Tuesday, December 07, 2010

Guerre et mémoire

Que de victimes de guerres font partie des tragédies enfouies dans les méandres de l’Histoire, jugées par des politiciens, des historiens, des institutions médiatiques et des peuples entiers, inaptes à porter le qualificatif de mal absolu, d’horreur extrême, et donc inaptes à être même pointées du doigt? Dans le meilleur des cas, celles-ci sont désignées de dommages collatéraux - comme en Irak ou en Afghanistan -, ou alors de boucs émissaires dans une guerre qui n’était pas la leur. En dépit de la Convention sur la prévention et la répression du crime de génocide adoptée par les Nations-Unies en 1948 et des Conventions de Genève stipulant la protection des civils en temps de guerre, les populations civiles souffrent en tous lieux : Vietnam, Hiroshima, Liban, Sarajevo, Rwanda, Palestine…

Traumatismes de guerre

Toute guerre constitue un génocide, et tout être humain ayant péri de la folie meurtrière vaut la peine d’être remémoré, pour que justement cesse cette folie. Malheureusement, depuis la deuxième guerre mondiale, les recherches sur les traumatismes de guerre et la mémoire de la guerre traitent principalement de la situation des militaires. Rares sont les recherches qui se penchent sur les traumatismes vécus par les populations et qui se concentrent sur le personnel, le psychosocial, l’humain. Or, la mise en œuvre d’un processus thérapeutique, tant au niveau individuel que collectif et national, est indispensable en vue de la construction de la paix. Il est bien évident que l’irréparable ne se répare pas et que le traumatisme ne s’efface pas. Toutefois, il s’agit de permettre de vivre avec le traumatisme, de se libérer du passé tout en s’attachant à construire et reconstruire des liens familiaux et sociaux protecteurs. Or, comment se libérer du passé si l’omerta est de rigueur?

La loi du silence ou la Tabula rasa

Au Liban par exemple, il est habituellement demandé tant aux enfants qu’aux adultes de taire les blessures, de se murer dans un mutisme approbateur de la fatalité du destin, privilégiant la survie sociale et politique à la survie psychique et humaine. Cette omerta ou loi du silence est renforcée au niveau national par l’auto-amnistie des leaders de la guerre en 1991- loi no.84 du 26 août 1991. « L'amnistie et l'amnésie sélective ont paralysé l'histoire de ce pays. Les seigneurs de la guerre sont devenus députés, ministres, pôles politiques respectable ». Or, suffit-il de d’affirmer que le passé n’existe plus en droit pour qu’il cesse d’exister dans la réalité et les consciences, pour que victimes et bourreaux se valent ?

L’oubli n’est qu’une illusion, le temps rattrape à grandes enjambées. Un avenir pacifié ne peut être envisageable si la politique de la tabula rasa est adoptée. Celui-ci requiert la reconnaissance de la douleur en la muant en souvenir fondateur, notamment en construisant une mémoire individuelle et collective de la guerre. Dans cette perspective, la parole ou la mise en récit de l’événement traumatique occupe une place centrale dans le processus thérapeutique. Donner un espace de parole, d’où l’on peut s’exprimer en toute sécurité et liberté, est indispensable pour passer de la simple reviviscence à la représentation, du souvenir au ressouvenir - un travail de deuil, un acte refondateur, une transformation - pour qu’on puisse dire les blessures, leur attribuer un sens, les comprendre et vivre avec.

Mémoire de guerre et justice réparatrice

La construction d’une mémoire individuelle et collective de la guerre accompagne nécessairement l’implantation d’un système judiciaire qui n’est pas fondamentalement axé sur la sanction mais sur la guérison des blessures. Telle est la différence entre la justice réparatrice telle qu’appliquée par exemple en Afrique du Sud et la justice punitive clamée haut et fort par des leaders Libanais depuis l’assassinat de l’ex-premier ministre Rafic Hariri en février 2005. Une commission Vérité et Réconciliation pourrait être pensée et implantée à long terme tant au Liban qu’en Irak et adaptée à leurs contextes respectifs. Au Liban par exemple, elle pourrait se baser sur les valeurs du dialogue interreligieux longtemps pensé et pratiqué, tant dans le quotidien du peuple Libanais qu’en milieux académiques et institutionnels.

En ce sens, la culture de la vendetta serait remplacée par un processus réparateur impliquant toutes les parties, constituant une manière puissante d’aborder non seulement les préjudices matériels et physiques causés par les crimes, mais aussi les préjudices sociaux, psychologiques et relationnels. Cette démarche est centrée sur la victime, et la communauté et le dialogue en sont les éléments centraux. Le but n’est pas la vengeance, mais la connaissance de la vérité, l’apaisement social, et la restauration de la dignité civile et humaine des victimes. La paix en soi et avec les autres est à ce prix.

Sunday, December 05, 2010

Arabes et arabité : un survol des origines

Mon article sur Suite101.fr

L’intérêt pour le monde musulman n’est pas récent, mais il fut renforcé par les événements du 11 septembre 2001. Or, qui dit intérêt, ne dit pas forcément jugement favorable ou objectivité. En effet, la recrudescence de propos et de pratiques racistes ainsi que les amalgames et les généralisations sont monnaie courante. Arabe et arabité font notamment partie d’une panoplie de termes controversés. Dans cette perspective, cet article en présente un apercu étymologique et historique.

Pluralité de sens au terme arabe

Il existe une pluralité d’interprétations et de sens du terme "arabe" indépendamment des personnes, des époques, des milieux, des politiques particulières, nationales, régionales et internationales. Reste qu’on ne peut se permettre, pour simplifier un quelconque discours, de réduire un terme si complexe à un seul identifiant, au point de l’absolutiser et d’en occulter les autres.

L’origine du terme "arabe" est plurielle et bien obscure. Pour certains philologues, il dériverait d’une racine sémitique signifiant "ouest" ; pour d’autres, il est à rapprocher de l’hébreu ‘Arabha qui signifie "pays sombre" ou "pays de steppe" ; ou encore de la racine sémitique ‘Abhar qui veut dire "se déplacer". En langue arabe, l’étymologie du mot ‘Arab sert à désigner l’identité bédouine, ou l’origine ethnique en démarquant les sociétés gagnées par la culture arabe de celles appartenant à d’autres cultures – perse, grecque, turque. Les conquérants arabes, partis de la Péninsule arabique du VIIe siècle ont constitué la nouvelle aristocratie des sociétés conquises. L’identification du statut social par un rattachement mythique ou réel à l’une des tribus de la péninsule est devenue un élément central de la vie politique et sociale de ces sociétés.

