Les définitions de la mondialisation sont plurielles. Certains experts la réduisent aux échanges économiques et aux interpénétrations des marchés. D'autres y incluent l'ensemble des dimensions humaines. Certains la taxent de phénomène récent. D'autres y voient un processus qui a commencé avec la sortie de l'Homo Sapiens de l'Afrique. La mondialisation 'contemporaine' serait donc caractérisée par deux facteurs principaux: la facilitation-croissance des transports et des moyens de communications - notamment avec les nouvelles technologies. La question qui m'est constamment posée est la suivante: la mondialisation 'contemporaine' est-elle néfaste? Qu'en est-il des identités individuelles et collectives dont les identités religieuses? Sont-elles en voie de disparition face à l'hégémonie d'une culture 'mondiale' made in USA principalement?
Tout dépend de la conception de la mondialisation adoptée. Si celle-ci est 'unitaire', la mondialistion évoque la notion d’un monde uni, d’un monde formant un village planétaire, d’un monde sans frontière. Cette conception est soutenue par des organisations ou des institutions internationales - FMI, OMC et autres -, par le courant idéologique mondialiste et par une panoplie d'analystes - champions de l'économie de marché ou le capitalisme. L'interpénétration des cultures, religions, technologies, économies, politiques, etc. pour aboutir à ne culture mondiale, une religion mondiale, une gouvernance mondiale, une économie mondiale, un citoyen mondial...: suppression totale des frontières. En revanche, même si cette conception présenterait l’avantage de créer dans l’homme le germe de l’espoir, elle resterait restrictive dans la mesure où elle négligerait les autres manifestations de la mondialisation.
La conception 'conflictuelle' - dont est issue la théorie du choc des civilisations de Samuel Huntington -, considère la forme actuelle de la mondialisation comme la source de nos problèmes. Parmi les concepts utilisés: l'hétérogénéité, l'incompatibilité, la fragmentation et l'intégration, l'ordre et du désordre, l'inégalité, l'exclusion, la domination, l'exploitation, des affrontements idéologiques et des relations humaines qui sont souvent régies par des rapports de force. Curieusement, la plupart des mouvements antimondialistes ou altermondialistes se basent sur cette conception. En ce sens, les religions seraient en conflit, et leur dialogue serait d'une importance majeure. Toutefois, il n'est nulle mention de leurs interactions, des échanges, des points communs (valeurs, croyances, pratiques)...
Nous proposons donc une conception de 'l'unité dans la diversité' qui tienne compte tant du commun que de la différence, des avantages et des inconvénients de la mondialisation, des conflits et des espaces de dialogue-paix. Unité ne veut pas dire uniformisation, homogénéité, disparition des particularités, mais une convivialité du pareil et du différent. En ce sens, le risque de 'perdre' son identité serait diminué, alors que la rencontre l'enrichirait en retour, lui apporterait un plus. Je ne suis donc pas d'accord avec la vision d'Olivier Roy dans son article ' Les religions a l'épreuve de la mondialisation' (21-12-2008, sur bahdja.com). Les religions ne perdent pas du terrain. Elles ne souffrent pas. Elles se transforment. Elles s'adaptent. De nouvelles dynamiques apparaissent. De nouvelles formes de religiosité. Sans ces changements, adaptations, contextualisations, etc., elles ne survivraient pas. Cela n'implique pas la disparition totale des institutions et formes 'habituelles' ou 'traditionnelles'. Il y a transmission. Et avec toute transmission, il y a ce qui reste et ce qui se transforme. A nous de savoir gérer ces mutations, en tout lieu et tout temps!
Par Dr. Pamela Chrabieh Badine
Merci Dr. Pamela pour cet excellent article. La mondialisation n'est donc pas un phenomene recent mais un processus continu et en expansion.
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