Sunday, January 28, 2007

LE LIBAN INTOXIQUÉ!

Semaine du 29 janvier-4 février 2007
Ballons contenant du gaz toxique, largués par l'aviation israélienne au Liban
(Source photo: http://www.tayyar.org/)
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L’icône et l’islam : Pamela Chrabieh
Émission Second Regard,
3 décembre 2006, Radio Canada
Un reportage de Jean-Robert Faucher
Merci Robert et à toute l'équipe de Second Regard!
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De Philippe Martin:
'Voici la onzième édition des portraits de blogueurs, avec Pamela Chrabieh Badine'.
On peut trouver l'entrevue sur Dailymotion, Cent Papiers et YULBUZZ.
Merci à Philippe et Christian Aubry!
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Hormis les tensions internes et l'escalade de la violence (verbale, physique, médiatique, psychologique, etc.) entre l'opposition et le gouvernement au Liban, les infractions quotidiennes israéliennes à la résolution 1701 ne tarissent pas. Dernière en date: des ballons et des sacs en plastique de toutes couleurs et grandeurs contenant du gaz toxique (et des inscriptions en hébreu: "Bonne Année"), largués dans plusieurs régions du Liban ces derniers jours, tant au Sud qu'à Beyrouth - à ce jour, 9 personnes ont été hospitalisées suite à l'inhalation de ce gaz.
Il ne manquait plus que cela... Comme si les deux millions de bombes à fragmentation, elles-mêmes de toutes couleurs, ne suffisaient pas à tuer, blesser, estropier... Le plus malheureux dans toute cette histoire est que nos 'leaders' n'ont encore rien fait pour faire advenir un "cessez-le-feu" entre le Liban et Israël, et ne protestent même pas contre toutes les infractions israéliennes - alors que des membres du Pentagone et du Département d'État aux États-Unis ont depuis peu affirmé qu'Israël avait violé l'interdiction américaine concernant l'utilisation des bombes à fragmentation dans des régions peuplées.
En effet, dans un article du New York Times daté du 28 janvier 2007 ("Israel may have violated Arms Pact, U.S. Officials Say), on lit ce qui suit: " The Bush administration will inform Congress on Monday that Israel may have violated agreements with the United States when it fired American-supplied cluster munitions into southern Lebanon during its fight with Hezbollah last summer, the State Department said ".
Rappelons que ces bombes se fragmentent en plusieurs autres une fois explosées, causant des dégâts irréparables (humain et matériel) dans un rayon plus large qu'une mine conventionnelle. Depuis la fin des combats de l'été 2006, les bombes à fragmentation larguées au Sud du Liban et dans certains quartiers de Beyrouth ont tué plus de 30 civils et blessé plus de 180 (source: Rapport du 'Mine Action Service', Nations Unies).
Sanctionner Israël - qui devrait également être sanctionnée par les Nations Unies pour l'invasion du Liban, le blocus, les massacres et les destructions massives, non seulement l'été passé mais tout le long des années 80 et 90 - constituerait une première quant à la politique de l'administration Bush, mais pas une nouvelle action dans l'histoire des relations entre Israël et les États-Unis. L'article du New York Times rappelle que: "The Reagan administration imposed a six-year ban on cluster-weapon sales to Israel in 1982, after a Congressional investigation found that Israel had used the weapons in civilian areas during its 1982 invasion of Lebanon. One option under discussion is to bar additional sales of cluster munitions for some period, an official said".
Serait-ce verser dans l'idéalisme que de croire en la bonne volonté de Bush à qui il revient - en grande partie - de décider si Israël devrait subir des sanctions ?
Serait-ce également verser dans l'idéalisme que de croire en la volonté de nos 'leaders' de bouger un pouce pour travailler plus assidûment à chercher une solution au conflit Israélo-Libanais? A croire qu'ils sont soit de connivence avec le gouvernement israélien (et de surcroît, avec le projet américain du 'Nouveau Moyen-Orient'), soit incompétents (voire, des fantoches, des marionettes, des pions), ou encore insensibles à la situation dramatique que vit le peuple Libanais (ne comptent donc que leurs intérêts personnels et-ou ceux de leurs groupes-partis-clans respectifs).
Malheureusement, je rencontre de plus en plus de jeunes Libanais-es ces derniers jours qui sombrent dans la dépression face à une situation de plus en plus intenable. Et pourtant, l'on compte parmi ces personnes qui désespèrent de leur pays et de leur peuple, des activistes au sein d'associations et de groupes militant pour la démocratie, la citoyenneté, le dialogue, la convivialité et les droits des Hommes... A tous ces jeunes, je ne peux que vous encourager à ne pas sombrer dans la déprime, car vous laissez la place publique et la nation Libanaise aux prises des identités meurtrières et des Seigneurs de la guerre. Nous avons tous besoin, en tout temps, époques et lieux, de voix-es pacifistes et d'acteurs de la réconciliation.
La situation actuelle est des plus dangereuses, encore plus dangereuse que celle de l'été 2006. En dépit des dégâts monstres que les missiles israéliens causent, le conflit interne - appelé aussi 'guerre civile' - est plus dommageable. Le Liban est depuis des millénaires soumis aux invasions et occupations, mais il se relevait toujours de ces dures épreuves, tel le phénix qui ressuscite et se relève de ses cendres. Toutefois, une guerre fratricide serait fatidique! Elle constituerait un coup mortel, la goutte qui ferait déborder le vase de plus de trente années de guerre multiforme - je dis 'trente années', mais le début de la guerre m'apparaît de plus en plus difficile à identifier. Les causes de la guerre sont diverses et remontent à bien plus loin dans le temps.
Pour ma part, je ne peux que poursuivre ma résistance, par l'écriture, la peinture, la recherche et l'activisme au sein de la société civile Libanaise et à travers divers réseaux d'amis et de collègues tant au Liban qu'au Québec. Cette fois, je ne me laisserai pas fléchir facilement, car j'ai appris les leçons de notre amère passé et je les apprends encore jour après jour - comme tant d'autres jeunes Libanais-es -, et ne voudrais aucunément sombrer dans la dépression, le désespoir, ou alors, dans la haine et le rejet.
Si nous Libanais-es n'allons pas oeuvrer pour briser le cycle infernal de la guerre et reconstruire notre pays, personne ne va le faire à notre place!
Salam/Paix/Peace/Pax
Pamela Chrabieh Badine
(En direct du Liban. Dimanche 28 janvier 2007, 22h20, heure de Beyrouth)
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Lebanese petition for their own eradication. Vote for Peace…
By Michèle Chrabieh in Beirut
Monday 29 January, 2007


When we all gullibly assumed war could only come from our neighboring countries, loyalists to the government and partisans of the opposition confirmed they are a meager herd of foolish sheep run by the brutal and sadistic discourses of their leaders; those same warlords whose thirst for blood and nihilism has always been palpable and scheduled on their “yet to be satisfied” agenda.
Last week, our country fell into chaos and our Prime Minister Fouad Siniora was smiling and taking the applause for getting us money at the Paris III debt conference.
We have witnessed a sample of war in the Beirut Arab University and the streets of our country; the offspring of street fighting, snipers on rooftops, checkpoints and killing of young Lebanese. A curfew followed, universities and schools were closed to calm kids down and politics has become a taboo subject at work and in any place whose main concern is peace and its safeguard.
Since then we have been contemplating the possibility of a “civil war” and silently urging our politicians to quickly unearth a solution to the internal political deadlock they have put us through. It’s a count down for peace or war. The choice is ours: we either keep on holding a grudge against our neighbors, colleagues and friends simply because they pledge allegiance to another walking boot with a royal hat, or we vote for peace and live by it.
Vote for Peace…

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Les stratégies américaines et le “nouveau Sykes-Picot”
Par Fouad Khoury

Le Moyen-Orient voit aujourd’hui l’émergence d’une nouvelle donne, avec l’accession de l’Iran au rang de puissance régionale, potentiellement nucléaire, à condition qu’il se lie avec la communauté internationale par le biais d’accords. Cette ascension de Téhéran est un résultat de l’invasion américaine de l’Irak qui a brisé le principal rempart arabe sunnite. Ainsi, la région pourrait compter à l’avenir deux puissances « nucléarisées », Israël et l’Iran, qui domineraient l’espace du Nil à l’Euphrate. Le monde arabe serait alors écartelé entre tendance « pro-iranienne » et « pro-occidentale » (qui seraient en réalité toutes deux proches des USA) et chaque pays arabe serait morcelé politiquement, sans qu’il faille nécessairement modifier les frontières. Ce serait la mort définitive du nationalisme arabe, et le « nouveau Sykes – Picot[1] ».

La grande question est de savoir si ce découpage donnerait lieu à un affrontement permanent, ou s’il serait possible de stabiliser la région par des arrangements. Cela va dépendre essentiellement de l’évolution de la situation interne en Iran. En attendant, le Liban ressent fortement ces évolutions. Il constitue un champ de bataille essentiel de l’affrontement régional. Les forces politiques libanaises et notamment chrétiennes ont pris dans ce conflit une importance démesurée. En particulier, Aounistes et Forces Libanaises ont tous deux une importance majeure aussi bien pour les USA que pour l’Iran. Et les libanais sont à la recherche de formules politiques pour stabiliser et gérer la situation dans le futur. Avec un dénominateur commun : le tribunal international pour le Liban, dont la mise en place est inévitable.

Voyons d’abord pourquoi les USA pourraient faire de l’Iran un allié, et pourquoi ils pourraient accepter de doter Téhéran d’un statut nucléaire. Pour cela, il faut comprendre les fondements réels de la « croisade » contre « l’axe du mal » prônée par le président George W. Bush. Cet axe regroupe aujourd’hui essentiellement deux pays, l’Iran et la Corée du Nord, et les Etats-Unis affirment que la communauté internationale doit contrôler leur programme nucléaire. Or, ces deux pays servent aux USA de « Cheval de Troie » pour un enjeu bien plus important. La logique qui se cache derrière cette « croisade » est de diviser l’Asie pour que les USA puissent mieux la contrôler. D’opposer chinois, japonais, indiens, musulmans, russes…dans la droite ligne du « choc des civilisations » pronostiqué par Samuel Huntington.