Origines des arabes: la période pré-islamique

La première attestation de l’Arabie et des Arabes est celle du 10e chapitre de la Genèse dans la Bible, où plusieurs des peuplades et des régions de la péninsule sont répertoriées. En effet, des tribus vivaient dans cette péninsule au cours des siècles qui précédèrent l’ère chrétienne et leur majorité parlait l’arabe, langue sémitique apparentée à l’accadien, aucananéen, à l’araméen, à l’hébreu, à l’ougaritique et à l’éthiopien. Ces peuplades ne formaient pas une race dite arabe. Aussi étaient-ils divisés en États de l’Arabie du Sud et l’Arabie centrale et septentrionale. Les États du Sud étaient connus pour leur prospérité, ayant connu le règne des Sabéens, puis des Éthiopiens et des Sassanides jusqu’à l’apparition de l’islam, et comprenaient une diversité inouïe de religions païennes, et plus tard des communautés chrétiennes et juives. L’Arabie centrale et septentrionale était une région peuplée de bédouins et d’agriculteurs regroupés dans les oasis, ainsi que dans quelques grandes agglomérations comme la Mecque, mais l’organisation sociale se fondait sur la tribu, le clan ; cette région comprenait également plusieurs croyances et traditions religieuses dont celles païennes – on y vénérait par exemple des divinités astrales dont les plus connues étaient Allât, ‘Ouzzâ et Manât, sans compter Allâh ou le «Dieu», suprême créateur. Par la suite s’y développèrent des communautés chrétiennes et juives.

Des chrétiens arabes à l’origine de l’écriture arabe

Parallèlement, d’autres groupes arabes s’étaient établis en Syrie plusieurs siècles avant Jésus-Christ et avaient constitué de petits royaumes comme à Édesse, Émèse et Palmyre. La mère de l’empereur romain Caracalla n’était autre qu’une femme arabe d’Émèse. Par la suite, de nouveaux groupes entrèrent en scène comme les Lakhmides qui résidaient enMésopotamie et qui dominaient le désert syrien. On sait que les Lakhmides, convertis au christianisme nestorien, étaient devenus des alliés des Sassanides dont ils protégeaient les frontières occidentales. Ce fut pour leur faire face que les Byzantins, vers 500, choisirent de favoriser une autre famille arabe, celle de Ghassân. Ces Ghassanides, qui étaient eux aussi chrétiens, mais monophysites, occupaient surtout la Jordanie. Lakhmides et Ghassanides participaient en tout cas à une même culture qui aurait connu le faste de véritables cours royales et, à la veille de l’apparition de l’islam, une nouvelle écriture, l’écriture arabe, aurait été utilisée dans les milieux qui leur auraient été plus ou moins liés.

Arabité et islamité ne sont pas interchangeables

Suite à ce bref et non exhaustif retour aux origines, il est clair que la référence à l’arabité dépasse celle exclusive au référent islamique. Une connaissance approfondie du passé des Arabes est indispensable pour comprendre les dynamiques identitaires contemporaines du monde arabe – ou des mondes arabes. Ce passé montre à l’œuvre des forces centrifuges diverses, témoignages de particularismes variés, que les grands empires qui ont toujours dominé cette région du monde n’ont jamais pu réduire : diversité religieuse et confessionnelle (islam, christianisme, judaïsme, autres religions et spiritualités), diversité des langues et des dialectes, diversité ethnique, diversité des régimes et partis politiques, diversité socio-économique, diversité des nationalismes, etc.

Toutefois, ce qui est souvent médiatisé est l’impossibilité d’être à la fois chrétien et arabe ou juif et arabe. Les chrétiens arabes parlent en arabe, prient en arabe et prononcent le nom d’Allah qui veut dire Dieu. Ils ne sont ni des pieds-noirs, ni des colons. Ils ne peuvent de ce fait être assimilés à une poche occidentale emprisonnée dans une sphère musulmane. Pareil est le cas des juifs arabes, Mizrahim ou Séfarades en grande majorité, ayant vécu au Proche-Orient et en Afrique du Nord en centaines de milliers jusqu’en 1948, date de la création de l’Etat d’Israël et du début des guerres israélo-arabes. Vivant actuellement en diaspora – Europe, Amérique du Nord et du Sud –, ces juifs originaires de la Syrie, du Liban, de l’Egypte, d’Irak, du Maghreb et bien d’autres pays encore sont ignorés de la construction du savoir sur l’arabité. La tentative d’essentialiser l’identité arabe est malheureusement devenue une pratique fort prisée. Il semble donc nécessaire, face aux raccourcis, de favoriser la lucidité d’une connaissance fondée sur l’histoire et la complexité des contextes.

Tuesday, November 23, 2010

Politics, Culture and the Lebanese Diaspora

Announcing the publication of my latest essay - "Contributions of Young Lebanese Canadians to Peacebuilding in Lebanon" - in the following book:

Politics, Culture and the Lebanese Diaspora
Editor: Paul Tabar and Jennifer Skulte-Ouaiss
CAMBRIDGE SCHOLARS PUBLISHING
Date Of Publication: Sep 2010
Isbn13: 978-1-4438-2329-6
Isbn: 1-4438-2329-5


This book is a collection of essays that were originally presented in a conference at Lebanese American University in late May 2007, entitled “Politics, Culture and the Lebanese Diaspora.” It looks at various facets of the Lebanese Diaspora and examines the politics and culture of Lebanese migrants and their descendants in different parts of the world while detailing the communal, national and transnational elements of these practices and exploring the changing characteristics of politics and culture in respect to migration, Diaspora and globalization. The essays raise questions about the (in) compatible and interpenetrating relationships between these dynamics, and analyze processes of identity formation as cultural manifestations of migratory politics.

The book is divided into three main sections. The first section deals with issues of identity and multiculturalism among Lebanese emigrants, concluding that identities are continuously molded and negotiated in the diaspora. It examines the formation of identities among second and third-generation migrants, and the changing conceptions of the meaning of roots and homelands. The second section deals with politics and activism in the Diaspora. It looks at how diasporas relate to the political processes in their homelands during post-conflict resolution and explores the role of Lebanese migrants abroad in the process of peace-building back home. The third part deals with the Diaspora in literature and media through the assessment of key writings on the explorations of self of the Lebanese abroad, drawing on how symbols of identification and conventions of representation become sites of conflict over time.

The wide variety of perspectives presented in these papers invite us to challenge the notion of a fixed, bounded, and rigid homeland and identity, and move towards one that is more nomadic and fluid. They call us to pay attention to the symbols used in the cultural construction of both homelands and identities in the country of immigration and to think of the complex ways in which transnational politics affect the homeland and are in turn affected by it.

Price Uk Gbp: 44.99
Price Us Usd: 67.99

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Wednesday, November 03, 2010

Sur le chemin de l'autre. Eduquer au dialogue interreligieux en Méditerranée - FIUC

Parution du nouvel ouvrage de la Fédération Internationale des Universités Catholiques sous la direction de Jean-Marc Aveline et préface de Guy-Réal Thivierge:



SUR LE CHEMIN DE L'AUTRE.
Eduquer au dialogue interreligieux en Méditerranée
Contribution d'Universités catholiques

ISBN 978-2-9510-8088-1
18 Euros



Couverture de l'ouvrage:
'La parole du milieu', huile et acrylique de Dr. Pamela Chrabieh Badine
24 x 30 cm, 2009.

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Le présent ouvrage est le résultat d’un travail de recherche effectué par le pôle euroméditerranéen du réseau «Religions et cultures » de la Fédération internationale des universités catholiques. Son titre, Sur le chemin de l’autre, est emprunté à une maxime énoncée naguère par le grand théologien catalan Ramon Llull (1235-1315), engagé jusqu’à y laisser sa vie dans le dialogue entre juifs, chrétiens et musulmans de Méditerranée. Il disait : « Il faut d’abord sortir de soi pour se mettre sur le chemin de l’autre ». Les signataires de cet ouvrage en ont tous fait peu à peu l’expérience.

