Monday, September 27, 2010

Transmissions du religieux chez de jeunes Libano-Canadiens


Ci-dessous des extraits:

Analyser la transmission de la religion au sein de la communauté Libano-Canadienne ne constitue pas une tâche aisée. En effet, celle-ci révèle l’existence d’une diversité de visions et de pratiques allant de la transmission dite traditionnelle (enseignement religieux à la paroisse, centre islamique, famille, cours d’été dans le pays d’origine) à l’absence de toute transmission. Nous nous intéressons particulièrement aux nouvelles transmissions ou les transmissions ‘alternatives’ qui émergent chez des jeunes Libano-Canadiens vivant au Canada – notamment à Montréal, au Liban ou entre les deux pays. Nous présenterons dans notre communication quelques caractéristiques de ces transmissions en nous basant sur une recherche qualitative en cours depuis 2004 avec déjà plus d’une centaine de jeunes, dont 60 sont Libano-Canadiens.

1- De quelle génération de Libano-Canadiens ou de quelle vague d’émigration s’agit-il?

(...) Les jeunes Libano-Canadiens dont il est question dans notre communication sont issus des troisième et quatrième vagues. Certains ont émigré avec leurs parents, d’autres seuls; certains sont restés quelques années au Canada et sont retournés au Liban, d’autres s’y sont installés définitivement, et d’autres encore se déplacent continuellement entre les deux pays.

2- Appartenances religieuses et modes ‘traditionnels’ de transmission de la religion

Nous ne possédons pas d’informations détaillées concernant le mode de transmission de la religion des premières communautés libano-canadiennes. Nous savons uniquement que ces deux vagues étaient formées en grande partie de chrétiens de Rachaya et que plusieurs églises chrétiennes orientales furent édifiées au début du 20e siècle. Toutefois, les libano ou syro-canadiens de l’époque ne suivaient pas tous la paroisse de leur appartenance confessionnelle d’origine. En 1892 par exemple, un groupe de Libanais avait demandé à l'archevêque catholique de Montréal de leur accorder une église pour un prêtre qui fut envoyé du Liban par le patriarche melkite. Les dirigeants de la paroisse Saint-Sauveur avaient inséré dans la pétition les noms de maronites et de grecs-orthodoxes.

La majorité des Libanais qui avaient choisi d’émigrer au cours de la troisième vague était des chrétiens de toutes les classes sociales voulant fuir la guerre, ce qui a renfloué le nombre de chrétiens libanais. Selon Statistiques Canada (2001), la majorité des Canadiens d’ascendance libanaise sont chrétiens.[1] En 2001, 42 % des membres de la communauté libanaise du Canada se disaient catholiques, tandis que 11 % étaient chrétiens orthodoxes et 10 % appartenaient à une confession protestante ou un autre groupe chrétien. Le plus grand nombre d’églises, de paroisses et d’organisations chrétiennes libanaises et orientales a vu le jour avec cette vague. La circulation entre les lieux de culte de confessions différentes est restée monnaie courante. Il ne s’agit pas d’une conversion d’un rite à un autre mais plutôt d’une sorte de dépassement de la référence confessionnelle d’origine. L’important est de se rendre a une église libanaise – on parle de ‘saints libanais’.

Parallèlement, 30 % des gens d’origine libanaise du Canada se déclaraient musulmans, mais les confessions ne sont pas mentionnées. Nous savons que les premières communautés islamiques n’avaient pu établir des institutions religieuses. La pratique religieuse individuelle n’était pas courante. Les institutions qui furent créées par la suite par des Syriens et des Libanais principalement étaient ouvertes aux musulmans de diverses origines culturelles et ethniques – Toronto, Nova Scotia, Ottawa, London, Calgary, Montréal, Alberta, etc. En 1938, la mosquée Al Rashid est construite à Edmonton, ce qui en fait la première mosquée du Canada, mais ce n’est qu’ à partir des années 50 que les libanais musulmans affluent en plus grand nombre au Canada. De nombreuses mosquées et associations musulmanes sont affiliées avec le Conseil des communautés musulmanes du Canada (The Council of Muslim Communities in Canada) qui a fut fondé en 1972 et est basé à Toronto.

En dépit de l’édification croissante d’institutions et d’associations religieuses, plusieurs individus et familles ont choisi de quitter le Canada et de rentrer au Liban, notamment pour l’éducation de leurs enfants, ne voulant pas que ceux-ci évoluent dans un environnement marqué par la crise religieuse et familiale. Selon le Consulat libanais a Montréal, les libano-canadiens des troisième et quatrième vagues qui sont rentrés au Liban peuvent être divisés en quatre catégories : les pères de famille qui avaient fermé leurs entreprises à Beyrouth durant la guerre et qui ont décidé de les rouvrir ; les professionnels qui n’ont pas pu exercer leurs métiers au Canada car leurs diplômes n’ont pas été reconnus ; les étudiants qui faisaient simplement leurs études à l’étranger et qui souhaitaient rentrer chez eux ; enfin, ceux qui attendaient la fin de la guerre pour pouvoir retourner. Mais l’une des principales raisons qui a poussé de nombreux émigrés à regagner le Liban est l’éducation des enfants et la preservation de la cellule familiale ainsi que des traditions et coutumes du pays d’origine.

