Le Liban et les combats de l'été 2006:
1 an plus tard
12-29 juillet 2007
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L’icône et l’islam : Pamela ChrabiehÉmission Second Regard,3 décembre 2006,
Radio Canada
Un reportage de Jean-Robert Faucher
Merci Robert et à toute l'équipe de Second Regard!
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De Philippe Martin:
'Voici la onzième édition des portraits de blogueurs, avec Pamela Chrabieh Badine'.On peut trouver l'entrevue sur
Dailymotion,
Cent Papiers et
YULBUZZ.
Merci à Philippe et Christian Aubry!
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A l'occasion de la commémoration des victimes des combats de l'été 2006 entre Israël et le Liban, les mots me manquent pour exprimer l'horreur vécue, les traumatismes et les destructions massives. Heureusement que des acteurs de la société civile et de la diaspora Libanaises oeuvrent à la construction de mémoires de la guerre. Tel est le cas par exemple à Montréal:
GUERRE au LIBAN: 1 an après A Montréal, une commémoration communautaire de témoignages et réflexions sur l'attaque israélienne de 2006 contre le Liban.SAMEDI, le 14 JUILLET, à 18h
Centre communautaire Côte-des-Neiges
5347 Côte-des-Neiges, 2ème étage Juste à côté du Métro Côte-des-Neiges
DONS: 0-20$
Témoignages de guerre * Poésie en arabe & anglais / Lectures * Exposition de photos / diaporama * Souper communautaire * Discussions * Micro-ouvert
Un réseau de groupes communautaires et d'organisations montréalaises de solidarité avec le Moyen Orient vous invitent à participer à un événement social important pour se souvenir et réfléchir sur l'attaque israélienne de 2006 contre le Liban, un an après.
La soirée inclura :
* Des témoignages de la guerre et un 'micro-ouvert' : une série de témoignages de personnes ayant vécu les attaques israéliennes sur le Liban ou la guerre à partir du Canada, incluant une prise de parole de Hasan Al Akhras, survivant de la famille Al Akhras dont 11 membres ont perdu la vie le 16 juillet 2006 dans un raid aérien israélien sur Aitaroun, au Sud du Liban. Il évoquera les crimes de guerre d'Israël et les stratégies pour lutter contre l'impunité internationale.
* Exposition de photos / diaporama : des photos des mobilisations montréalaises de l'été 2006 contre la guerre prises par des photographes locaux & des diaporamas d'informations sur l'attaque israélienne contre le Liban par Canadiens pour la Justice et la Paix au Moyen Orient (CJPMO).
* Discussions : cette soirée fournira un espace de discussion, de planification et de construction des résistances locales contre l'attaque israélienne de 2006. Ce sera une opportunité pour les militants locaux de se retrouver, provenant des multiples organisations et groupes locaux ainsi que des milliers d'individus qui s'étaient organisés activement l'été dernier en opposition à l'attaque israélienne contre le Liban et au soutien affiché du gouvernement canadien à la politique israélienne. Cet événement sera aussi l'occasion de discuter de la situation actuelle au Liban, des conséquences du siège du camp de réfugiés de Nahr el Bared qui a abouti à un désastre humanitaire pour des dizaines de milliers de réfugiés palestiniens.
* Souper communautaire : des groupes communautaires locaux, des individus & des restaurants vont fournir des repas pour le souper communautaire, en geste de solidarité avec le travail actuel de soutien aux luttes d' auto-détermination au Liban, en Palestine et à travers le Moyen Orient.
* Poésie en arabe, anglais & français / Lectures de : EHAB LOTAYEF, poète local renommé et militant égyptien de la Coalition pour la Justice et la Paix en Palestine (CJPP) à Montréal, GHADA CHEHADE, poète & doctorante à l' Université McGill, HAYDAR MOUSSA, militant et poète de AJLM, Association des jeunes libanais musulmans, HISHAM ELSALFITI, militant palestinien et membre de la Fondation Canado-palestinienne (CPF).
---> Information sur le contexte: Le 12 juillet 2006, le mouvement de résistance libanais Hezbollah capture deux soldats israéliens dans le cadre d'une campagne de libération de milliers de prisonniers politiques arabes des prisons israéliennes, dont certains y sont enfermés depuis plus de 20 ans. Le jour même, Israël attaque le Liban dans une campagne militaire violente qui a abouti au décès de plus de 1300 civils libanais, à la destruction d'une grande partie de l' infrastructure nationale et à la présence d'un million de bombes à fragmentation non explosées au sud du Liban. Cette campagne militaire israélienne de punition collective déclenchée contre le peuple libanais s' est poursuivie pendant 33 jours jusqu'au cessez-le-feu de l'ONU du 14 août 2006. Alors que des bombes s'abattaient sur le Liban, des militants pour la justice sociale et les droits humains sont descendus dans les rues, de Johannesburg à Londres, du Caire à New York et jusqu'aux rues de Montréal. Face aux nombreux communiqués publics de soutien aux bombardements israéliens contre le Liban émis par le gouvernement canadien qui a qualifié l'attaque de 'réponse mesurée', des milliers de personnes ont immédiatement réagi à Montréal. Des manifestations, des actions directes, des mobilisations spontanées, du travail de pression, des campagnes d'éducation populaire et d'autres actions ont exprimé durant tout l'été 2006 une résistance locale à l'attaque israélienne contre le Liban, représentant une des plus fortes réponses politiques d'une ville en dehors du Moyen Orient. Nombreuses sont les personnes dans la communauté libanaise, et au-delà, à avoir souffert des attaques israéliennes et perdu de la famille, des amis et des camarades.