En s’appuyant sur le colloque qui s’est tenu à Beyrouth du 28 au 29 octobre 2009, cet ouvrage rend compte de l’ensemble du travail du réseau. Il est organisé en trois parties : d’abord une présentation de la diversité des contextes (notamment en Grèce, en France, au Maroc et en Palestine), ensuite une prise en compte des différents regards disciplinaires (ceux du philosophe, du phénoménologue, du psychosociologue et du théologien, chrétien puis musulman), enfin l’ouverture de perspectives pour l’éducation (perspectives académiques, pédagogiques et spirituelles).


Fédération Internationale des Universités Catholiques.


Wednesday, October 20, 2010

Discussion: Reflections of the Lebanese Civil War


Memory, violence & reconciliation
18.00-19.30, Tuesday 26 October 2010
Anatomy Theatre Museum, King’s Building, Strand Campus
This event is hosted by the Centre for the Study of Divided Societies and the Middle East & Mediterranean Studies Programme.


lebanon book covers
Bringing together for the first time three experts on ‘Memory and Conflict in Lebanon’, to speak about their new books, we invite you to participate in a discussion on the Lebanese Civil War.

In their new books, Dr Franck Salameh,Language, Memory, and Identity in the Middle East: The Case for Lebanon; Dr Sune Haugbolle, War and Memory in Lebanon; Dr Craig Larkin Memory And Conflict In Lebanon: Remembering And Forgetting The Past, these authors explore the themes of civil warm memory, nationalism and identity, and truth and reconciliation in post-civil war Lebanon.

The panel will be chaired by the Director of the Centre for the Study of Divided Societies, Dr Michael Kerr, and his guests will examine the identity forming narratives at the heart of Lebanon’s conflicts and how the post-civil war generation remembers the past, before opening up for an hour of audience participation through questions and answers.

Image: Covers from the books by Salameh & Haugbolle. Larkin's book is forthcoming.


Panelists' biographies

MIchael Kerr is Director of the Centre for the Study of Divided Societies and Senior Lecturer in Middle Eastern Studies. He is a graduate of Essex University (BA Hons. Political Science), and the London School of Economics (MSc. Government; PhD. International History) where he was Leverhulme Research Fellow in 2007-08. Michael runs the MA in Conflict Regulation in Divided Societies and his research interests include power-sharing and third party intervention in divided societies, civil war and peace processes. PhD applications are welcome on these topics, with particular focus on Northern Ireland and Lebanon. He is the author of three books on regulating political conflict in Lebanon and Northern Ireland. His forthcoming book, The Destructors: The Story of Northern Ireland's Lost Peace Process will be published by Irish Academic Press in May 2011.

Franck Salameh is Assistant Professor of Near Eastern Studies at Boston College, Department of Slavic and Eastern Language and Literatures, where he teaches courses on the modern Middle East, ancient Near East, intellectual and cultural history of the modern Middle East, Arabic language, and modern Levantine literature. He is author of Language Memory and Identity in the Middle East; the Case for Lebanon, and The Annotated English Translation of Charles Corm's 6000 ans de génie pacifique. His current book projects are The Other Middle East, and Charles Corm; a Political Biography.

Sune Haugbølle is Assistant Professor in Modern Islam and Middle East Studies at the University of Copenhagen.

Craig Larkin is Associate Research Fellow in the Department of Politics, at the University of Exeter.

Friday, October 15, 2010

Réflexions sur le rôle des Églises et des chrétiens du Liban

Ci-dessous un article qui porte à réflexion, notamment en ce qui concerne l'importance de la désinstrumentalisation du religieux au Liban ou de la dépolitisation de celui-ci. Il est évident que dans cet article, la politique est définie au sens particulier de la gestion de la Cité par les politiciens et les institutions religieuses (Eglise = institution). Alors que nous définissons habituellement la politique par la gestion générale de la Cité - donc la religion y a part - ou la Nation, et l'Eglise = la communauté des croyants - qui ne se limite pas aux institutions et clercs. Une question se pose: dans quelle mesure cette désinstrumentalisation pourrait s'effectuer? A mon avis, il est peu probable qu'elle se fasse... Il me semble qu'il pourrait y avoir une issue aux méandres de notre contexte par étapes progressives: d'une instrumentalisation néfaste pour beaucoup à un moindre 'mal', voire une instrumentalisation négative affaiblie, supplantée par des dynamiques constructives d'une meilleure gestion de la relation religion-politique. Du moins à court et moyen termes...

Et en ce qui concerne l'émigration, celle-ci porte en elle des avantages et des désavantages, tout dépend pour qui, dans quelle situation et en quel moment. Toutefois, les avantages l'emportent bien souvent, vu que la continuité (et donc la survie) d'une religion, d'une culture, d'une civilisation, d'une nation etc., se fait dans et à travers les échanges, les relations, les ouvertures, les ruptures, les changements...

Merci encore pour cet article fort éclairant... Réflexion à poursuivre!