Une analyse intéressante sur le retour des libano-canadiens au Liban fut d’ailleurs a la base d’un documentaire-vidéo produit par Pimiento Productions (2008-2009) et diffusé par RDI, montrant notamment que la peur de la perte des valeurs familiales et de l’identité religieuse constitue une des plus importantes causes du mouvement de retour, et démontrant de surcroit que la transmission de ces valeurs ne peut s’effectuer facilement sur le sol canadien.

Toutefois, la laïcisation des comportements qui se manifeste à travers les alliances matrimoniales mixtes (mariages interconfessionnels, interreligieux, Libano-Canadiens et Canadiens…) et les visions/pratiques plurielles des jeunes des troiseme et quatrieme vagues, dont la pratique religieuse peu soutenue ou quasi-inexistante, constitue des arguments majeurs que ces familles qui quittent le Canada utilisent pour expliquer leur départ. Notons que pour la grande majorité des jeunes interviewés, le rythme de fréquentation des lieux de culte dépend de leur disponibilité et se concentre principalement sur les fêtes importantes. Leur participation à ces temps forts est une façon de maintenir le lien avec le pays d’origine ou un moment de partage en famille, encore plus qu’une question de mise en pratique de la foi ou d’appartenance religieuse-confessionnelle. Cette derniere appartenance existe pourtant, mais elle se manifeste ailleurs, que ce soit a l’école, a l’université, au milieu du travail etc. Depuis les attaques du 11 septembre 2001, beaucoup de Libanais furent victimes de discrimination, ce qui a contribué a déclencher ou a renforcer l’attitude/l’identité religieuse-confessionnelle et la ghettoisation.

3- Modes ‘alternatifs’ de transmission de la religion

Selon la majorité des jeunes interviewés dans le cadre de ma recherche, la transmission des préceptes religieux ainsi que des valeurs-traditions et coutumes du pays d’origine n’est plus que l’affaire des institutions religieuses et du milieu familial. La transmission veut dire pour eux continuité, non immuabilité. Or, leurs familles et les milieux institutionnels traditionnels ne leur offrent pas, a leur avis, un impératif culturel qui est le changement, lequel a son tour assure la continuité. Ces jeunes ne rejettent donc pas la religion, mais ils en ont une définition plus large: elle engloberait l’ensemble des croyances et des pratiques d’individus et de communautés et ne se limiterait pas aux institutions religieuses. Ils ne rejettent non plus l’appartenance religieuse et confessionnelle, mais celle-ci est soit reléguée a un deuxieme ou troisieme rang derriere l’appartenance nationale ou bi-nationale, l’appartenance linguistique, l’appartenance culturelle, etc. Ou elle releverait pour certains du privé, non du public, et ceux-ci ne l’associent pas nécessairement a l’obligation de transmettre. En fait, transmettre pour eux est une affaire de choix personnel, non d’obligation. Transmettre ou construire une mémoire et la partager engloberait donc ce qui fut appris, ce qui fut remis en question, ce qui fut gardé tel quel, ce qui se fait au présent et ce qui reste a advenir. Un processus de ruptures et de continuités, de changements, de relectures, de fidelité et de mimétisme. Pour ces jeunes, les lieux de socialisation traditionnels ont encore leur fonction dans la transmission du savoir, des pratiques et des valeurs, mais elle est incomplete sans d’autres contributions, dont la leur, puisqu’ils se percoivent en tant qu’etres humains et citoyens cherchant la vérité, voire leurs vérités qui font sens a chacun et chacune d’entre eux. Le rapport a la lignée croyante se fait selon eux de diverses manieres et adopte plusieurs mediums. Or, celui qui retient le plus notre attention depuis 2004 notamment est l’Internet.

