Friday, May 22, 2009

La jeunesse libanaise n'est pas monolithique

Dr. Pamela Chrabieh Badine

Ci-dessous l’introduction à mon allocution qui était prévue pour la table-ronde du 21 mai 2009 (USEK, Liban) sur le ‘dialogue des cultures au Liban : bilan et perspectives d’avenir’. Malheureusement, cette dernière n’a pas eu lieu. Elle fut reportée pour une date ultérieure.


« Mon intervention se base sur mes recherches de terrain sur les visions et pratiques de jeunes libanais concernant la diversité, le dialogue et la paix. Pour de plus amples détails, je vous invite à consulter mes deux derniers ouvrages : Voix-es de paix au Liban et La gestion de la diversité au Liban (bientôt disponible).
J’entreprends depuis plus de cinq années des recherches qualitatives au Liban et au Canada ayant ciblé plus de 500 jeunes libanais :
- De la génération de la guerre ou les ‘fin vingtaine-début quarantaine actuellement’.
- Des universitaires.
- Des élèves du secondaire.
Deux premiers constats à l’issue de ces recherches : la diversité des visions des jeunes ; et les caractéristiques communes transcendant les appartenances religieuses-confessionnelles.
Ces constats remettent en question la vision réductrice de la jeunesse véhiculée dans les milieux académiques et médiatiques. En effet, nous rencontrons souvent des qualificatifs comme : suivisme, immaturité, mouton de panurge, autruche ; jeunes incapables d’innovation, de lutte pacifique ; jeunes enlisés dans le rejet, la haine, l’exclusion ; jeunes divisés selon les appartenances religieuses-confessionnelles, culturelles, etc.
Certains jeunes ne veulent évidemment pas entendre parler de diversité, ni de dialogue. Tel est le cas de quelques universitaires qui suivent mes cours sur le dialogue interreligieux et la relation religion-politique – remarque : le suivi des cours est obligatoire. Ces jeunes ne constituent qu’une minorité dans le cadre de mes travaux. La grande majorité perçoit la diversité et le dialogue comme des données ou des réalités naturelles, légitimes et permanentes ; des richesses à découvrir et exploiter. Pour ces jeunes, le Liban n’est pas fait que de lieux de tensions et de conflits, mais aussi de lieux de rencontre et d’élaboration renouvelée du vivre ensemble. Le Liban peut ainsi partager avec le monde les leçons de ses déchirements mais aussi et surtout les fruits de la convivialité.
La question que ces jeunes se posent n’est donc pas l’existence ou non de la diversité, la possibilité ou non du dialogue, mais comment gérer cette diversité de manière à élargir les espaces de dialogue tout en respectant et mettant à profit les différences? ».

Avec les élections parlementaires qui approchent - 7 juin 2009 -, le besoin de cultiver le champ du dialogue et du vivre ensemble se fait pressant. Les voix de ces jeunes laissent espérer que tout n’est pas perdu, et j’en rencontre chaque jour de nouvelles prônant et pratiquant la convivialité. Néanmoins, c’est en des moments de crise que ces voix devraient hausser leur ton et se faire entendre. Si les médias traditionnels ne le leur permettent pas, l’Internet constitue un medium alternatif, efficace et pouvant atteindre un plus large public. Ces voix ne devraient pas être intimidées ou découragées par le chahut des appels à l’intolérance. Contrairement à mes collègues et mes étudiants pessimistes, je crois en ces ‘lieux’ de dialogue qui existent au Liban, qui subsistent depuis des millénaires, et qui feront en sorte que ce frêle et petit pays poursuivra sa lutte, en dépit d’un environnement hostile et d’une situation régionale explosive.

Monday, May 18, 2009

Démocratie, justice et lutte antiterroriste en Occident

Un article de mon collègue Aziz Enhaili que je vous recommande vivement. En attendant vos commentaires!

De nos jours, aucun pays au monde n'est à l’abri du terrorisme international. Pour s'en rendre compte, il suffit d'établir la cartographie des attentats terroristes au cours des dix dernières années.

Les terroristes ont frappé plusieurs pays occidentaux (États-Unis, Grande-Bretagne, Espagne, etc.) et musulmans (Algérie, Tunisie, Maroc, Égypte, Jordanie, Irak, Pakistan, Afghanistan, Indonésie…). D'autres encore y avaient échappé de justesse. C'est dire l'étalement géographique de l'activisme terroriste. C'est dire aussi l'urgence de trouver un meilleur moyen pour lutter plus efficacement contre cette menace globale. Tel est l'objectif esquissé ici. Mais, ne nous berçons pas d'illusions dangereuses. Ce que la communauté internationale pourra réussir, si elle s'en prend intelligemment, c'est de réduire à un niveau jugé «acceptable» l'efficacité du terrorisme.