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L’Orient-LeJour 13.10.2010

Réflexions sur le rôle des Églises et des chrétiens du Liban
EN MARGE DE L’ASSEMBLÉE SPÉCIALE DU SYNODE DE ROME Par Sami AntoineKHALIFÉ
Tout d'abord, je tiens à préciser que les commentaires qui suivent sont le résultat de ma réflexionsur les Églises du Liban, cela non pas dans un but d'exclusion des Églises des autres pays ni dansl'intention d'accaparer l'attention sur nos Églises, mais par respect pour les autres. Même si je suis informé et continue de m'informer sur la situation de toutes les Églises du Moyen-Orient, d'autres que moi sont mieux habilités à en parler.Après une réflexion approfondie sur le «Lineamenta» et sur l'«Instrumentum laboris», l'impression générale que me laisse cette action est bien de l'ordre d'un «examen de conscience», pour montrer un certain intérêt au sort des «frères d'Orient», sans vraiment s'attaquer aux causes réelles des problèmes ni à chercher quelques ébauches de solutions concrètes. De plus, à vouloir trouver un dénominateur commun à toutes les Églises d'Orient, en survolant les difficultés et problems spécifiques à chacune d'entre elles, nous aboutissons à des généralités sur lesquelles tout le monde tombe forcément d'accord, mais qui auront peu de chance d'améliorer ou de changer une situation qui va en se détériorant. (Le document Kairos Palestine, qui nous va droit au coeur et appelle à la conscience de tout chrétien, est un exemple patent d'une spécificité qui mérite notre attention ciblée ainsi que nos actions coordonnées). Qu'à cela ne tienne, voici quelques commentaires que je soumets, avec humilité, à nos évêques à l'occasion du synode et à tout chrétien engagé dans ce Moyen-Orient, berceau du monothéisme judaïque, chrétien et musulman. (Les § se réfèrent aux paragraphes correspondants du Lineamenta et les paragraphes ci-dessous suivent l'ordre des suggestions du même document).1- Il est vrai que notre Église se trouve dans une attitude défensive et de repli sur soi: «Le dangerest dans le repliement sur soi et la peur de l'autre», §17. Nos Églises se replient vis-à-vis de leurspropres fidèles dans une attitude qui les empêche de mettre les ressources de ces derniers àcontribution. Nous nous fragmentons, chacun pour soi, «L'esprit de rivalité nous détruit», §43: rien qu'à voir la multiplication des établissements scolaires et/ou universitaires, on peut imaginer les résultats éblouissants qu'on obtiendrait avec des actions communes coordonnées et bien planifiées.2- Nos Églises semblent perdre de plus en plus leur autorité morale : quand on voit le nombre depersonnes qui désertent et/ou qui changent de confession pour des raisons de facilité de vie courante «convenante» et/ou qui se contentent de fréquenter les églises par «tradition» et/ou pour la photo souvenir à l'occasion des fêtes et/ou par besoin de certaines formalités, etc., nous nous posons de sérieuses questions. Loin de moi l'idée que nos Églises ne se soient pas posé ou ne se posent pas ces questions très souvent ; mais je constate que depuis des dizaines d'années, elles perdent de leur autorité morale à vue d'oeil. C'est un phénomène mondial, dit-on. Probablement, mais cela ne doit pas être une fatalité au Liban, étant donné les rapports étroits et solides qui lient traditionnellement les fidèles à leur Église. Face à cette perte d'autorité morale, nos Églises semblent trouver un substitut en devenant des «acteurs politiques au quotidien».3- Nos Églises ont, depuis des siècles, pris des positions «politiques» de portée «historique» pour le Liban : leur rôle «politique» ne peut pas être sous-estimé. Elles ont modelé le visage du Liban, très récemment encore, jusqu'en 2005. Toutefois, à vouloir se mêler de la vie politique au quotidien et transformer les homélies en discours politiques, nos Églises risquent de devenir des partis où les «membres» entrent et sortent en fonction des mouvances, sans compter l'instrumentalisation de l'Église par des politiciens peu soucieux de la place «historique» de celle-ci. Ce phénomène est préoccupant et grave, car les fidèles, exposés ces cinquante dernières années (du fait de leurs voyages, de l'émigration, de la vie à l'étranger, des communications modernes, etc.) à une separation entre le spirituel et le temporel en Occident, ont du mal à s'identifier avec une Église qui mêle, de plus en plus, religion et politique.4- Nos Églises devraient suivre l'exemple de Rome et reprendre leur rôle de gardiens des valeurs en restant au-dessus de la «politicaillerie». Elles pourront rappeler, avec l'autorité morale qui leur est reconnue, à «tous» les hommes politiques leur devoir d'actions citoyennes. À l'exemple du pape, nos Églises portent le flambeau des valeurs chrétiennes et universelles, pour les chrétiens et pour tous les hommes. Elles resteront un foyer de saints : sainte Rafqa, saint Charbel, saint Nehmetallah Hardini ou le bienheureux frère Estéfan Nehmé, etc. (non pas de «leaders politiques» ), comme elles l'ont été à travers les siècles.5- Évidemment, il y a ceux qui pensent qu'en tant que minorité, nous nous identifions à nos Églises, qui deviennent de facto les protectrices de nos droits communautaires et par conséquent un acteur politique par essence. En faisant entrer nos Églises dans les méandres de la politique au quotidien, nous entrons dans une spirale de laquelle nous sortirons tous perdants, tant sur les plans spirituel et moral que par l'éloignement des fidèles qui ne se reconnaissent pas dans une «Église politique».«Rendons à César...». Nous avons les conseils de communauté, des hommes politiques chevronnés et/ou d'autres qui aspirent à le devenir. Nos Églises sont là pour leur rappeler les valeurs chrétiennes afin qu'ils agissent selon ces valeurs.6- Les chrétiens sont pour le dialogue islamo-chrétien : nos Églises pourraient s'inspirer de ce qui se fait à l'USJ, développer un minicursus sur ce dialogue, et le promouvoir à travers nos paroisses et écoles, donnant ainsi l'exemple. Elles seront en mesure de prôner la même chose dans les écoles publiques ainsi que dans les écoles des autres religions. Pour ce, elles pourront mobiliser les fidèles dans le cadre d'un programme commun à toutes nos Églises, établi au niveau national. La décision prise par le gouvernement de faire à l'occasion de la fête de l'Annonciation une fête nationale islamo-chrétienne est une preuve, s'il en faut, que ce dialogue, poursuivi sous l'égide de l'Église, peut créer amitiés, convivialité, respect de l'autre, contribuant ainsi à éloigner les sentiments d'exclusion. Nos Églises pourraient multiplier ces initiatives de dialogue entre leurs fidèles respectifs de même qu'avec ceux des autres religions.7- Les médias locaux et internationaux (Le Jour du Seigneur, Zenit, l'Osservatore Romano, etc.) qui portent le message de l'Église devraient diffuser et faire davantage connaître à travers le monde les activités des chrétiens d'Orient pour le sensibiliser à leurs défis.8- L'émigration (ici, je ne parle pas de l'émigration massive et/ou forcée, comme c'était le cas au Liban et c'est le cas actuellement avec les chrétiens d'Irak et de Palestine, qui doit attirer notre plus grande attention et qui est à juste titre une des préoccupations du synode) n'est-elle pas un «épouvantail politique», qu'on secoue devant les fidèles par une homélie sur deux ? À l'âge de la mondialisation et de la globalisation, la mobilité et l'émigration sont devenues un avantage, une force et une ressource inestimables pour ceux qui les utilisent à bon escient. Il y a au Liban une tradition d'émigration et de mobilité depuis des millénaires. Je n'offusquerai personne en rappelant que nos migrations remontent aux Phéniciens, ni en parlant des contributions (plus que le quart du PIB) des émigrés à l'essor du Liban : je cite L'Orient-Le Jour du 15/02/2010 : «En parallèle, les transferts des expatriés (en 2009) sont restés stables en dépit de la crise financière internationale, totalisant quelque sept milliards de dollars, selon les dernières estimations.» Le gouverneur de la Banque du Liban, M. Riad Salamé, déclare que ces transferts ont d'ailleurs contribué à «un excédent de 2,7 milliards de dollars au niveau de la balance de paiement» fin août 2010 (L'Orient-Le Jour du 9/10/2010). Ou encore, les dernières visites de certains émigrés célèbres comme MM. Carlos Slim et Carlos Ghosn, qui ont établi des contacts enrichissants l'un dans le cadre de l'USJ, l'autre dans celui de l'USEK, sans parler des réunions qui ont eu lieu avec nos Églises. 9- L'émigration (non forcée) est une réalité qu'il s'agit d'accepter afin de la transformer en force au service de nos Églises : selon une étude de l'USJ (OLJ du 27/03/2010), de 446 000 à 640 000 (Libanais) ont quitté le Liban entre 1992 et 2007; de ce fait, 45 % des ménages ont donc au moins un membre de la famille résidant à l'étranger». Quand on sait l'importance des liens familiaux au Liban, l'attachement à la paroisse, au village, au pays, etc., on peut envisager que nos Églises développent un programme compréhensif (une tâche à entreprendre par les fidèles) pour consolider les relations entre les émigrés et les paroisses du Liban, sans qu'il s'agisse nécessairement de leur paroisse d'origine, afin de favoriser les échanges. À titre d'illustration et sans être exhaustif :
- le jumelage de paroisses entre celles du Liban et celles des pays de l'émigration avec à l'appui des
programmes d'échanges religieux et culturels ;
- le parrainage par les paroisses des émigrés de projets conjoints avec les paroisses du pays ;
- la défiscalisation dans les pays hôtes des dons faits par les émigrés à leur Église
- le patronage par les émigrés de projets éducatifs, sociaux, culturels ;
- nos Églises pourraient, sur leurs terres, favoriser le développement d'habitations qui seraient
vendues ou louées à long terme aux émigrés (cela est bénéfique pour l'économie des Églises et du pays), Ce qui renforcera l'attachement de ces derniers à la terre de leur Église et, par effet d'osmose, limitera la vente des terres par les chrétiens résidents;
- etc.Cela demande une ouverture de nos Églises aux émigrés, la mise à contribution et l'engagement de ces derniers dans l'action de celles-ci. L'émigré en général, du fait d'un rythme de vie relativement bien cadencé à l'étranger, est disponible pour s'engager sur des projets qui le motivent et valorisent son appartenance à son Église d'Orient. Ainsi, il aura la satisfaction de la soutenir, de même que son pays. Mettre ces bonnes volontés à contribution et faire en sorte que leur attachement et engagement restent vivaces transformeront l'émigration d' «épouvantail» en forces vives au service du pays.
10- L'émigré est un relais précieux pour la diffusion du message de nos Églises à travers le monde : avec une documentation bien préparée, l'émigré peut faire connaître nos Églises d'Orient et les défis auxquels elles font face dans son pays d'adoption.
11- Quant aux défis posés à notre pays, je considère le rôle de nos Églises primordial dans ces
domaines : «Parler de paix et oeuvrer pour la paix», «Expliquer le sens de la laïcité», «La modernité (je me permets de préciser, la modernité mal comprise et mal vécue) est aussi un risque pour les chrétiens.» Nos Églises, porteuses des valeurs de l'Évangile, sont notre rempart contre les assauts de la modernité destructrice de nos familles et de nos sociétés, et le phare qui éclaire notre chemin vers une modernité qui suit les enseignements de l'Évangile.
12- Le chrétien doit agir avec son Église pour contribuer à la promotion des droits de l'homme, au développement d'une relation islamo-chrétienne digne et à un essor économique, social et culturel pour son pays. L'Église reste notre guide spirituel pour nous approcher du Seigneur.
13- Les conseils de communauté sont appelés à prendre le relais de l'Église sur la scène politique. Les laïcs (pas les «laïcs» définis dans le Lineamenta §30) chrétiens, résidents et émigrés, doivent s'investir plus à fond dans la vie de leur Église et s'engager activement pour multiplier et consolider les liens avec elle.
Je voulais parler de notre situation au Liban, parler d'un vécu qui nous touche dans notre vie au
quotidien, ce vécu qui nous est propre, nous les chrétiens d'Orient, et qui est probablement observe avec des longues vues à partir de Rome et/ou de l'Occident en général. J'ai grand espoir qu'avec la bénédiction et l'intercession de la Vierge Marie, le synode des évêques catholiques pour les Églises du Moyen-Orient relèvera les énormes défis auxquels font face toutes les Églises d'Orient, pas seulement les catholiques, chacune avec ses propres difficultés, et qu'il aboutira à des resolutions concrètes qui permettront aux chrétiens d'Orient de vivre comme des citoyens fondateurs depuis des millénaires des pays où ils se trouvent en toute liberté, sans contrainte ou intimidation. Ainsi, ils pourront continuer à contribuer au développement de leurs pays sans crainte pour leur avenir et celui de leurs enfants en harmonie entre eux dans l'esprit oecuménique et aussi avec leurs concitoyens musulmans en toute fraternité. Les chrétiens seront des témoins du Christ sur les terres de leurs ancêtres, terres qui ont été foulées par le Christ et ses apôtres.
Le Liban en particulier et le Moyen-Orient en général sortiront grandis comme étant l'antithèse du «choc des civilisations», voire l' «harmonie des civilisations».

