairement son rejet des propos de l’empereur byzantin », a indiqué un communiqué de l’institution, cité par l’agence gouvernementale MENA.D’autre part, après la hiérarchie catholique qui avait exprimé sa solidarité avec le pape lundi, c’est la classe politique italienne qui est montée au créneau hier. « La lâcheté de l’Occident par rapport à l’islam est honteuse », a tonné Gianfranco Rotondi, président du parti Démocratie chrétienne (centre droit). « Le monde islamique a poussé le bouchon trop loin. Le pape est intervenu pour exprimer ses regrets. Le discours peut plaire ou ne pas plaire, mais si à chaque fois qu’un discours ne plaît pas le monde se met à dresser des bûchers, cela finira mal », a lancé Piero Fassino, secrétaire général des Démocrates de gauche (DS), principal parti de la coalition gouvernementale dirigée par Romano Prodi. « Moi, je n’aime pas le président iranien, mais ce n’est pas pour autant que je vais brûler son effigie », a-t-il ajouté. « Le Saint-Père a été abandonné par l’Occident et l’Europe, nous devons avoir honte de notre réaction. Si nous n’avons pas le courage de défendre notre identité, nous n’aurons aucun avenir », a averti Pier Ferdinando Casini, ancien président chrétien-démocrate de la Chambre des députés. (OJ, 20 septembre 2006).

Monday, September 11, 2006

Commémorations
Semaine du 11-18 septembre 2006
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5 ans après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, les américains commémorent avec silence et émotion quelque 3000 victimes. Depuis près d'un mois, c'était le 61e anniversaire de la catastrophe d'Hiroshima laquelle en moins de 9 secondes avait fait 200 000 victimes. On commémore encore les victimes de la Shoah, ceux du Rwanda, du Kosovo, de l'Afrique du Sud, etc. Qu'en est-il de toutes les victimes qui n'apparaissent pas dans les pages écrites des mémoires nationales et internationale? Sont-elles acculées à sombrer dans l'oubli si leur destin n'a pas été jugé 'digne' de faire la une des journaux, des livres d'histoire, des discours de politiciens et d'experts?
Hier, le 10 septembre, nous avons commémoré la mort de mon beau-père Gebran, assassiné il y a deux ans en Irak suite à un kidnapping qui a 'mal tourné'... Gebran était de double nationalité libanaise et canadienne. Le dossier de son meurtre, ainsi que celui de ses collègues dont un couple de nouveaux mariés, fut bel et bien enterré. Nous avons été à l'Oratoire Saint-Joseph (Montréal) et nous nous sommes recueillis dans la chapelle. Le silence faisait place à toute parole, laquelle ne pouvait exprimer l'avalanche d'émotions: tristesse, déni, rage, colère, résignation, nostalgie... et quelques sourires esquivés de temps à autres au souvenir d'agréables moments passés ensemble. Un lourd silence pesait sur nos âmes tourmentées par la guerre, l'exil et les massacres continus... Pourquoi toi? Pourquoi pas un faiseur de guerre?
Gebran, tu nous manques énormément. Nous proférons rarement ton nom. Le traumatisme qui a frappé les membres de la famille suite à ta disparition est loin d'être surmonté. L'histoire se rappellera-t-elle de toi? Toi l'ardent défenseur de la liberté, l'indépendance, la démocratie, l'unité panarabe, le dialogue au quotidien au-delà des appartenances confessionnelles; le businessman accompli, le père, le mari, le frère et l'ami aimant, le beau-père attentionné...?
Tout comme le poète et philosophe Gebran Khalil Gebran, tu avais ton Liban lequel tu chérissais, avec sa beauté et ses dilemmes, son vide et son peuplé, sa mer et ses "collines qui s'élèvent avec prestance et magnificence vers le ciel azuré". La colline de Zaarour,tu rêvais d'en faire un hâvre de paix...
Gebran, nous ne t'oublierons pas...
Je n'oublierai jamais ton courage, ta ténacité, et ton espoir en un meilleur lendemain.
Je n'oublierai jamais ta joie de vivre et ton impétuosité.
Ta mémoire restera gravée dans nos coeurs, chérie, honorée.
(Mon texte fut publié par l'Orient-le-Jour (Beyrouth) le samedi 16 septembre 2006)
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Témoignages
Tuesday 12 September, 2006.
8h19 a.m.


