Friday, July 18, 2008

Médias et désinformation au Liban

La réalité au Liban n'est pas ce qui est colporté par les médias...
D'autres réalités existent aussi!
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Bonjour à tous-toutes,
je me permets ici de rédiger une réponse au commentaire posté par Faysal (que j'ai d'ailleurs beaucoup apprécié, Merci Faysal!) dans le cadre de mon billet 'Breathing for Peace'.
1- Commentaire de Faysal (16 juillet 2008):
Pamela, merci pour tous ces souhaits de paix, mais là je voudrais te poser une question sur la réalité. Le président Michel Sleimane, le Premier ministre Fouad Siniora et des membres des principales formations politiques du pays, même celles opposées au Hezbollah, étaient rassemblés pour accueillir les prisonniers à l'aéroport avec une cérémonie censée symboliser l'unité nationale face à Israël.Les cinq militants libanais libérés mercredi par Israël ont été accueillis en héros dans le sud de Beyrouth par le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah et des dizaines de milliers de personnes. Il s'agissait de la première apparition publique depuis janvier dernier du chef du mouvement chiite.Nasrallah a déclaré aux dizaines de milliers de personnes venues célébrer la libération des militants que "l'ère des défaites est révolue, et l'ère des victoires est arrivée" pour le HezbollahParmi les détenus relâchés figure Samir Kantar, condamné à plusieurs peines de réclusion à perpétuité pour le meurtre d'un père, de sa fille de quatre ans et de deux policiers lors d'une infiltration en 1979 à Nahariya (nord d'Israël), près de la frontière libanaise.Kantar a promis aux partisans du Hezbollah qu'il continuerait à combattre l'Etat hébreu : "Je suis rentré aujourd'hui de Palestine, mais croyez-moi, je ne reviendrai pas avant d'être retourné en Palestine", a-t-il lancé à la foule en liesse. "Je promets à mon peuple et à mes proches en Palestine que je retournerai avec mes camarades de la vaillante résistance islamique".Mais que veut dire tout cela ? Où est le chemin vers cette paix lorsque on vit dans un tel aveugleument, dans une telle haine ? On livre deux cadavres à l'ennemi et on reçoit avec tous les honneurs ces cinq "héros"...Tout cela me parait trop indigne, trop dégoutant. Où est passé l'humanité, merde. De quelle démarche spirituelle peut-on parler face à une régréssion telle ? Oui... il va falloir avoir beaucoup de foi, d'espoir et accomplir un travail de long haleine, je vois venir la réponse... mais soyons sincères, est-elle une vraie réponse ?
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2- Ma réponse:
Salut Faysal. Merci pour ton commentaire et tes questions que plusieurs d'entre nous se posent également.
Il existe plusieurs réalités au Liban, dont une seule qui est constamment promue par les médias: celle qui se concentre sur les leaders, les institutions, les partis politiques, les ingérences étrangères et les nouvelles dites 'sensationnelles'. Or, à elle seule, cette réalité ne constitue pas toute l'histoire du Liban, ni son patrimoine, ni son peuple. D'autres réalités non promues, inconnues à l'échelle internationale et même à l'échelle nationale, forment le gros des dynamiques inter-Libanaises. Il s'agit d'espaces- de lieux de dialogue de vie, dans le quotidien; il s'agit de discours et d'actions continuels pour la paix, sans lesquels le Liban aurait explosé en mille miettes il y a bien longtemps, sans lesquels moi-même n'aurais pu écrire ces quelques mots de mon bureau à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth en ce moment.
Il m'est donc absolument important à titre individuel et avec les quelques collectivités avec lesquelles je travaille au Liban et ailleurs, de contribuer à faire la lumière sur ces réalités et à promouvoir des initiatives alternatives aux discours sur-médiatisés. Bien que certains événements soient importants comme l'échange des prisonniers (al 'athra) - martyrs (al chuhada') il y a deux jours, d'autres sont cruciaux: réconciliation nationale (non seulement entre leaders), dialogues pluriels (interreligieux, interconfessionnel, inter-générationnels, inter-genres, inter-classes sociales, etc.), sortie de la crise économique, traiter les problèmes environnementaux, trouver une solution équitable aux camps de réfugiés palestiniens et aux déplacés Libanais, oeuvrer sur la question de l'émigration - surtout celle des jeunes diplômés - et le chômage, etc.
Il y a moins de deux mois, les principaux courants politiques au Liban se sont combattus avec les armes ... Il y a deux jours, nous avons vu leurs leaders côte à côte rassemblés à l'aéroport de Beyrouth pour accueillir les prisonniers Libanais relâchés par les Israéliens. Aussi, le cabinet d'union nationale fut constitué au même moment... Paradoxe? Nullement... C'est le peuple, ou une partie du peuple qui suit ces leaders qui paye les pots cassés de leurs alliances et conflits éphémères. Des boucs émissaires? Des victimes d'une politique à facettes multiples? Oui et non... Oui en un sens, car victimes de leur ignorance et aveuglement. Non, car ils ont la responsabilité d'être citoyens avant même de 'suivre' tel ou tel autre zaïm, ou d'appartenir à telle ou telle autre communauté. De là l'urgence d'une culture de citoyenneté responsable et active.
Heureusement que des individus et des collectivités vivent cette citoyenneté et en font la promotion. Mais cette culture doit être nationalisée, généralisée, inculquée dans les écoles et les universités, dans les partis politiques et les centres culturels des municipalités. Une citoyenneté unie dans la diversité. A moins qu'il n'y ait une lutte constante pour penser et implanter cette culture (dans le cadre plus large d'une culture à la paix), le Liban sera toujours la proie de ses zouaama' (ses 'leaders') et des ingérences étrangères. Je l'avais déjà dit une fois et je me le redis chaque jour: la paix ne va pas nous tomber du ciel, ni ne sera faite par les 'leaders'. Elle est en chacun de nous et nous pouvons tous ensemble la faire advenir, même si celle-ci va prendre des générations de résistance.
Idéaliste? Nullement... Mes deux pieds, mon coeur et ma tête sont bien ancrés sur le terrain. Je puise mes principes, mon espérance et ma passion de la multiplicité des réalités au Liban. Se concentrer sur une seule de ces réalités (surtout celle qui promeut la violence) conduit inévitablement à désespérer du potentiel humain à faire et vivre la paix...!