Exemple 1:

Des événements culturels et artistiques organisés par des groupes et des associations de jeunes tant au Liban qu’à Montréal comme Tadamon (« Poets against the War », 30 août 2006[3], « Fires of War and Voices of Resistance », 27 septembre 2006[4] etc., incluant des conférences, de la poésie, des performances musicales, le visionnement de documentaires et des panels de discussion concernant les luttes de membres de la communauté Libano-Montréalaise, toutes appartenances religieuses/confessionnelles et non religieuses/confessionnelles confondues, à l’encontre de la guerre et pour la paix, la justice sociale et les droits Humains au Liban). Dans tous ces cas et bien d'autres, les mediums virtuels furent privilégiés : blogs, pages facebook, Youtube, Twitter… [6]

Exemple 2: le projet Trait-d’union Islam Christianisme

Projet innovateur entrepris par une equipe libano-canadienne et interreligieuse, ayant abouti a la publication d’un livre de 700 pages, d’expositions de photos et de peintures dans plusieurs pays, et la constitution d’un reseau virtuel sur Facebook sur le dialogue, la memoire, la transmission du religieux, l’emigration et l’identite etc. Dans la page d’accueil du projet – site web Electrochocks Production [7]–, nous lisons ce qui suit:

“TRAIT D’UNION Islam – Christianisme est un projet innovateur qui, à travers la photographie, des rencontres avec des libanais du Liban et des membres de la diaspora, des entrevues, la tradition orale et la parole écrite, tente d’humaniser le dialogue entre l’Islam et le Christianisme, de lui rendre une dimension plus terre à terre, loin des politiques et des académies puisque toute société, toute politique et toute institution est d’abord composée de différents individus. Ce projet veut être ce trait qui unit et en même temps qui sépare deux croyances, deux cultures, dans le respect de la différence.

La devise du Québec est « Je me souviens ». C’est dans le souvenir du passé que l’on apprend, que l’on évolue afin de mieux vivre aujourd’hui. Si chaque peuple a des histoires en apparence différentes, c’est en se souvenant et en les racontant que l’on se rapproche et cette maxime devient alors celle de tous les peuples, de toutes les nations, de toutes les cultures et de toutes les religions”.

Les moyens virtuels utilisés permettent ainsi le partage et la transmission d’expériences et de croyances individuelles et collectives, tout en étant libéré de nombreuses contraintes. Pour les blogueurs contactés dans le cadre de notre recherche, l’Internet est un moyen d’accéder à la parole, d’avoir un contact, ne serait-ce qu’à travers une interface, avec une diversité de visions du monde et de modes de vie. De plus, maîtriser les techniques de la blogosphère et la vitesse de la transmission, c’est détenir une certaine forme de pouvoir – certains blogueurs par exemple jouent un rôle considérable en matière de perception et d’influence. Il est évident que la blogosphère Libanaise et libano-canadienne, ainsi que les divers autres mediums, apportent de nouvelles possibilités d’action. Ces réseaux proposent de constituer ou même de reconstituer la mémoire collective et de perpétuer le savoir. Mais en plus, ils permettent une plus grande liberté d’expression et de circulation de l’information et de la pensée. Selon Tengku Azzman Sheriffadeen, la nouvelle constellation de technologies Internet constitue un « shift » des structures traditionnelles et centralisées du pouvoir à une distribution horizontale de ce dernier entre des individus et des communautés de toutes appartenances.[8] Ainsi, la croissance phénoménale de la blogosphère Libanaise depuis juillet 2006 ne peut être uniquement résumée en une réponse à l’invasion Israélienne du Liban, mais aussi et surtout en la création de « lieux alternatifs » (alternative localities) pour la promotion d’une diversité de voix-es. Ces lieux permettent la redéfinition de la sphère politique tout en accélérant l’édification de ponts entre une pluralité d’identités (nationales, ethniques, religieuses, sociales, économiques, culturelles, etc.). En ce sens, les nouvelles technologies Internet offrent la possibilité pour ces forces habituellement exclues des sphères traditionnelles de s’exprimer et d’exercer leur autonomie.

En résumé, Internet constitue une :

- autorité incontournable de construction et de transmission du savoir.

- plateforme de prolifération de religiosités individuelles.

- plateforme commune de partage de vérités plurielles, de construction de liens, de dialogue et de convivialité - communalisation et communautarisme.

- plateforme de la transmission institutionnelle puisque la plupart des institutions religieuses y ont une présence active. Citons a titre d’exemple le site-web du Conseil Superieur Maronite du Canada.[9]

Citons aussi l’exemple de sites d’associations comme Hayat Canada, un portail d'informations qui cible principalement la communauté arabe et musulmane du Canada, dont celle libanaise.[10] Une section sur l’Islam et le Coran permet aux internautes d’avoir acces a des informations de base sur la religion, les principales croyances et les pratiques. On y a acces également a des chaines télévisées islamiques en plusieurs langues, des radios, des livres etc.

En ce sens, nous ne pouvons parler d’une disqualification des dispositifs de la validation institutionnelle du croire, mais d’une diversification et d’une démocratisation de la validité des croyances et des mémoires. Les institutions sont présentes sur le net, mais elles ne sont pas seules ni ne monopolisent l’espace. Nombreux sont les individus lesquels dans l’échange mutuel trouvent les moyens de valider leurs croyances. Certains tombent dans la prétention à dire le « croire vrai », à disposer de références solides, définitives et non-discutables. D’autres affirment détenir des vérités partielles et changeantes, ouvertes aux autres vérités. Dans les deux cas, on se passe de la légitimation de l'institution traditionnelle.