Tuesday, October 12, 2010

"مواطنون مسيحيون" إلى "إخوتهم المسلمين": نحبّكم جميعاً ولا نريد اختيار أحدكم

وجّه "مواطنون لبنانيون مسيحيون" نداء الى "اخوتنا المسلمين في لبنان" جاء فيه:
"في ظل الاوضاع السياسية المتأزمة التي يعيشها الوطن والكلام عن عودة الى الاقتتال بين الاخوة، جئنا بكتابنا هذا، نحن مواطنون مسيحيون اخوتكم في الوطن، كي نقف امامكم راجين وقائلين بربكم وربنا الذي هو الله واحد لا تتقاتلوا.
علمتنا الحرب الاهلية الطويلة عدم جدوى الاقتتال الداخلي، كما أكدت لنا اننا اخوة. وقد امتدت ايدينا سابقا لتقاتل مسيحيين آخرين فتعلمنا مرارة وقساوة ودموية الحروب الداخلية. الحروب لا يربحها احد بل يخسرها الجميع. وهل ربح احد حربا دون دمار ودم وشقاء وخسائر اقتصادية؟ أليست هذه الخسارة بعينها؟
نعرف ان اي جرح في الوطن يطال الوطن اجمع، واذا تزلزلت منطقة ضربت ارتداداتها كل ارجاء لبنان.
التفاهم والحوار هما اسهل واقصر الطرق الى الحل الذي لا يمكن ان يكون الا مناسبا للجميع.
نحن نقدم انفسنا عونا لكم كي نقوم بكل ما يلزم مهما غلا الثمن كي نقرب بينكم لنتخطى معا هذه المرحلة الصعبة من تاريخ وطننا.
اننا نحبكم جميعا ونريد ان نتمكن دائما عبر العيش السلمي والهنيء من ان نحيا بقربكم ومعكم، فلا تمنعوا عنا هذه النعمة. لا نريد ان نضطر غدا الى اختيار احدكم بدل الآخر كي نتحالف معه. نريدكم موحدين في لبنان وطنا للجميع، اقوياء كي نقوى معكم، لا ضعفاء متخاصمين فنسقط جميعا في جحيم الاوطان الممزقة. وحدها المحبة ومراعاة مصلحة الآخر والتضحية هي الحل".
ووقع النداء: "الاخت اميلي طنوس، السيد طوني صوما، السيد فوزي محفوظ، المهندس بسام طبشوري، الاستاذ رامز سلامة، السيدة ماري شفتري، السيد حنا صفطلي، النقيب بولس عريس، السيدة بدر لونا الذوقي اشقر، الآنسة زينة صفير، السيد الياس بو عاصي، الاخ غبريال خيرالله، السيد سامي فلفلي، الدكتور ملحم خلف، السيد جورج عسيلي، الاب طوني خضرا، الاخ فادي صفير، الآنسة ريموند معلوف، الآنسة ايمان اشقر، الآنسة ناريمان اشقر، السيد بول يمين، الصحافي ماجد ابو هدير، السيدة هنرييت بستاني، السيد طوني يمين، الآنسة جاكلين عواضة، الدكتورة باميلا شرابية بدين، السيد اسعد شفتري، الاستاذ رولان طوق، الآنسة كريستيان جعيتاني، القاضية غادة عون، السيد موريس قرطاس، السيدة ماري فرنسواز دليفير، السيد سمير دوماني، الاستاذ روجيه جعارة، الصحافي اسكندر شديد، السيد جورج غالي، السيد ريان اشقر، الآنسة شيرين محشي، السيد افو سيفاك قره بت، الآنسة انجيلا عبد الساتر، الآنسة جسيكا مفوض، السيد فادي بسترس، الآنسة فاديا ابو ديب والمهندس بيار ناكوزي