8 comments:

  1. Nahwa al Muwatiniya is pleased to invite you to an open dialogue session with:
    Dr. Marcy Newman � American scholar and professor; she has done extensive research on Zionism

    Abdel Wahab Kassir - member in the NGO �Jews of Lebanon�

    Razan Ghazzawi � political activist; she is doing research on Arab Jewish
    identity

    Titled:
    Jews of Lebanon

    �And beyond



    We will discuss the history of Jews in Lebanon, their life today, their identity issues,
    the difference between Judaism and Zionism, and the role of Solidere in the historical Jewish area of Wadi Abu Jmil.


    PLACE: 961 Beer, Gemayzé (facing Doculand)
    DATE: Monday, July 21 at 7:00 p.m. sharp
    For more information:
    01 354466 / 03 562478
    info@na-am.org

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  2. Excellente initiative de Nahwa al Muwatiniya!
    Enfin quelqu'un qui ose parler de ce sujet tabou!

    G.

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  3. Pour faire suite à mon message. Merci Pamela de nous rappeler que le Liban n'est pas fait que de ces têtes que nous voyons déferler tous les jours à la télé. En voilà une réalité méconnue: les juifs Libanais! D'ailleurs, je ne crois pas que le problème entre Israëel et le Liban a affaire avec la religion. C'est le Sionisme que nous déplorons et critiquons. Pas le Judaïsme. L'amalgame est souvent fait malheureusement, pas par des Libanais nécessairement, mais plus encore par les Israéliens et leurs supporters, comme si être juif c'est être automatiquement israélien... réduction de la judéité à l'appartenance nationale à Israêl. A ce propos, je me rappelle Pamela que tu avais mentionné une fois la résistance juive à Israël. Bon à savoir!

    G.

