Saturday, August 12, 2006

L'ETAT DE GUERRE EST PERMANENT. LIBAN 2006

Nous sommes encore en état de guerre !!!
12 août 2006



Enfin, après un mois de destruction systématique du Liban, le Conseil de Sécurité a voté à l’unanimité la résolution no.1701 à l’aube (heure de Beyrouth) appelant à la « cessation des hostilités », au retrait israélien progressif du territoire Libanais et à élargir les effectifs de la Finul à 15000 hommes pour épauler l’armée Libanaise.
« La résolution ne mentionne pas le chapitre VII de la Charte de l’ONU, qui permet l’utilisation de la force en cas de menace contre la paix et la sécurité internationale, option qui rencontrait l’hostilité du Liban. Elle souligne toutefois, dans un paragraphe préliminaire, que la situation au Liban constitue bien une telle menace.La résolution appelle également à la libération inconditionnelle des deux soldats israéliens dont la capture avait déclenché le conflit le 12 juillet.Concernant le secteur des fermes de Chebaa, la 1701 demande à Kofi Annan de faire dans les 30 jours des propositions pour la délimitation précise des frontières.« Il est absolument vital que les combats cessent maintenant », a souligné M. Annan au début de la séance, regrettant que l’incapacité du Conseil à adopter plus tôt une résolution ait ébranlé la confiance du monde envers l’autorité et l’intégrité de cette instance » (OJ, 12 août 2006).

Entretemps, nous attendons les votes respectifs des gouvernements Libanais (samedi) et israélien (dimanche) qui devraient se prononcer sur cette résolution, et nous attendons que les massacres et destructions s’arrêtent. L’aviation israélienne qui avait pourchassé les rescapés de Marjaayoun hier soir a tué 8 civils et blessé 40 autres. Le pilonnage de plusieurs villes et villages au Sud du Liban et dans la plaine de la Békaa se poursuit… Les « hostilités » se poursuivent… LA GUERRE SE POURSUIT, LE SIÈGE AÉRIEN, MARITIME ET TERRESTRE SE POURSUIT !!
Et Rien ne garantit l’application de cette résolution… Absolument rien !!

Rappelons que la résolution 425 (adoptée en 1978) enjoignant Israël de mettre fin à son action militaire contre l’intégrité territoriale du Liban et de retirer ses forces de l’ensemble du territoire libanais n’est pas encore appliquée. Il en est de même pour plusieurs autres résolutions sur les opérations militaires successives d’Israël au Liban et sur son occupation de territoires libanais adoptées depuis (Ex : résolution 509). Selon l’Institut Européen de Recherche sur la Coopération Méditerranéenne et Euro-Arabe (avec le soutien de la Commission Européenne), « Israël occupe encore actuellement le sud du Liban (voir "zone de sécurité"*) et s'octroie le droit de lancer régulièrement des attaques contre la résistance du Hezbollah installée dans cette région ».
http://www.medea.be/

Je suis (et plusieurs autres comme moi) sceptique… Non seulement par rapport à l’application de la résolution moyennant l’aval des gouvernements Libanais et Israélien ; mais aussi parce que cette résolution ne satisfait pas entièrement le Liban et Israël.

« C’est un fait qu’après un mois d’affrontements, et pour la première fois dans les annales du Proche-Orient, l’ennemi s’avère incapable d’imposer sa loi sur le champ de bataille. 8 000 sorties aériennes et plus de 100 000 obus d’artillerie n’ont pu venir à bout de ce Hezbollah que se promettaient d’annihiler les généraux d’Israël. De toutes les options caressées par l’état-major de Tel-Aviv, ne subsistait plus hier que celle consistant à repousser la Résistance jusqu’au cours du fleuve Litani : entreprise qu’il lui a fallu cependant recommencer tous les jours à partir de zéro, avec tous ces combattants ressurgissant sans cesse, pratiquement de sous terre, dans le dos de l’envahisseur, dans les localités du Sud tenues pour investies, occupées, nettoyées.Ce n’est pas seulement à des fins de chantage diplomatique qu’Israël a maintenu jusqu’au bout la menace d’une extension de son offensive. Pour reprendre un inusable cliché, l’État hébreu a sans doute été près de céder à la tentation d’une fuite en avant qui lui eût permis de marquer, in extremis, des points sur le terrain. Dans le même temps qu’il acceptait la résolution onusienne, Ehud Olmert a d’ailleurs mis les bouchées doubles ; mais il est déjà trop tard. La honte d’une guerre non gagnée (et donc perdue, s’agissant là de l’armée la plus puissante de la région aux prises avec une guérilla) ; le légendaire pouvoir de dissuasion d’Israël considérablement émoussé ; l’improvisation dans le déclenchement du conflit ; la folle valse des objectifs ; les récriminations des militaires ; les divisions au sein même du gouvernement, l’impréparation de la population face aux pluies de roquettes : tout cela en effet se traduit déjà par une désaffection brutale de l’opinion publique, que révèlent les derniers sondages. ’On ne peut pas faire entrer en guerre un pays entier, n’obtenir qu’une humiliante défaite et demeurer au pouvoir’, relevait hier l’influent Haaretz. On ne peut pas entraîner tout un pays dans une guerre ruineuse et songer même à conserver ce terrible pouvoir censé être l’apanage exclusif de l’État, ont durement constaté pour leur part, bien avant Haaretz, les Libanais. Le Hezbollah a stupéfait le monde en tenant tête, un mois durant, aux colonnes ennemies, en désorganisant par ses tirs de roquettes la vie quotidienne en Israël. Mais à quel effroyable prix tant d’héroïques exploits, pour qui donc une si relative victoire dont le pays saigné, dévasté, dépeuplé par les barbares bombardements israéliens se serait volontiers passé ?La résolution XXXX est loin de répondre, une fois de plus, aux exigences du Liban, énoncées dans son plan en sept points, et le gouvernement Siniora ne s’y ralliera probablement aujourd’hui qu’avec force réserves. La cessation des hostilités qu’elle décrète n’est pas en effet le cessez-le-feu immédiat réclamé, celui-ci ne devant être institué que dans le cadre d’un accord politique sur la pacification de la région frontalière. Pas immédiat non plus, mais progressif sera le retrait des troupes occupantes. Si le texte demande, dans son préambule, la libération des deux militaires israéliens capturés le 12 juillet, il ne prévoit aucun échange de prisonniers. Enfin, la question des fermes de Chébaa n’y est évoquée que dans le cadre d’une mission confiée au secrétaire général Kofi Annan centrée sur la mise en application des précédentes résolutions de l’ONU et de l’accord interlibanais de Taëf .Il reste qu’en dépit de toutes ces lacunes, une chance réelle s’offre à notre pays de clore une fois pour toutes le douloureux dossier de ce Sud dont les puissances régionales ont longtemps fait l’exutoire de leurs propres impuissances, l’incandescent point d’entrée de leurs intrigues et ambitions. Cette chance est celle d’une armée régulière restaurant l’autorité étatique dans la région frontalière, avec le soutien d’une Finul vitaminée dont les effectifs pourraient être portés à 15 000 hommes. Avec, il faut l’espérer de toutes ses forces, le soutien plus décisif encore des Libanais de tous bords. Cette chance pourrait être la dernière. Un pays ne peut tout de même pas passer sa vie (ses vies ?) à perdre imprudemment – puis à s’échiner à récupérer – son territoire » (Issa Goraieb, OJ, 12 août 2006).