4- Perspectives d’avenir:

La question de la durabilité de tels modes alternatifs est actuellement débattue. Toutefois, la performance et l’impact de ces modes ne peuvent êtres mesurés à court-terme. Aussi, l’absence ou la rareté d’études scientifiques rend tout jugement à son encontre hasardeux et réducteur.[11] Ces études devraient analyser comment les subjectivités associées aux pratiques singulières du réseau Internet s’entrelacent avec les micro-mondes hérités ; entrelacements qui suscitent résistances et engouements, et « modifient les modes d’association et les manières dont se tissent les liens socio-culturels en même temps que ces derniers transforment cette appréhension toujours locale et singulière du nouvel espace numérique ».[12] Ces études devraient également analyser les diverses manières d’appropriation et de ré-appropriation du réseau Internet par de jeunes Libanais et libano-canadiens en considérant les difficultés qui émergent dont la censure opérée par les gouvernements. En effet, le réseau constitue un danger potentiel pour les gouvernants parce qu’il peut représenter un moyen d’action politique pour les internautes. Donc, la question d’Internet et des réseaux ouverts tel celui de la blogosphère est une question qui engage la réflexion sur la pensée, le savoir, la mémoire et les transformations inattendues qui dépassent les frontières des normativités de fait imposées par les gouvernements.

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[1] Remarque: selon Statistiques Canada (2001), relativement peu de gens d’origine libanaise déclarent n’avoir aucune affiliation religieuse. En 2001, 6 % de la population libanaise seulement faisaient cette déclaration, comparativement à 17 % dans l’ensemble de la population.

[3] Cet événement fut organisé par conjointement par Tadamon et Les Pages Noires Productions, présentant vingt poètes de diverses nationalités, en solidarité avec la paix au Liban.

[4] Cet événement fut organisé conjointement par Tadamon et l’Association des jeunes Libanais musulmans. Il fut parrainé par : Al-Hidaya Association, Block the Empire Montreal, Canadians for Justice and Peace in the Middle East, International Solidarity Movement-Montreal, No One Is Illegal-Montreal, QPIRG-Concordia, QPIRG-McGill, RAME, Solidarity Across Borders.

[6] Exemples de blogs libano-canadiens et de pages Facebook bi-nationales et interreligieuses: http://theinnercircle.wordpress.com/category/canada/page/2/; http://lebaneseamericanbloggers.blogspot.com/;

Lebanese Canadian Coordinating Council (LCCC) : http://www.facebook.com/group.php?gid=17974722934

Lebanese Canadian Progressive Society: http://www.facebook.com/group.php?gid=5161394723

Lebanese in Canada: http://www.facebook.com/lebaneseincanada

[8] Tengku Azzman SHERIFFADEEN. « Beyond Information Literary: A Malaysian Experiment », APEC Conference Information Literary’97, Tokyo, November 4, 1997, p.10.

http://www.umassd.edu/cfpa/docs/global.pdf (consulté: 12 septembre 2006).

[11] Une recherche concernant l’utilisation des technologies Internet dans le monde Arabe fut notamment entreprise en France par Samia MIHOUB-DRAMÉ. Internet dans le monde Arabe. Complexité d’une adoption, Paris, L’Harmattan, 2005. Toutefois, celle-ci traita uniquement le cas des pays du Maghreb et ne concerne pas le sujet de la religion.

[12] MIHOUB-DRAMÉ, op.cit., p.11.

Friday, September 10, 2010

L’autodafé du Coran le 11 septembre prochain, une aubaine pour Al-Qaïda

Un article de mon collegue Aziz Enhaili sur tolerance.ca: http://www.tolerance.ca/Article.aspx?ID=96196&L=fr

