IDÉES EN VRAC - BULK IDEAS
Bonjour à tous et toutes!
Suite à mon billet précédent sur les chrétiens arabes, je me suis plongée dans la lecture de plusieurs articles et ouvrages ayant trait de près ou de loin à cette question épineuse. Il faut dire qu'avec le train de vie chaotique que nous menons -que certains d'entre vous mènent également et allègrement (à chacun son chaos!) -, il est de plus en plus difficile de consacrer du temps et de l'énergie à de la profonde lecture, suivie d'un processus critique constructeur et d'une introspection transformatrice. A force de s'occuper de besoins dits élémentaires - assurer de quoi survivre - dans un environnement s'acharnant à rendre l'âme tellement celui-ci est drainé par les éternelles querelles politiques et la crise socio-économique, nous oublions souvent de faire une pause - pourtant nécessaire et même cruciale - et de nous pencher sur toutes les 'salades' et les 'sauces' plutôt infectes que nous avalons quotidiennement sans rechigner. L'avalanche d'informations qui nous tombe dessus concernant toutes sortes de problématiques épineuses est difficilement démélâble.
A l'ère de la mondialisation, nous avons évidemment accès à une plus grande 'quantité' de données - et nous sentons de ce fait que nous sommes plus 'avertis' et 'cultivés' que les générations précédentes -, mais à une moindre 'qualité', et encore, à une piètre critique, ou alors les voix qui se posent des questions et qui les posent à d'autres sont marginalisées, combattues, enfouies et oubliées. Ne l'oublions pas: la loi du 'plus fort' (du plus musclé, armé, nanti, friqué; 'supérieur' en matière de race, religion, ethnie, classe sociale, etc.) prévaut. Que d'injustices, de massacres et d'holocaustes sont commis au nom de cette loi! On a beau entonner "Plus jamais cela!". Le "plus jamais" a perdu toute sa signification. On y a ajouté implicitement et explicitement le "sauf": sauf lorsqu'il s'agit d'intérêts nationaux, sauf lorsqu'il s'agit de combattre le terrorisme, sauf lorsqu'il s'agit de préserver le pouvoir en place, sauf lorsqu'il s'agit de protéger notre groupe, notre clan, notre communauté, etc. Les exceptions à la règle ont de loin dépassé la teneur de cette dernière.
A quoi bon alors tenir absolument aux miettes? A mon avis, ce sont ces miettes qui font toute la différence. C'est grâce à ces miettes que nous pouvons affirmer que l'être humain n'est pas une espèce en voie de disparition à cause de son penchant auto-destructeur, du moins, pas pour le moment. Ces miettes, ces lueurs, nous permettent d'espérer, de poursuivre nos luttes individuelles et collectives en vue d'une paix et d'une convivialité à plus grande échelle.
Ayons foi en ces miettes!
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Permettez-moi ici de partager avec vous les idées suivantes, puisées à mes récentes lectures:
1- Les Juifs de notre ère sont-ils des descendants des Hébreux?
C'est se poser la question des origines évidemment, et de là, remettre en question les mythes sur lesquels l'être humain tente de construire son identité (individuelle et collective) et de détruire celle de l'autre afin de pouvoir s'imposer. Chacun d'entre nous devrait se poser cette question (ex: Les Libanais sont-ils les descendants des Phéniciens? Les Québécois sont-ils les descendants de 'hordes' françaises? Les Français sont-ils les descendants des Gaulois? etc.).
Le récent ouvrage de Shlomo Sand, professeur à l'université de Tel-Aviv - "Comment le peuple juif fut inventé. De la Bible ou sionisme" -, s'en prend notamment au mythe selon lequel les Juifs seraient les descendants des Hébreux, exilés du royaume de Judée. Ce "nouvel historien", comme le qualifie le journal 'Le Monde Diplomatique' (mai 2008), démontre que ceux-ci ne constituent ni une race, ni une nation, mais d'anciens païens d'origines diverses: Berbères d'Afrique du Nord, Arabes du sud de l'Arabie, Turcs de l'empire des Khazars, notamment convertis au judaïsme entre le 4e et le 8e s. de notre ère. Selon lui, les Palestiniens sont probablement issus d'Hébreux ayant embrassé l'Islam ou le Christianisme.
Évidemment que Sand ne met pas en cause la légitimité de l'existence de l'État d'Israël, mais il discrédite son caractère ethnique, engendré par le "racisme des idéologues sionistes". En d'autres termes, il ne devrait pas être un 'État Juif'.
Voilà de quoi nous faire remuer les méninges!
2- Aux inconditionnels de Régis Debray: ne pas s'abreuver à tout le vin qu'il sert dans son ouvrage "Un candide en Terre Sainte" (Gallimard):
J'ai dû le faire... Lire tout son ouvrage... Parfois difficile dans ses mots précieux, compliqués et redoutables, mais tout de même, en certains moments, palpitant et judicieux. Debray y affirme 'refaire' l'itinéraire de Jésus à travers le Proche-Orient de notre époque en s'autorisant tous les anachronismes imaginables, pour observer (avec un oeil laïque athée mais versé en religions, et parfois virant à l'agnostique) comment juifs, chrétiens et musulmans vivent à présent leur foi, et de ce fait, comment se conduisent-ils les uns envers les autres. Son constat est plutôt négatif (selon lui, le conflit interreligieux entraîne le Proche-Orient dans une violence extrême) et dénote l'absence d'espoir à court ou moyen-terme. On ne l'a jamais vu aussi pessimiste. Dédicacé à François Maspero, mais aussi à Jacques Chirac (l'ancien président de la République Française avait confié à Debray une étude sur les coexistences ethno-religieuses au Proche-Orient), cet itinéraire faussement naïf est empreint tant de lumières que d'impasses genre court circuit (généralisations, clichés, réductions, essentialismes... Surtout en ce qui concerne les religions visées - Islam en premier lieu (producteur de bombes humaines), puis le Judaïsme et enfin le Christianisme (envers lequel il semble le plus clément) - et les communautés et les sociétés décrites (réduire le maronitisme aux moines kalachnikovs, ou les chrétiens d'Orient à une espèce en voie de disparition - encore et encore la thèse de Jean-Pierre Valognes - ou la société Palestinienne à un bidonville, ou l'église de la Nativité à un lieu de mémoire "grotesque", etc.)... Rebutantes vérités et faussetés...
A chacun d'y puiser ce qui lui plaît!
Salut Pamela,
ReplyDeleteà propos des nouveaux historiens israéliens, voire le livre d'Israel Finkelstein et Neil Asher Silberman: La Bible dévoilée (Gallimard, 2004), qui réinterroge les anciennes convictions en se basant sur des fouilles archéologiques et des documents d'époque.
et il y a bien sûr Yakov Rabkin qui enseigne à l'Université de Montréal!
G.
Merci G.
ReplyDeleteJe connais bien les travaux de Yakov Rabkin que j'ai d'ailleurs rencontré à Montréal.
Son ouvrage 'AU NOM DE LA TORAH. UNE HISTOIRE DE L'OPPOSITION JUIVE AU SIONISME' est splendide!