En effet, l’Asie recèle la majorité du pétrole, des ressources humaines, de l’industrie et peut-être de la technologie du futur. Il faut donc empêcher quiconque, et notamment la Chine, de déborder demain de ses frontières pour essayer de contrôler ces ressources et faire échec à la domination américaine sur le système économique mondial. Pour cela, il faut dresser les puissances asiatiques les unes contre les autres, et introduire de nouveaux joueurs, plus petits, mais qui viennent gêner les grands comme la Chine ou la Russie. C’est là qu’entrent en scène l’Iran et la Corée du Nord.

Observons d’abord la péninsule coréenne. La Corée du Nord est en réalité une zone tampon entre la Chine, la Russie et les USA. Elle possède une frontière avec la Chine, une autre avec la Russie, et une troisième avec la Corée du Sud où stationne l’armée américaine. Les USA affirment que la Corée du Nord cherche à obtenir la bombe atomique. Or, que cela soit vrai ou faux, cela donne un prétexte pour que les pays voisins comme le Japon, la Corée du Sud, et Taiwan se dotent à leur tour de l’arme nucléaire et menacent aussi bien la Corée du Nord que…la Chine elle-même. Et tous ces pays, alliés des USA, ont également de lourds contentieux historiques et une forte rivalité avec Pékin. Autrement dit, la « croisade » américaine contre la Corée du Nord aurait pour résultat final l’encerclement de la Chine par des pays « nucléarisés » et potentiellement hostiles (ainsi que par l’armée US elle-même). D’ailleurs, le Japon vient de rétablir officiellement son ministère de la défense et se réarme à grands pas.

Or, pour des raisons évidentes, la Chine a intérêt à éviter une prolifération nucléaire dans ses alentours, surtout dans des pays avec qui elle a des inimitiés. Pour cela, elle doit négocier avec la puissance qui a déclenché toute cette mécanique, c’est-à-dire les USA. Négocier des accords militaires, économiques, politiques…incluant tous ses voisins, ainsi que la Russie, l’Inde, les USA, et qui limiteraient de facto les ambitions chinoises futures. Cela sans que Washington n’aie à tirer un seul coup de feu. Or, justement, on voit ces jours-ci la Chine multiplier les ouvertures politiques et économiques en direction de Tokyo, et en soutien de la politique américaine et des Résolutions de l’ONU sur le Moyen-Orient.

Regardons maintenant l’Iran. Ce pays est au centre de l’Asie, proche de la Russie, de la Chine et de l’Inde. Remarquons que, sur la carte, la Corée du Nord et l’Iran « encerclent » la Chine, l’un par l’est et l’autre par l’ouest. Or, si l’Iran accédait à un statut nucléaire, cela voudrait dire que ce pays pourrait devenir un « sanctuaire » inviolable et faire barrage aux visées expansionnistes chinoises, russes ou indiennes en direction du Moyen-Orient et de son pétrole. Il pourrait menacer ces pays et leur faire échec (comme le Pakistan, qui détient la « bombe atomique sunnite » avec l’accord tacite des USA). Cela maintiendrait donc le statu quo en Asie, ce qui arrangerait fort les américains, à condition bien entendu que les USA et la communauté internationale « contrôlent » le programme nucléaire iranien.

L’enjeu pour les Etats-Unis est donc de contrôler l’Iran sans être contraints de l’envahir militairement, d’en faire un allié docile et pas un ennemi. Pour cela, les américains poursuivent depuis 2001 une stratégie de la carotte et du bâton, et soufflent le chaud et le froid : d’un côté, ils font pression sur l’Iran, multiplient les manœuvres militaires et encerclent ce pays de tous côtés, d’Irak, d’Afghanistan et de l’Asie Centrale. De l’autre, la récente Résolution 1737 de l’ONU, qui a pour objectif la « négociation » avec l’Iran sur le dossier nucléaire, indique clairement que les USA n’écartent pas une acceptation de ce pays dans le club nucléaire.

De plus, l’émergence de l’Iran permet d’affaiblir les arabes et de renforcer Israël. En effet, Téhéran attire à lui les chiites du Moyen-Orient. Cela a pour effet d’alarmer les sunnites, qui n’ont plus pour recours que de se jeter dans les bras de l’Occident, et même souvent…d’Israël. Le monde arabe se retrouve donc écartelé entre pro – iraniens et pro-occidentaux, comme on le voit en Palestine (Hamas et le Fatah), au Liban (le 8 Mars et le 14 Mars), en Syrie (pouvoir contre opposants), ce qui affaiblit tous les arabes, et arrange l’Iran, Israël et son allié Turc, sunnite mais non arabe.

Il y a donc de fortes chances pour que la rhétorique iranienne anti-USA et anti-Israël ne soit que de la poudre aux yeux qui masque une volonté de rapprochement avec l’Occident. En effet, par son discours, l’Iran s’impose comme seul adversaire « de taille » face à Israël, car il dit tout haut ce qu’aucun dirigeant arabe n’ose prononcer. Par contrecoup, cela affaiblit et décrédibilise les régimes arabes face à leur propre opinion, ce que certains en Occident apprécient. Le régime syrien alaouite joue d’ailleurs ici le même jeu que l’Iran, comme le montre le récent discours du président Bachar el Assad où il traite certains dirigeants arabes de « moitiés d’hommes ». Un propos aussi provocateur ne peut avoir pour autre but que de diviser les arabes. En ce sens, le régime syrien joue à fond la carte du « nouveau Sykes-Picot » et du jeu américain.

Notons ici que le régime syrien semble avoir échappé au pire, car, après la mort de Hafez el Assad en 2000, le pays s’était scindé en deux blocs. D’un côté on trouvait le « clan Assad » et ses alliés libanais du « régime sécuritaire » menés par Rustom Ghazalé, et de l’autre la faction Khaddam – Ghazi Kanaan – Rafic Hariri. Ces deux blocs se sont affrontés pendant 4 ans jusqu’à la Résolution 1559. Puis, en l’espace d’un an, Rafic Hariri et Ghazi Kanaan sont morts assassinés et Khaddam s’est exilé à Paris. Cela veut-il dire que le « clan Assad » a gagné et que le régime syrien survivra dans sa forme actuelle ? Ne jugeons pas trop hâtivement, et remarquons seulement deux choses : d’une part, ce régime est dorénavant voué à affronter une opposition interne (Frères Musulmans) et externe (Khaddam et consorts) permanente. Autrement dit, la nouvelle division du Moyen-Orient s’applique à tout le monde, y compris…aux syriens alaouites chiites eux-mêmes. D’autre part, ce régime est définitivement sorti du Liban (même s’il y garde des alliés politiques), et cela est symbolisé par le déploiement de l’armée libanaise à la frontière syrienne y compris dans les jurds, avec l’appui de la communauté internationale.

Entre-temps, et dans l’attente d’un éventuel rapprochement irano – US, le Moyen-Orient vit une phase de tensions, baptisée « instabilité constructive », où américains et iraniens s’opposent pour mieux négocier, sur des dossiers comme le nucléaire, l’Irak, la Palestine, la Syrie et le Liban, l’avenir des sunnites, des chiites et des autres communautés.

En Irak, la situation pour les américains est loin d’être si mauvaise qu’on l’affirme. D’une part, les pertes US, 3000 soldats en presque 4 ans, sont nettement plus faibles que celles du Vietnam. D’autre part, l’Irak est aujourd’hui éclaté, et les chiites irakiens sont eux-mêmes essentiellement divisés en deux forces rivales de taille égale : l’Armée du Mahdi de Moktada Sadr, et les Brigades Badr liées à Abdul Aziz al Hakim. Cet éclatement empêche les chiites irakiens d’exercer une trop forte domination, ce qui laisse aux USA une vaste marge de manœuvre politique en Irak. Et, point crucial, cet éclatement reflète les rivalités à l’intérieur même de l’Iran, car Moktada Sadr est lié au président iranien Mahmoud Ahmadinejad, tandis que Abdul Aziz al Hakim est lié à Hachemi Rafsandjani, principal rival d’Ahmadinejad.

De plus, les chiites arabes (sans parler des sunnites ou des kurdes) sont loin d’être tous favorables à l’Iran perse, et seraient même enclins à se rebeller si celui-ci voulait les contrôler de trop près. Donc, si demain l’armée US se retirait d’Irak, il y a fort à parier que l’armée iranienne aurait de grosses difficultés à contrôler ce pays, alors même que l’Iran risquerait d’être gravement contaminé par les conflits kurde-sunnite-chiite et inter - chiite. Ainsi, l’Irak est pour Téhéran une arme à double tranchant, et lorsque les USA parlent de s’en retirer et d’y « impliquer l’Iran »…il s’agit d’une menace à peine voilée.

En Palestine, c’est également le blocage. Le Hamas (soutenu par l’Iran), bien qu’élu à la tête du gouvernement palestinien, est mis en échec par la machine israélienne qui le soumet à un blocus sécuritaire, politique et économique. De plus, Israël n’accepte de parler aux palestiniens que par l’intermédiaire du président Mahmoud Abbas, qui représente l’aile modérée proche de l’Occident. En Syrie, le pouvoir du président Bachar el Assad est menacé par ses opposants intérieurs et extérieurs. Enfin, au Liban, la fin de l’année 2006 a vu l’affrontement entre forces du 14 Mars et forces du 8 Mars paralyser le pays.

Quelle sera l’issue de ce bras de fer? La réponse se trouve essentiellement à Téhéran, qui vit une lutte de clans, entre Ahmadinejad, Khamenei, Rafsanjani, Khatami, Larijani…Ces factions sont de taille comparable, et il est difficile que l’une d’entre elles l’emporte sans aide extérieure, économique, politique ou diplomatique. Or, paradoxalement, les USA, qui occupent la région, sont les seuls à pouvoir fournir cette aide, car ils détiennent les deux cartes qui intéressent tous les iraniens: la garantie de non – agression et la levée des sanctions économiques.

C’est pourquoi les américains cherchent aujourd’hui à négocier séparément avec chaque composante du pouvoir iranien, car en faisant cela, ils auraient gagné la partie en divisant leur adversaire. La clé réside dans le fait que les différents contentieux entre l’Iran et l’Occident (nucléaire, Irak, Hezbollah, Hamas) ne sont pas tous gérés par la même faction iranienne. Sur chaque dossier, on trouve un ou plusieurs clans rivaux, à l’exclusion d’autres. Un échec sur un de ces dossiers entraînerait donc l’échec de la faction correspondante en Iran, et à contrario un succès lui rapporterait des dividendes substantiels. Les factions iraniennes peuvent donc avoir intérêt à se « trahir » mutuellement et à donner des gages à l’Occident pour améliorer leur position (le fameux « dilemme du prisonnier »).