An-Nahar الثلاثاء 12 تشرين الأول 2010 - السنة 78 - العدد 24190
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Monday, October 04, 2010

Une nouvelle guerre entre ISRAEL et le LIBAN? Telle n'est pas la question à poser

Il pleut une rafale de rapports ces derniers temps sur la possiblité ou non qu'il y ait une guerre entre Israel et le Liban. Les spéculations sur le vainqueur et le vaincu fusent de partout, ainsi que des analyses des armes qui seraient utilisées, leur efficacité, les tactiques militaires, etc. La quasi-totalité pose toujours la fameuse question de départ: y aura-t-il une nouvelle guerre entre Israel et le Liban? Or, cette question, à mon humble avis, ne devrait pas avoir lieu, du simple fait que le Liban et Israel sont en guerre; une guerre continue depuis des décennies. Le statut-quo à la frontière Sud du Liban n'est nullement synonyme de la paix. La chasse aux sorcières -espions à la solde d'Israel - ne rime pas avec 'relations stables'. Les infractions quotidiennes des eaux et du ciel libanais par l'armée israélienne ne relèvent pas de stratégies conviviales. La haine qui sévit dans les esprits des deux peuples - du moins en leur majorité - ne contribue qu'à ajouter du bois au feu du conflit. La guerre est bel et bien réelle. Elle n'a jamais disparu de la réalité des individus et des collectivités vivant dans ces deux territoires connexes et au sein de leur diasporas respectives. Elle est présente et ancrée dans les mémoires, le vécu, les politiques pensées et pratiquées.

La question qui serait 'posable' - et donc potable' : quand y aurait-il une reprise des combats physiques? Toutefois, les réponses à cette question se situent au stade de la spéculation, ou de la chiromancie. Il est certes probable qu'une guerre physique ait lieu à court ou moyen termes , mais de là à spécifier une ou des dates... Une autre question serait de miser sur la victoire et la défaite de tel ou tel autre parti, mais là aussi les visions sont diverses. Tout dépend du sens qu'on donne à ces termes.

Pour ma part, je suis en attente, tout en poursuivant mon oeuvre dans la construction de la paix. Mon attente, comme celle de bien d'autres individus, est pénible. La confusion entre l'espoir et le désespoir, la joie et la tristesse... Une sorte de no man's land qui serait habité par toutes sortes de créatures étranges, vampires et loups-garous, bonnes fées et lutins... Le comble de l'ironie: lorsqu'on me demande de choisir entre les guerres 'interne' et 'externe'... La guerre au Liban porte en elle est est portée par l'interne et l'externe. L'un ne va pas sans l'autre. Les deux processus/dynamiques/réalités font 'mal', voire très mal, puisqu'interconnectés.

L'attente se prolonge... Comme un veilleur qui attend l'aurore, que celle-ci soit la suite des peines ou le commencement d'une nouvelle ère!

Monday, September 27, 2010

Transmissions du religieux chez de jeunes Libano-Canadiens


Ci-dessous des extraits:

Analyser la transmission de la religion au sein de la communauté Libano-Canadienne ne constitue pas une tâche aisée. En effet, celle-ci révèle l’existence d’une diversité de visions et de pratiques allant de la transmission dite traditionnelle (enseignement religieux à la paroisse, centre islamique, famille, cours d’été dans le pays d’origine) à l’absence de toute transmission. Nous nous intéressons particulièrement aux nouvelles transmissions ou les transmissions ‘alternatives’ qui émergent chez des jeunes Libano-Canadiens vivant au Canada – notamment à Montréal, au Liban ou entre les deux pays. Nous présenterons dans notre communication quelques caractéristiques de ces transmissions en nous basant sur une recherche qualitative en cours depuis 2004 avec déjà plus d’une centaine de jeunes, dont 60 sont Libano-Canadiens.

1- De quelle génération de Libano-Canadiens ou de quelle vague d’émigration s’agit-il?

(...) Les jeunes Libano-Canadiens dont il est question dans notre communication sont issus des troisième et quatrième vagues. Certains ont émigré avec leurs parents, d’autres seuls; certains sont restés quelques années au Canada et sont retournés au Liban, d’autres s’y sont installés définitivement, et d’autres encore se déplacent continuellement entre les deux pays.

2- Appartenances religieuses et modes ‘traditionnels’ de transmission de la religion

Nous ne possédons pas d’informations détaillées concernant le mode de transmission de la religion des premières communautés libano-canadiennes. Nous savons uniquement que ces deux vagues étaient formées en grande partie de chrétiens de Rachaya et que plusieurs églises chrétiennes orientales furent édifiées au début du 20e siècle. Toutefois, les libano ou syro-canadiens de l’époque ne suivaient pas tous la paroisse de leur appartenance confessionnelle d’origine. En 1892 par exemple, un groupe de Libanais avait demandé à l'archevêque catholique de Montréal de leur accorder une église pour un prêtre qui fut envoyé du Liban par le patriarche melkite. Les dirigeants de la paroisse Saint-Sauveur avaient inséré dans la pétition les noms de maronites et de grecs-orthodoxes.

La majorité des Libanais qui avaient choisi d’émigrer au cours de la troisième vague était des chrétiens de toutes les classes sociales voulant fuir la guerre, ce qui a renfloué le nombre de chrétiens libanais. Selon Statistiques Canada (2001), la majorité des Canadiens d’ascendance libanaise sont chrétiens.[1] En 2001, 42 % des membres de la communauté libanaise du Canada se disaient catholiques, tandis que 11 % étaient chrétiens orthodoxes et 10 % appartenaient à une confession protestante ou un autre groupe chrétien. Le plus grand nombre d’églises, de paroisses et d’organisations chrétiennes libanaises et orientales a vu le jour avec cette vague. La circulation entre les lieux de culte de confessions différentes est restée monnaie courante. Il ne s’agit pas d’une conversion d’un rite à un autre mais plutôt d’une sorte de dépassement de la référence confessionnelle d’origine. L’important est de se rendre a une église libanaise – on parle de ‘saints libanais’.