Un obscur pasteur baptiste a annoncé son intention de faire du 11 septembre prochain une «journée internationale d’autodafé du Coran». Une initiative islamophobe porteuse de préjudices indéniables pour la sécurité nationale et les intérêts américains dans le monde musulman. Une aubaine pour le réseau d’Al-Qaïda.Le 11 septembre prochain, Gainesville, une ville de l’État de Floride, attirera les caméras du monde entier. La raison? Une petite église baptiste, le Dove World Outreach Center (DWOC), a prévu d’organiser cette même journée sur son parvis un «autodafé d’exemplaires du Coran». En dehors de la dimension haineuse de la démarche d’un évangéliste extrémiste, cette provocation compromet la stratégie américaine de rapprochement avec le monde islamique, expose les forces militaires et les personnels américains présents sur place à des dangers supplémentaires et pourrait redonner du lustre à un Al-Qaïda-central assez affaibli actuellement. Menaçant à terme la sécurité nationale des États-Unis et leurs intérêts dans le monde musulman. D’où la nécessité d’y réagir promptement. Dans le respect de la Constitution américaine et des valeurs de cette grande démocratie.Un autodafé du Coran sur fond de haine de l’islam et de racismeLe peuple américain s’apprête à commémorer le 11 septembre prochain le neuvième anniversaire des attaques terroristes d’Al-Qaïda contre les Tours jumelles de New York et le Pentagone. La nouveauté cette année est qu’un obscur pasteur du DWOC, Terry Jones, voudrait que ses ouailles fassent du samedi prochain un «Burn a Koran Day». L’auteur du pamphlet «L’islam est le diable» a également invité d’autres églises à le rejoindre ce jour-là sur le parvis de sa congrégation pour brûler en public des exemplaires du Coran.Voir la la vidéo où Jones s’exprime sur cette affaire :http://www.youtube.com/watch?v=mGxAsDK4Kmg)Pour avoir plus de visibilité et d’impact, il a lancé sa campagne internationale sur le site Facebook. Une manière, disait-il, de célébrer la mémoire des victimes des attentats du 11 septembre 2001! Il n’a pas hésité à dire à Chris Matthews, présentateur vedette de «Hardball», émission diffusée sur l’antenne de la chaîne américaine MSNBC, que son «message radical (sic!) et clair est adressé aux musulmans, à la Charia» et qu’ «ils ne sont pas les bienvenus aux États-Unis»! Mais cela n’a pas empêché sa congrégation, qui avait distribué l’année dernière des T-shirts où était inscrit «l’islam, c’est le mal», de déclarer que son geste n’est nullement inspiré par un quelconque sentiment de haine.Détourner de cette manière honteuse les commémorations que tout un pays s’apprête à consacrer, dans la douleur et la tristesse, à un événement tragique est tout sauf un geste altruiste ou destiné à «se souvenir de ceux qui ont été tués» dans les attentats du World Trade Center. Ce geste a permis au pasteur de sortir de l’anonymat. En planifiant l’opposition d’un geste de violence symbolique extrême à un geste de violence meurtrier extrême, celui qui se dit homme de Dieu insulte la mémoire de toutes ces victimes innocentes tuées il y a neuf ans. Sans oublier le fait qu’un tel geste est contraire aux enseignements du christianisme! D’ailleurs, le Vatican a rapidement condamné cette démarche et de nombreuses églises américaines et dans le monde ont appelé à ne pas suivre les consignes de cet extrémiste. Sans oublier les condamnations fermes de la part de nombreux dirigeants de la communauté juive aux États-Unis et en Europe.Aussi, associer de facto ce moment privilégié de recueillement et de prières pour les victimes innocentes des attentats à une pratique honteuse qu’on croyait révolue depuis l’ère nazie, à savoir l’autodafé de livre, c’est ajouter l’injure à l’insulte. Cela revient à toute fin pratique à les assassiner une seconde fois.Il suffit d’écouter attentivement le pasteur baptiste pour se rendre compte que les victimes des attentats d’Al-Qaïda ne sont qu’un prétexte commode, un cache-sexe de sa haine de l’islam et des musulmans. Pour s’en rendre compte, il suffit de lire son pamphlet incendiaire mentionné ci-dessus et dont le titre est en soi éloquent. Il y ressasse de vieux clichés éculés et stéréotypes largement répandus grâce aux bons soins des produits culturels du cinéma d’Hollywood et de la propagande d’un réseau conservateur de télévision comme Fox news.Ce discours haineux s’inscrit dans une lame de fond islamophobe travaillant la société américaine et qui s’est accentuée depuis les attentats terroristes de 2001 (Nous y reviendrons dans un prochain article). Suite à la disparition de l’ex-bloc de l’Est soviétique et faute d’ennemi global à la taille de leur pays, de nombreux stratèges et faiseurs d’opinion conservateurs et néoconservateurs ont fait de l’Islam cet ennemi nécessaire et fabriqué de toutes pièces pour, entre autres, justifier les sommes colossales à investir dans des domaines comme la communication publique, la défense, le renseignement et des think tanks partisans d’un nouveau Siècle américain. Pour attiser les flammes ardentes de l’islamophobie dans les secteurs populaires de la société américaine, plusieurs commentateurs et pseudo-spécialistes n’hésitent pas à faire l’amalgame entre islam et terrorisme. D’autres moins sophistiqués exploitent l’état actuel de la crise économique aux États-Unis pour accuser ouvertement les musulmans américains de «voler» le travail des «bons» travailleurs américains!Terry Jones, un bon sergent recruteur au service d’Oussama Ben LadenQuelle que soit la