C’est ainsi que certains voient l’invasion américaine de l’Irak comme étant un piège destiné à l’Iran, qui a fonctionné. En effet, les USA ont réussi à attirer les iraniens sur leur terrain : un Irak divisé avec une communauté chiite irakienne elle-même scindée en fractions rivales. Et, on l’a vu, chaque fraction irakienne est proche d’une fraction iranienne : Moktada Sadr au président iranien Ahmadinejad, tandis que son rival Abdulaziz al Hakim est proche de Rafsandjani, principal rival iranien d’Ahmadinejad. Or, si les iraniens cherchaient à mieux contrôler les irakiens, ils sont également pris au piège, car toute défaite d’une faction irakienne, éventuellement « provoquée » par l’armée US, entraînerait l’échec politique de la faction iranienne alliée, et pourrait bouleverser l’équilibre de pouvoir en Iran dans un sens éventuellement favorable aux USA. Qui pourraient donc obtenir une mainmise sur Téhéran, « par proxy » et via la guerre en Irak. Il n’y aurait plus alors de problème à doter l’Iran d’un programme nucléaire (tout comme le Pakistan ou les autres alliés des USA). On comprend mieux alors l’ampleur des pressions US actuelles sur les diverses factions iraniennes, et la politique américaine de la carotte et du bâton : proposer des négociations (rapport Baker - Hamilton) tout en renforçant le dispositif militaire en Irak.

Le Liban est un autre bel exemple de ce jeu de dupes et on comprend mieux ainsi la guerre de Juillet - Août 2006. Théoriquement, cette guerre a abouti à une « non – victoire » d’Israël et « non – défaite » du Hezbollah. En pratique, elle a retiré la « carte Hezbollah » du jeu iranien. Car le Hezbollah n’a de valeur pour Téhéran que s’il est capable de menacer à tout moment Israël, unilatéralement et sur simple ordre iranien. Mais, depuis la Résolution 1701 (agréée par le Hezbollah) et le déploiement de forces occidentales au Sud - Liban, le Parti de Dieu ne peut plus agir. Et ce d’autant moins que, vu l’ampleur des dégâts occasionnés par les bombardements israéliens, il y a fort à parier que la population chiite libanaise ne le suivrait pas dans cette voie. Or, tant le déclenchement de la guerre de Juillet contre le Hezbollah (l’enlèvement mystérieux et injustifié de soldats israéliens) que les négociations qui ont suivi et le va-et-vient d’émissaires iraniens de toutes sortes, dont Manouchehr Mottaki, ministre des affaires étrangères et proche d’Ahmadinejad, portent à croire que le Parti de Dieu aurait été dépassé par les événements, voire peut-être « vendu ».

Que va-t-il se passer maintenant au Liban ? Retenons trois choses. Premièrement, la guerre de Juillet, malgré son ampleur, n’était qu’un épisode de l’affrontement régional. Avec la Résolution 1701, la « bataille extérieure » du Hezbollah est terminée, et il a lancé immédiatement sa « bataille intérieure », déjà bien entamée avec l’affrontement actuel et la paralysie du centre – ville de Beyrouth. L’enjeu affiché : déterminer le futur politique du Liban et assurer la survie politique du Hezbollah. L’enjeu implicite : faire bouger les choses entre les USA et l’Iran. Le jeu est d’une grande complexité, car la communauté chiite libanaise et le Hezbollah sont eux-mêmes scindés de l’intérieur, et reflètent souvent les divisions politiques à l’intérieur de l’Iran. Il y a donc un double jeu, d’une part un face-à-face entre les chiites libanais et les autres communautés, et d’autre part une rivalité de plus en plus forte, à l’intérieur de la communauté chiite et du parti, entre les différentes tendances. Or, comme chacune de ces tendances chiites libanaises est proche de certaines tendances en Iran, il est clair que chaque évolution politique au Liban se répercute à Téhéran.

En ce sens, le Liban constitue aujourd’hui une « caisse de résonance » très efficace pour qui veut faire pression sur Téhéran. La communauté internationale utilise donc ce pays, comme d’ailleurs l’Irak, la Palestine ou la Syrie, pour envoyer à l’Iran des signaux forts, et celui-ci répond à son tour. Tel est le rôle actuel du Pays du Cèdre. En attendant une évolution, le Liban risque donc fort de voir le blocage politique se prolonger de diverses manières. Même s’il est peu probable que la situation dégénère, car personne n’y a intérêt : un chaos au Liban mettrait en péril la sécurité d’Israël et de sa frontière nord ainsi que les acquis occidentaux. Et, surtout, ce chaos pourrait produire l’éclatement de la communauté chiite elle-même, ce que le Hezbollah et l’Iran ne peuvent souhaiter aujourd’hui, car cela affaiblirait leur capacité de négociation. C’est pourquoi l’armée libanaise ne s’est pas scindée, et s’est déployée pour garder le contrôle des événements. Et c’est pourquoi il ne faut en aucun cas sous-estimer le rôle et l’importance des forces politiques libanaises, et notamment les forces politiques chrétiennes (Forces Libanaises et aounistes). En s’alliant respectivement au 8 Mars et au 14 Mars, elles sont devenues le véritable instrument de pression, le régulateur du conflit libanais et donc régional. En ce sens, Aounistes et Forces Libanaises ont tous deux une importance majeure aussi bien pour les USA que pour l’Iran.

Deuxièmement, quelle que soit l’issue de l’affrontement actuel, le Liban a besoin de réformes, et avant tout de régler sa « question chiite ». Les chiites libanais et surtout le Hezbollah ont toujours refusé de cautionner totalement l’Accord de Taëf, parce qu’ils considéraient que la part de pouvoir qui leur y était allouée était inférieure à leur poids démographique. Ils n’y avaient consenti qu’en échange d’un atout de taille octroyé par la Syrie : le monopole de la force militaire au Liban, à travers le statut spécial de la Résistance à Israël. C’est pourquoi le Parti de Dieu avait toujours refusé de prendre part aux gouvernements libanais, jusqu’au retrait syrien de 2005, qui a bouleversé les donnes. Le Liban doit maintenant régler cette question. Or, quelle que soit la formule proposée (décentralisation, déconfessionnalisation, réforme des lois électorales), rien ne se fera tant que la tension régionale restera aussi forte, et que le Liban sera scindé de manière aussi profonde.

Cela nous amène à la troisième conclusion : le tribunal international pour le Liban est inévitable, tôt ou tard, pour deux raisons : Premièrement, le Liban a de fortes chances de devenir une « zone tampon », placée sous une forme de « protection » internationale. Car, situation particulière, ce pays se trouve à la frontière d’Israël, tout en ayant une forte composante chiite. De ce fait, le pays du Cèdre (avec la Syrie et la Palestine) est devenu aujourd’hui le point focal du Moyen-Orient, où se rencontre l’influence de l’Occident, d’Israël et de l’Iran. C’est pourquoi aucun de ces blocs n’accepterait de « céder » totalement le Liban. Chacun préfèrerait donc dans le futur le confier à une autorité internationale de type ONU qui garantisse les intérêts de tous, la sécurité d’Israël et les droits des chiites et des autres communautés. Si cet arrangement régional était conclu, personne, pas même la Syrie, ne pourrait s’y opposer.

Deuxième raison, le tribunal international pourrait bien devenir demain la planche de salut pour les diverses factions politiques libanaises. Car dans l’affrontement 14 Mars contre 8 Mars, sunnites contre chiites, chiites contre chiites, chrétiens contre chrétiens…le Liban est aujourd’hui un navire sans guide, qui menace de se désintégrer. Il faut réintroduire un arbitre impartial, une instance de référence internationale qui possède le pouvoir de coercition tout en constituant un point de repère moral et politique pour tous. Qui prenne donc à sa charge les griefs des libanais les uns envers les autres (et particulièrement les assassinats politiques). Et qui puisse donc in fine protéger ces factions les unes des autres, voire d’elles-mêmes… et les empêche de s’entretuer. C’est pourquoi le tribunal international est inévitable, car, au-delà des verdicts eux-mêmes, son plus grand mérite sera…d’exister. A condition, bien entendu, qu’il soit impartial. Et il le sera, afin de maintenir la stabilité. Car, dans l’ambiance de subversion que vit le Liban, ne faut-il pas manipuler la « Vérité » avec précaution ?

Une date propice pour la mise en place de ce tribunal serait la fin du mandat Lahoud, pour deux raisons. D’abord, si la situation de désunion actuelle se prolonge, il sera indispensable pour le Liban de disposer d’une autorité internationale de référence afin de ne pas affronter un vide constitutionnel comme en 1988. Ensuite, et surtout, le deuxième mandat Lahoud apparaît comme une phase de transition entre un ordre ancien, qui est la présence syrienne, et un ordre nouveau marqué par la présence internationale. Une transition mouvementée, mais qui aurait préservé jusqu’à ce jour une certaine continuité constitutionnelle. Or les détails pratiques du tribunal (financement, nomination des juges, détermination du siège) demanderaient encore six à huit mois, ce qui coïncide avec la fin de ce mandat.

[1] Accord de partage du Moyen-Orient signé pendant la 1ère Guerre Mondiale par les Français et les Britanniques et qui a dessiné les frontières actuelles des pays arabes.
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Remarque: pour le suivi des événements au Liban cette semaine, consulter la section des commentaires.

Monday, January 22, 2007

GRÈVE GÉNÉRALE AU LIBAN! Une nouvelle étape dans l’agenda de l’opposition Libanaise

Semaine du 22-28 janvier 2007

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L’icône et l’islam : Pamela Chrabieh
3 décembre 2006, Radio Canada
Un reportage de Jean-Robert Faucher
Merci Robert et à toute l'équipe de Second Regard!
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'Voici la onzième édition des portraits de blogueurs, avec Pamela Chrabieh Badine'.
On peut trouver l'entrevue sur Dailymotion, Cent Papiers et YULBUZZ.
Merci à Philippe et Christian Aubry!