Une première condition à toute lutte antiterroriste efficace est de comprendre ce qu'est le terrorisme international. Évidemment, comprendre ce qu'il est ne signifie ni excuser ses actions ni les légitimer à posteriori. D'ailleurs, sauf à de rares exceptions, le terrorisme demeure contre-productif politiquement, sans oublier le fait d'être indéfendable moralement. Donc, qu'est-ce le terrorisme?
Même s'il s'agit d'un terme encore non consensuel parmi les membres de la communauté internationale (les terroristes des uns peuvent être les combattants de liberté des autres), on ne peut s'en passer pour le moment, faute de mieux. Les acteurs qui y recourent sont soit des groupes organisés soit des États. En utilisant la terreur contre des civils, ils cherchent à atteindre des objectifs politiques. Le terrorisme est donc avant tout un outil politico-militaire lié à un contexte politique donné. Sans comprendre ce contexte, point de lutte antiterroriste efficace.

L'influence islamiste

Dans le contexte international actuel, le terrorisme salafiste jihadiste est avant tout lié au contexte politique et social du Moyen-Orient. Une région dirigée presque totalement par des régimes autocratiques. Des gouvernances qui ont fait des économies nationales leur chasse gardée et qui n'ont jamais essayé de mettre en place un vrai système d'éducation publique moderne ou une économie viable. Ils ont ainsi hypothéqué les rêves des jeunes générations d'un avenir meilleur, et privé leurs peuples de prendre en main leur propre destin. Pour lutter contre les mouvements politiques et sociaux progressistes d'opposition, ces régimes autoritaires ont encouragé l'émergence, du moins la consolidation, durant une longue période, de l'influence islamiste. La manne des pétrodollars saoudiens a largement «irrigué» cette plante. Le terrorisme jihadiste est le fruit notamment de ce contexte autocratique. Il se veut un outil militaire défensif là où des régimes musulmans ont échoué à faire face à des agressions militaires étrangères.

On est donc loin de l'idée répandue qui veut que le terrorisme jihadiste soit une émanation de l'islam comme religion. D'ailleurs, répandre sans cesse cette affirmation insensée est dangereux et rendrait encore plus difficile toute lutte antiterroriste efficace, car à trop crier au loup, celui-ci finirait par entrer dans la bergerie… Sans oublier le fait que la grande majorité des victimes du terrorisme sont des musulmans et non des occidentaux. À cet effet, toute stratégie de lutte antiterroriste efficace devrait comporter un discours public et des mesures concrètes dissociant la religion islamique du jihadisme et du terrorisme. C'est, entre autres, cette démarche qui pourrait endiguer le flot des terroristes et isoler les terroristes potentiels dans les communautés musulmanes.

Tout comme l'avaient fait durant les soixante dernières années les autocrates arabes et musulmans, les jihadistes d'Al-Qaïda se servent aujourd'hui du drame palestinien comme moyen de recrutement de nouveaux fantassins. Les images quasi quotidiennes montrant les souffrances d'un peuple palestinien soumis à une occupation militaire israélienne brutale contribuent un peu plus chaque jour au bouillonnement et à la colère du monde musulman vis-à-vis de l'Occident, allié et protecteur d'Israël. Suscitant de nouvelles vocations terroristes.

C'est pourquoi tant que le drame palestinien ne trouve une issue juste et honorable, avec la création d'un État palestinien viable et indépendant établi sur les territoires palestiniens occupés depuis juin 1967 (Gaza, Cisjordanie et Jérusalem-Est), le drame palestinien continuera de fonctionner comme une aubaine pour les islamistes jihadistes ou non. On observe le même phénomène dans l'Irak post-Saddam. L'occupation yankee a agi comme un puissant aimant attirant dans ce pays de nombreux militants jihadistes du monde musulman et d'Europe venus pour mener une guerre asymétrique contre les GI's installés à Bagdad.

Pour susciter de nouvelles vocations en Occident, les salafistes jihadistes se servent également d'un moyen supplémentaire. Il s'agit du prêche d'une forme très rigoriste de l'islam dans des mosquées salafistes du Londonistan ou d'ailleurs.

Contrairement aux usages vivement encouragés par l'islam et qui veulent qu'un musulman doit se montrer reconnaissant à l'égard de son bienfaiteur, il est arrivé que plusieurs de ces imams se montrent «ingrats» vis-à-vis des sociétés occidentales de refuge. À titre d'exemple, de nombreux imams officiant dans les mosquées du Londonistan tenaient des prêches incendiaires et hostiles à l'Occident! Le plus célèbre d'entre eux est l'imam égyptien Mustafa Kamel Mustafa (alias Abou Hamza), condamné dans son pays pour des actes terroristes et qui a réussi à fuir en Grande-Bretagne. Sitôt en sécurité, il se mit, du haut de sa chaire à la North London Central Mosque de Finsbury Park, à proférer les imprécations les plus terribles à l'endroit des «infidèles» britanniques. Tous les vendredis, il leur annonçait leur fin proche par l'épée, en agitant le spectre d'une invasion islamique imminente. [Il purge actuellement une peine de prison de sept ans pour incitation à la haine raciale].

