Wednesday, June 18, 2008

Blogging for peace

MON BLOG EXISTE ENCORE!

Évidemment que mon blog existe encore. Si je n'écris pas de témoignages personnels quotidiens - je me retire momentanément - et rapporte par contre de temps à autres des textes d'amis et de collègues, cela ne veut pas dire du tout que j'ai arrêté de bloguer. Disons que j'ai ralenti le rythme... Il faut dire qu'avec mon nouveau statut de mère, combiné à celui de chercheure, professeure, artiste et activiste, la gestion de mon temps et de mon énergie est souvent difficile. Voilà donc mon excuse, en espérant bientôt reprendre une dynamique analytique plus fréquente.
Par ailleurs, puisque j'écris ces quelques mots ce soir, permettez-moi de partager avec vous mon opinion sur la situation actuelle au Liban: un statut quo empreint de soubresauts sécuritaires (des escarmouches dans certaines régions, et parfois même un regain de violence meurtrière), de bals diplomatiques (visites ininterrompues au palais présidentiel de Baabda) et de charabia politique entre les leaders dits de première, de deuxième et de troisième catégories pour la formation du cabinet ministériel. Si les élections présidentielles ont pris quelques mois, attendons-nous à ce que le nouveau cabinet dit d'union nationale puisse ne pas voir le jour de sitôt... La période de blocage réciproque n'est pas achevée... L'opposition et le camp du 14 mars se tirent mutuellement "dans les pattes" avec vigueur et patience extrêmes.
Quant aux médias traditionnels, si je vous y invite à y jeter un coup d'oeil, c'est juste pour vous rendre compte de l'énorme fossé qui divise les deux regroupements des principales forces politiques du pays. Tel journal ou telle chaîne télévisée fustige à longueur de journée le camp adverse et vice versa. L'alimentation de la haine confessionnelle, religieuse, idéologique etc. est devenue le pain quotidien que fabriquent et distribuent les entreprises médiatiques du pays, du moins celles qui relèvent directement de tel ou tel autre leader ou parti politique.
Pour ma part, je préfère m'adonner à la lecture de la presse dite 'indépendante' ou 'alternative'. On y trouve de loin de meilleurs articles, auto-critiques et critiques d'une situation socio-politique et économique intenable à long terme, ainsi que de marginalisations et discriminations touchant toutes les franges de la population. Ma quête de données se fait le plus souvent dans des supermarchés du savoir non-traditionnels et décentralisés. Une façon de contourner la routine des et la censure opérée par les médias traditionnels... Une mince mais certaine contribution à stopper le jet des pierres intolérantes...
Pamela Chrabieh Badine
Mansourieh, El-Metn, Liban
18 juin 2008
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Pour les accrocs de la politique marocaine, je vous recommande l'article suivant envoyé par mon collègue Aziz Enhaili:

Cinq années après les premières élections législatives de l’ère Mohamed VI, les Marocains étaient peu nombreux à se rendre le 7 septembre 2007 aux bureaux de vote. Une « catastrophe » pour l’establishment politique en place. Pour conquérir la confiance de la population en vue des élections législatives prévues en 2012, il faudrait apporter des changements politiques majeurs.

INTRODUCTION
Le 7 septembre 2007, les Marocains étaient invités pour la seconde fois sous Mohamed VI (1999-) à voter pour leurs 325 députés. Ces consultations au suffrage universel direct se sont révélé une « catastrophe » pour le régime en place et pour ses partis politiques. À cette occasion, les électeurs avaient massivement boudé les urnes.
Dans le contexte d’un régime politique de moins en moins stable, la bataille visant à gagner les cœurs et les esprits des Marocains en vue d’une forte participation électorale en 2012, ne pourra faire l’économie de réformes réelles touchant le régime politique en place de manière à rendre crédibles ses acteurs, ses institutions et ses processus politiques.