“War Memory”… Noteworthy terms that habitually ship us back to the 1975 war that struck our motherland, Lebanon. Noteworthy terms that are still cautiously being explored as we are mindful of their moral, social, individual and national magnitude. Accordingly, yesterday evening and the previous few Monday evenings at eight o’clock witnessed the birth of a prolongation and a persistence of a “War Memory” which now inevitably includes the latest “July-August 2006” war. Indeed, these very specific evenings allowed the happening of debates before some concerned Lebanese citizens on, for instance, the validity, viability and value of the Human Rights Watch Reports linking it all to the Geneva convention or on the human and medical achievements of the Lebanese Red Cross as well as their international violated protection by the Israelis on several occasions during their latest invasion, etc. At present, whether we are striving to lash the “War Memory” behind or rebuild it, it is and will become even more sizeable as the dreadful ramifications of the July-August 2006 war are forever now attached to its core.

Michèle Chrabieh
Bab Idriss, Lebanon
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A message of love

No teaching is more effective than to love and be loved
St. John Chrysostom

“Suddenly World War II started. Hitler was to blame, of course. The spirit of England was different. Now, let’s say that you have arrived from another planet to Earth, three years after the outbreak of the war, and are watching what goes on. You can see no difference between the warring sides. One night London is bombed, the next, Berlin. One night people from this side are killed, the next, people from the other side. You can no longer understand who is right, and who is wrong, where does the Ideology stand and where does sin lie.” (1)

“On the other hand, if you resist evil differently, things follow a different course. Consider Gandhi, who resorted to Prayer and Fasting, who was jailed and was telling his people: “You will not use arms! The British will leave only with passive resistance”. And the miracle happened – the miracle of India that all the world marveled at! Five hundred million people gained their freedom almost without any bloodshed! Gandhi did that while carrying respect and love for his enemies and which led many of them to hold the same feelings for him. In fact, the most powerful bomb is love. Love is the only “bomb” that can destroy all Evil on Earth.“ (1)

“We come into this life, and while we know that this was not by chance, out of the blue, since everything is part of God’s Plan in which Love is the key element. When God created us He blew His Breath into us. The Breath of God is Love. Do we stop loving? Then we stop living! We cannot do without breath. Yet, if you love the one and not the other, it means that you love no one. We are told: ‘Love thy neighbor as thyself’. Who am I to say: “This one is bad, I must not love him; that one is liar, what have I got to do with him?” Ah! No, my friend! Love is not like that. Doesn’t He have plenty of reasons not to love us? And yet... In spite of everything, He makes His sun rise on good and bad alike and sends His rain on the honest and the dishonest. So…?” (1)

“Love has no measure. It is infinite. We can love, and love not only our own beloved, but the rest of Mankind, no matter who they are, to what Nation or Creed they are born in and what they do and how they live”… God is Love and therefore ALL people on Earth are ONE.” (1)

“The little child does not know if the person who comes near it is rich or poor, young or old, good or bad, a relative or a stranger. It smiles and continues playing.” (1)


Dear Christian friends,

Christ is the King of Peace, of non violence, and Love. You have been given great talents. On the other hand, one gets dismayed by the way Christians behave; which is very far from the way Christ advised you to follow. Some of your Church Fathers said that you are called not to become Christians but Christs. (2) Yet, this is a life-long quest; you are’ “Christs” in the making until the hour of departure’. (1)

There is a big difference between being a Christ and being members of a denomination, a sect, or a tribe. ‘Fanaticism and love of Christ are incompatible. Be true Christians. Tolerate the others despite their faults for “Love endures everything”.’ (3) I heartily pray that you will behave in this Spirit; for as Christ told you not to fear those who kill the body but rather Him who can destroy the Spirit.

Dear Muslim friends,

The first verse of the Koran starts with “mercy” and your greeting is “peace is unto you”. You are also called in the Koran to be the best ‘umma’ (the community of believers). You are also now facing the great challenge of catching up with modern civilization. Historically, you succeeded in doing it without destroying other civilizations and you should strive to do it again. I heartily pray that you are up to these great challenges and to the ultimate challenge: of being a role model of mercy, peace and good moral and humane behavior while pursuing justice and your just causes. According to the Koran, God has honored the descendants of Adam and has created us from a man and a woman and made us tribes and nations so that you will know that the most acceptable for God are the most pious.