Il arrive souvent que ces mêmes imams salafistes ne bénéficient que d'une connaissance rudimentaire des fondements de la religion islamique. Ces «analphabètes» fonctionnels de l'islam, arrivés de l'étranger dans différents contextes, sont souvent des gens qui n'ont jamais été dans une institution scolaire occidentale. Vivant à la marge de la nouvelle société de refuge, ils ne peuvent reproduire que ce qu'ils connaissaient déjà, c'est-à-dire ce qu'ils avaient appris dans des sociétés non-occidentales. La plupart d'entre eux ont été formés dans des madrasas ultraconservatrices déobandies (pour l'Asie du sud) ou wahhabites (pour l'Arabie).

La cible de choix de ces imams n'est nulle autre que des jeunes musulmans de deuxième ou troisième générations. Un choix bien mûri. Coupée du pays des parents ou grands-parents, cette catégorie n'a aucune idée de la réalité des sociétés musulmanes. Des pays magnifiés. Comme leurs connaissances religieuses sont soit rudimentaires soit inexistantes, ils deviennent une proie facile aux mains d'imams malveillants.

Les imams takfiris

Pour plus d'efficacité, ces imams takfiris (qui excommunient toute personne, y compris musulmane, qui n'est pas de leur obédience ultraconservatrice) transforment des faits réels, comme le racisme antimusulman, l'islamophobie ambiante et les faibles indices d'intégration sociale des musulmans (pour cause de chômage notamment), en arguments destinés à pousser les minorités islamiques à rejeter l'Occident. Arguments auxquels ils ajoutent des situations où des civils musulmans sont l'objet d'opérations militaires occidentales (Afghanistan, Pakistan, Palestine, Irak, Tchétchénie, Sud des Philippines). L'objectif visé ici est de briser le lien de fidélité de leurs ouailles à l'égard de leur pays occidental et d'en faire de potentielles recrues pour de futures opérations terroristes.

Pour faire échec à cette propagande haineuse et contenir à terme cette menace jihadiste, l'Occident devrait œuvrer à la fois dans le monde musulman et à l'intérieur de ses propres frontières, tout en renforçant la coopération sécuritaire internationale.

Au niveau des pays islamiques, il faudrait à la fois œuvrer pour résoudre des conflits régionaux comme ceux se déroulant au Moyen-Orient (celui israélo-palestinien en tête de liste), investir des sommes conséquentes dans les efforts de développement durable des pays musulmans, faire la promotion de la démocratie et de l'État de droit en leur sein, chercher à éviter que certains d'entre eux ne deviennent des États faillis. Pour paraphraser le sénateur John McCain, candidat malheureux à l'élection présidentielle américaine de novembre 2008, «une bourse [accordée à un étudiant musulman] sera toujours de loin plus efficace que toute les bombes intelligentes [contre les terroristes]». Voir arriver des cols blancs occidentaux pour œuvrer au développement ou à la reconstruction des pays musulmans sera toujours apprécié et contribuera à terme au rapprochement islamo-occidental.

En Occident, il faudrait notamment lutter vigoureusement contre les amalgames entre islam et terrorisme, contre le racisme et la discrimination des musulmans, cultiver la fidélité et le sentiment d'appartenance des minorités islamiques à leurs pays occidentaux, et ce notamment en les intégrant au marché du travail. Il faudrait également faire la promotion publique des musulmans qui ont réussi en Occident. Sans oublier le soutien des musulmans épris de liberté et de démocratie. De tels acteurs pourraient à la fois devenir des modèles positifs à suivre pour les plus jeunes et jouer le rôle primordial de pont entre l'Occident et le monde musulman. Il n'y a pas mieux que de mettre au devant de la scène publique une image positive des musulmans pour les encourager à se sentir membres à part entière de la communauté nationale occidentale. Sans l'apport de musulmans apaisés, point de lutte efficace contre le terrorisme.

Au niveau religieux, il faudrait que les gouvernements occidentaux prennent en charge la formation des imams dans des institutions financées par les deniers publics, surveillent le contenu du curriculum, le personnel formateur. Sans oublier les prêches dans les mosquées. Cette formule présente plusieurs avantages, dont le fait d'éviter de se retrouver dans les mosquées avec un personnel wahhabite ou déobandi étranger aux us et coutumes occidentales. Une telle formation devrait évidemment inclure des cours de sciences humaines de religions, de psychologie, de sociologie, de droit, d'économie et d'histoire culturelle de l'Occident et du monde musulman.

Mais pour faire le tri à l'entrée des pays occidentaux ou une fois sur place, le rôle, entre autres, de la communauté d'intelligence et de la police est primordial. Ces corps d'État sont la première ligne de défense de l'Occident. Et surtout, il faudrait toujours garder à l'esprit que l'islam (et donc les musulmans) est trop précieux pour être abandonnées aux jihadistes.
*

Tout comme c'est le cas pour le reste du monde, l'Occident n'est pas à l'abri du terrorisme. D'où l'urgence d'une stratégie efficace de lutte antiterroriste. Cette stratégie devrait comporter à la fois des volets sécuritaires, politiques, culturels, éducatifs et religieux. Si l'État représente ici la première ligne de défense et de sécurité nationale, la conquête des cœurs et des esprits musulmans devrait en être le cœur.