I. ÉLECTIONS, CLASSE POLITIQUE ET DÉSAFFECTION POPULAIRE
Fait inédit dans le contexte marocain des quarante dernières années, les urnes ont accouché cette fois de plusieurs « surprises », dont un taux réel de participation électorale d’à peine 18%. Notons que c’est le taux le plus faible de participation jamais enregistré au Maroc. [1] Si on divisait ce taux par le nombre total des partis en lice, on aurait près d’un demi-point par formation politique. Pris ensemble, ces partis ont presque attiré un Marocain sur cinq. C’est dire la très faible légitimité de ces élections et du personnel politique qui en est issu.
C’était un choc pour l’establishment politique et économique en place, pour les chancelleries occidentales à Rabat et pour les milieux d’affaires intéressés à investir au Royaume ou déjà installés sur place. Dans un tel contexte, on était en droit de s’attendre au moins à deux choses de la part de la classe politique du pays. D’abord, à ce qu’elle se penche sérieusement sur la question de désaffection populaire à son égard, pour comprendre ce qui s’est passé ce vendredi 7 septembre. Ensuite, on était en droit de s’attendre de la part de cette élite à ce qu’elle s’attaque aux sources réelles de cette désaffection. L’enjeu d’un tel exercice politique nécessaire est à terme de gagner la confiance populaire dans la valeur, la légitimité et la sincérité du processus politique et des institutions nationales qui en découlent, pour que la plupart des Marocains retrouvent ensuite le chemin des bureaux de vote en 2012. Mais au lieu de cela, à quoi on a eu droit ?
Les partis politiques en place ont préféré regarder ailleurs. Ils ont imputé le faible taux de participation à un calendrier électoral inadéquat, puisque la campagne électorale et le jour du vote avaient coïncidé avec la période du mois de jeûne de Ramadan et avec la rentrée scolaire. Ils ont expliqué leurs faibles « performances » par la corruption électorale. [2] Des excuses en somme qui ne peuvent les dédouaner de leurs responsabilités politiques ou d’un effort sérieux de réflexion à même d’apporter des réponses adéquates.
Du côté des pouvoirs publics, le ministère de l’Intérieur, architecte des élections dans ce pays, a semblé vouloir apporter des solutions « techniques » au phénomène d’abstention. [3] Mais, on peut présumer relativement à cette question que si ce département stratégique réduisait cette question éminemment politique à un simple problème à traiter de manière technocratique, alors la situation ne s’améliorerait pas. Mais parions quand même que les architectes de ce ministère sont très conscients de la dimension éminemment politique de cette question et savent que son traitement efficace relève d’instances supérieures.
Cette situation de désaffection populaire face à l’establishment politique est, à notre avis, le fruit de facteurs encore à l’œuvre dans ce pays. Des facteurs qui n’ont rien à voir avec les contingences du calendrier électoral. [4] À défaut de s’attaquer réellement, sérieusement et rapidement aux racines de ce comportement politique, on se retrouvera en 2012 dans une situation où non seulement le taux de participation électorale déclinera de nouveau, mais, plus grave encore, le pays verra le renforcement des radicalités et l’affaiblissement du jeu politique dans son ensemble. Une telle situation ravirait peut-être les tenants de la ligne dure au sein du régime puisqu’elle leur fournirait le prétexte « idéal » pour revenir aux pratiques honnies des périodes les plus sombres de l’ère hassanienne (du nom du défunt roi), mais une telle dévolution assombrirait l’image royale à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Si le statu quo prédominait, le Maroc courrait donc le risque de plonger dans une crise politique sans précédent.
C’est pour éviter un tel développement politique non souhaitable pour l’avenir du pays que nous formulons dans cet article des propositions concrètes à même de rendre cette fois le processus politique crédible et légitime et donc digne d’intérêt pour beaucoup d’électeurs dans ce pays quand arrivera le moment des élections législatives de 2012. Ces propositions touchent trois aspects, le premier est constitutionnel, le deuxième est « technique » et le troisième concerne la responsabilité de l’establishment politique en place.
Cet article se veut une contribution au débat qui s’ouvre au Maroc relativement aux causes et conséquences de ce qui s’est passé au soir de ce vendredi 7 septembre 2007.

II. PROPOSITIONS CONCRÈTES EN VUE DES ÉLECTIONS DE 2012