Soutenance de thèse doctorale Pamela Chrabieh
27 Janvier 2006 (Université de Montréal, Québec, CA)
Pour une gestion médiatrice des diversités au Liban. Une théorie du plurilogue, au-delà du confessionnalisme.
Par Pamela Chrabieh
Résumé de la thèse doctorale, publié dans:
Faculté de théologie et de sciences des religions
Association des diplômées et des diplômés en théologie et en sciences des religions de l'Université de Montréal
Bulletin Dans le trafic
Bulletin numéro 24
Printemps 2006
Le Proche-Orient est en proie à des conflits et des échecs de tentatives de démocratisation depuis des décennies. Face à cette situation, les systèmes de gestion des diversités ne sont pas d’un grand secours. C’est le cas du confessionnalisme libanais, basé sur le partage du pouvoir entre dix-huit confessions ou communautés religieuses (chrétiennes et musulmanes en particulier), qui nécessite une réforme de ses modalités saturées par des constructions de savoirs et des pratiques teintées d’essentialismes.
En ce sens, plusieurs projets-alternatives furent avancés dès les années 90 suite à l’arrêt des combats à Beyrouth, tant par des instances religieuses que par des élites politiques, académiques et médiatiques: « démocratie consociative », « État islamique », « système laïc », « État islamo-chrétien », etc. Or, on compte parmi les tenants de ce dernier projet en vogue, des théologiens des dialogues islamo-chrétiens tels Georges Khodr et Mahmoud Ayoub, qui proposent une gestion des diversités davantage spiritualisée et moins corrompue, justement parce que la qualité de l’engagement religieux chrétien et musulman est un critère d’éligibilité à une fonction politique et à un bon fonctionnement de la société.
Le premier objectif de la thèse consiste donc à identifier tant les apports que les limites de ces théologies - et du projet de l’État islamo-chrétien - à la pensée sur le renouvellement de la gestion des diversités au Liban. Le deuxième objectif consiste à proposer des pistes de réflexion et d’action afin de dépasser ces limites et d’assurer une sortie du confessionnalisme qui puisse tenir compte des diverses composantes de la société libanaise (confessionnelles et non confessionnelles, officielles et non officielles, individuelles et collectives…): la redéfinition de concepts devenus inopérants tels qu’employés à ce jour, comme celui de l’identité, qui devrait être reconstruite au sein d’un processus de recherche de l’unité dans la diversité ; la relecture de l’histoire contemporaine du Liban - et surtout l’histoire de la guerre de 1975-2000+ - et ainsi, la construction d’une culture de la mémoire plurielle et en devenir; le développement et la promotion d’une éthique de la citoyenneté engagée, ouverte, et qui crée des ‘lieux’ d’interpénétration entre les diversités.
A cet effet, ma thèse a requis une approche conceptuelle médiatrice, alliant une théorie du plurilogue - pratique politique dynamique et pluridimensionnelle qui permet la création d’espaces de convivialité ne se limitant pas à un dialogue islamo-chrétien exclusiviste - et une méthode d’analyse des discours interpénétrative qui s’inspire de « l’islamologie appliquée » de Mohammad Arkoun - dont la démarche interrogative et la critique constructive opèrent des liens entre divers lieux de construction du savoir sur les rapports religion-politique-société : théologies, sciences des religions, sciences politiques et sociales, témoignages, discours et pratiques d’une pluralité d’acteurs de la société civile et de la diaspora libanaises, etc. Ainsi, j’en ai conclu que la gestion des diversités au Liban devrait dépasser les limites inhérentes au confessionnalisme ainsi que celles des discours tissés autour et à son encontre. Elle deviendrait en ce sens médiatrice entre le confessionnel et l’a-confessionnel, et pourrait de ce fait assurer une convivialité sociopolitique et prolonger l’itinéraire humain à voix/voies multiples.
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