Le texte de la résolution 1701:


Voici une traduction non officielle du texte de la résolution 1701 sur le conflit entre Israël et le Hezbollah, adoptée hier soir à l’unanimité par les 15 membres du Conseil de sécurité, qui appelle à une cessation des hostilités et au déploiement au Liban-Sud d’une force de 15 000 hommes sous mandat de l’ONU.Les considérations préliminaires ont été omises par souci de concision.Le Conseil de sécurité...

Considérant que la situation au Liban constitue une menace à la paix et à la sécurité internationales,

1. lance un appel en faveur d’une cessation totale des hostilités fondée, en particulier, sur la cessation immédiate par le Hezbollah de toutes les attaques et la cessation immédiate par Israël de toutes les offensives militaires ;

2. dès la cessation totale des hostilités, demande au gouvernement libanais et à la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban), comme elle y est autorisée par le paragraphe 11, de déployer leurs forces ensemble dans tout le Sud, et demande au gouvernement israélien, alors que ce déploiement commence, de retirer en parallèle toutes ses forces du Liban-Sud ;

3. souligne qu’il importe que le gouvernement libanais étende son autorité à l’ensemble du territoire libanais, conformément aux dispositions des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006), et aux dispositions pertinentes des accords de Taëf, afin d’y exercer intégralement sa souveraineté, de sorte qu’aucune arme ne s’y trouve sans le consentement du gouvernement libanais et qu’aucune autorité ne s’y exerce autre que celle du gouvernement libanais ;

4. réaffirme son ferme appui en faveur du strict respect de la ligne bleue ;

5. réaffirme également son ferme attachement, comme il l’a rappelé dans toutes ses résolutions précédentes sur la question, à l’intégrité territoriale, à la souveraineté et à l’indépendance politique du Liban à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, comme prévu dans l’accord général d’armistice israélo-libanais du 23 mars 1949 ;

6. demande à la communauté internationale de prendre des mesures immédiates pour prêter son concours financier et humanitaire au peuple libanais, notamment en facilitant le retour en toute sécurité des personnes déplacées et en rouvrant les aéroports et les ports sous l’autorité du gouvernement libanais, conformément aux paragraphes 14 et 15, et lui demande également de fournir dans l’avenir une aide à la reconstruction et au développement du Liban ;

7. affirme que toutes les parties sont tenues de veiller à ce que ne soit menée aucune action, contraire au paragraphe 1, qui pourrait être préjudiciable à la recherche d’une solution à long terme, à l’accès de l’aide humanitaire aux populations civiles, notamment au passage en toute sécurité des convois humanitaires, au retour volontaire et dans la sécurité des personnes déplacées, et demande à toutes les parties de s’acquitter de cette responsabilité et de coopérer avec le Conseil de sécurité ;