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Suite à plus d’une cinquantaine de jours de manifestations et de sit-in au centre-ville de Beyrouth, l’opposition Libanaise appelle à une nouvelle étape : la grève générale pour le mardi 23 janvier 2007. En réponse à cet appel, le gouvernement a invité les Libanais à poursuivre leurs activités. La lutte politique se poursuit de plus belle, balançant le peuple, encore une fois, dans un précipice de tensions, d'exclusions et de rejet réciproque.
Bien que les contextes soient différents, je ne peux m'empêcher de comparer la situation au Liban à celles de la Palestine et même à la Somalie et l'Irak, tiraillées par les interférences étrangères, les crises internes, le chaos comme règle générale et la stabilité comme exception. Est-ce que nous nous dirigeons vers une 'balkanisation' de la région, tel que l'avaient promis les autorités américaines avec leur projet du 'Nouveau Moyen-Orient'?
Quelques précisions:
Comme Rice l’annonçait lors de son passage à Jérusalem le 25 juillet 2006, l’enjeu, c’est « le nouveau Moyen-Orient », « Nous dominerons », a-t-elle promis à Olmert.
Le 'Nouveau Moyen-Orient' que l'administration Bush voudrait créer comprend des frontières retracées soi-disant selon la répartition des populations; un plan à la Kissinger nappé d'une sauce néoconservatrice... Ainsi, des États devraient disparaître, d'autres seraient amputés et d'autres encore augmentés de vastes territoires.
Dans un article que l'on trouve sur AgoraVox, il y est expliqué ce qui suit:
"Commençons d’abord avec les états qui devraient disparaître. L’Irak, déjà actuellement divisé par une guerre civile qui ne veut dire son nom [Commentaire Pamela: n'oublions surtout pas l'occupation américaine de l'Irak et son alimentation directe de la dite guerre. Selon Mahdi Darius Nazemroaya, auteur indépendant à Ottawa, spécialisé dans les affaires du Moyen-Orient et d'Asie Centrale et chercheur Associé du Center for Research on Globalization (CRG): "les médias occidentaux nourrissent, quotidiennement, de notions incorrectes et partiales, selon lesquelles les populations irakiennes ne pourraient pas coexister et le conflit ne serait pas une guerre d'occupation mais " une guerre civile " caractérisée par des différends internes entre chiites, sunnite et kurdes"], serait divisé avec, au nord, un état kurde, augmenté des territoires kurdes turques, iraniens et syriens. Plus au sud, un super état chiite arabe serait constitué des provinces sud de l’Irak en majorité, des champs pétrolifères du Chatt el Arab iraniens et leur continuité en Arabie Saoudite. La partie est de l’Arabie Saoudite, pétrolifère, serait ainsi rattachée à cet état chiite malgré le fait que les Chiites soient en minorité dans cette région. A remarquer encore que le Koweït serait enclavé dans ce super état chiite. A l’ouest, les Sunnites hériteraient d’un état démuni de matières premières importantes, et des eaux de l’Euphrate et du Tigre. Le deuxième grand perdant comme on l’a déjà remarqué est l’Arabie Saoudite, déjà amputée de ses champs pétrolifères à l’est mais aussi par de larges territoires à l’ouest et au sud. Ainsi le royaume saoudien serait déjà déchu de la garde des lieux saints de l’Islam. Un état justement appelé « état sacré islamique » serait ainsi crée pour abriter les villes de la Mecque et de Médine à l’ouest et de larges territoires lui seraient enlevés au sud au profit du Yémen et au nord au profit du Grand royaume jordanien. Le royaume Saoudien serait alors affaibli et dénué de ses moyens de pressions et de son pétrole. L’Iran aussi ne resterait pas intact ; même si son territoire demeurerait en majorité assez homogène, il perdrait comme nous l’avons déjà vu de grands territoires pétrolifères sur sa frontière actuelle avec l’Irak mais aussi plus à l’est au profit de l’Afghanistan et un nouvel état crée pour l’occasion, à l’entrée du Golfe Persique, le « Balouchtan » et dont les territoires iraniens seraient augmentés par des territoires pakistanais. La Syrie perdrait, elle, sa façade maritime au profit du Liban en plus des territoires cédés aux kurdes. Au rang des pays augmentés figurent donc le Liban, le Yémen, la Jordanie. On remarque que les grands perdants de ce nouveau Moyen Orient sont les états sunnites [Commentaire Pamela: le Liban est un Etat islamo-chrétien, et non 'sunnite']. Peut-on alors dire que ce nouveau Moyen Orient est une solution aux problèmes que connaît cette région déjà meurtrie par les différents conflits israélo-arabes ?'
Nullement...
La violence n'entraîne que la violence.
La guerre n'entraîne que la guerre.
Et les grandes perdantes sont les populations civiles de la région, conditionnées dans un baril de poudre prêt à exploser encore et encore.
Pour Mahdi Darius Nazemroaya: "Les tentatives pour créer intentionnellement de l'animosité entre les différents groupes ethnico-culturels et religieux du Moyen-Orient ont été systématiques. En fait, elles font partie d'un ordre du jour secret soigneusement conçu et réfléchi. Bien plus inquiétant, de nombreux gouvernements du Moyen-Orient, tels que celui d'Arabie Saoudite, aident Washington à fomenter des divisions entre populations. L'objectif final étant d'affaiblir le mouvement de résistance contre l'occupation étrangère par la " stratégie du diviser et vaincre " qui sert les intérêts anglo-israélo-étatsunien dans la région entière".
Comment, dans ces conditions, penser et implanter la réconciliation nationale, un cessez-le-feu durable et la paix (comme au Liban qui vit encore dans l'état temporaire de "cessation des hostilités"), la stabilité inter-étatique et des relations sereines et équitables aux niveaux régional et international?
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Remarque: pour le suivi des événements au Liban cette semaine, consulter les commentaires ci-dessous.

Sunday, January 14, 2007

A tous ces jeunes Libanais-es qui émigrent...

Vous n'êtes pas des parias!

Semaine du 15-21 janvier 2007

Photo prise durant l'offensive israélienne de l'été 2006 au Liban (côte Sud) - Evacuation de ressortissants-es Libanais-es ayant une double nationalité

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L’icône et l’islam : Pamela Chrabieh
Émission Second Regard,

3 décembre 2006, Radio Canada
Un reportage de Jean-Robert Faucher
Merci Robert et à toute l'équipe de Second Regard!
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De Philippe Martin:
'Voici la onzième édition des portraits de blogueurs, avec Pamela Chrabieh Badine'.
On peut trouver l'entrevue sur
Dailymotion, Cent Papiers et YULBUZZ.
Merci à Philippe et Christian Aubry!

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En ce début de janvier 2007, je pense profondément à tous ces jeunes Libanais-es qui perdent espoir en leur pays et qui le quittent, que ce soit momentanément ou à long terme. Je comprends les causes qui les poussent à faire ce pas. Je sais aussi que leurs divers apports au Liban sont d'une importance cruciale, même à distance. Toutefois, je ne peux m'empêcher de ressentir de la peine et d'adhérer, ne serait-ce qu'un moment, à la thèse d'un Liban "qui se vide de ses cerveaux"... Pensées contradictoires allez-vous me dire? Tout à fait, elles accompagnent une situation chaotique difficilement démêlable. Mais de là à sombrer dans l'alarmisme taxant l'émigration "d'hémorragie", de "menace" et de "fléau"? Nullement!

Selon une enquête effectuée par l'institut de sondage IPSOS, près de 50% des personnes interrogées n'envisagent pas leur avenir professionnel au Liban. Et ce sont des Libanais-es âgés de 20 à 40 ans qui sont "les plus touchés par cette vague de désespoir collectif" (Magazine, Beyrouth, no.2565 du 5 janvier 2007, p.33). Mais les statistiques restent partielles. Par ailleurs, l'échantillonnage et l'interprétation des résultats sont toujours sujets à la partialité. D'après une enquête effectuée par l'Observatoire universitaire de la réalité socio-économique de l'Université Saint-Joseph à Beyrouth (Ourse) sur le devenir des diplômés de l'USJ de 2000-2004, il s'avère qu'un diplômé sur 5 réside à l'étranger, soit 21,5% des jeunes diplômés de cette université. Dans le Magazine, ce chiffre est perçu en tant qu' "alarmant", présentant des conséquences "désastreuses" et "dangereuses" pour l'avenir de la nation. Sauf que l'article ne comprend pas de données recueillies dans les autres universités Libanaises. De plus, selon l'étude de l'Observatoire, parmi les principaux motifs de départ, figurent la poursuite des études (59,3%) et le travail (34%).

Donc, dans ce cas particulier, le motif le plus important ne relève pas de problèmes socio-politiques ou économiques, ni de questions d'insécurité ou d'instabilité, mais plutôt de problématiques ayant trait à la relativement plus libre circulation des ressources humaines et à la mondialisation des échanges et de la transmission du savoir. Permettez-moi donc de répondre à l'article du Magazine dans lequel il est dit "les chiffres parlent d'eux-mêmes": les chiffres ne parlent pas d'eux-mêmes. On les fait parler selon nos croyances, appartenances et intérêts.

Il est certain qu'une forme de désespoir traverse les nouvelles générations de Libanais-es, mais il est loin d'être "généralisé". De plus, l'accent semble plus être mis sur l'aspect 'négatif' de l'émigration (ex: le simple fait d'avoir quelques milliers de Libanais-es ayant une double nationalité serait "effrayant", Magazine, p.39) que sur ses apports à la construction-reconstruction du Liban (depuis tout temps, les mouvements migratoires diversifiés et complexes contribuent à l'édification du Liban); ainsi que sur "la peur viscérale", "la colère sourde" et "l'incertitude" qui poussent "à laisser sa patrie derrière soi", que sur les innombrables initiatives de jeunes au sein de la société civile Libanaise et de la diaspora.

Comme je l'ai signalé dans un billet de la semaine passée, la jeunesse Libanaise n'est pas une et unicitaire. Elle est diversifiée, dynamique, ses mouvements migratoires sont pluriels ('forcés', choix personnels, 'one way ticket', allers-retours constants, temporaires, définitifs, etc.) et c'est ce qui constitue sa richesse. Mais les conjonctures socio-politique et économique actuelles - et n'oublions pas les carences du gouvernement Libanais actuel et ceux qui l'ont précédé en ce qui concerne l'intégration des jeunes diplômés dans le marché du travail et la planification d'un plan global pour encourager les Libanais-es à revenir au pays -, ainsi que la désinformation pratiquée par la plupart des médias traditionnels locaux et internationaux forment des obstacles qu'il est impératif de franchir pour que cette jeunesse puisse s'épanouir et que les semences qu'elle sème aujourd'hui puissent se transformer en fruits à court et moyen termes.