ps: Article paru dans Tolerance.ca

Tuesday, May 12, 2009

Dialogue des cultures au Liban: bilan et perspectives d'avenir




Dans le cadre de la Foire aux Vieux Livres, Archives et Manuscrits:
Ve rencontre nationale des professionnels du vieux livre

La Bibliothèque Centrale de l’Université Saint-Esprit de Kaslik vous invite à la table ronde:
« Dialogue des cultures au Liban : bilan et perspectives d’avenir »

Intervenants :

Dr Pamela CHRABIEH BADINE,
Chercheure-enseignante, Université de Montréal, Université Saint-Esprit de Kaslik

M. le Juge Abbas EL HALABI,
Président du groupe arabe pour le dialogue islamo-chrétien

Dr Mona FAYYAD,
Écrivain, enseignante à l’Université Libanaise

Dr Mohammed NOKKARI,
Enseignant à l’Université Saint-Joseph

Modérateur : M. Joseph MOUKARZEL,
Chef du Département de journalisme, Université Saint-Esprit de Kaslik

Date : jeudi 21 mai 2009, à 19h
Lieu : esplanade de la Bibliothèque Centrale de l’USEK

Une exposition de photographie de M. Roger MOUKARZEL intitulée
« Dialologue des cultures » sera présentée simultanément

PROGRAMME COMPLET DE LA FOIRE!

Monday, May 04, 2009

Obama et le Moyen-Orient

Ci-desous un article de mon collègue Aziz Enhaili. Faites-moi savoir ce que vous en pensez!

Depuis la date historique du 20 janvier 2009, les cent premiers jours de la présidence Obama se sont écoulés. Malgré le lourd fardeau de la crise financière et économique mondiale à laquelle il fait face, Obama s'est servi de cette période cruciale des premiers cent jours pour amorcer le «démantèlement» de la politique étrangère de son prédécesseur.

Ce changement touche à la fois le ton utilisé et les décisions prises par son prédécesseur. Pour la satisfaction du reste de la communauté internationale. Il est aidé en cela par une forte popularité dans son propre pays, malgré la crise. La preuve: selon un dernier sondage Washington Post-NBC, publié le 26 avril, 69% des Américains approuvent son action. L'opinion publique pense qu'il va réconcilier les États-Unis avec le reste du monde, notamment le monde musulman et l'Europe.

I. Une présidence à l'écoute

Enivré de la supposée toute-puissance américaine, Bush avait un ton martial et unilatéral presque chaque fois qu'il s'adressait aux leaders étrangers. Il était persuadé que son pays incarnait un leadership indispensable et incontournable. Le chef de file naturel d'un «axe du Bien» face à un «axe du Mal»! Cette philosophie messianique et arrogante des relations internationales et de la «diplomatie» heurtait le reste de la communauté internationale. Aux yeux de Bush, le leadership américain consistait à ce que le reste du monde suive les décisions de Washington, comme si ce qui était bon pour l'Amérique le serait nécessairement pour le reste du monde!

À force d’entendre des formules inappropriées et arrogantes, le monde musulman avait fini par assimiler la «guerre contre le terrorisme» de Bush à une guerre contre l'Islam. Même les alliés européens s'inquiétaient d'un tel effet pervers de la stratégie néoconservatrice du «remodelage» du Grand Moyen-Orient. Après un bref moment de panique, les adversaires de Washington, tels l'Iran et la Syrie, avaient fini par reprendre l'avantage.

Prenant la mesure des dangers de ces dérapages rhétoriques, le successeur de Bush à la Maison-Blanche a pris soin de s'en dissocier. C'est pourquoi il a d'abord utilisé un ton humble à l'adresse de la communauté internationale. Dorénavant, ce sera le moment de la «diplomatie de l'écoute et du respect mutuel» et non de celle de la canonnière. Chaque fois qu'il rencontrait un dirigeant étranger, il prenait le soin de s'adresser à lui avec respect et courtoisie.

D'ailleurs, plusieurs d'entre eux, dont le russe Dimitri Medvedev, ont déclaré qu'ils avaient l'impression qu'il les écoutait, lors de rencontres en marge de sommets internationaux. Et ses envoyés spéciaux dépêchés au Proche-Orient (George Mitchell) ou au Pakistan-Afghanistan (Richard Holbrooke), des régions en crise, ont été priés d'écouter leurs vis-à-vis et non de leur imposer des solutions toute faite.

Pour Obama, le leadership américain consiste non en l'imposition unilatérale des choix de Washington au reste de la communauté des nations, mais en la poursuite d'objectifs communs. Dans le respect mutuel. Toutefois, s'il sait que son pays tout seul ne peut résoudre les problèmes d'un monde très complexe, et tout en sollicitant l'aide de partenaires étrangers à cet effet, il reste confiant dans les capacités et les qualités du leadership américain. Il est persuadé que sans la contribution des États-Unis le monde ne s'en sortirait pas (1).
Son approche humble et ouverte a séduit la communauté internationale. On l'a vu lors de rencontres internationales comme le sommet du G20 à Londres (2 avril), le sommet de l'OTAN (3-4 avril) et le sommet des Amériques (17 avril). Partout où il est allé, il a bénéficié d'un préjugé favorable. Même lors de sa rencontre avec des dirigeants et citoyens musulmans, comme en Turquie (6 avril).