motivation initiale et réelle de Terry Jones, force est de constater que sa démarche non seulement va à l’encontre de l’intérêt national américain, mais de plus représente une menace pour la sécurité de son pays.Comme tout le monde le sait déjà: les États-Unis sont dans la mire d’Al-Qaïda. Les événements tragiques du 11 septembre 2001 sont là pour le rappeler à tous. Cette pieuvre terroriste guette son heure, tapis dans l’ombre, pour débusquer la moindre faille dans le dispositif sécuritaire de «l’ennemi lointain» pour le frapper et y répandre effroi et douleur. Dans un tel contexte, tout véritable patriote américain devrait s’efforcer non de diviser son peuple ou de le polariser, mais au contraire de le garder uni face à une menace terroriste invisible.En appelant à faire du 11 septembre prochain la journée internationale de l’autodafé du Coran, le «bon» pasteur divise la société américaine et porte atteinte aux sentiments religieux de ses compatriotes musulmans. Ne l’oublions pas: le Coran est considéré par les musulmans pieux comme la Parole de Dieu, une parole qui ne souffre aucune altération. C’est donc un Livre sacré. En agissant ainsi, le pasteur baptiste fragilise les défenses de la nation américaine. En annonçant vouloir brûler le Coran pendant une journée hautement symbolique pour le peuple américain, Terry Jones rallie ouvertement tous ceux qui associent islam et terrorisme, blessant au cœur la majorité des musulmans qui sont modérés et qui, aux États-Unis comme dans le reste du monde, luttent contre les ultra-minoritaires extrémistes affiliés ou sympathisants d’Al-Qaïda ou d’autres groupes islamistes radicaux. Rendant leur tâche assez difficile et facilitant du même coup celle rhétorique des partisans d’Oussama Ben Laden.Quand on se rappelle la crise internationale créée par la publication des caricatures du Prophète Mohamed dans un journal danois («Islam/Occident: des «caricatures du Prophète» radioactives pour l’islam») et la manifestation organisée lundi dernier à Kaboul où 200 manifestants ont scandé les slogans «Mort à l’Amérique» et «Longue vie à l’islam», on se rend aisément compte de la dangerosité de la démarche du pasteur baptiste. Des groupes islamistes extrémistes en mal de publicité pourraient exploiter le «Burn A Koran Day» pour s’attaquer à leurs compatriotes de confession chrétienne ainsi qu’a leurs églises et commerce. Attisant la flamme de la violence sectaire.Dans un monde interconnecté, diffuser instantanément aux quatre coins du monde des images chocs d’exemplaires de Coran brûlés en terre occidentale attisera à coup sûr contre l’Occident la colère de la «rue» musulmane, de Casablanca au Maroc jusqu’à Mindanao au sud des Philippines, alimentant les théories hallucinantes d’un prétendu complot judéo-maçonnique œuvrant, dit-on, à la destruction de l’islam. Une telle image provocante serait, comme l’a bien dit le président américain ce jeudi 9 septembre, «une aubaine pour Al-Qaïda». D’ailleurs, la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton (notamment son adresse: «A Conversation with U.S. Secretary of State Hillary Rodham Clinton», au www.cfr.org, 8 septembre 2010), le patron des forces américaines et de l’Otan en Afghanistan, le général David Petraeus (Voir Washington Post, 7 septembre 2010), et le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs (7 septembre), ne se sont pas trompés quand ils ont à la fois condamné la démarche de Terry Jones et insisté sur ses dangers éventuels.Depuis son élection, Barack H. Obama a œuvré pour améliorer une image américaine ternie dans le monde musulman à cause notamment de la politique étrangère agressive et déstabilisatrice de son prédécesseur. Grâce à plusieurs de ses engagements, à sa méthode et à son background, le monde islamique s’est montré ouvert à sa démarche de réconciliation. Indisposant Al-Qaïda. Un réseau qui ne sait plus à quel saint se vouer.Malheureusement, l’initiative du pasteur extrémiste tombe très mal pour la politique islamique du président américain. Elle conforte la rhétorique anti-américaine d’Al-Qaïda et facilite son entreprise de recrutement de nouveaux partisans du jihad armé global. Rendant assez vulnérable la sécurité des forces américaines stationnées en Afghanistan, en Irak et dans d’autres parties du monde islamique. Sans oublier la sécurité des personnels diplomatiques et des citoyens américains œuvrant ou en passage dans cette partie du monde.**Même si le pasteur extrémiste changeait d’idée (voir USA Today, 9 septembre) et que la moitié restante de ses cinquante fidèles le quittaient, le mal est déjà fait à l’image des États-Unis dans le monde musulman. On sait maintenant que le bon vivre ensemble américain ne tient qu’à un fil que tout islamophobe en mal de célébrité pourrait tenir en otage. Cela dit, les sorties des dirigeants américains et de nombreux leaders religieux chrétiens et juifs ont montré, s’il en était besoin, le caractère isolé, sectaire et non patriotique de l’initiative de Terry Jones. De leur côté, les dirigeants des pays islamiques et les leaders d’opinion musulmans dans le monde devraient inciter leurs ouailles à ne pas tomber dans le piège grossier de la violence. Autrement, ils accréditeraient les propos haineux du pasteur extrémiste qui s’acharne à associer islam et violence. Au lieu de s’attaquer à sa personne ou à son église, des religieux musulmans devraient l’inviter à visiter des pays musulmans comme la Turquie, le Maroc ou la Syrie pour découvrir l’islam en action. 9 septembre 2010 