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Ci-dessous un article sur la désinformation - voilà un fléau qu'il est impératif d'arrêter, en plus de la guerre -, envoyé par Tadamon!Montréal:


The Manichean Middle East of Mark MacKinnon

Globe and Mail coverage of Lebanon suffers from ideological interventions

by Stefan Christoff & Dru Oja Jay

When newspapers send correspondents afield to report on world events, the position is fraught with opportunity and responsibility. Opportunity to share meaningful insight into current events, and responsibility to accurately report on them. In many cases, unfortunately, other motivations prevail. For the owners and editors of the few papers that shell out for foreign correspondents, the opportunity to shape public opinion seems too tempting to pass up, even if it comes at the expense of insight and accuracy.

The Globe and Mail's Middle East correspondent Mark MacKinnon has been publishing dispatches on the ongoing political crisis in Lebanon regularly from Beirut. It should be noted that MacKinnon's reports are often superior to the generic newswire reports carried by many newspapers. Regrettably, this speaks more to the skewed quality of wire reports and less to the Globe correspondent's capacity to promote accurate understanding of events in Lebanon.

It's no secret that the Globe and Mail prefers certain political actors in Lebanon to others. When in 2005, hundreds of thousands of Lebanese demonstrated in response to the assassination of former PM Rafik Hariri, eventually resulting in the withdrawal of Syrian troops, amidst intense US pressure on Damascus, the Globe ran a series of front page stories, touting the "pro-Western" "Cedar Revolution" that was sweeping the country. Globe editorialists praised the IMF-mandated "free market" reforms of "pro-Western" forces, which won a Parliamentary majority in the subsequent elections. When larger street protests hit Beirut in recent weeks, however, Globe coverage was to be found in small doses, nowhere near the front page.

It is in this context that Mark MacKinnon's frequent reports are published. MacKinnon's reporting from Beirut is dominated by a neat division of Lebanese politics into "pro-Syrian" and "pro-Western" camps, a theme that is repeated multiple times in every one of 19 dispatches that were examined for this analysis. On the other hand, MacKinnon barely mentions the summer Israeli offensive that destroyed most of the country's civil-infrastructure, and killed thousands, mostly civilians. MacKinnon mentions the offensive in less than half of the reports we examined, and then usually only in passing.

A look at the evidence shows that MacKinnon's Syria-vs-West division is erroneous, while Israel's summer offensive is the defining factor in the current political situation on the streets of Beirut. MacKinnon cites Gen. Michel Aoun, the Christian leader of the "Free Patriotic Movement" party, as one of the key supporters of the Hezbollah-led protests, which he constantly characterizes as "pro-Syrian." Overlooked by MacKinnon is the fact that Aoun was driven to exile in France by Syrian and allied Lebanese factions in 1990, and returned only with the withdrawal of Syrian troops in 2005. As a result, it is awkward to characterize Aoun as simply "pro-Syrian." Hezbollah, on the other hand, maintains a strategic alliance with the government in Damascus, though this is far from the central focus of the current protests. Why do these unlikely allies find themselves demanding a greater share of cabinet seats? Because, as MacKinnon mentions in passing in one article (but does not mention at all in 17 out of 19 reports on the subject), "recent opinion polls suggest Hezbollah and Gen. Aoun would combine to win more seats than the government in a snap election." Why is this? It has everything to do with the Israeli bombing of Lebanon that killed 1,100 people, displaced a full quarter of the country's population, and systematically destroyed its key infrastructure, including roads, airports, power stations, hospitals, schools and refugee shelters.

During the assault, Hezbollah led fierce counter-attacks, ultimately limiting the Israeli army's ability to maintain a hold on the ground in southern Lebanon, and winning massive support from the Lebanese for their resistance. The relatively well financed government and state institutions of Prime Minister Fouad Siniora--the leader of MacKinnon's pro-Western camp--by contrast, did almost nothing to provide aid to many affected by the war, and offered no military defence against the Israeli attacks despite multiple bombings of Lebanese military bases.

At the height of the Israeli bombings, Ghassan Makarem of the grassroots relief organization Samidoun, told CKUT Radio that the "internally displaced Lebanese support for the resistance hasn't wavered due to the level of aggression on the part of Israel." "Until now, there has been no action from the government or by the government agencies," Maskarem added, "while many people in regions of Lebanon who are traditionally not supportive of Hezbollah are shifting their support towards the resistance." In stark contrast to the silence of Lebanese state powers during the war, the Free Patriotic Movement, Gen. Aoun's political support base, mobilized hundreds of volunteers to provide frontline medical and humanitarian relief for internally displaced refugees from southern Lebanon, while thousands more opened their homes as impromptu shelters in the heart of East Beirut, a traditionally Christian area.

According to a broadly reported opinion poll conducted throughout the country in late July 2006 by Lebanon's main polling institute, the Beirut Center for Research and Information, 87 per cent of Lebanese supported Hezbollah during the war. While widely recognized in Lebanon, this reality doesn't fit with the Globe and Mail's image of the region. MacKinnon in particular goes out of his way to warn readers that despite the specific political demands [which his reports do not mention], clashes between demonstrators in the streets are "an ominous sign that efforts by the Shia Hezbollah movement to bring down the Sunni-led government... could rapidly devolve into all out sectarian conflict." The warning would have been tempered had MacKinnon mentioned that in addition to Gen. Aoun's Christian party, some significant Sunni and Druze political parties are also supporting the demonstrations. Could the message of demonstrators in Lebanon be driven by something other than religion given that parties from all religious sects in Lebanon are on the streets with Hezbollah? It's not even clear from MacKinnon's reports what motivates Hezbollah's demands, or what motivates the thousands of demonstrators to remain in the streets of Beirut. Further inquiry revealed that the reason for this is that he did not ask.

In a recent interview with CKUT Radio in Montreal, MacKinnon was asked whether he had interviewed any of the leaders of the demonstrations. "Since it began... No," MacKinnon responded, "because they are quite busy people and in the specific case of [Hezbollah Secretary General Hassan] Nasrallah he hasn't given any interviews since the summer war with Israel."

However, Hezbollah political leaders have been regularly speaking with the Western press at the Beirut demonstrations. Just this week Mahmoud Komati, deputy head of Hezbollah's political bureau gave a widely published interview to the Associated Press. "Now we are demanding it [greater government share], because our experience during the war and the performance of the government has made us unsure. On several occasions they pressured us to lay down our weapons while we were fighting a war," Komati told the Associated Press on December 15th, presenting a political argument against the current government, not a sectarian one.

Despite the readily available Hezbollah spokespeople and hundreds of thousands of demonstrators clogging central Beirut, MacKinnon did not quote a single Hezbollah representative while he was there. MacKinnon, however, did manage to secure an interview with Sheik Sobhi Tufeili in Lebanon's eastern Bekaa Valley. Sheik Tufeili, a former secretary general of Hezbollah no longer associated with the party, has been comparatively absent from Lebanese politics in recent years. Living in a compound and flanked by bodyguards, Tufeili is wanted by the Lebanese authorities. Through fragmented quotations, paraded as confessions extracted by MacKinnon, Tufeili denounces the current Hezbollah leadership. Highlighting Sheik Tufeili without featuring any of the hundreds of thousands of Lebanese on the streets of Beirut is puzzling.

It's not clear that the poor quality of his coverage is entirely MacKinnon's doing, though it is difficult to imagine that he is not aware that his coverage does not match the facts on the ground. Indeed, MacKinnon's writing is more in touch with reality in his online diary than it is in reports that appear in print. Shortly after the UN-brokered ceasefire in August, MacKinnon visited southern Lebanon. "No picture or 1,000 words of mine can ever capture what these places look like. In towns that once weren't much different from some places in Greece or Italy, there's simply nothing left standing," wrote MacKinnon. "Just piles of rubble where people's homes and lives used to be."

Today, a responsible journalist--or a minimally competent one--would have to ask why residents of the very same villages bombed by Israel and described by MacKinnon above are now demonstrating for political change in Beirut. It's hard to imagine that MacKinnon is ignorant of this direct connection between the current demonstrations and the recent Israeli attack. A more likely explanation is that he is conscious of the interests of his own career, knows what his editors want to hear, and is willing to severely compromise his own journalism in service of both. If MacKinnon were to be replaced, his successor may have a slightly different journalistic style.

The ideological and political exigencies of the Globe and Mail's editorial board, however, would remain. We predict the result would hardly be an improvement, regardless of the skill of the correspondent. In a recent op/ed in Montreal's La Presse, Fabrice Balanche took reporters to task for simplistic reporting along the same lines as MacKinnon's. "Manicheanism is de rigeur," Balanche writes. "Certainly it is difficult to understand Lebanon and to explain it in a few minutes to [an audience], but all the same, lets stop the caricatures." Balanche cites facts that show the story of pro-Syrian battling pro-West forces to be bogus. But while Balanche's modest appeal to pay attention to reality is compelling, corporate media like the Globe have long-standing and equally compelling reasons of their own to ignore it.

Tuesday, January 09, 2007

ESCALADES POLITIQUES et DEGRINGOLADES ENVIRONNEMENTALES AU LIBAN


Semaine du 8-14 janvier 2007

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L’icône et l’islam : Pamela Chrabieh
Émission Second Regard,
3 décembre 2006, Radio Canada
Un reportage de Jean-Robert Faucher
Merci Robert et à toute l'équipe de Second Regard!
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De Philippe Martin:
'Voici la onzième édition des portraits de blogueurs, avec Pamela Chrabieh Badine'.
On peut trouver l'entrevue sur Dailymotion, Cent Papiers et YULBUZZ.
Merci à Philippe et Christian Aubry!