II. Le «démantèlement» de l'héritage néoconservateur de George W. Bush

1. «Guerre contre le terrorisme» et errements du droit

À cause des attentats «terroristes» du 11 septembre 2001 sur le sol américain, le pays était en état de choc. Et le monde aussi. C'était le moment choisi par les néoconservateurs de la nouvelle administration républicaine pour imposer leur agenda en matière de politique étrangère (2). C'était le temps de la rupture et non plus du statu quo au Moyen-Orient (3). Aux yeux de ces faucons, il fallait se servir du puissant outil militaire du Pentagone pour remodeler le monde à l'image des États-Unis et promouvoir leurs intérêts. Pour eux, le pays ne devait pas être entravé par les institutions et les traités internationaux (4).

Comme le proclamait le nationaliste étroit Richard Cheney, les États-Unis avaient besoin non que le monde les aime mais qu'il les craigne! Pour eux, le droit international devait se plier aux intérêts américains. Les dérives de leur lutte contre le «terrorisme» les ont conduits délibérément à violer le droit international humanitaire et le droit international de guerre, dont les Conventions de Genève.

Si dans le passé, ce pays représentait une nation phare pour le reste du monde en termes de liberté et de démocratie, et ce malgré les «imperfections» cyniques de sa politique extérieure, la chasse aux djihadistes ouverte dans le monde entier après le 11 septembre 2001, les vols secrets de la CIA, la «délocalisations» de la torture de présumés djihadistes dans de nombreux pays autoritaires (Maroc, Égypte, Jordanie…), les prisons secrètes, la pratique de la torture notamment à Guantanamo (Cuba), à Bagram (Afghanistan) et à Abou Ghraïb (Irak) ont achevé de ruiner la réputation démocratique des États-Unis. D’où la perte de leur autorité morale à l'étranger.
Pour redonner du lustre à l'image de son pays, Obama devait rapidement montrer que l'ère bushienne n'était qu'une parenthèse malheureuse dans l'histoire de son pays. Mais pour convaincre les autres pays de sa sincérité et rassurer la gauche américaine, il fallait qu'il s'attaque rapidement au symbole même des violations des droits humains tant décriées: le camp d'internement de Guantanamo. Deux jours seulement après son investiture (22 janvier), Obama a décrété la fermeture d'ici un an de ce centre de torture. Mais il reste encore d'autres centres de détention secrets (les «trous noirs») dans les quatre coins du monde. Plus important encore, il a déclaré solennellement que «l'Amérique ne torture pas!» Un désaveu de la politique du gouvernement sortant qui avait légalisé la torture au nom de la «lutte antiterroriste». Le 16 avril, il a permis la déclassification des mémos rédigés entre 2002 et 2005 par les juristes du gouvernement pour autoriser l'usage systématique de la torture dans les prisons secrètes de la CIA pour faire parler les «terroristes» présumés (5). Des décisions qui ont provoqué l'indignation des faucons républicains (dont Cheney, promoteur de ces mêmes méthodes) et la satisfaction des dirigeants étrangers et d'une partie de la gauche américaine.

Obama considère que la meilleure garantie de la sécurité nationale passe par la protection des droits humains et le respect de la Constitution américaine.

Même si les principaux dirigeants et conseillers, responsables d’avoir avalisé de telles pratiques douteuses (Bush lui-même, Cheney, Rumsfeld, Rice…) finiraient par échapper au courroux de la justice, les décisions et déclarations d'Obama en cette matière sont des gestes concrets de rupture avec les errements du gouvernement de son prédécesseur. En revanche, il faudra beaucoup de temps avant que les États-Unis ne réussissent à nouveau à reconquérir leur autorité morale passée.

2. Une politique étrangère pragmatique et une «diplomatie d'écoute»
Réhabiliter l'image et la crédibilité internationales des États-Unis ne pouvait non plus faire l'économie d'une ouverture diplomatique vis-à-vis des pays considérés jusqu'ici comme des ennemis de l'Uncle Sam.

Tout en rejetant le «choc des civilisations» islamique et occidentale, le président Obama a déclaré en Turquie que «les États-Unis ne seront jamais en guerre contre l'Islam» (6). Il a également multiplié les signes d'ouverture à l'égard de pays jusqu'ici rejetés par le gouvernement sortant. Exit donc cette catégorie martiale étrange des pays de l'«Axe du mal» du lexique diplomatique américain, et place à l'ouverture à des pays comme la Syrie et l'Iran, qui représentaient la bête noire du gouvernement de Bush.

2.1. Le Moyen-Orient et le Gulliver empêtré

Loin de l'hémisphère occidental, les sables mouvants et brûlants du Moyen-Orient sont devenus un piège pour un Gulliver empêtré. Pour s'en sortir avec peu de pertes et avec un regain de crédibilité internationale, Obama a esquissé les contours d'une gestion intelligente de quatre dossiers importants: l'Irak, l'Afghanistan-Pakistan, l'Iran et le conflit israélo-arabe.