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  4. Merci infiniment Pamela pour ta réponse. Rien à dire. Elle est claire, sage et elle va droit au noyau du problème : diagnostiquer le réel qui se cache derrière l'écran de fummée que fabrique le spectacle médiatique.

    Le poète et cinéaste iranien Abbas Kiarostami résuma en une phrase la démarche : "On se doit d'assumer la réalité. La réalité est le point de départ de tout changement."

    Merci d'aimer la vie, Pamela.

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  5. Merci à toi Faysal et au plaisir de te lire et d'échanger continuellement avec toi.

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  6. Nahwa al Muwatiniya is pleased to invite you to an open dialogue session with:
    Mr. Fadi S. Shayya
    Titled:
    SOLIDERE or Wasat Beirut?

    Complexities of Politics, Space, and Place


    Mr. Shayya received his masters in Urban Design from AUB, and is currently preparing his PhD in Landscape Planning. He is also the recipient of the 2008 Basil Fuleihan Innovative Good Governance Award.


    The discussion will be about downtown Beirut, its management, meaning, and symbolism. We will also talk about the role of Solidere and the division of the Lebanese people between Martyr Square and Riad El Solh Square.
    PLACE: Café Yet on Hadi Nasrallah Boulevard (intersection with Sfeir bridge) next to Pizza Plus, facing BLOM bank - Dahieh
    DATE: Monday, July 28 at 7:00 p.m. sharp

    For more information:
    01 354466 / 03 562478
    info@na-am.org

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  7. Chère Pamela (et amis),

    voici un poème-élégie que Mahmoud Darwich dédia à Edward W. Said, peu après sa disparition. Je le transcris en hommage à Darwich, qui vient de nous quitter. Heureusement que la vie ne saurait être autre chose qu'une résistance à la mort, heureusement que la haute poèsie ose suivre le même pas.


    CONTREPOINT, par Mahmoud Darwich

    New York. Novembre. 5e Avenue.
    Le soleil est une soucoupe éclatée.
    A l’ombre, j’ai interrogé mon âme étrangère : Cette ville est-elle Babylone ou Sodome ?

    Là-bas, au seuil d’un gouffre électrique haut comme le ciel, j’ai rencontré Edward, il y a trente ans.
    Les temps étaient moins impétueux.
    Chacun a dit à l’autre :
    Si ton passé est expérience, fais du lendemain sens et vision !
    Partons, partons vers notre lendemain, sûrs de la sincérité de l’imagination et du miracle de l’herbe.

    Je ne sais plus si nous avons été au cinéma ce soir-là, mais j’ai entendu des Indiens anciens me crier : Ne fais confiance ni au cheval ni à la modernité.

    Non. Aucune victime n’interroge son bourreau : Suis-je toi, et si mon glaive avait été plus grand que ma rose... Aurais-je agi comme toi ?

    Une telle question suscite la curiosité du romancier dans un bureau de verre donnant sur les lys d’un jardin... Là où l’hypothèse est blanche comme la conscience de l’auteur s’il solde ses comptes avec la nature humaine... Nul lendemain dans la veille, avançons donc !

    Le progrès pourrait être le pont du retour à la barbarie...

    New York. Edward se réveille sur la paresse de l’aube. Il joue un air de Mozart. Dispute une partie de tennis sur le court de l’Université. Réfléchit au périple de la pensée par-delà les frontières et les barrières. Parcourt le New York Times. Rédige sa chronique nerveuse. Maudit un orientaliste qui guide un général au point faible dans le cœur d’une orientale. Se douche. Choisit un costume avec l’élégance d’un coq. Boit son café au lait et crie à l’aube : Ne traîne pas !

    Sur le vent, il marche. Et dans le vent, il sait qui il est. Pas de toit au vent. Pas de demeure. Et le vent est une boussole pour le nord de l’étranger.

    Il dit : Je suis de là-bas. Je suis d’ici et je ne suis ni là-bas ni ici. J’ai deux noms qui se rencontrent et se séparent, deux langues, mais j’ai oublié laquelle était celle de mes rêves. J’ai une langue anglaise, au vocabulaire docile, pour écrire. Et une autre, venue des conversations du ciel avec Jérusalem. Son timbre est argenté, mais elle est rétive à mon imagination.