Dear Jewish friends,

Probably you see that there is a huge gap between you and the Arabs. Although, they are your neighbors, and sometimes at a distance of only a few meters away, yet you may feel that they are people who do not belong to your world, but to a different galaxy. This is probably how the British have looked at the East when Rudyard Kipling said:
East is East, and West is West, and never the twain shall meet.

Yet, (according to Mr. Avraham Burg a prominent figure in Israel) “the Jewish people did not survive for two millennia in order to pioneer new weaponry, computer security programs or anti-missile missiles…We are supposed to be a light unto the nations. In this we have failed. It turns out that the 2,000-year struggle for Jewish survival comes down to a state of settlements…. a state lacking justice.” (4)

Be like your God who repays good for evil. Your religious tradition also states that the whole human race originated from one man so that neither the righteous nor the wicked can plead hereditary influence as the deciding factor of their character. Remember that ‘kindness softens and opens up the heart, as oil opens a rusty lock.’(5)


My dear friends
–whether you believe in God or not-

We humans have a lot of faults, sins and injustice. Hating the faults, sins and injustice is the healthy reaction, but carrying hatred for others because of that is not healthy. If a person is wounded, the wound normally heals well by itself. If later the site of the wound is touched by others, one does not scream from pain because the wound has healed properly. For your wounds to heal, and in order for you to overcome your fears and hatred, you need to nurture internally attitudes of humility, truth, and love. These are nurtured when you admit your mistakes, forgive, and give others a new chance. They are also nurtured when you transmit these values and morals to your children and not infections from your unhealed wound. Make sure not to ‘donate blood -if it is full of spiritual bacteria- for you will do more harm than good.’(5)

‘There is only one Freedom and there is only one Truth… There cannot be one freedom for that person and another for the other. For then we shall end up with compromises and lies. Unless you reach the point where you will feel that you and the other are ONE – any other- Black man of Africa, the Indian, the Chinese, the Muslim, the Jew, the Christian – unless you become conscious that we are all children of God, unless you feel like that, Truly –with a capital T, you are still a slave.’ (1)
No teaching is more effective than to love and be loved
St. John Chrysostom

Bassam Tabshouri
August 2006
Beirut, Lebanon

NB
The author of this article has lived in Ras Beirut (West Beirut, Lebanon) throughout the past 30+ years of different conflicts and bloodshed. During certain phases of these “wars” some of his family members lost their houses; some were kidnapped, some left the country, and some of his friends were killed. Also, in September 2001 some of his friends miraculously made it out of the twin towers in New York. During the last round of fighting in Lebanon, friends of his lost their houses and some their relatives in South Lebanon and Southern Suburb of Beirut.

It is said that if the only tool you have is a hammer then every problem will look to you as a nail. Yet, there are different and more humane tools that can be used in Lebanon, the Middle East and in the world. ‘Writing articles can be as easy as throwing stones from the top of the Cathedral, but to put into practice what you preach is like carrying stones yourself to the top of the Cathedral.’ (6) As such this article also poses a great challenge to the author.

References:
Orthodox nun Mother Gavrilia
St. Augustine
Orthodox monk Fr. Porphyrios
Mr. Avraham Burg, former Speaker of the Knesset and member of the Labor party
Orthodox monk Fr. Paisios
St. Seraphim of Sarov (Russian)
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Amidst Political struggle, one would ask is it possible at a second thought to look at the war with divine human glasses?!

Even though such an endeavor could be unpopular, for people are mostly politically programmed, yet, we can no longer be truthful to our Christian testimony unless we make a distinction between what people are and what they think, what people are and what they do.

Sometimes, we are bound to disagree, we are bound to reject what others think or do, yet we cannot but love them.

Your article is a breath in the current of love for troubled society and for troubled hearts. Continue and may our Lord Bless you.