8. lance un appel à Israël et au Liban pour qu’ils appuient un cessez-le-feu permanent et une solution à long terme fondés sur les principes et éléments suivants :– strict respect par les deux parties de la ligne bleue ;– adoption d’un dispositif de sécurité qui empêche la reprise des hostilités, notamment l’établissement, entre la ligne bleue et le (fleuve) Litani, d’une zone d’exclusion de tout personnel armé, de biens et d’armes autres que ceux déployés dans la zone par le gouvernement libanais et les forces de la Finul, autorisés en vertu du paragraphe 11;– application intégrale des dispositions pertinentes des accords de Taëf et des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006) qui exigent le désarmement de tous les groupes armés au Liban, afin que, conformément à la décision du gouvernement libanais du 27 juillet 2006, seul l’État libanais soit autorisé à détenir des armes et à exercer son autorité au Liban ;– exclusion de toute force étrangère au Liban sans le consentement du gouvernement libanais ;– exclusion de toute vente ou fourniture d’armes et de matériels connexes au Liban, sauf celles autorisées par le gouvernement libanais ;– communication à l’ONU des cartes des mines terrestres posées au Liban encore en la possession d’Israël ;

9. invite le secrétaire général (Kofi Annan) à appuyer les efforts visant à obtenir dès que possible des accords de principe de la part du gouvernement libanais et du gouvernement israélien concernant les principes et éléments en vue d’une solution à long terme, tels qu’énoncés au paragraphe 8, et exprime son intention de rester activement engagé ;

10. prie le secrétaire général de mettre au point, en liaison avec les acteurs internationaux-clefs et les parties intéressées, des propositions pour mettre en œuvre les dispositions pertinentes des accords de Taëf et des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006), notamment de celles relatives au désarmement, et pour délimiter les frontières internationales du Liban, en particulier dans les zones où la frontière est contestée ou incertaine, y compris en s’occupant de la question des fermes de Chebaa, et de les lui présenter dans les 30 jours ;

11. décide, en vue de compléter et de renforcer les effectifs, le matériel, le mandat et le champ d’opérations de la Finul, d’autoriser un accroissement des effectifs de celle-ci pour les porter à un maximum de 15 000 hommes, et décide que la Force devra, en sus de l’exécution de son mandat au titre des résolutions 425 et 426 (1978) :a. contrôler la cessation des hostilités ;b. accompagner et appuyer les forces armées libanaises à mesure de leur déploiement dans tout le Sud, y compris le long de la ligne bleue, pendant qu’Israël retire ses forces armées du Liban comme il est prévu au paragraphe 2 ;c. coordonner ses activités relatives à l’exécution du paragraphe 11 b) avec les gouvernements libanais et israélien ;d. fournir son assistance pour aider à assurer un accès humanitaire aux populations civiles et le retour volontaire des personnes déplacées dans des conditions de sécurité ;e. aider les forces armées libanaises à prendre des mesures en vue de l’établissement de la zone mentionnée au paragraphe 8;f. aider, sur sa demande, le gouvernement libanais à donner effet au paragraphe 14 ;

12. agissant à l’appui d’une demande du gouvernement libanais tendant à ce qu’une force internationale soit déployée pour l’aider à exercer son autorité sur l’ensemble du territoire, autorise la Finul à prendre toutes les mesures nécessaires dans les secteurs où ses forces sont déployées et, quand elle le juge possible dans les limites de ses capacités, de veiller à ce que son théâtre d’opérations ne soit pas utilisé pour des activités hostiles de quelque nature que ce soit, de résister aux tentatives visant à l’empêcher par la force de s’acquitter de ses obligations dans le cadre du mandat que lui a confié le Conseil de sécurité, et de protéger le personnel, les locaux, les installations et le matériel des Nations unies, d’assurer la sécurité et la liberté de mouvement du personnel des Nations unies et des travailleurs humanitaires, et, sans préjudice de la responsabilité du gouvernement libanais, de protéger les civils exposés à une menace imminente de violences physiques ;

13. prie le secrétaire général de mettre d’urgence en place des mesures de nature à garantir que la Finul est à même de s’acquitter des fonctions envisagées dans la présente résolution, exhorte les États membres à envisager d’apporter des contributions appropriées à la Finul et de répondre de manière positive aux demandes d’assistance de la Force, et exprime sa vive gratitude à ceux d’entre eux qui ont contribué à la Finul par le passé ;

14. demande au gouvernement libanais de sécuriser ses frontières et les autres points d’entrée de manière à empêcher l’entrée au Liban sans son consentement d’armes ou de matériel connexe et prie la Finul, comme elle y est autorisée au paragraphe 11, de prêter assistance au gouvernement libanais sur sa demande ;

15. décide en outre que tous les États devront prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher, de la part de leurs ressortissants ou à partir de leurs territoires ou au moyen de navires de leur pavillon ou d’aéronefs de leur nationalité :a) la vente ou la fourniture à toute entité ou tout individu situés au Liban d’armes et de matériel connexe de tous types, y compris les armes et leurs munitions, les véhicules et le matériel militaires, le matériel paramilitaire et leurs pièces de rechange, que ce matériel provienne ou non de leur territoire ; b) la fourniture à toute entité ou tout individu situés au Liban de toute formation ou moyen techniques liés à la fourniture, à la fabrication, à l’entretien ou à l’utilisation des matériels énumérés au paragraphe a) ci-dessus, étant entendu que ces interdictions ne s’appliqueront pas aux armes, au matériel connexe, aux activités de formation ou à l’assistance autorisés par le gouvernement libanais ou par la Finul, comme elle y est autorisée au paragraphe 11;