    Et l’identité ? J’ai dit.
    Il répondit : Autodéfense... Donnée à la naissance, l’identité est finalement façonnée par celui qui la porte, elle n’est pas héritage. Je suis le multiple... En moi, mon dehors renouvelé. Mais j’appartiens à l’interrogation de la victime.
    N’étais-je de là-bas, j’aurais entraîné mon cœur à élever, là-bas, la gazelle de la métonymie...

    Porte donc ta terre natale où que tu ailles et sois narcissique s’il le faut.

    – Exil, le monde extérieur. Exil, le monde caché. Qui es-tu donc entre eux ?
    – Je ne me présente pas de peur de me perdre. Et je suis ce que je suis.
    Et je suis mon autre dans une dualité harmonieuse entre parole et signe.
    Si j’étais poète, j’aurais écrit :
    Je suis deux en un, telles les ailes d’une hirondelle
    Et si le printemps tarde à venir, je me contente de l’annoncer !

    Il aime des pays et les quitte. (L’impossible est-il lointain ?) Il aime migrer vers toute chose. Car, dans le voyage libre entre les cultures, il y a place pour tous ceux partis à la recherche de l’essence de l’homme.

    Voici qu’une périphérie avance, qu’un centre recule. L’Orient n’est pas totalement Orient ni l’Occident, Occident. Et l’identité est ouverte au multiple.
    Elle n’est ni citadelle ni tranchée.

    La métaphore dormait sur l’une des rives du fleuve. N’était la pollution,
    Elle aurait enlacé l’autre rive.

    – As-tu écrit ton roman ?
    – J’ai essayé... Tenté de retrouver mon image dans les miroirs des femmes lointaines. Mais elle se sont enfoncées dans leur nuit fortifiée. Et elles ont dit : Notre univers est indépendant du texte. Aucun homme n’écrira la femme, énigme et rêve. Aucune femme, l’homme, symbole et star. Nul amour ne ressemble à un autre, nulle nuit à une autre nuit. Laisse-nous donc énumérer les vertus des hommes et rire !
    – Qu’as-tu alors fait ?
    – J’ai ri de mon absurdité et mis mon roman au panier.

    Le penseur bride le récit du romancier et le philosophe dissèque les roses du chanteur.

    Il aime des pays et les quitte : Je suis qui je serai et deviendrai. Je me construirai moi-même et choisirai mon exil. Mon exil est l’arrière-plan de la scène épique. Je défends le besoin des poètes de gloire et de souvenirs, et défends des arbres qui habillent les oiseaux de pays et d’exil, une lune encore apte à un poème d’amour, une idée brisée par la fragilité de ses défenseurs et un pays enlevé par les légendes.

    – Pourrais-tu revenir à quoi que ce soit ?
    – Ce qui m’attend me tire et se presse... Je n’ai pas le temps de tracer des traits sur le sable. Mais je peux visiter le passé comme le font les étrangers quand ils écoutent le poète pastoral dans le soir triste :
    « A la fontaine, une jeune fille emplit sa jarre de larmes des nuages
    Et elle pleure et rit d’une abeille qui a piqué son cœur à l’heure du départ.
    L’amour est-il douleur de l’eau ou maladie dans la brume... »
    (Et cætera, et cætera, jusqu’à la fin de la chanson.)