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Nouvelles du Liban
Escalade politique
"La trêve des fêtes de fin d’année est bel et bien terminée. Après les cotillons et les feux d’artifice, il s’est opéré hier un retour fulgurant à la réalité, avec la décision de l’opposition de lancer la deuxième phase de son mouvement de protestation. C’est donc sous le signe de « l’escalade progressive et graduée » que débutera l’année 2007" (OJ, 9 janvier 2007).
Il y eut d'ailleurs aujourd'hui (mardi) une manifestation de la CGTL (Confédération Générale des Travailleurs au Liban) au centre-ville de Beyrouth pour protester contre l'adoption par le gouvernement du plan de réformes économiques qu'il compte présenter lors de la conférence Paris III à la fin du mois.
«L’objectif de ce sit-in est de protester contre l’imposition de nouveaux impôts, directs ou indirects, aux travailleurs (ouvriers, fonctionnaires, professionnels….), et les projets de privatisation qui nuisent aux droits des travailleurs et des fonctionnaires, de mettre fin aux pot-de-vin et de redresser les salaires», a indiqué M. Ghassan Ghosson, chef de la Fédération générale des travailleurs au Liban. Ce plan, selon la CGTL, ne fera qu'appauvrir encore plus les Libanais en leur imposant de nouvelles taxes et en augmentant la TVA. La CGTL dénonce la privatisation de secteurs économiques vitaux de la nation tel que l'EDL, l'eau, le téléphone... Le Sit-in pourrait être suivi par d'autres manifestations et pourrait mener à la grève générale (source: http://www.rplfrance.org/).
A SUIVRE...
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Dégringolade environnementale
L'escalade politique est accompagnée par une réalité non moins 'toxique' mais moins souvent médiatisée: une 'dégringolade environnementale'. En d'autres termes, la nature Libanaise, joyau de la région proche-orientale, en est à son dernier souffle:

Liban et bilan : cruel anagramme pour une brutale réalité environnementale
9 Janvier 2007
Michel Monette

Il y a de ces coïncidences qui donnent froid dans le dos. Le mot Liban a comme anagramme bilan. Bilan des morts et des blessés, bilan des destructions, bilan environnemental aussi, moins dénoncé celui-là, d’une pollution et d’une destruction dont souffre en silence la nature.
Le Figaro nous met sur une première piste dans son édition du 1er août dernier : « Des animaux morts se décomposent dans les débris, parfois démembrés », écrivait Adrien Jaulmes. Il faisait alors le récit du retrait de l’armée israélienne après de durs combats à Bint Jbeil.
Combien d’animaux et de plantes morts sous les bombes ? Combien d’écosystèmes subissant les contrecoups de la guerre ?
On sait déjà que le bombardement des réservoirs stockant le fioul pour la centrale électrique de Jieh a causé le déversement de 15 000 tonnes de mazout dans la mer. Aux dernières nouvelles, le tiers de la côte libanaise est touché. Ce qui a moins été médiatisé, c’est que l’incendie des réservoirs de Jihé a aussi produit un nuage toxique qui a atteint Beirouth.
Le problème est d’autant plus grave qu’il n’y a pas moyen d’intervenir. Voilà le résultat ! (lien découvert sur Jean-Pierre Cloutier, Le blogue).
Ezio Amato, président du groupe technique de la Convention internationale sur la préparation et la lutte contre la pollution pétrolière, (Israël et tout récemment le Liban ont adhéré à cette convention) est très préoccupé. En réponse à une question de la journaliste Christine Limoges (Radio-Canada, Les années lumière, émission du 6 août 2006), il précise que « dans le cas d’une pollution pétrolière de ce type, les pires effets sont les effets à long terme parce que les molécules avec lesquelles est constitué ce type d’hydrocarbure sont des molécules persistantes. »
Des images satellites montrent l’ampleur de la nappe, mais il faudrait pouvoir aller sur le terrain pour évaluer les dommages et établir les types d’interventions qui pourraient les minimiser. Selon l’International Maritime Organisation, le tiers de la côte du Liban a été touché (International effort underway to assist in Lebanon oil spill). La situation est d’autant plus tragique que la Méditerranée est une mer fermée particulièrement fragile.
Alors que le Rainbow Warrior est en route vers le Liban, l’armée israélienne et les combattants du Hezbollah n’ont cependant pas tout à fait les soucis environnementaux de Greenpeace en tête lorsqu’ils utilisent leurs armements. Les fabricants non plus ne se préoccupent pas des dégâts environnementaux lorsqu’ils les conçoivent.
Des années d’efforts environnementaux volent en éclat sous le regard résigné des écologistes libanais.
Bien que très petit (environ 180 km du nord au sud et 50 km de l’ouest à l’est), le Liban comprend une bonne diversité de zones géographiques, un climat très varié avec une faune et une flore que le Programme des Nations Unies pour le développement qualifiait de significativement dégradées au milieu des années 1990, alors qu’il finançait le renforcement des compétences nationales et locales en matière de protection soutenable sur le terrain de la diversité biologique.
La forêt de cèdres de la réserve Al Shouf, une des plus anciennes forêts documentée au monde, est un exemple parmi d’autres de ces lieux de conservation menacés par le conflit. Non seulement recèle-t-elle quelques rares spécimens de Cedrus libani, mais en plus l’on y retrouve douze espèces animales menacées de disparition (Hala Kilani-IUCNKilani-IUCN, Armed Conflict Undermines Conservation Efforts).
Mais il n’y a pas que les réserves et autres lieux nationaux. Les blessures environnementales causées au Liban par cette guerre sont nombreuses.
Usines de produits chimiques bombardées dans la banlieue de Beyrouth et à Tyr, entraînant une importante pollution de l’atmosphère et des nappes phréatiques, rivière Litani irriguant le sud du Liban polluée en raison des bombardements, sont deux exemples de ce qu’a vu sur place Claude-Marie Vadrot, reporter spécialiste des conflits armés au Journal du Dimanche et président de l’Association des journalistes-écrivainsjournalistes-écrivainspour la nature et l’écologie.
Vadrot, interviewé par Sophie-Andrée Blondin au cours de la même émission Les années lumière de Radio-CanadaRadio-Canada du 6 août, avait pu également constater l’ampleur des dégâts environnementaux à Gaza où il s’était rendu, il y a un mois de cela.
Les effets négatifs sur l’environnement vont se faire sentir longtemps après la fin de la guerre, si l’on se fie aux autres conflits comparables. Le site Ikama devra malheureusement revoir ses pages consacrées à l’écotourisme au Liban.
Dire que le Liban est un si beau pays, comme le démontrent ces images diffusées sur YouTube. Si vous prenez la peine de regarder attentivement, vous verrez aussi à quel point sa géographie fait qu’il est absurde de penser pouvoir le soumettre.
Mais l’absurdité fait partie de la nature humaine. Au grand dam de la nature!
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Irak - États-Unis
LE POINT (9 janvier 2007)
"Dernière cartouche"
de Christian MERVILLE

George W. Bush, ou l’homme à qui Dieu murmure à l’oreille ce qu’il doit faire... L’événement, qui avait sombré dans les replis d’un bienfaisant oubli, mérite d’être rappelé. Juin 2003, soit trois mois après le déclenchement de la funeste opération « Shock and Awe » : devant les dirigeants palestiniens Mahmoud Abbas et Nabil Chaath qu’il reçoit dans le bureau Ovale, le quarante-troisième président des États-Unis se laisse aller à d’étranges confidences, notamment sur ses rapports avec le Tout-Puissant. « Mes missions me sont dictées par Dieu. Il m’a dit : “Va combattre ces terroristes en Afghanistan” et je l’ai fait. Il m’a dit encore : “Va mettre un terme à la tyrannie en Irak” et je me suis exécuté. Aujourd’hui, j’entends de nouveau Ses mots : “Obtiens pour les Palestiniens un État, pour les Israéliens la sécurité, et la paix pour le Moyen-Orient” et par Dieu, je vais le faire. » Au vu des suites données à tous ces engagements, il faut espérer, à quelques heures de l’annonce d’un plan destiné à imprimer une nouvelle orientation à la guerre en Irak, que la nouvelle promesse sera, cette fois, suivie d’effet.Demain mercredi donc, le chef de l’Exécutif s’adressera à la nation sur le thème « A New Way Forward », un plan dont, dès dimanche, la presse yankee avait révélé les grandes lignes. Ainsi, il s’agira en gros d’envoyer en renfort quelque 20 000 GI’s, soit l’équivalent de cinq brigades (à raison d’une unité par mois), à charge pour les Irakiens d’en mettre autant dans la balance ; d’accélérer le processus de reconstruction du pays ; enfin, de ne pas lésiner sur la dépense, ce qui reviendrait à engager une rallonge estimée dans l’immédiat à la somme rondelette de 100 milliards de dollars. Encore faudrait-il que l’opinion publique, le Congrès et les alliés de Washington entérinent le projet. Ce qui, à entendre la nouvelle présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi et le prince héritier d’Arabie saoudite Sultan ben Abdel Aziz, est loin d’être le cas. Le général Anthony Zinni, ancien chef du Centcom, est sceptique : « Au mieux, nous aurions besoin de cinq à sept ans pour obtenir un Irak raisonnablement stable », vient-il de confier à des journalistes. De tels propos sont tenus au moment où le Washington Post, pourtant peu suspect d’antibushisme, du moins jusqu’à une date récente, cite quelques chiffres, inquiétant reflet d’un bien sombre panorama : au second semestre de l’année écoulée, le total des morts a triplé par rapport à la période correspondante de 2005.Il apparaît évident désormais que la Maison-Blanche n’a tenu aucun compte du rapport établi le mois dernier par le comité Baker-Hamilton, lui préférant un plan de guerre, œuvre d’un stratège en chambre, Frederick Kaga, et d’un général à la retraite, Jack Keane. Plus humiliant pour les deux hommes, il ne sera tenu compte que partiellement de leurs suggestions, notamment en ce qui concerne le chiffre des effectifs supplémentaires sur le terrain. Ce qui fait dire aux détracteurs, de plus en plus nombreux, de l’actuelle Administration, qu’une fois de plus, le président s’apprête à envoyer juste ce qu’il faut de troupes pour échouer dans son ambitieuse entreprise. Même le sénateur John McCain, partisan pourtant d’un accroissement des troupes présentes sur le terrain, se montre dubitatif. « Je veux savoir, a-t-il exigé, si nous allons être sur place en nombre suffisant. »Triste fin de parcours pour un homme qui, après avoir pris un faux départ, a su se rattraper à la faveur des attentats du 11 septembre 2001 avant de commencer à trébucher à moins de deux années de la ligne d’arrivée. Ils sont nombreux aujourd’hui ceux qui ont tendance à placer Bush fils dans le peloton de queue des successeurs de George Washington et à rappeler le triste précédent d’un Lyndon B. Johnson traînant jusqu’à la fin de sa vie la casserole vietnamienne. À cette différence (majeure) près : celui-ci avait hérité d’une situation créée par ses prédécesseurs, alors que la désastreuse équipée mésopotamienne est de bout en bout l’œuvre des brillants experts en relations internationales du Grand Old Party.Meilleure distribution des recettes provenant du pétrole, participation accrue des sunnites à la vie politique, retour en grâce des anciens baassistes : on voit mal comment de tels objectifs, prévus dans l’ébauche du programme appelé à être rendu public demain, pourraient être réalisés quand rien ou presque n’a été fait dans ce sens en plus de trois ans. Quant à la reconstruction annoncée, de l’avis de tout le monde elle surviendrait trop tard, en supposant réalisable un processus dont les grandes lignes se trouvent toujours dans les cartons de leurs auteurs. Eh oui, il faut bien se rendre à l’évidence : l’Irak et l’Amérique ont changé. Hélas, pas pour le meilleur.