Father Thomas and Mother Mariam
Holy Trinity Family
August 2006
Douma, Lebanon
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Dans la presse - extraits
LE POINT
Cinq ans après ...
L'article de Christian MERVILLE

Entêtante, l’image imprègne encore notre rétine. C’est celle d’un quinquagénaire en coupe-vent, juché sur une montagne de gravats, un bras passé autour des épaules d’un capitaine du corps des pompiers de New York, l’autre bras tenant un porte-voix. Dans un instant, cet homme, le président des États-Unis, va s’adresser à la foule pour lui dire : « Je vous entends. Le reste du monde vous entend. Et bientôt, ceux qui ont abattu ces immeubles nous entendront. » C’était hier à New York, en un gris vendredi 14 septembre 2001. Pour longtemps encore, ce sera hier. Et ces minutes terribles marqueront pour longtemps la vie de la nation américaine, du monde. Quatre jours auparavant, à 8h46 heure locale, le vol 11 des American Airlines traversait d’un mur à l’autre la tour nord du World Trade Center, dix-sept minutes avant l’effondrement de la tour sud. Peu après, à Shanksville, en Pennsylvanie, un Boeing des United Airlines s’écrasait au sol, les pirates ayant raté leur opération, pendant qu’un commando s’attaquait à l’inviolable Pentagone.Cinq ans après, que reste-t-il de ces instants où tout a chancelé et menacé de s’effondrer, quand une certitude demeurait, confuse : désormais, plus rien ne sera comme avant ? En ce début de semaine, à la National Cathedral de Washington, le président a rappelé que l’objectif était de « débarrasser le monde de ce mal » (le terrorisme) parce que « même si le recul nous manque encore, notre responsabilité vis-à-vis de l’histoire est évidente ». Le vénérable Time a choisi, lui, de prendre un rendez-vous moins éloigné. Il a demandé à un universitaire, Niall Ferguson, de prévoir quel sera le jugement de la prochaine génération d’Américains. Le verdict est édifiant. Pouvait-il d’ailleurs en être autrement au vu du sombre tableau qui s’offre aux yeux ?Admettons pour commencer qu’il conviendrait charitablement de ne pas s’attarder sur le désastre de l’aventure irakienne. Les membres les plus éminents de l’Administration républicaine, Dick Cheney en tête, constatent depuis des mois que la menace d’une guerre civile dans ce pays est bien réelle, même si, prétendent-ils, on n’y est pas encore. Pourtant, la moyenne des victimes de voitures piégées et autres attentats est d’une centaine par jour. À quoi s’ajoute le fait qu’au sein de l’Alliance, les désaffections se sont multipliées ces dernières semaines ; Donald Rumsfeld éprouve des difficultés grandissantes à enrôler de nouveaux appelés ; enfin, l’appui de l’opinion publique se rapproche dangereusement de la cote jadis atteinte par des présidents aussi impopulaires que Richard Nixon et Jimmy Carter.Inutile de lorgner du côté de l’Afghanistan dans l’espoir d’y trouver quelque signe de réconfort. Les talibans reviennent en force au moment même où les effectifs militaires s’avèrent être nettement insuffisants dans un pays aussi vaste. Le malheureux Hamid Karzaï s’accroche aux chiffres d’une économie qui donne de timides signes de rétablissement grâce à ... la contrebande d’opium. Dans un Proche-Orient de tous les mirages, la révolution démocratique prônée par Condoleezza Rice s’éloigne un peu plus à mesure que l’on insiste sur son inéluctabilité, chacun des régimes concernés refusant d’endosser un habit confectionné aux USA. Enfin, dans la crise née du nucléaire iranien, on voit mal comment Washington pourrait éviter de perdre la face après s’être engagé dans ce qui ressemble fort à une impasse diplomatique. À moins de se lancer inconsidérément dans une guerre, encore une, aux imprévisibles conséquences.Que reste-t-il ? Ah oui, le problème palestinien qu’Israël s’emploie à tenter de régler avec force expéditions « punitives », tout comme il avait entrepris de mettre au pas le Hezbollah, avec le succès que l’on connaît. Il reste aussi le grand thème de la lutte contre ce monstre du Loch Ness qui s’appelle le terrorisme. Lequel, s’il est évoqué parfois – moins souvent que par le passé, tout de même, comme on n’aura pas manqué de l’observer – , c’est uniquement comme en une sorte de rituel qui ne trompe personne. Avec la sérénité du sage qui n’attend plus rien des autres – et certes pas le renouvellement de son mandat en janvier prochain –, Kofi Annan vient d’en faire la constatation : « Le monde n’est plus en sécurité. C’est pire qu’il y a cinq ans. »À cette différence près, Monsieur le Secrétaire général, que l’on a perdu un lustre en des gasconnades dont l’Amérique se serait volontiers passée. Et qui ont achevé de ternir un imperium qui n’a plus rien de romain.
(OJ, 12 septembre 2006)
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Are we more secure and 5 years wiser?
By Michel Rocard
Commentary by Monday, September 11, 2006