16. décide de proroger le mandat de la Finul jusqu’au 31 août 2007, et exprime son intention d’envisager dans une résolution ultérieure un nouveau renforcement de son mandat et d’autres mesures visant à contribuer à la mise en œuvre d’un cessez-le-feu permanent et d’une solution à long terme ;17. prie le secrétaire général de lui rendre compte dans une semaine au plus tard, puis à intervalles réguliers, de l’application de la présente résolution ;

18. souligne qu’il importe et qu’il est nécessaire d’instaurer une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient, sur la base de toutes ses résolutions pertinentes, y compris ses résolutions 242 (1967) du 22 novembre 1967, 338 (1973) du 22 octobre 1973 et 1515 (2003) du 19 novembre 2003 ;

19. Décide de rester activement saisi de la question.


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QUELQUES ARTICLES DE LA PRESSE

Jerry et Tom
L'article de Ziyad MAKHOUL


Trente-deuxième semaine de 2006.La diplomatie et la guerre jouent au chat et à la souris, et rien n’empêche, malheureusement, la résolution onusienne et l’extension de l’offensive israélienne de cohabiter pendant des jours et des jours, rien n’empêche, si les choses ne sont pas faites comme elles doivent l’être, la guerre de recommencer quelques heures, quelques jours après ce fameux vote.Paris, Washington, Moscou, les Arabes ont joué, jouent et continueront de jouer au chat et à la souris à qui réussira à faire prévaloir en premier les intérêts du Liban, ceux d’Israël, les leurs propres...Ehud Olmert joue au chat et à la souris : avec son avenir politique, intimement lié aux issues de la guerre contre le Liban, avec son opinion publique, qui ne le soutient plus qu’à 37 % ; avec la direction de l’armée ; avec ce résumé d’une concision effarante fait par Shimon Peres, « Ce sera nous ou eux » ; avec ce qu’il considère comme étant l’avenir de l’État hébreu ; avec les crimes de guerre et les violations des droits humanitaires...Hassan Nasrallah joue au chat et à la souris : avec sa libanité, cette vision sans doute insupportable pour lui de ces centaines de milliers de personnes déplacées ; avec son arabité, ce n’est vraiment pas évident de refuser une nassérisation absolue, la vénération d’une partie des musulmans, de Djakarta à Casablanca ; avec sa persitude, sa filiation doctrino-sentimentale à Téhéran, à Khamenei, à Rasfandjani ; il joue au chat et à la souris avec la pérennité de ses armes, synonyme indiscutable de non-libanisation ; avec les possibles dissidences internes...Hassan Nasrallah et Ehud Olmert ont joué, jouent au chat et à la souris à qui enregistrera, sinon la victoire, militaire ou diplomatique ou psychologique, du moins à qui saura éviter de trop flagrantes défaites.L’Iran joue au chat et à la souris avec son dossier nucléaire, avec ce 31 août onusien qui approche ; avec ce fantasme absolu de frontière commune avec Israël (via le bouc émissaire libanais naturellement) qui risque très probablement de s’évanouir ; avec Ryad, avec Le Caire, avec Amman, avec Ankara aussi...La Syrie joue au chat et à la souris avec le rapport Brammertz ; avec ce fantasme absolu de revampirisation du Liban (via ses alliés-sbires, libanais ou palestiniens, armés ou pas) qui doit s’évanouir à tout jamais ; avec la communauté internationale qui la marginalise jusqu’au bout et devant laquelle elle n’hésite pas, souvent, à se livrer au plus putassier des strip-teases ; avec l’avenir tout court, puisqu’elle sera entourée des Américains à l’est, des Turcs au nord et, à l’ouest, sur l’ensemble de sa frontière avec le Liban, de forces onusiennes – et si tel n’est pas le cas, tout sera, sans doute aucun, à refaire.Fouad Siniora joue au chat et à la souris avec cette nécessité incontournable d’asseoir pour les années à venir l’État libanais dans toute sa plénitude, avec cette exigence fondamentale d’éviter l’émergence du moindre signe de clash communautaire, de guerre civile, militaire ou sociale ; il joue au chat et à la souris, entre tout ce qu’il y aura à reconstruire, les milliards de dette publique, les 6 % de croissance 2006 et les 5 milliards de l’été, évanouis en fumée...La majorité au pouvoir joue au chat et à la souris avec elle-même, avec ceux qui ont voté pour elle, avec tout : une fois la guerre définitivement terminée, elle n’a pas d’autre choix que d’avoir, prêt-à-porter, un programme exhaustif de réformes à proposer aux Libanais et au monde, et à imposer, à moins que l’opposition n’ait mieux à proposer.Le dialogue joue au chat et à la souris avec le temps : arrive un moment où il faut, inévitablement, arrêter net de parler, et faire, agir, concrétiser.Les Libanais jouent au chat et à la souris : avec la mort, celle qui vient du ciel, de la mer, de la terre ; celle, aussi, qui peut venir de l’intérieur, d’eux-mêmes, et, malgré de nombreux énervements entre les réfugiés et les riverains qui les ont accueillis, les choses se passent pour l’instant plutôt bien ; et reste(ra) cette image, au centre des Focolare de Aïn Aar, des chiites du Sud qui n’ont jamais vu de catholiques et qui, les jeudis soir, psalmodient les prières chrétiennes avec les catholiques, avant que les catholiques ne récitent, avec les chiites, les versets du Coran – éternelle image.Le Liban joue au chat et à la souris avec son court, son moyen, son long terme : il y a l’urgence de la rédaction, en une semaine, d’un nouveau pacte social, dans lequel tous les patriotismes seront admis, constitutionnalisés, débarrassés de toutes les accusations de traîtrise possibles et imaginables, mais dans lequel, aussi, surtout, sera marqué, en caractères gros et gras, que ce pays passera les trente prochaines années de sa vie à s’occuper de lui-même, à se remettre sur pied, à faire primer les logiques de vie sur les appétances au martyre, à oublier toutes les causes, toutes les tendances, arabes fussent-elles ou occidentales.Chez Disney, la souris, futée, échappe souvent au chat. Dans la vie, elle ne doit son salut qu’à un hasard, un accident de l’histoire, une occasion aléatoire, et si elle n’en profite pas, la souris, elle, est bouffée. Crue. Ziyad MAKHOUL (OJ, 12 août 2006)