Thursday, January 04, 2007

Can there be peace in Lebanon?

La période des fêtes est terminée... Et ensuite?
Semaine du 1-7 janvier 2007 (suite)
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L’icône et l’islam : Pamela Chrabieh
Émission Second Regard,
3 décembre 2006, Radio Canada
Un reportage de Jean-Robert Faucher
Merci Robert et à toute l'équipe de Second Regard!
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De Philippe Martin:
'Voici la onzième édition des portraits de blogueurs, avec Pamela Chrabieh Badine'.
On peut trouver l'entrevue sur Dailymotion, Cent Papiers et YULBUZZ.
Merci à Philippe et Christian Aubry!

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Il est 22h30, heure de Beyrouth. Je suis de retour de Wadi al-Chahrour. J'ai assisté au visionnement privé du film de mon amie cinéaste libano-canadienne Nada Raphaël: 'Flash...Back? Ou Ba3dein?' (Production Electrochocks). Après l'avoir diffusé à Montréal le samedi 9 et le dimanche 10 décembre 2006 à l'UQAM - dont les fonds récoltés iront à la Croix-Rouge Libanaise -, Nada s'est rendue au Liban pour y passer les fêtes en famille et pour poursuivre ses travaux sur le terrain.
Son film constitue une sorte d'introspection personnelle (émotions fortes, réflexion analytique approfondie, traumatismes de l'enfance qui ressurgissent) et d'expression de son vécu de la guerre de l'été 2006 au Liban 'à distance', 'de l'extérieur', en étant à Montréal, mais aussi paradoxalement, de 'l'intérieur'. A travers son propre cheminement qui traverse tout le film, Nada présente des témoignages de Libanais-es et de Libano-Canadiens-nes de diverses confessions, appartenances, tendances politiques et visions du monde... Surtout, des individus qui ont chacun et chacune vécu la guerre - et y ont survécu - différemment, et expriment ce vécu de diverses manières: par l'écriture, la peinture, la photographie, l'aide des déplacés-réfugiés, la musique...
Des paroles, des images, des sons et des couleurs qui déferlent, mariant des émotions contradictoires, complémentaires, des dits et des non-dits, des pensables et des impensables, des larmes et des sourires, des départs et des retours, le passé, le présent et l'avenir... En fait, les divers passés, présents et avenirs... A chacun sa guerre, sa représentation, sa souffrance et son calvaire. La guerre estampille tout le monde; elle déshumanise tous ceux et toutes celles qui en font l'expérience de près ou de loin.
Avec le film de Nada, c'est l'humanité dans ses multiples facettes, tant destructrices que constructrices, qui crie son désespoir face à la folie meurtrière et son espoir de survie... de vie...
Aucun sensationnalisme.
Aucune idéologie.
Aucun idéalisme.
Aucun 'politically correct'.
Mais la rencontre de victimes de guerre, quel que soit l'endroit dans lequel elles se trouvent, au Liban, au Canada, à Beyrouth, à Montréal, au Sud, au Nord, dans les montagnes, sur les bateaux évacuant les ressortissants nord-américains et européens... et entre tous ces lieux...
Nous sommes tous victimes, en tant qu'êtres humains, de la souffrance que nous nous infligeons les uns les autres, à petit et grand feux. Nous sommes tous responsables, en tant qu'êtres humains, de briser le cycle infernal de la violence, à petite et grande échelle, dans nos maisons, nos quartiers, nos communautés, nos pays et dans d'autres contrées.
Le message de Nada est clair: la guerre, c'est nous et c'est les autres; ce n'est pas nous et ce n'est pas les autres. Elle nous traverse et nous la traversons. Elle alimente les mémoires et les identités meurtries et meurtrières et ces dernières l'alimentent en retour. Elle puise aux injustices, inégalités, préjugés, exclusions et rejets, et en est alimentée en retour. Avec la mondialisation des échanges et des informations, et la circulation plus fluide et plus facile des individus, la guerre n'est plus locale, relative à un terrain particulier. Elle est transposable. Elle est transnationale. D'ailleurs, la plupart des grandes puissances ont la main mise d'une manière directe ou indirecte dans tous les conflits, et leurs arsenals militaires ne font qu'être renforcés... N'ont-elles pas une énorme part de responsabilité dans l'alimentation de la guerre?
Comment s'en sortir?
Eh bien, un premier pas serait de ne pas oublier, de témoigner, d'en parler, de briser les silences, les tabous, les non-dits, et d'échanger, de partager, tant à un niveau local que transnational... D'ailleurs, les distances géographiques ne forment plus forcément un obstacle présentement. Le local, l'international et le transnational s'interpénètrent; et ce qu'on nomme la Diaspora n'est pas une masse monolithique d'émigrés ayant renié leurs racines ou tout au plus retournent de temps à autres à leur pays d'origine en tant que touristes.
Une grande part des jeunes Libano-Canadiens ayant vécu leur enfance et leur adolescence durant les combats des années 70-80 et 90 au Liban travaillent à plusieurs niveaux pour la construction d'une culture de la paix, tant au sein de leurs pays d'accueil que leurs pays d'origine. Ils démontrent que ce sont les distances 'non-géographiques' (la haine, le rejet, l'exclusion, le racisme, la xénophobie) qui constituent des tares à abolir.
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ANNONCES - NEWS
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Nahwa al-Muwatiniya is pleased to invite you to join our Hiwar (dialogue) session with Mr.Youssef Bazzi, the coordinator of “Yasser Arafat Look at me and smiled” (Diary of a fighter).

During the session, Mr. Bazzi will discuss his experience as a fighter as well as the difficulties he has faced when he decided to give up the weapon and become a “Citizen”.

Time: Monday January 8, from 8pm to 10:30pm
Place: Club 43- Gemayze, Facing EDL (Lebanon)
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Chers frères, chères soeurs, chers ami(e)s, C'est avec grand plaisir que Présence Musulmane Montréal vous convie à son Assemblée générale annuelle et ce le Dimanche 21 Janvier 2007 de 10h a 12h . Une occasion pour les membres de Présence Musulmane de faire connaître leurs activités au grand public, de préparer le bilan de l’année qui vient de s’écouler et surtout l'opportunité pour toute personne intéressée à joindre Présence Musulmane de pouvoir le faire selon ses disponibilités et ses propres intérêts. Une collation sera servie à la fin de l'assemblée. Le lieu et l’ordre du jour suivront sous peu. Nous espérons vous y voir nombreux, inchallah.
Le site de
Présence Musulmane Canada
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Tuesday, January 02, 2007

La période des fêtes est terminée... Et ensuite?

Semaine du 1-7 janvier 2007
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L’icône et l’islam : Pamela Chrabieh
Émission Second Regard,
3 décembre 2006, Radio Canada
Un reportage de Jean-Robert Faucher
Merci Robert et à toute l'équipe de Second Regard!
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De Philippe Martin:
'Voici la onzième édition des portraits de blogueurs, avec Pamela Chrabieh Badine'.
On peut trouver l'entrevue sur
Dailymotion, Cent Papiers et YULBUZZ.
Merci à Philippe et Christian Aubry!

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En ce début de l'année 2007, marqué par les conflits continus, la violence, les injustices et les inégalités tant au Liban qu'à travers le monde, voici quelques paroles de sagesse, de liberté et de paix sur lesquelles nous pourrions méditer:
- "Paradoxalement, on ne peut être utile à soi sans l'être aux autres. Que nous le voulions ou pas, nous sommes tous liés, et il est inconcevable de ne réussir que son propre bonheur. Celui qui ne se préoccupe que de lui finit dans la souffrance. Celui qui ne se préoccupe que des autres prend soin de lui sans même y penser. Même si nous décidons de rester égoïste, soyons-le intelligemment: aidons les autres! (Le Dalaï-Lama)
- "Si nous avons très mal agi envers autrui, regrettons-le. Reconnaissons nos erreurs, mais sans penser que nous nous condamnons ainsi à ne plus pouvoir vivre normalement. N'oublions pas ce que nous avons fait, mais ne nous laissons pas déprimer ou briser par le remords. Ne soyons pas indifférent, ce qui équivaudrait à oublier, mais pardonnons-nous à nous-même: 'Je me suis trompé dans le passé, mais cela ne se reproduira plus. Je suis un être humain, je suis capable de me libérer de mes erreurs'. Si nous perdons espoir, c'est que nous ne nous sommes pas pardonné (Le Dalaï-Lama)
- "La tolérance mutuelle est donc la règle d'or de notre conduite. Il va de soi en effet que nous ne serons jamais tous du même avis et que la Vérité nous apparaîtra de manière fragmentaire selon des points de vue différents. La conscience ne nous parle pas à tous d'une façon identique. Sans doute est-elle un excellent guide pour chacun; mais vouloir imposer aux autres les règles de notre conduite individuelle serait une entorse intolérable à notre liberté de conscience" (Gandhi)
- "On peut s'assurer qu'un conflit a été réglé selon les principes de la non-violence s'il ne laisse aucune rancoeur entre les ennemis et en fait des amis. J'en ai fait l'expérience en Afrique du Sud avec le général Smuts. Ennemi irréductible au départ, il est devenu aujourd'hui mon ami le plus cordial" (Gandhi)
"Ne te prive pas de l'avis des autres même s'il te paraît insignifiant, car l'avis est comme une perle que l'on peut trouver sur le chemin tout comme sur le fumier" (Tawhidi)
"La vie est courte, les heures s'envolent, les mouvements continus, les occasions sont comme des éclairs, les désirs dans le but de se réaliser se condensent pour se disperser aussitôt et les âmes, pour n'avoir pas atteint ces voeux, se dissipent et se consument" (Tawhidi)
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Permettez-moi ici de vous présenter le texte suivant de ma soeur Michèle, petite réflexion suite à Noël, al-Adha et le Nouvel an. Après tout, qu'importe les tensions et les problèmes internes, les Libanais-es font la fête... Besoin de vivre? Oui, mais aussi, preuve d'espoir...