Parallèlement, 30 % des gens d’origine libanaise du Canada se déclaraient musulmans, mais les confessions ne sont pas mentionnées. Nous savons que les premières communautés islamiques n’avaient pu établir des institutions religieuses. La pratique religieuse individuelle n’était pas courante. Les institutions qui furent créées par la suite par des Syriens et des Libanais principalement étaient ouvertes aux musulmans de diverses origines culturelles et ethniques – Toronto, Nova Scotia, Ottawa, London, Calgary, Montréal, Alberta, etc. En 1938, la mosquée Al Rashid est construite à Edmonton, ce qui en fait la première mosquée du Canada, mais ce n’est qu’ à partir des années 50 que les libanais musulmans affluent en plus grand nombre au Canada. De nombreuses mosquées et associations musulmanes sont affiliées avec le Conseil des communautés musulmanes du Canada (The Council of Muslim Communities in Canada) qui a fut fondé en 1972 et est basé à Toronto.

En dépit de l’édification croissante d’institutions et d’associations religieuses, plusieurs individus et familles ont choisi de quitter le Canada et de rentrer au Liban, notamment pour l’éducation de leurs enfants, ne voulant pas que ceux-ci évoluent dans un environnement marqué par la crise religieuse et familiale. Selon le Consulat libanais a Montréal, les libano-canadiens des troisième et quatrième vagues qui sont rentrés au Liban peuvent être divisés en quatre catégories : les pères de famille qui avaient fermé leurs entreprises à Beyrouth durant la guerre et qui ont décidé de les rouvrir ; les professionnels qui n’ont pas pu exercer leurs métiers au Canada car leurs diplômes n’ont pas été reconnus ; les étudiants qui faisaient simplement leurs études à l’étranger et qui souhaitaient rentrer chez eux ; enfin, ceux qui attendaient la fin de la guerre pour pouvoir retourner. Mais l’une des principales raisons qui a poussé de nombreux émigrés à regagner le Liban est l’éducation des enfants et la preservation de la cellule familiale ainsi que des traditions et coutumes du pays d’origine.

Une analyse intéressante sur le retour des libano-canadiens au Liban fut d’ailleurs a la base d’un documentaire-vidéo produit par Pimiento Productions (2008-2009) et diffusé par RDI, montrant notamment que la peur de la perte des valeurs familiales et de l’identité religieuse constitue une des plus importantes causes du mouvement de retour, et démontrant de surcroit que la transmission de ces valeurs ne peut s’effectuer facilement sur le sol canadien.

Toutefois, la laïcisation des comportements qui se manifeste à travers les alliances matrimoniales mixtes (mariages interconfessionnels, interreligieux, Libano-Canadiens et Canadiens…) et les visions/pratiques plurielles des jeunes des troiseme et quatrieme vagues, dont la pratique religieuse peu soutenue ou quasi-inexistante, constitue des arguments majeurs que ces familles qui quittent le Canada utilisent pour expliquer leur départ. Notons que pour la grande majorité des jeunes interviewés, le rythme de fréquentation des lieux de culte dépend de leur disponibilité et se concentre principalement sur les fêtes importantes. Leur participation à ces temps forts est une façon de maintenir le lien avec le pays d’origine ou un moment de partage en famille, encore plus qu’une question de mise en pratique de la foi ou d’appartenance religieuse-confessionnelle. Cette derniere appartenance existe pourtant, mais elle se manifeste ailleurs, que ce soit a l’école, a l’université, au milieu du travail etc. Depuis les attaques du 11 septembre 2001, beaucoup de Libanais furent victimes de discrimination, ce qui a contribué a déclencher ou a renforcer l’attitude/l’identité religieuse-confessionnelle et la ghettoisation.

3- Modes ‘alternatifs’ de transmission de la religion

Selon la majorité des jeunes interviewés dans le cadre de ma recherche, la transmission des préceptes religieux ainsi que des valeurs-traditions et coutumes du pays d’origine n’est plus que l’affaire des institutions religieuses et du milieu familial. La transmission veut dire pour eux continuité, non immuabilité. Or, leurs familles et les milieux institutionnels traditionnels ne leur offrent pas, a leur avis, un impératif culturel qui est le changement, lequel a son tour assure la continuité. Ces jeunes ne rejettent donc pas la religion, mais ils en ont une définition plus large: elle engloberait l’ensemble des croyances et des pratiques d’individus et de communautés et ne se limiterait pas aux institutions religieuses. Ils ne rejettent non plus l’appartenance religieuse et confessionnelle, mais celle-ci est soit reléguée a un deuxieme ou troisieme rang derriere l’appartenance nationale ou bi-nationale, l’appartenance linguistique, l’appartenance culturelle, etc. Ou elle releverait pour certains du privé, non du public, et ceux-ci ne l’associent pas nécessairement a l’obligation de transmettre. En fait, transmettre pour eux est une affaire de choix personnel, non d’obligation. Transmettre ou construire une mémoire et la partager engloberait donc ce qui fut appris, ce qui fut remis en question, ce qui fut gardé tel quel, ce qui se fait au présent et ce qui reste a advenir. Un processus de ruptures et de continuités, de changements, de relectures, de fidelité et de mimétisme. Pour ces jeunes, les lieux de socialisation traditionnels ont encore leur fonction dans la transmission du savoir, des pratiques et des valeurs, mais elle est incomplete sans d’autres contributions, dont la leur, puisqu’ils se percoivent en tant qu’etres humains et citoyens cherchant la vérité, voire leurs vérités qui font sens a chacun et chacune d’entre eux. Le rapport a la lignée croyante se fait selon eux de diverses manieres et adopte plusieurs mediums. Or, celui qui retient le plus notre attention depuis 2004 notamment est l’Internet.

Exemple 1:

Des événements culturels et artistiques organisés par des groupes et des associations de jeunes tant au Liban qu’à Montréal comme Tadamon (« Poets against the War », 30 août 2006[3], « Fires of War and Voices of Resistance », 27 septembre 2006[4] etc., incluant des conférences, de la poésie, des performances musicales, le visionnement de documentaires et des panels de discussion concernant les luttes de membres de la communauté Libano-Montréalaise, toutes appartenances religieuses/confessionnelles et non religieuses/confessionnelles confondues, à l’encontre de la guerre et pour la paix, la justice sociale et les droits Humains au Liban). Dans tous ces cas et bien d'autres, les mediums virtuels furent privilégiés : blogs, pages facebook, Youtube, Twitter… [6]

Exemple 2: le projet Trait-d’union Islam Christianisme

Projet innovateur entrepris par une equipe libano-canadienne et interreligieuse, ayant abouti a la publication d’un livre de 700 pages, d’expositions de photos et de peintures dans plusieurs pays, et la constitution d’un reseau virtuel sur Facebook sur le dialogue, la memoire, la transmission du religieux, l’emigration et l’identite etc. Dans la page d’accueil du projet – site web Electrochocks Production [7]–, nous lisons ce qui suit:

“TRAIT D’UNION Islam – Christianisme est un projet innovateur qui, à travers la photographie, des rencontres avec des libanais du Liban et des membres de la diaspora, des entrevues, la tradition orale et la parole écrite, tente d’humaniser le dialogue entre l’Islam et le Christianisme, de lui rendre une dimension plus terre à terre, loin des politiques et des académies puisque toute société, toute politique et toute institution est d’abord composée de différents individus. Ce projet veut être ce trait qui unit et en même temps qui sépare deux croyances, deux cultures, dans le respect de la différence.