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Avant le vote de la résolution franco-US, Olmert avait ordonné à l’armée de se préparer à lancer une offensive
Israël a soufflé le chaud et le froid sur les négociations à l’ONU



À mesure que se précisait hier soir l’avancée survenue dans les discussions en vue de l’adoption du projet de résolution franco-américain au Conseil de sécurité de l’ONU, Israël a soufflé le chaud et le froid sur ces pourparlers, laissant tantôt entendre qu’il se conformera au texte s’il est voté et tantôt que le projet lui paraissait inacceptable en l’état. Peu avant la réunion du Conseil de sécurité sur le projet de résolution franco-US, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, avait ordonné à l’armée de se préparer à lancer une offensive terrestre en profondeur au Liban.Selon le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Marc Regev, M. Olmert « a décidé d’appliquer la décision du cabinet de sécurité prise mercredi et ordonné à l’armée d’agir contre des positions du Hezbollah à partir desquelles sont tirés des roquettes et des missiles visant des citoyens israéliens », a précisé le porte-parole dont les propos ont précédé la réunion du Conseil de sécurité.« Cette décision ne vise pas à se substituer à une solution politique. Au contraire, Israël suit avec attention les discussions au Conseil de sécurité de l’ONU à New York, mais en l’absence de mesures concrètes jusqu’à présent, le gouvernement israélien est contraint d’agir pour assurer la défense de ses citoyens », a ajouté le porte-parole.Il n’a pas précisé le moment du lancement de l’offensive que doit mener l’armée israélienne jusqu’au fleuve Litani, situé au nord de la zone qu’elle contrôle déjà.Un autre responsable des Affaires étrangères, Ygal Palmor, a pour sa part souligné qu’Israël demandait que la résolution qui doit être présentée au Conseil de sécurité comporte des « garanties de sécurité ».« Il faut impérativement que le Hezbollah soit neutralisé et que des garanties nous soient fournies pour que cette organisation terroriste ne profite pas d’un futur retrait de l’armée israélienne du Liban-Sud pour recréer un État dans l’État à la frontière et continue de menacer le nord d’Israël », a ajouté M. Palmor.Auparavant, un haut responsable à la présidence du Conseil israélienne avait affirmé : « Nous ne pouvons pas attendre indéfiniment le bon vouloir du Liban et ce, d’autant plus que le Liban a rejeté plusieurs paragraphes-clés du texte, notamment sur le déploiement d’une force internationale avec des pouvoirs. »Israël avait réitéré jeudi soir une série de conditions pour donner son feu vert au projet de résolution à l’ONU. Parmi les points que l’État hébreu souhaitait voir dans le texte figurent « l’éloignement du Hezbollah du Liban-Sud au-delà du fleuve Litani, la libération des deux soldats israéliens enlevés le 12 juillet, le déploiement d’une force internationale disposant de vrais pouvoirs au Liban-Sud ainsi que le long de la frontière libano-syrienne pour empêcher le trafic d’armes en faveur du Hezbollah et le désarmement à terme de ce dernier ».Un responsable israélien avait souligné jeudi soir que la question des fermes de Chebaa ne devait pas figurer dans le projet de résolution. « Ce dossier n’a absolument rien à voir avec le conflit actuel », avait-il souligné.Hier soir, un porte-parole du gouvernement israélien, Avi Pazner, a souligné que le texte présenté au Conseil de sécurité était « inacceptable en l’état ».« Ce projet de résolution a été dénaturé à la suite de l’intervention du Liban sous la pression du Hezbollah, les discussions ont pris des allures de marchandages chez un marchand de tapis libanais, nous ne tomberons pas dans ce piège », a affirmé M. Pazner à l’AFP.« L’option diplomatique ayant échoué pour le moment, nous n’avons pas d’autre choix que de nous orienter vers l’option militaire », a ajouté M. Pazner en confirmant que le Premier ministre Ehud Olmert avait donné l’ordre à l’armée de se préparer à lancer une offensive terrestre au Liban-Sud.Le porte-parole a toutefois indiqué que si un projet de résolution était adopté en donnant satisfaction aux demandes israéliennes, « l’opération militaire pourrait être arrêtée à tout moment ».Peu auparavant, Israël avait fait savoir aux États-Unis qu’il n’accepterait pas automatiquement la résolution, selon la chaîne de télévision israélienne 10.La ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, a déclaré au téléphone à la secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice, que l’acceptation par Israël du texte « ne peut pas être tenue pour acquise ».Plus tard, la même chaîne affirmait, en citant des proches de M. Olmert, qu’Israël considérait comme « positive » la dernière mouture du projet de résolution.Interrogé une nouvelle fois, M. Pazner a affirmé ne pas être au courant d’un changement de la position de son pays, mais a relevé que « de nouvelles versions du texte circulent toutes les vingt minutes ».
(OJ, 12 août 2006)
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Les véhicules, escortés par une force de l’ONU, pris pour cible par un drone israélien
Raid contre le convoi de civils et militaires évacués de Marjeyoun : 8 tués, 40 blessés