On this fifth anniversary of the September 11, 2001, attacks on the United States by Al-Qaeda, we should take the opportunity to assess the results of the response by the US and the international community. The attacks and the response to them have obviously brought about a sea change in international relations, but it would be difficult to argue that further atrocities have become less likely as a result. Why are we no more secure than we were five years ago?
Within a week of the attacks, President George W. Bush declared a "war on terror." The metaphor of war has the singular advantage that it clearly and strongly evokes the intensity of the counterattack that was called for. Moreover, the metaphor of war constitutes an implicit appeal to intense mobilization, not only by a country that comes under attack, but also by its friends and allies.
Naturally, no one questions America's right to defend itself. The legitimacy of a violent counterattack has never been in doubt. But the war metaphor also
carries inevitable connotations that, when applied to terrorism, are misleading and counterproductive.
Whenever war is invoked, it implies a fight against nations, peoples, or states. It implies that whole territories and the populations living there are to be considered hostile. War implies armies and command structures that can be recognized, if not clearly known; in any case, war entails a military confrontation with an identifiable adversary.
On all of these points, the concept of war, to paraphrase US Defense Secretary Donald Rumsfeld, is not helpful. Even if the scale of the September 11 attack was of such a dimension that only the American army seemed able to face the challenge, in technical terms dealing with a threat that is extra-national rather than international is a matter of police techniques, not military tactics.
The negative consequences of this mistaken vision very quickly became apparent. It is now widely known that the US government, perhaps partly unconsciously, embraced a deeply distorted image of Al-Qaeda that portrayed it as a hierarchical organization with a seamless command structure - the prototype of a foe that the American army could attack and destroy.
But Al-Qaeda - the word means "the base" or "the camp," that is, nothing more or less than a point of gathering and training - is more like a blurred sphere of influence, comprising individuals and small local cells that act on their own initiative and cooperate very rarely, and only for large-scale operations. It has not been proved that the attacks in London, Madrid, or Bali in the years since the September 11 plot, or the attack on America's warship, the USS Cole, in 2000, reflected the existence of a "center" that coordinated the operations or gave orders to carry them out.
It is also wrong to conflate Islamic terrorism with that of the Basque ETA, Sri Lanka's Tamil Tigers, or the Irish Republican Army. Whereas these groups have a territorial base and are preoccupied with national aims, Islamic terrorism appears to be the work of a very small number of individuals who seek to avenge the centuries-long "humiliation" of the Muslim world, brought about by colonization, absence of economic development, and political weakness. The goal of Islamic terrorists is nothing less than the destruction of the "hegemonic" Western world, despite most Muslim nations' desire to live in peace within the international community and to cooperate in crafting effective development strategies.
The only viable strategy for confronting the threat of Islamic terrorism was, and continues to be, a search for agreement among Muslims, and among the leaders of Muslim nations, on the forms of mutual cooperation, including police cooperation, that are needed to isolate, weaken, or destroy the militants in their midst. This is a long and difficult enterprise, but there remains no alternative.
Instead, the war metaphor continues to define the US response and that of several of America's allies. The attraction of this metaphor may be attributable to the excessive trust that Americans place not only in their army, which is understandable, but in force in general, which is much less understandable in the case of an intelligent people. Whatever the case, casting the fight against terrorism as a war has led American policymakers to multiply violent military operations that have absolutely no chance of winning hearts and minds in the Muslim world. Quite the contrary.