A. L'Irak

Comme promis lors de sa campagne électorale, il a, le 27 février, annoncé le retrait du gros des troupes militaires américaines d'Irak d'ici à la fin de 2010. Mais pour protéger le personnel américain dans ce pays, épauler les forces de sécurité irakiennes dans leur lutte contre les insurgés locaux et étrangers et contribuer à leur formation, il a prévu de laisser quelques brigades sur place. D'ailleurs, il a effectué une visite surprise dans ce pays, au lendemain de sa visite en Turquie voisine.

B. L'Afghanistan-Pakistan (Af-Pak)

En effectuant ce retrait salué par plusieurs, Obama tourne la page d'une guerre illégale et illégitime qui a renforcé l'isolement international de son pays et amoindri son autorité morale. Mais avec l'inconscience et l'inconsistance des architectes de l'administration sortante, l'Afghanistan est devenu encore une fois de plus un foyer d'instabilité. De plus, à cause à la fois de la faiblesse du nombre des troupes de l'alliance atlantique présentes sur le sol afghan, le dédain américain pour le Nation-Building, l'incompétence et la corruption gangrénant l'édifice du gouvernement de Hamid Karzaï, les Talibans sont de retour en force. Les ratés de la reconstruction, les «bavures» des forces de la coalition et le peu d'égard qu'elles avaient montré aux codes culturels afghans ont également contribué à cette remontée des Talibans (7). Dorénavant, il faudrait compter avec eux pour trouver une issue à l'instabilité en cours. (8)

Pour contrer ce renversement de situation, Obama a annoncé dès le 27 mars une nouvelle stratégie afghano-pakistanaise (Af-Pak). Elle part du principe qu'une partie du «jeu afghan» se joue au Pakistan voisin. Il sait que gagner la guerre d'Afghanistan ne pourra faire l'économie d'un soutien effectif, clair et conséquent d'Islamabad. Pour gagner les bonnes grâces du Pakistan, il s'est, entre autres, dit prêt à augmenter substantiellement l'aide américaine. Sans oublier ses ouvertures sur le dossier du Cachemire, une pomme de discorde indo-pakistanaise depuis plusieurs décennies. En échange, il a exigé l'engagement de ce pays dans la lutte contre les Talibans du mollah Omar et les djihadistes d'Al-Qaïda, des troupes réfugiées dans les zones tribales frontalières de l'Afghanistan. À ses yeux, les opérations militaires devraient s'intégrer dans une stratégie plus large de Nation-Building (sans dire le mot). Mais réussira-t-il à venir à bout des inquiétudes d'un establishment militaire pakistanais méfiant à l'égard du rapprochement américain avec le puissant voisin indien? Un pays considéré encore comme un ennemi qui n'a cessé de renforcer sa présence dans l'Afghanistan post-taliban. Et les nouveaux 21.000 soldats américains venus en renfort aux troupes déjà présentes en Afghanistan ne contribueraient-ils pas à rendre cette présence étrangère encore plus visible, risquant à terme d'alimenter le «nationalisme» et l'opposition afghans?

C. L'Iran

Plus à l'ouest, l'Iran représente un grand défi pour la politique étrangère américaine. Une situation qui s'est particulièrement dégradée durant les deux mandats de Bush. Face à une politique néoconservatrice de changement du régime des mollahs, la République islamique a eu recours à une «politique arabo-islamique» très astucieuse. L'échec américain en Irak a renforcé les positions régionales de ce voisin chiite avide d'être reconnu comme puissance dominante du Golfe arabo-persique, au grand dam de l'Arabie saoudite. Son appui au Hezbollah chiite libanais et au Hamas palestinien, deux mouvements de résistance islamo-nationaliste opposés aux politiques israéliennes dans la région, a renforcé la popularité de l'Iran dans la «rue arabe». La chute des régimes baathiste à Bagdad et taliban à Kaboul y a renforcé le poids de ses alliés.

À cause de l'ascension fulgurante de l'Iran, plusieurs pays du Moyen-Orient sont inquiets. Israël a pris la tête de la croisade anti-iranienne. Tel-Aviv est persuadée que Téhéran poursuit, sous couvert du programme nucléaire civil, un programme militaire secret, avec comme ambition de se doter à terme de l'arme atomique. Brisant ainsi le monopole israélien de l'arme nucléaire au Moyen-Orient. L'Arabie saoudite, en tête des émirats du Golfe, est inquiète de cette ascension irrésistible. Tout en risquant de perdre son statut de puissance dominante du Golfe, Riyad, à l'image des autres principautés arabes de la région, craint de voir sa minorité chiite instrumentalisée par la politique étrangère de Téhéran. Sans oublier le fait que cette minorité opprimée vit dans les régions pétrolifères les plus abondantes de l'Arabie.