Au moins huit personnes ont été tuées, dont des militaires, et 40 blessées hier soir, dans des raids aériens israéliens qui ont visé le convoi de voitures, escorté par l’ONU, qui avait été évacué de Marjeyoun et qui a atteint hier soir la Békaa-Ouest. Des drones ont tiré au moins cinq missiles au niveau de Kefraya sur ce convoi constitué de quelque 3 000 civils et de 350 membres de la force mixte qui avait évacué la caserne de Marjeyoun, désormais occupée par l’armée israélienne.Ce convoi de centaines de véhicules de civils et de militaires libanais, escorté par des Casques bleus, était arrivé hier en fin d’après-midi à Hasbaya.Il a fallu plus de deux heures de temps aux véhicules pour parcourir les quelque 13 km séparant Marjeyoun, chef-lieu de caza, du village de Kfeir (caza de Hasbaya).Le commandant de la force mixte, formée de l’armée et de gendarmes, le général Adnan Daoud, à la tête du convoi, a déclaré que les soldats israéliens se trouvaient toujours dans la caserne de Marjeyoun qu’ils occupent depuis jeudi et que les militaires ont décidé d’évacuer. « Les troupes israéliennes nous ont bien traités au début. Ensuite, ils ont décidé de nous considérer comme des prisonniers de guerre », a-t-il indiqué, remerciant le ministre de l’Intérieur, Ahmad Fatfat, qui a effectué des pourparlers pour la réussite de l’évacuation et qui a tenu à permettre aux citoyens désireux de fuir la zone de suivre le convoi.Il a ajouté que les militaires de la force mixte avaient remis leurs armes aux Casques bleus.Quelque 500 voitures de civils avaient rejoint les 350 soldats et gendarmes qui étaient stationnés dans cette caserne. Venue de Marjeyoun et des villages environnants, la population a ainsi profité de l’évacuation des militaires pour fuir la zone des combats. Le personnel de l’hôpital public de Marjeyoun et les patients de l’établissement ont également été évacués.La Finul a dépêché deux blindés pour encadrer le convoi, à la demande du gouvernement, a-t-elle indiqué, précisant que le départ du convoi a été retardé pendant des heures en raison de l’état des routes, coupées ou endommagées par les bombardements israéliens.Le porte-parole de la Finul, Milos Strugar, a de son côté indiqué en réponse à une question qu’il « ignorait les raisons pour lesquelles les soldats israéliens ont choisi de rester dans cette caserne ».Dans un entretien avec la LBC, le ministre de l’Intérieur a noté que plusieurs parties, notamment le président français, Jacques Chirac, ont œuvré pour une évacuation sans heurts de la force mixte et des civils du caza de Marjeyoun.M. Fatfat a souligné dans ce cadre : « Nous aurions préféré que les membres de la force mixte et les civils restent sur place, mais cela s’est avéré impossible face à la décision militaire israélienne, qui a voulu les utiliser comme boucliers humains. »Répondant à certaines critiques, le ministre de l’Intérieur a souligné : « Cela aurait été un suicide collectif de donner l’ordre à la force mixte de se battre. »Marjeyoun était jusqu’en mai 2000 le siège politique, administratif et militaire de l’ex-armée du Liban-Sud (ALS), alliée des Israéliens.Les habitants n’avaient pas fui lors du déclenchement des hostilités le 12 juillet, Marjeyoun étant épargné par les bombardements. Le front s’est rapproché d’eux quand des colonnes israéliennes sont montées jeudi à l’assaut de Khiam. Les soldats et les gendarmes qui ont quitté Marjeyoun font partie d’une force mixte créée pour maintenir l’ordre dans la région après le retrait de 2000. Cette force comptait en tout, jusqu’en juillet dernier, un millier d’hommes (OJ, 12 août 2006).

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Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU condamne les attaques israéliennes contre les civils


Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a adopté hier une résolution dénonçant les opérations militaires israéliennes au Liban et demandant une enquête sur les attaques contre les civils. La résolution, présentée par les pays musulmans, a été adoptée par 27 voix pour, onze contre et huit abstentions, à l’issue d’une session spéciale du Conseil consacrée à la situation au Liban.Selon le texte, le Conseil « décide d’établir d’urgence et d’envoyer immédiatement une commission d’enquête de haut niveau comprenant des experts en matière de droits de l’homme et de droit humanitaire international ». Cette commission devra enquêter sur les attaques « systématiques » contre les civils commises par Israël au Liban.Le texte « condamne énergiquement les violations de droits de l’homme et les infractions au droit international humanitaire commises par Israël au Liban ».Il dénonce « le bombardement massif des populations civiles libanaises », faisant référence notamment au massacre de Cana.Il demande à Israël de « mettre immédiatement un terme aux opérations militaires contre la population et les biens civils ».Dans un paragraphe ajouté au projet de texte initial, la résolution « demande instamment à toutes les parties concernées de respecter les règles du droit humanitaire international, de s’abstenir d’user de violence contre la population civile, et de traiter en toutes circonstances tous les combattants faits prisonniers et les civils de manière conforme aux conventions de Genève ». Les conventions de Genève de 1949 font notamment obligation aux belligérants de préserver les populations civiles et de bien traiter les prisonniers.La résolution ne fait aucune référence explicite aux opérations du Hezbollah dont les tirs de roquettes sur le nord d’Israël ont fait 38 morts parmi la population civile.Sur les 47 pays membres du Conseil, les pays occidentaux (dont la France, l’Allemagne, les Pays-Bas) et le Japon ont dans leur ensemble voté contre le texte et les pays arabes et musulmans pour. La Russie, la Chine, l’Inde, Cuba et d’autres pays latino-américains (Équateur, Mexique, Pérou) ont soutenu le texte.Dans son explication du vote, le représentant de l’Union européenne a déploré que la résolution « ne traite que des inquiétudes causées par une seule des parties » au conflit. Au cours du débat, la haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme avait averti que les responsables pouvaient être poursuivis pour crimes de guerre.« Il y a un besoin clair et urgent de clarifier la situation » dans ce domaine en menant un « examen systématique, indépendant, crédible et approfondi », a-t-elle affirmé.« Quand les obligations légales régissant la conduite des hostilités sont violées, a-t-elle averti, la responsabilité personnelle et juridique (des responsables) peut être engagée, en particulier pour ceux qui occupent des postes de commandement. » « Je rappelle donc à tous les belligérants que des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité peuvent être commis par des personnes qui croient, à tort ou à raison, que leur combat est juste et leur cause digne d’être menée », a-t-elle ajouté.Pour Mme Arbour, « après un mois et alors que la situation empire de jour en jour, cette crise réclame de la part du Conseil une réponse ferme et significative ». Elle avait averti que les responsables de ces violences pouvaient être poursuivis pour crimes de guerre.Mme Arbour avait souligné qu’une enquête devrait couvrir aussi bien les tirs du Hezbollah contre les villes et villages du nord d’Israël que les bombardements israéliens au Liban.« Les attaques israéliennes touchant des civils continuent sans relâche », avait-elle noté, ajoutant que « c’est aussi le cas du bombardement aveugle par le Hezbollah de zones densément peuplées dans le nord d’Israël, qui a semé la mort et la destruction ».Mme Arbour avait aussi fait allusion à des « allégations répétées sur l’utilisation par le Hezbollah de boucliers humains » (OJ, 12 août 2006).

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Israel widens Lebanon assault despite UN resolutionIsrael says new Lebanon offensive could last weeks

By Agence France Presse (AFP)

Saturday, August 12, 2006
by Jihad Siqlawi


TYRE, Lebanon, Aug 12, 2006 (AFP) - Israeliurity Council call for an end to the month-old war.
"This operation is aimed at preventing Hezbollah from firing rockets into northern Israel and is not limited in time," Israeli government spokesman Avi Pazner said.
An army spokesman said the new ground operation, launched after a security cabinet decision last Wednesday, could extend up to the strategically important Litani river which runs up to 30 kilometres (19 miles) from the border.
One military official said the operation could last weeks and even extend beyond the Litani.
Israeli combat jets were also in action early Saturday across other parts of Lebanon, pounding northern roads leading to Syria and destroying a power plant in the major southern city of Sidon.
At least 15 people were killed or injured when fighter-bombers hit a village near the southern port city of Tyre, police said.
Troops in tanks and armoured vehicles were rolling towards hilltops overlooking the river where they were meeting fierce resistance from Shiite Muslim Hezbollah fighters, Lebanese police said.
Hezbollah also fired a salvo of 20 rockets at Israel, police said.
The Litani has served as a strategic limit for Israel's operations in Lebanon since it first invaded its northern neighbour in 1978, leading to a long and bloody occupation that ended only six years ago.
A top military official had said that four divisions -- between 24,000 and 40,000 - would take part in the expanded ground push.
Saturday's operation was launched only hours after the Security Council unanimously adopted a resolution calling for a cessation of hostilities and the deployment of a 15,000-strong international force in Lebanon.
Resolution 1701, drafted by the United States and France, was passed by the 15-member council after days of bitter wranging at the United Nations over the text and frantic shuttle diplomacy.
It also calls for all Israeli troops to withdraw from southern Lebanon after an end to the fighting -- the timing for which has yet to be agreed by Lebanon and Israel.
The agreement calls for "a full cessation of hostilities based upon, in particular, the immediate cessation by Hezbollah of all attacks and the immediate cessation by Israel of all offensive military operations." With Israel pursuing its military offensive, Prime Minister Ehud Olmert said he would urge his cabinet to accept the resolution when it meets Sunday, according to a government spokesman.
Pazner had said before the resolution was adopted that the military operation "could be stopped at any moment." The Lebanese cabinet was also to meet Saturday and US officials said it was expected to accept the resolution, which also calls for the release of two Israeli soldiers whose abduction by Hezbollah triggered the war on July 12.
UN Secretary General Kofi Annan criticised the time world powers took to reach a resolution on ending a conflict that has claimed more than 1,200 lives, most of them Lebanese civilians.
"All members of this council must be aware that this inability to act sooner has badly shaken the world's faith in its authority and integrity," he said.
Shortly before the long-awaited resolution was passed, at least seven people were killed when Israeli drones attacked a convoy of Lebanese security forces and civilians who had been under UN escort.
Lebanon's acting Foreign Minister Tarek Mitri expressed profound doubts about the likelihood of the resolution being able to end the war and was scathing in his criticism of Israel.
"For a month now, as the world continues to watch and the international community continues to watch, Israel has besieged and ravaged Lebanon, creating a humanitarian and environmental disaster," he said.
Mitri characterised the weeks of Israeli artillery and aerial bombardments against his country as a "strategy of terror" and a "obscenely disproportionate and unjustifiable" retaliation for Hezbollah rocket attacks on northern Israel.
"The Lebanese are not confident in Israeli distinction between 'defensive' and 'offensive'," he added. "The end to military operations should be unqualified." More than 1,100 people have been killed in Lebanon and more than 900,000 displaced while Israel's bombardments have laid waste to the only international airport, roads, bridges and power stations and effectively cut the country off from the outside world.
Israel's ambassador Dan Gillerman laid the blame for the conflict with Lebanon and said the issue would return to the United Nations if Lebanon failed to implement its side of the proposed ceasefire.
Israel has lost 38 civilians and 82 soldiers.
In a warning to Hezbollah's main backers, meanwhile, US Secretary of State Condoleezza Rice warned Iran and Syria to respect the resolution.
"We call upon every state, especially Iran and Syria, to respect the sovereignty of the Lebanese government and the will of the international community," she told the Security Council.
She also said "Hezbollah now faces a clear choice between war and peace", adding that the resolution "helped to open a path to lasting peace between Lebanon and Israel." The text authorizes an increase in the current United Interim Force in Lebanon's strength to a maximum of 15,000 troops from its current size of about 1,190 troops. They will be matched by the 15,000 troops Lebanon plans to send to the south.
The UN force will monitor the cessation of hostilities and any permanent ceasefire and back up Lebanese armed forces as they deploy across the region now dominated by Hezbollah.
The resolution gives the UN force the power to "take all necessary action in areas of deployment of its forces, and as it deems within its capabilities, to ensure that its area of operations is not utilized for hostile activities of any kind." French ambassador Jean-Marc de La Sabliere said he thought the extra troops could be deployed "very swiftly". A US official said a meeting could be held at the UN headquarters on Saturday for potential troop contributors.-AFP