Afghanistan was the only case where a military response was understandable: Its government had, after all, given Al-Qaeda a temporary territorial home. But to implicate Iraq, which had nothing to do with Al-Qaeda or the September 11 attacks, was a huge mistake, one that has strengthened Islamic extremists and has probably helped them recruit terrorists. Moreover, the US response has strengthened Israel's belief in the effectiveness of military methods, leading to the recent war in Lebanon and the ongoing invasion of Gaza.
Powerless, the international community does nothing. The rigidity and brutality of America's behavior - resulting in many times more civilian deaths than occurred on September 11 - have blocked any useful intervention by countries such as Algeria, Morocco, Jordan, Saudi Arabia, or the United Arab Emirates. Likewise, the appeal of war has ruled out the prospect of serious negotiations between Israel, Syria, and Lebanon. By attacking one Muslim country after another, the US and its allies have created the impression that Islam itself is the enemy, leading inexorably to the "clash of civilizations" that America says it wants to avoid.
But America's strategy has failed. Force cannot accomplish everything. The international community must say clearly that Islam is not our enemy and that terrorism must be fought in other ways. Muslim political leaders, for their part, should declare just as openly that terrorism is not their choice. If both sides can stifle their murderous deviances, the hope of cultural and political reconciliation will be reborn.
Michel Rocard, former prime minister of France and leader of the Socialist Party, is a member of the European Parliament.
THE DAILY STAR publishes this commentary in cooperation with Project
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Religions - Le Vatican contraint de faire une mise au point sur le discours de Benoît XVI
Les propos du pape sur l’islam suscitent des remous dans le monde musulman
Les réflexions du pape Benoît XVI sur l’islam pendant son voyage en Allemagne ont suscité des remous hier dans le monde musulman, contraignant le Vatican à faire une mise au point sur le sens des propos du chef de l’Église catholique.À peine rentré de Bavière, où il accompagnait le pape, le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, a déclaré hier soir dans un communiqué que Benoît XVI n’avait « pas eu l’intention de se livrer à une étude approfondie du jihad et de la pensée musulmane sur la question, et encore moins d’offenser la sensibilité des croyants musulmans ». Le Vatican a ainsi cherché à calmer le jeu alors que des représentants musulmans de plusieurs pays avaient interprété les propos du pape comme un jugement négatif porté sur l’islam. Le pape, théologien réputé, qui s’exprimait mardi devant un parterre d’universitaires et de chercheurs à l’université de Ratisbonne, a cité un universitaire selon lequel « pour la doctrine musulmane, Dieu est absolument transcendant. Sa volonté n’est liée à aucune de nos catégories, pas même à celle de la raison ». Ces propos ont été interprétés comme un jugement négatif du souverain pontife envers l’islam. Au Koweït, le secrétaire général du parti islamiste Oumma (Nation islamique), Hakem al-Mutairi, a appelé tous les pays musulmans à rappeler leurs ambassadeurs auprès du Vatican « jusqu’à ce que le pape présente des excuses pour le tort porté au Prophète et à l’islam ».En Turquie, le directeur du département des affaires religieuses auprès du gouvernement, Ali Bardakoglu, a déclaré ne voir « aucun intérêt pour le monde musulman à la visite en Turquie d’une personne ayant de telles convictions pour l’islam et son prophète ». Benoît XVI est attendu en Turquie du 28 au 30 novembre à l’invitation des autorités politiques et du patriarcat orthodoxe. Plusieurs représentants des partis islamistes pakistanais ont jugé les propos du pape « malheureux », « regrettables », voire « irresponsables ».Au Vatican, le cardinal Paul Poupard, président du Conseil pontifical pour la culture, a mis en garde contre une « instrumentalisation » du discours du pape. Le prêtre missionnaire Justo Balda Lacunza, recteur de l’Institut pontifical d’études arabes et islamiques, a souligné que le pape avait « exprimé la vision catholique de la foi et posé des questions à l’islam ». « Le problème, a estimé le père Lacunza, c’est que la foi musulmane est aujourd’hui prise en otage par les politiques. » « Il faut avoir le courage d’affronter la réalité. Il y a actuellement dans le monde musulman un problème de la violence au nom de la religion », a relevé le religieux, soulignant que « ce sont des musulmans eux-mêmes qui le disent ». Dans la soirée, le communiqué du porte-parole du Vatican soulignait que l’intention du pape est de « cultiver une attitude de respect et de dialogue envers les autres religions et cultures et évidemment également envers l’islam » (OJ, 15 septembre 2006).