A Week of Festivities in Lebanon: Christmas, Adha and New Year
Michèle Chrabieh in Beirut.
Tuesday January 2, 2007.

No demonstration, no war threat and no politician was capable of halting the flood of the Lebanese Diaspora to Lebanon in times of holidays and feasts. The empty restaurants and bars of the past weeks were jam-packed, the alcohol consumption mounted and the varnished smiles resurfaced. For those who live and work in Lebanon, the next morning did not matter. It was about enjoying every moment and every friend before our politicians breach this “holiday truce”. We were and still are exhausted for a good cause and at least displaying complacent smirks. The closing stages of this euphoric and free from “feel free to use the term you believe to be the most suitable” week were presided by Michel Hayek’s 2007 “prophecies”. Hayek revealed our greatest fear with an anesthetic touch: the peaceful and prosperous Lebanon we all crave for will not materialize in the short run, but it will. Praise the lord!
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Je vous recommande vivement de visiter le site-web d'Abdellatif Farhate, mieux connu sous le nom de Kalamour, jeune artiste marocain dont les oeuvres interpellent profondément toute personne recherchant un sens à la vie et aux relations humaines:
Et voici un texte qui présente ses oeuvres et celles de son équipe:

« Voulez-vous savoir l’histoire abrégée de presque toute notre misère ? La voici ! Il y avait un homme naturel, on a introduit au-dedans de cet homme, un homme artificiel, et il s’est élevé dans la caverne une guerre continuelle qui dure toute la vie» (Denis DIDEROT).

Bientôt Gaïa (la mère terre) poussera ses cris de révolte contre la misère, le désastre, la guerre… bref ; contre l’artificiel destructeur qui est en chacun de nous, et elle donnera naissance à un seul « soi » sain et humain.

Le cri étant symbole de cette révolte saine et interne, que chacun de nous doit faire contre ce qu’il voit de mal en lui, à fin d’aboutir par la suite à la découverte de son « soi » dénudé de toute chose artificielle qui peut nuire à l’Homme au sens humaniste du terme.
Notre sculpture tente, de par les symboles intégrés, à mener un discours qui prêche à l’amour, la convivialité, mais aussi à la quête du « soi », du coté purement humain, et ce pour la naissance d’une seule unité parlant la langue de l’existence sereine.

La sculpture se présente en un ensemble de 5 têtes ou pour mieux dire ; 5 cris qui peuvent être les cris des 5 continents, à coté de chacun se place une petite sphère, comme symbole du « soi », ce qui mène à dire en fin de compte, qu’il s’agit plutôt de la révolte de l’ « Ego » et la quête du « soi » sain, longtemps enveloppé par les aléas d’une insociable sociabilité due à l’omission du fait que nous sommes, avant tout, des humains.

Une quête individuelle, mais passible d’être universelle par une simple volonté sincère de convivialité et d’amour. Peut-être que de cette manière les petites sphères se réuniront pour donner naissance à une seule valeur, grande et suprême, celle qui doit régir notre existence, dépassant les frontières imaginaires culturelles, ethniques, religieuses…pour donner naissance… à la paix, comme réalité concrète et pas un simple rêve, quelle qualification saugrenue ! Puisqu’on ne cesse de la répéter sans se rendre compte que l’incubateur de ce « rêve » existe au plus profond de chacun de nous.

Abdellatif FARHATE
Imad SANOUNI
Hassan KRIFA
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Je vous recommande la lecture de l'article suivant concernant l'exécution de l'ancien président de l'Irak, Saddam Hussein. Finalement, qui est le perdant? La mort de Saddam a plutôt accéléré un processus d'incarcération et d'interrogation qui aurait été de loin plus pénible à long terme, et plus fructueux à divers niveaux. Sa mort a fait disparaître à jamais les informations qu'il détenait sur le massacre de centaines de milliers d'irakiens, ainsi que sur ses liens avec les puissances américaine, anglaise, française et autres durant les années 80 et même durant les années de sanctions envers le peuple Irakien. La mémoire, les innombrables victimes irakiennes depuis des décennies à ce jour, la justice, les Droits Humains et bien sûr, l'Irak... Voici les vrais perdants dans toute cette histoire! Encore une fois, on aurait fait taire la vérité et les bourreaux auraient gagné. Pourquoi? Parce qu'elle serait trop compromettante...
Saddam, a rope, and a great escape
By Michael Young
Daily Star staff
Thursday, January 04, 2007
The trouble with Saddam Hussein's execution was that, in its sordidness, it was a fitting finale for an aging despot who once dispatched tens of thousands of people in a like manner; but it was also unfortunate for what was demanded of that particular Iraqi moment. In recent days, there has been outrage against the way Saddam was hanged. Much offense was taken from the fact that in his final moments he had to endure the insults of onlookers. Something more solemn was apparently required, so the putting to death would look like a meaningful sacrifice rather than a squalid settling of scores. Near the end, someone in the room declared: "Long live Mohammad Baqer al-Sadr." It seemed suitable that that name would come up - the name of the founder of the Daawa party, whom Saddam had ordered murdered in spring 1980, along with his sister, the pious Bint al-Huda. His killing was a fundamental moment in the Iraqi leader's unremitting struggle to ward off the Tikriti regime's Shiite nemesis. As fate would have it, those Shiites for whom Saddam had displayed such contempt were the ones dropping him into the pit, on the orders of Prime Minister Nuri al-Maliki, an official of Daawa.
There was also much commotion about the timing and haste of the execution. Saddam was hanged on Eid al-Adha, transgressing Iraqi law; the trapdoor was opened while he was in the middle of a sentence bearing witness that Mohammad was God's Prophet; and so forth. The imagery was unsettling, but the criticism missed the point. For a man who had ordered the bombing or plundering of myriad holy sites, whose intelligence services had murdered thousands of prisoners in their cells just to make more room for new ones, whose soldiers had slaughtered with unflinching barbarism hundreds of thousands of men, women, and children, the hangman's rope was almost too polite a way to go - more than Saddam deserved. But it is not Saddam who should be the issue here; it is those who were cheated by his abrupt elimination.
It is the Kurds, who never got to see Saddam offer more details on the successive, genocidal Anfal campaigns of 1988. It is the Shiites, who were crushed after rising up against the Baathists in 1991 upon the advice of President George H.W. Bush, that tedious ghoul of political realism who must have been as surprised as anybody when the Iraqis took him seriously. It is the countless others, of all religions and sects, whose sons, daughters, siblings or parents ended up in Saddam's archipelago of prisons, detention centers, intelligence headquarters and torture chambers, to be beaten, raped, maimed or exterminated. To think of Saddam, to focus on his final moments of distress when there are so many others to think about, is almost obscene. But then there is the silence.
In the introduction to his book "Cruelty and Silence," the Iraqi author Kanan Makiya wrote: "If cruelty is individual, then silence is collective ... Breaking the silence as a way of dealing with the legacy of cruelty is thus necessarily a collective act." Saddam's execution has reimposed a measure of silence, when his trial was supposed to serve precisely the opposite end. And where there is silence there is the perpetuation of the individualization of cruelty: At the very moment when his neck snapped, Saddam's crimes were again his own; no longer Iraq's.
In fact, Makiya's phrase was less abstract. He was talking specifically about the silence of Arab intellectuals when it came to confronting the brutality of Saddam's rule. For far too many in the region, the Iraqi leader became an embodiment of Arab greatness, pride and resilience. That such an attitude only exposed the Arab world's pathologies went unheeded. Saddam, whose understanding of power meant a careful manipulation of its symbols, saw that the essence of absolute leadership was the tyrant's ability to transform himself into a harsh father. Pitilessness could transform rare mercy into a magnificent favor. The flipside of existential fear is irrational love, and like Stalin, Saddam was loved most by those who feared him most. This is the essence of cowardliness.
One could excuse that phenomenon among the Iraqis, whose lives were in constant danger under the Baathists. But what justified the reaction of so many Arabs outside Iraq, who could never work up indignation over the regime's crimes yet now stand jowls trembling in condemnation of Saddam's hanging? Forgive the Palestinians their suffering, but weren't the victims of Israeli repression in a better position than most to ponder Saddam's savagery when accepting his compensation money for suicide bombings? Grant Arab intellectuals a dearth of heroes, but what kind of person shuffles into Baghdad on a dictator's expense account while free-minded Iraqis are being forcibly silenced? Spare a kind thought for the disillusioned purveyors of Arab solidarity, but can you explain why that solidarity was largely absent when the Iraqis overran Kuwait?
Makiya was right: The silence surrounding Saddam was collective, and it was far more striking than the ejaculations of resentment that on a daily basis are directed against the botched American adventure in Iraq. During the war against Iran, during Anfal, during the Shiite intifada, during the years of sanctions - sanctions that Saddam used to consolidate his own power by deepening the suffering of his people - the Arab world remained silent. Those were the years of Syrian-Iraqi reconciliation; of rapprochement between the Gulf states and Baghdad; of French, Russian and Chinese greed for Iraqi oil contracts. Had Saddam not been chased into a hole by a foreign army, he would still be tormenting his people, dusting his throne so that one of his homicidal sons might succeed him.
Saddam's execution was a lost opportunity for human rights in Iraq and the Arab world. I admit to taking much more satisfaction in seeing a despot corroding in a cell than being granted the freedom of a brisk death. Nor do I find that the death penalty has in any way ever dispensed "justice." But as we throw our two cents' worth into determining whether hanging was a worthy ending for Saddam, we would do better to disregard the monster and, instead, pay homage to the monster's victims.
Michael Young is opinion editor of THE DAILY STAR.