Depuis la Révolution islamique iranienne de 1979, les relations diplomatiques entre l'Iran et les États-Unis ont été rompues. Et les coups durs de part et d'autre n'ont jamais cessé. Sans oublier les envolées lyriques des deux pays.

Malgré les critiques virulentes de ses adversaires républicains, Obama n'a cessé, depuis sa campagne électorale, d'exprimer son ouverture à l'égard de l'Iran. (9) Sans attendre l'issue de la prochaine élection présidentielle iranienne de juin prochain, il a choisi le 20 mars, jour de la fête iranienne de Norouz, pour tendre la main à Téhéran, lors d'un discours d'ouverture adressé au peuple iranien. Un geste politique apprécié par le président Mahmoud Ahmadinejad, bête noire d'Israël et de ses amis à Washington.

Contrairement à l'administration républicaine, Obama n'a posé aucune condition préalable à l'ouverture des négociations avec Téhéran. Ce qui représente un renversement d'approche diplomatique vis-à-vis de ce pays. En échange du renoncement de Téhéran à la fois à son programme nucléaire militaire, malgré les dénégations des mollahs, et au soutien des mouvements politico-militaires du Hezbollah et du Hamas, Obama a promis de substantielles «récompenses». En plus de la levée de l'isolement international de l'Iran et l'injection d'investissements productifs conséquents dans l'économie et les infrastructures, Washington s'engagerait notamment à le reconnaître comme principale puissance du Golfe. Les pays arabes de la région craignent de devoir payer le prix d'un rapprochement américano-iranien. Il compte sur l'aide sino-russe dans ce dossier.

En raison des cartes maintenant en main de Téhéran, Obama est conscient du fait qu'il aura besoin de sa contribution pour, entre autres, stabiliser la situation en Afghanistan et en Irak, renforcer la stabilité politique du Liban, faciliter le rapprochement entre le Hamas et le Fatah, condition nécessaire pour la relance des négociations de paix entre les Palestiniens et les Israéliens, prélude à la naissance d'un État palestinien à côté de l'État hébreu.

D. Les volets du conflit israélo-arabe

Le conflit israélo-arabe dure depuis 62 ans. Le processus d'Oslo des années 1990 a échoué lamentablement. Sans surprise. La colonisation juive des territoires palestiniens occupés de Cisjordanie n'a cessé de croître et l'État palestinien n'a pas vu le jour. Sans oublier le fait que les citoyens de l'État hébreu n'ont jamais joui d'une sécurité réelle. La seconde guerre du Liban de l'été 2006, le blocage du volet syrien et la guerre de Gaza de l'hiver 2009 ont montré le blocage et le pourrissement de la situation israélo-arabe. Une situation à l'avantage des forces hostiles aux États-Unis dans la région.

Les images des humiliations quotidiennes des Palestiniens survivant sous une occupation militaire brutale, images transmises par des réseaux satellitaires arabes, fonctionnent ici comme outil de recrutement de nouvelles recrues anti-américaines et anti-israéliennes. Elles font également effriter un peu plus chaque jour l'assise des régimes autoritaires arabes. Des régimes accusés de tourner le dos aux Palestiniens, si ce n'est d'être complices purement et simplement d'Israël.

C'est dans ce contexte que se situe la montée d'un anti-américanisme virulent dans le monde arabo-musulman. Sans oublier l'appui inconditionnel multiforme américain à l'État hébreu et le soutien à des autocraties conservatrices arabes. Un réseau international comme Al-Qaïda a profité de ce contexte pour renforcer son assise.
Obama est conscient du fait que tant que le conflit israélo-arabe durera, le sentiment anti-américain ne baissera pas d'intensité et les intérêts américains continueront d'être menacés par les djihadistes.

Mais son engagement solennel de parvenir à la création d'un État palestinien indépendant et viable bute notamment sur deux difficultés d'importance. D'abord, du côté israélien, les électeurs ont fait un virage à droite lors des élections de l'hiver 2009, tenues dans le sillage de la guerre de Gaza. Au point où le gouvernement actuel comprend, en plus de la droite nationaliste du Likoud et de la droite religieuse sépharade et ashkénaze, le chef de file de l'extrême droite laïque israélienne. Ces composantes sont hostiles à l'idée même de création d'un État palestinien. Tout en plantant un arbuste sur les hauteurs du Golan pendant la campagne électorale, signe de son refus du retrait de ce territoire syrien occupé depuis 1967, celui qui allait devenir le nouveau premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, s'est dit opposé à la création d’un État palestinien. Et son vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères est quant à lui ouvertement partisan du «transfert» (c'est-à-dire de l'expulsion) des Arabes Israéliens (qui représentent 20% de la population de l'État hébreu). Avec un tel gouvernement de droite, il ne faudrait pas exclure un conflit ouvert entre Washington et Tel-Aviv.

L'élection de ce gouvernement de droite en ce moment précis de l'histoire tombe mal pour Israël et pour le processus de paix. Contrairement à ce qui se passait précédemment aux États-Unis, cette fois l'administration américaine se montre moins encline à soutenir inconditionnellement la politique israélienne face aux Palestiniens.