Thursday, September 09, 2010

NOUVEAUX MEDIAS DANS LE MONDE ARABE ET CONSTRUCTION DE LA PAIX


Dans le cadre de ma courte visite a MONTREAL (QC, Canada) du 23 au 25 septembre 2010, et juste avant ma conférence sur les

"Transmissions du religieux chez de jeunes Libano-Canadiens", je pr

ésenterai la conférence suivante organisée par la CRCIPG et le CERUM (Université de Montréal):

Modes virtuels de construction de la paix:
les nouveaux médias dans le monde arabe

Vendredi 24 septembre de 12h à 13h30
Faculté de théologie et de sciences des religions
Pavillon Marguerite-d'Youville
2375, chemin de la Côte Sainte-Catherine
Salle 4001, 4è étage

Un lunch sera servi.
Merci de réserver avant le mardi 21/09 midi au numéro suivant : 514-343-2425
ou à : coordination-cerum@umontreal.ca


Tuesday, September 07, 2010

Les blogs, nouvel enjeu du monde arabe


UN DE MES ARTICLES FUT PUBLIE DANS LE NOUVEAU NUMERO DE LA REVUE MOYEN-ORIENT: " LES BLOGS, NOUVEL ENJEU DU MONDE ARABE".

La situation sociale, politique et religieuse du monde arabe est rarement abordée en se référant aux nouveaux médias, notamment aux blogs, qui véhiculent pourtant les visions, les pratiques d’individus et de communautés, et non d’institutions officielles largement connues et reconnues.

Un blog est une sorte de site Web qui fonctionne souvent en tant que journal personnel (personal online diary) et invite à l’interaction du public et du privé. « Blog » est la contraction de « Web », Internet et « log » journal, donc journal en ligne. Il constitue un nouveau genre d’interactions et d’actions sociales, une nouvelle « opportunité rhétorique ». Lorsqu’il est associé à un agrégateur ou syndicateur (un logiciel qui permet de suivre plusieurs fils de syndication en même temps), le blog dispose d’une visibilité quasi mondiale. Sa nature même veut qu’il soit lu par le plus grand nombre. Il est intéressant de noter que de plus en plus de blogs sont cités en sources dans les magazines et autres supports journalistiques (télé, radio, Web). Nombreux sont les journalistes qui trouvent dans les blogs des explications et des points de vue souvent pertinents, permettant d’aborder une panoplie de sujets avec de nouveaux angles. Les blogs ont une influence croissante sur l’édification et la transmission du savoir et des pratiques de liberté d’expression, de démocratisation, de construction de la paix, y compris afin de penser et faire de la politique autrement.

Nouveaux médias dans le monde arabe

La dernière décennie est marquée par la croissance fulgurante des nouveaux médias dans le monde arabe à la suite du développement des télévisions satellitaires puis de l’essor d’Internet. Adoptant de nouveaux modèles économiques – dénationalisation et libéralisation des industries de la communication –, ces nouveaux médias permettent la création d’espaces publics comme lieux de médiation entre les pouvoirs et les citoyens, favorisent des modes de communication plus participatifs et alternatifs et donnent une meilleure visibilité aux expressions des sociétés civiles. Tel est notamment le cas des blogs, estimés à plus de 30.000 dans le monde arabe (1). D’éminents blogs (par exemple, Amarji par Ammar Abdulhamid, Dahr Jamail’s Mideast Dispatches par Dahr Jamail, The Angry Arab par As’ad Abu Khalil, Haitham Sabbah par Haitham Sabbah, Misr Digital par Wael Abbas, etc.) sont suivis par des milliers d’internautes et leur audience est de qualité. Des journaux comme Al-Masry Al-Youm en Égypte, ou Al-Balad et L’Orient-Le Jour au Liban citent systématiquement les blogs comme sources de leurs articles.