Venez participer à cette soirée de résistance, de réflexion et de construction communautaire ! Organisé par:
* Association des Jeunes Libanais Musulmans (AJLM)
* Association Al Hidaya
Entretemps, d'autres acteurs de la société civile Libanaise oeuvrent à l'édification d'un comité de dialogue national qui ferait pression sur les principaux partis et leaders du pays. Certes, la tâche est rude, mais elle est louable. Tel est le cas du mouvement de jeunes activistes Ou3a (regroupement de plusieurs ONGs et groupes de jeunes) et de sa campagne de sensibilisation et de conscientisation à un véritable dialogue lequel engagerait les diverses composantes libanaises à cheminer vers la paix et la convivialité. Ci-dessous le contenu de leur appel:
Dear Friends and Partners. Our Country is in Danger… We Need to Act Immediately!
You are all invited to join us at a Press Conference on Friday, July 13 at 10:30 in The Crowne Plaza Hotel, Hamra to raise our voices and pressure the participants in the La Celle-Saint-Cloud dialogue to genuinely engage in a constructive dialogue to bring about an END TO THE POLITICAL DEADLOCK. The press conference is being organized by a diverse group of Lebanese activists, journalists, academics, intellectuals, and members of the private sector, originally brought together by the Ou3a network, in a two-day brainstorming forum on June 20-21.
At the press conference, we will present a series of citizen demands and alternative proposals aimed at achieving this necessary end. A final paper including these demands and proposals is being sent to all of the participants of the La Celle-Saint Cloud dialogue and is attached here in three languages.
We are calling on you to endorse this letter by sending
an email by Thursday, July 12 at 24:00, in order to have your name added during the press conference.
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Il est certain que l'action citoyenne et les mouvements sociaux en vue de la paix se heurtent à plusieurs obstacles dont: le clanisme et le confessionnalisme exacerbés, l'ingérence excessive de puissances régionales et internationales, la mouvance croissante d'extrémistes de tous bords (rappelons ici que les combats entre l'armée Libanaise et Fateh el-Islam au nord du Liban se poursuivent et s'intensifient), etc. En outre, la plupart des groupes et des associations se mure dans des tours d'ivoire et est incapable d'édifier des partenariats pour constituer une force majeure de pression. En ce sens, il est souhaitable d'établir le plus grand nombre de liens possibles, qu'ils soient locaux ou transnationaux. L'exemple du mouvement Ou3a répond à ce besoin pressant. A mon avis, il constitue un point de départ qui ne peut être négligé et qu'il faudrait suivre de près, tout en essayant d'y contribuer.
Un an a passé depuis le fameux 12 juillet 2006, et un véritable cessez-le-feu entre le Liban et Israël n'a pas été établi. La situation au Liban est des plus critiques, et ce à plusieurs niveaux dont politique, sécuritaire et socio-économique. Le spectre d'un embrasement de grande envergure est toujours présent, mais aussi, l'espoir d'une solution inter-Libanaise. Un premier pas consiste à se rappeler pour ne pas oublier et pour ne pas commettre les mêmes erreurs du passé. Un deuxième pas complémentaire du premier consiste à opérer une ouverture entre les divers acteurs Libanais. Il ne suffit pas que celle-ci se trame dans les coulisses des leaders, mais elle devrait également inclure toutes les autres composantes de la société Libanaise - et de la diaspora. Sans ce mouvement progressif de solidarité et de convivialité qui prendrait nécessairement du temps et de la persévérance - mouvement qui s'étalerait sur une ou deux générations au minimum -, le Liban ne pourra se relever de ses cendres.
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Le 20 juillet, dans les colonnes du Devoir, M. Attali, consul général d'Israël à Montréal, pose la question suivante: «Quel est le point commun entre les nombreuses turbulences que traverse le Moyen-Orient actuellement, qu'il s'agisse de la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas, de la lutte pour le pouvoir du Hezbollah au Liban, de l'agitation qui secoue l'Irak ou de l'acquisition prochaine de l'arme nucléaire par une dictature radicale? La réponse est l'Iran.» En réalité, cette réponse serait plutôt: les États-Unis. Lorsqu'on connaît les projets américains de «nouveau Moyen-Orient», agiter la «menace iranienne» constitue une stratégie de diversion qui ne résiste pas à l'examen des faits. Premièrement, l'Iran n'est pas responsable de l'attaque américaine en Irak. Rappelons que, après la Révolution islamique de 1979, celle-ci risquant de se répandre à l'Irak, Saddam Hussein avait lancé une guerre sanglante contre le nouveau régime iranien. La guerre Iran-Irak, qui a duré huit ans (1980-1988) et a fait environ un million de morts, a été soutenue par les puissances occidentales, États-Unis en tête, qui armaient sans vergogne le régime dictatorial d'un Saddam qu'ils anéantiront un peu plus tard. Que le régime iranien, en tant que voisin, joue un rôle dans la guerre en Irak est une évidence, mais dire que «l'agitation» (qualifier 650 000 morts irakiens «d'agitation» est quelque peu troublant) vient de l'Iran ajoute la désinformation à l'euphémisme. Rappelons encore une fois que ce sont les États-Unis de Georges Bush avec leurs alliés qui ont attaqué l'Irak sous le prétexte de la présence menaçante d'armes de destruction massive (qui n'existaient pas, faut-il également le rappeler?).