    – Tu pourrais donc être atteint du mal de la nostalgie ?
    – Une nostalgie pour le lendemain. Plus lointaine, plus élevée et plus lointaine. Mon rêve guide mes pas et ma vision pose mon rêve sur mes genoux, chat familier. C’est le réel imaginaire, le fils de la volonté : Nous pouvons modifier la fatalité du gouffre !
    – Et la nostalgie du passé ?
    – Un sentiment qui ne concerne que le penseur soucieux de comprendre l’attrait de l’étranger pour les outils de l’absence. Quant à ma nostalgie, elle est un combat pour un présent qui s’agrippe au lendemain.
    – T’es-tu infiltré dans hier, le jour où tu t’es rendu à la maison, ta maison, à Jérusalem, dans le quartier de Tâlibîya ?
    – Tel l’enfant s’il a peur de son père, je m’étais préparé à me cacher dans le lit de ma mère. J’ai essayé de revivre ma naissance, de suivre le chemin du lait sur le toit de ma vieille maison, essayé de palper la peau de l’absence, de sentir le parfum de l’été dans le jasmin du jardin. Mais l’hyène de la vérité m’a éloigné d’une nostalgie qui, derrière moi, se tenait sur ses gardes telle une voleuse.
    – As-tu eu peur et de quoi ?
    – Je ne peux rencontrer la perte face à face. Tel le mendiant, je me suis tenu à la porte. Demanderai-je à des inconnus qui dorment dans mon lit la permission de me rendre visite à moi-même cinq minutes ? Me courberai-je avec respect devant les occupants de mon rêve d’enfance ? Demanderont-ils : Qui est ce visiteur étranger et indiscret ? Pourrai-je seulement parler de paix et de guerre entre victimes et victimes des victimes, sans mots superflus et sans incises ? Me diront-ils : Pas de place pour deux rêves dans le même lit ?

    Ni lui ni moi n’aurions pu.
    Mais lui est un lecteur qui s’interroge sur ce que nous dit la poésie au temps du désastre.

    Sang
    et sang
    et sang
    dans ta patrie
    Dans mon nom et le tien, dans la fleur d’amande, la peau de banane, le lait de l’enfant, la lumière et l’ombre, le grain de blé, la boîte à sel. Des snipers virtuoses touchent leur cible.

    Sang
    sang
    sang
    Cette terre est plus petite que le sang de ses enfants, offrandes dressées aux seuils de la résurrection. Cette terre est-elle bénie ou baptisée

    Par le sang,
    le sang
    le sang
    Que n’assèchent ni les prières ni le sable ? Pas de justice suffisante dans les pages du Livre saint pour donner aux martyrs la joie de marcher librement sur les nuages. Sang, le jour. Sang, la nuit. Sang dans les mots !

    Il dit : le poème pourrait accueillir la perte, filet de lumière luisant au cœur d’une guitare ou un christ monté sur une jument et ensanglanté de belles métaphores. Qu’est le beau, sinon la présence du vrai dans la forme ?

    Dans un monde sans ciel, la terre se change en gouffre. Et le poème est l’un des présents de la consolation, l’une des qualités des vents, qu’ils soient de sud ou de nord. Ne décris pas ce que la caméra discerne de tes blessures.
    Crie pour t’entendre et crie pour savoir que tu es encore vivant et vivant, que la vie sur cette terre est encore possible. Invente un espoir pour les mots. Crée un point cardinal ou un mirage qui prolonge l’espérance et chante, car le beau est liberté.

    Je dis : la vie définie par son contraire, la mort, n’est pas une vie !
    Il dit : Nous vivrons, même si la vie nous abandonnait à notre sort.
    Soyons ces seigneurs des mots qui rendent leurs lecteurs éternels, pour parler comme ton génial ami Ritsos...

    Et il dit : Si je meurs avant toi, je te confie l’impossible !
    Je demande : Est-il lointain ?
    Il répond : A distance d’une génération.
    Je dis : Et si je meurs avant toi ?
    Il répond : Je consolerai les monts de Galilée et j’écrirai : « Le beau n’est que l’accession à l’adéquat. » Bon ! Mais n’oublie pas.
    Si je meurs avant toi, je te confie l’impossible !

    A ma visite dans la nouvelle Sodome, en l’an deux mille deux, il résistait à la guerre de Sodome contre les gens de Babylone et au cancer. Dernier héros épique, il défendait le droit de Troie à sa part du récit.

    Aigle, là-haut,
    Là-haut,
    Faisant ses adieux à ses cimes,
    Car la résidence au-dessus de l’Olympe
    Et des sommets
    Génère l’ennui.
    Adieu
    Adieu, poésie de la douleur !


    (Traduit par Elias Sanbar)
    in Le Monde Diplomatique, janvier 2005

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  8. Merci beaucoup Faysal pour ce poignant poème...

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