Pour lire la suite:


Revue Moyen-Orient n°6
Chiisme
Paris, AREION Group, 2010. 98 pages, 23 x 30 cm, broché. - ISBN: 378074191095600060

SOMMAIRE:

Dossier Chiisme
Repères chiisme: Cartographie, Hosham Dawod
Les enjeux du réformisme chiite, Saïda Bédar
Iran: les grandes figures de la réforme chiite, Mohsen Mottaghi
Repères chiisme: Shabestari: la foi et la liberté au coeur de la réforme religieuse, Mohsen Mottaghi
Nadjaf: capitale historique du chiisme réformateur, Abdul Jabar al-Refaee
Le grand ayatollah Sistani, maître de la ville-monde chiite Nadjaf, Ali Kadhem
Repères chiisme: La maison Al-Sadr, Hosham Dawod
Liban: le réformisme chiite face aux défis de l'intégration communautaire, Saoud El Mawla
Arabie saoudite: quelle place pour les chiites? Tawfiq al-Saif

Géopolitique
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Société
L'espace public, lieu de passage pour les femmes ou espace légitime de présence? Safaa Monqid

Monday, September 06, 2010

Transmission du religieux et pluralisme à Montréal

Avis aux intéressés!

" Transmission du religieux et pluralisme à Montréal ": il s'agit d'un Congrès auquel je participe - le 77e Congrès de la Société canadienne d’histoire de l’Église catholique, du vendredi 24 au samedi 25 septembre - Institut Pastoral des Dominicains, MONTREAL, QC, Canada.

"Transmissions du religieux chez de jeunes Libano-Canadiens" par Pamela Chrabieh Badine

Analyser la transmission de la religion au sein de la communauté Libano-Canadienne ne constitue pas une tâche aisée. En effet, celle-ci révèle l’existence d’une diversité de visions et de pratiques allant de la transmission dite traditionnelle (enseignement religieux à la paroisse, centre islamique, famille, cours d’été dans le pays d’origine) à l’absence de toute transmission. Nous nous intéressons particulièrement aux nouvelles transmissions ou les transmissions ‘alternatives’ qui émergent chez des jeunes Libano-Canadiens vivant au Canada – notamment à Montréal, au Liban ou entre les deux pays. Nous présenterons dans notre communication quelques caractéristiques de ces transmissions en nous basant sur une recherche qualitative en cours depuis 2004 avec déjà plus d’une centaine de jeunes, dont 60 sont Libano-Canadiens.[1] Il est évident que toute recherche ayant pour sujets la diaspora, les mouvements migratoires, l’identité, la religion et la transmission, se heurte à leur complexité et leur ampleur. Je ne m’aventure donc pas à émettre des conclusions. J’introduis uniquement à un sujet encore peu exploré au Liban et au sein de sa diaspora: la relation religion/transmission de la religion, les jeunes et les nouveaux médias ou médias alternatifs.



[1] Pour des résultats détaillés de cette recherche, consultez: Pamela Chrabieh Badine. Quelle gestion des diversités au Liban ? Du confessionnalisme au pluralisme médiateur (Sarrebruck, Allemagne : Editions Universitaires Européennes, 2010. La gestion de la diversité au Liban. Visions de jeunes du secondaire (Beyrouth : Dar el-Machreq, collection ‘Interaction islamo-chrétienne ’- Institut d’études islamo-chrétiennes de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, 2009). Voix-es de paix au Liban. Contribution de jeunes de 25-40 ans à la reconstruction nationale (Beyrouth : Dar el-Machreq, collection ‘Interaction islamo-chrétienne ’- Institut d’études islamo-chrétiennes de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, 2008). Mémoires de guerre et blogosphère libanaise’, Mémoires de guerres au Liban (1975-1990), Franck Mermier et Christophe Varin (dir.), Arles, IFPO/Sindbad/Actes Sud, 2010, p.165-183. ‘Breaking the Vicious Circle! Contributions of the 25-35 Lebanese Age Group’, Breaking the Cycle. Civil Wars in Lebanon, ed. By Youssef Choueiri, Center for Lebanese Studies (Oxford) - Stacey International (London), 2007, p.69-88. ‘Voices-Paths of Peace in Lebanon: Contributions of the 25-40 Age Group’, War, Virtual War and Human Security, Inter-Disciplinary.net 5th Global Conference, Probing the Boundaries – Innovative Dialogue, Inter-Disciplinary Press, London, UK, 2009, 19 p.http://www.inter-disciplinary.net/ptb/wvw/wvw5/badine%20paper.pdf. ‘Voices-Paths of Peace in Lebanon: Contributions of the 25-40 Age Group’, Conference Series Interculturality and Values in Process: Between Analysis and Global Wisdom, Understanding Conflicts – Cross-Cultural Perspectives, University of Aarhus, DK, 2008. http://ocs.sfu.ca/aarhus/index.php/CDCS/UCCP/paper/viewPaper/3