Cette ébauche de changement se produit dans un nouveau contexte de réflexion stratégique américain. Ainsi, de plus en plus de voix influentes s'élèvent pour dire combien la «relation spéciale» avec Israël, pour cause du comportement «irresponsable» de ce dernier à l'égard des Palestiniens, est devenue source d'handicaps majeurs pour les objectifs stratégiques de la politique américaine au Moyen-Orient. (10) De plus, l'apparition du JStreet sur la scène publique est une mauvaise nouvelle pour les tenants d'une ligne pro-israélienne dure face aux Palestiniens, tels l'American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) et la Zionist Organization of America (ZOA). Les succès remportés récemment par ses campagnes de levée de fonds auprès de grandes familles et personnalités influentes juives montrent qu'une partie non négligeable de la communauté juive américaine n'est plus convaincue de la justesse de la ligne dure de la droite israélienne pour l'intérêt national de l'État hébreu. Pour un nouveau lobby pro-israélien comme le JStreet, la création d'un véritable État palestinien est dans l'intérêt même de l'État d'Israël.

Ce développement au sein de la communauté juive rendra moins efficace toute campagne de pression de Tel-Aviv sur Washington. D'ailleurs, le refus de Tzipi Livni, ancienne ministre des Affaires étrangères et chef du parti Kadima de centre-droit, de rejoindre la coalition au pouvoir en Israël est un autre facteur limitatif de la marge de manœuvre de Netanyahou dans ce sens.

Ensuite, la seconde difficulté de la mise en place de la stratégie politique d'Obama touche le côté palestinien. Jamais ce peuple n'a été aussi divisé. D'un côté, il y a le Hamas qui règne en maître absolu sur la bande de Gaza, un territoire coupé du reste du monde et plongé dans une crise humanitaire grave sans précédent, depuis l'élection démocratique des islamistes qui ont chassé et surtout la chasse du le Fatah du territoire qu’ils contrôlent. Le Fatah, quant à lui, contrôle des portions de la Cisjordanie, sous l'œil vigilant d'Israël. En l'absence d'une réconciliation nationale inter-palestinienne et d'un gouvernement d'union nationale, il existe peu de chances que le processus de paix soit relancé pour qu’il puisse donner lieu à un État.

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Maintenant que cent jours se sont écoulés depuis l'investiture de Barack Hussein Obama comme nouveau président des États-Unis, les contours de sa doctrine en politique étrangère commencent à prendre forme et à se préciser. Cette doctrine allie principes moraux et approche réaliste des crises et relations internationales. On pourrait la qualifier, pour le moment, d'idéalisme réaliste. Le pragmatisme de cette doctrine explique l'ouverture de la politique étrangère du nouveau locataire de la Maison-Blanche face à des pays considérés jusqu'ici comme des ennemis des États-Unis. L'enjeu étant ici la résolution des crises internationales et non l'enfermement dans des postures idéologiques contre-productives. D'ailleurs, cette approche n'a pas empêché le président Obama de recourir à la force quand c'était nécessaire, lors par exemple de la prise en otages de citoyens américains tombés récemment aux mains de pirates somaliens.

Aziz Enhaili est contributeur au volet «Moyen-Orient» du LEAP/E 2020 (Laboratoire Européen d'Anticipation Politique/Europe 2020). C'est un Think Tank européen leader dans le domaine de prospective internationale. Il a cosigné trois ouvrages collectifs, dont deux dirigés par Barry Rubin: Political Islam (Londres: Routledge, 2006) & Global Survey on Islamism (à venir).
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Notes

1) Barack Obama, «Renewing American leadership», Foreign Affairs, Volume 86, No. 4, Juillet-Août 2007, pp. 2-16.
2) Bob Woodward, Bush at War, (New York: Simon & Schuster, 2002).
3) Ghassan Salamé, Quand l'Amérique refait le monde, (Paris: Fayard, 2005).
4) Ivo H. Daalder & James M. Lindsay, America Unbound. The Bush Revolution in Foreign Policy, (Washington, D.C.: The Brookings Institution Press, 2003).
5) Mark Mazzetti & Scott Shane, «Interrogation Memos Detail Harsh Tactics by the C.I.A.», New York Times, 17 avril 2009.
6) Cf. le discours de Barack H. Obama devant le Parlement turc sur le site de la Maison-Blanche, www.thewhitehouse.gov.
7) Aziz Enhaili, «Le ’11 septembre indien’ & la sécurité régionale du flanc sud de l’Asie centrale et de l’Asie du sud», http://europe2020.org/spip.php?article579 (7 janvier 2009).
8) Jacques Follorou, «Les talibans brûlent près de 200 camions destinés à l’OTAN à Peshawar», Le Monde, 8 décembre 2008.
9) Cf. www.barackobama.com
10) John J. Mearsheimer & Stephen M. Walt, The Israel Lobby and U.S. Foreign Policy, Farrar, Straus and Giroux, 2007 ( Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine, traduit de l'anglais (États-Unis) par Nicolas Guilhot [et alt.], Paris : La Découverte, 2007.