La devise du Québec est « Je me souviens ». C’est dans le souvenir du passé que l’on apprend, que l’on évolue afin de mieux vivre aujourd’hui. Si chaque peuple a des histoires en apparence différentes, c’est en se souvenant et en les racontant que l’on se rapproche et cette maxime devient alors celle de tous les peuples, de toutes les nations, de toutes les cultures et de toutes les religions”.

Les moyens virtuels utilisés permettent ainsi le partage et la transmission d’expériences et de croyances individuelles et collectives, tout en étant libéré de nombreuses contraintes. Pour les blogueurs contactés dans le cadre de notre recherche, l’Internet est un moyen d’accéder à la parole, d’avoir un contact, ne serait-ce qu’à travers une interface, avec une diversité de visions du monde et de modes de vie. De plus, maîtriser les techniques de la blogosphère et la vitesse de la transmission, c’est détenir une certaine forme de pouvoir – certains blogueurs par exemple jouent un rôle considérable en matière de perception et d’influence. Il est évident que la blogosphère Libanaise et libano-canadienne, ainsi que les divers autres mediums, apportent de nouvelles possibilités d’action. Ces réseaux proposent de constituer ou même de reconstituer la mémoire collective et de perpétuer le savoir. Mais en plus, ils permettent une plus grande liberté d’expression et de circulation de l’information et de la pensée. Selon Tengku Azzman Sheriffadeen, la nouvelle constellation de technologies Internet constitue un « shift » des structures traditionnelles et centralisées du pouvoir à une distribution horizontale de ce dernier entre des individus et des communautés de toutes appartenances.[8] Ainsi, la croissance phénoménale de la blogosphère Libanaise depuis juillet 2006 ne peut être uniquement résumée en une réponse à l’invasion Israélienne du Liban, mais aussi et surtout en la création de « lieux alternatifs » (alternative localities) pour la promotion d’une diversité de voix-es. Ces lieux permettent la redéfinition de la sphère politique tout en accélérant l’édification de ponts entre une pluralité d’identités (nationales, ethniques, religieuses, sociales, économiques, culturelles, etc.). En ce sens, les nouvelles technologies Internet offrent la possibilité pour ces forces habituellement exclues des sphères traditionnelles de s’exprimer et d’exercer leur autonomie.

En résumé, Internet constitue une :

- autorité incontournable de construction et de transmission du savoir.

- plateforme de prolifération de religiosités individuelles.

- plateforme commune de partage de vérités plurielles, de construction de liens, de dialogue et de convivialité - communalisation et communautarisme.

- plateforme de la transmission institutionnelle puisque la plupart des institutions religieuses y ont une présence active. Citons a titre d’exemple le site-web du Conseil Superieur Maronite du Canada.[9]

Citons aussi l’exemple de sites d’associations comme Hayat Canada, un portail d'informations qui cible principalement la communauté arabe et musulmane du Canada, dont celle libanaise.[10] Une section sur l’Islam et le Coran permet aux internautes d’avoir acces a des informations de base sur la religion, les principales croyances et les pratiques. On y a acces également a des chaines télévisées islamiques en plusieurs langues, des radios, des livres etc.

En ce sens, nous ne pouvons parler d’une disqualification des dispositifs de la validation institutionnelle du croire, mais d’une diversification et d’une démocratisation de la validité des croyances et des mémoires. Les institutions sont présentes sur le net, mais elles ne sont pas seules ni ne monopolisent l’espace. Nombreux sont les individus lesquels dans l’échange mutuel trouvent les moyens de valider leurs croyances. Certains tombent dans la prétention à dire le « croire vrai », à disposer de références solides, définitives et non-discutables. D’autres affirment détenir des vérités partielles et changeantes, ouvertes aux autres vérités. Dans les deux cas, on se passe de la légitimation de l'institution traditionnelle.

4- Perspectives d’avenir:

La question de la durabilité de tels modes alternatifs est actuellement débattue. Toutefois, la performance et l’impact de ces modes ne peuvent êtres mesurés à court-terme. Aussi, l’absence ou la rareté d’études scientifiques rend tout jugement à son encontre hasardeux et réducteur.[11] Ces études devraient analyser comment les subjectivités associées aux pratiques singulières du réseau Internet s’entrelacent avec les micro-mondes hérités ; entrelacements qui suscitent résistances et engouements, et « modifient les modes d’association et les manières dont se tissent les liens socio-culturels en même temps que ces derniers transforment cette appréhension toujours locale et singulière du nouvel espace numérique ».[12] Ces études devraient également analyser les diverses manières d’appropriation et de ré-appropriation du réseau Internet par de jeunes Libanais et libano-canadiens en considérant les difficultés qui émergent dont la censure opérée par les gouvernements. En effet, le réseau constitue un danger potentiel pour les gouvernants parce qu’il peut représenter un moyen d’action politique pour les internautes. Donc, la question d’Internet et des réseaux ouverts tel celui de la blogosphère est une question qui engage la réflexion sur la pensée, le savoir, la mémoire et les transformations inattendues qui dépassent les frontières des normativités de fait imposées par les gouvernements.

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[1] Remarque: selon Statistiques Canada (2001), relativement peu de gens d’origine libanaise déclarent n’avoir aucune affiliation religieuse. En 2001, 6 % de la population libanaise seulement faisaient cette déclaration, comparativement à 17 % dans l’ensemble de la population.

[3] Cet événement fut organisé par conjointement par Tadamon et Les Pages Noires Productions, présentant vingt poètes de diverses nationalités, en solidarité avec la paix au Liban.

[4] Cet événement fut organisé conjointement par Tadamon et l’Association des jeunes Libanais musulmans. Il fut parrainé par : Al-Hidaya Association, Block the Empire Montreal, Canadians for Justice and Peace in the Middle East, International Solidarity Movement-Montreal, No One Is Illegal-Montreal, QPIRG-Concordia, QPIRG-McGill, RAME, Solidarity Across Borders.

[6] Exemples de blogs libano-canadiens et de pages Facebook bi-nationales et interreligieuses: http://theinnercircle.wordpress.com/category/canada/page/2/; http://lebaneseamericanbloggers.blogspot.com/;

Lebanese Canadian Coordinating Council (LCCC) : http://www.facebook.com/group.php?gid=17974722934

Lebanese Canadian Progressive Society: http://www.facebook.com/group.php?gid=5161394723

Lebanese in Canada: http://www.facebook.com/lebaneseincanada

[8] Tengku Azzman SHERIFFADEEN. « Beyond Information Literary: A Malaysian Experiment », APEC Conference Information Literary’97, Tokyo, November 4, 1997, p.10.

http://www.umassd.edu/cfpa/docs/global.pdf (consulté: 12 septembre 2006).

[11] Une recherche concernant l’utilisation des technologies Internet dans le monde Arabe fut notamment entreprise en France par Samia MIHOUB-DRAMÉ. Internet dans le monde Arabe. Complexité d’une adoption, Paris, L’Harmattan, 2005. Toutefois, celle-ci traita uniquement le cas des pays du Maghreb et ne concerne pas le sujet de la religion.

[12] MIHOUB-DRAMÉ, op.cit., p.11.