Deuxièmement, les conflits qui secouent la Palestine actuellement sont, là encore, liés aux États-Unis (et bien évidemment à Israël). Lors d'élections reconnues comme démocratiques par la communauté internationale en janvier 2006, le Hamas a obtenu la majorité des suffrages dans les territoires palestiniens toujours occupés par Israël. Ouvertement, les États-Unis ont fait savoir qu'ils ne reconnaîtraient que le Fatah (le parti minoritaire) et qu'ils continueraient à le soutenir (comme ils avaient financé sa campagne électorale). Et si de nombreux Palestiniens ont voté pour le Hamas, c'est également pour exprimer leur opposition à cette ingérence impérialiste étrangère (étant donné leur histoire, les Palestiniens peuvent difficilement voter pour un parti soutenu par les Américains.).
Troisièmement, le Hezbollah. Là encore, le consul d'Israël réécrit l'histoire: «L'agression du Hezbollah contre Israël en 2006 a provoqué un affrontement majeur. Sans l'appui logistique et idéologique de l'Iran, jamais le Hezbollah n'aurait osé cette confrontation voulue par Téhéran.» Monsieur le consul ignore-t-il que son propre premier ministre, Éhoud Olmert, a reconnu publiquement que la guerre, déclenchée par Israël, était planifiée depuis des mois? Devant une commission d'enquête officielle, M. Olmert a affirmé que sa décision de riposter à l'enlèvement de soldats par une vaste opération militaire a été prise dès mars 2006, quatre mois avant que n'éclate la guerre au Liban (Haaretz, 8 mars 2007). Alors que les Libanais commémoraient ce 12 juillet le premier anniversaire du début de cette attaque israélienne qui a fait plus de 1100 morts civils (dont un tiers d'enfants) côté libanais, alors qu'Israël poursuit des exactions quotidiennes en Palestine et continue à construire un mur de la honte au mépris de toutes les résolutions internationales, accuser l'Iran d'être l'instigateur d'une «agression» contre Israël est un peu fort!
En outre, le consul d'Israël accuse le Hezbollah de vouloir «prendre le contrôle du Liban». En réalité, les élus du Hezbollah (parti politique légitime au Liban, qui participe aux élections) se sont retirés du gouvernement pour réclamer davantage de représentativité. Depuis la fin 2006, ils n'ont donc plus aucun portefeuille ministériel et ont rejoint l'opposition (composée d'une dizaine de partis) qui réclame (pacifiquement) des changements politiques. La coalition restée au pouvoir, soutenue là encore par les États-Unis et les puissances occidentales, continue donc de diriger le pays. Dans les faits, bien que le Hezbollah soit en partie financé par l'Iran, affirmer qu'il tente de «prendre le contrôle du Liban» est totalement infondé (il n'y a eu ni coup d'État ni agression interne qui puisse être attribuée au Hezbollah dans cette bataille politique). Il est évident que l'Iran joue un rôle majeur dans la politique au Moyen-Orient. C'est un grand pays, une puissance régionale et, en effet, un régime contestable pour de nombreux aspects de ses politiques intérieures et extérieures. Néanmoins, les puissances qui sont responsables, dans les faits, de déstabiliser la région sont les États-Unis et Israël (guerres contre l'Irak et l'Afghanistan, attaques militaires contre le Liban et occupation des territoires palestiniens).
En outre, venant de représentants politiques israéliens dont l'État a mis en place une politique d'apartheid, qui ne se cache plus de posséder l'arme nucléaire, qui est accusé de crimes de guerre par de nombreuses enquêtes au Liban comme en Palestine et qui viole plus de 70 résolutions onusiennes, ces accusations contre «l'axe du mal iranien» font grincer des dents. Le soutien inconditionnel des États-Unis à Israël n'est un secret pour personne, et les visées américaines au Moyen-Orient non plus. Ces discours de diabolisation de l'Iran sont particulièrement dangereux car ils préparent le terrain à une future attaque contre ce pays, attaque dont les conséquences cette fois ne seront pas régionales mais bien mondiales. Le fait que les néoconservateurs américains ne semblent pas exclure une guerre contre l'Iran, que le régime israélien pourrait encourager, constitue la réelle menace qui pèse aujourd'hui sur le Moyen-Orient.