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Israel says new Lebanon offensive could last weeks
by Jean-Luc Renaudie


JERUSALEM, Aug 12, 2006 (AFP) - Israel warned Saturday its new offensive in Lebanon could last weeks despite a UN resolution for a ceasefire, as the military continued to face tough resistance from the Hezbollah guerrillas it has vowed to destroy.
"We are expanding the combat areas to the Litani river and to areas from which rockets are fired on Israel in order to reduce and eventually stop these attacks," said General Alon Friedman, a senior commander in northern Israel.
"This is a phased plan and the first stage allowing us to control the ground could take a few days. Cleaning up operations will follow, in a stage that could last a few days or a few weeks," he told public radio.
Israeli troops in tanks and armoured carriers pushed deep into south Lebanon Saturday shortly after the UN Security Council agreed to demand a cessation of hostilities.
Deputy Prime Minister Shimon Peres even hailed the UN resolution as a success. "This resolution is favourable to Israel. Nearly all our demands have been legitimised, this is unprecedented," he told Israeli television.
Israel wanted guarantees that a robust international force would be deployed in south Lebanon and the right to continue defensive operations until a ceasefire agreement is implemented.
But Israeli officials stressed that the launch of the offensive and their acceptance of the UN resolution were not incompatible, stressing that no ceasefire had yet been approved by all parties.
"This operation is aimed at preventing Hezbollah from firing rockets into northern Israel and is not limited in time," government spokesman Avi Pazner said.
"So far no ceasefire has been declared. The UN Security Council resolution has yet to be approved Saturday by the Lebanese government and Sunday by the Israeli government before discusssion start on when it should come into force," he said.
Pazner did not specify how long it could take for a ceasefire to have any impact on the ground and stressed that any Israeli withdrawal from south Lebanon would be "gradual".
"It is out of the question for us to accept the conditions of Hezbollah, which says it will stop its rocket fire on Israel if there is a ceasefire whilst continuing its attacks against our troops in south Lebanon," he said.
Israel launched a massive land, sea and air military operation in south Lebanon on July 12 following a border attack by Hezbollah in which eight Israeli soldiers were killed and two captured.
On Wednesday, Israel's security cabinet gave its authorisation to an expanded ground offensive after four weeks of an operation that had so far failed to break the back of the Shiite militia.
Israeli officials had said Friday that the expanded operation would be frozen if an agreement was reached at the United Nations.
"In accordance with the decision of the political echelon the Israeli Defence Forces began expanding ground activity in Lebanon in the direction of the Litani River," said an army statement Saturday.
Israel has four divisions -- between 24,000 and 40,000 troops -- deployed along the northern border and inside south Lebanon, backed by tanks and war planes.
But its superior military might has failed to stop hezbollah militiamen from firing rockets on northern Israel and inflicting heavy losses on the army thanks mainly to Russian anti-tank missiles.
Exactly a month after the war started, 82 Israelis soldiers and 36 civilians have been killed.-AFP

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Santé publique - Une crise humanitaire qui risque d’être grave
Le Liban est menacé d’épidémies si les conditions de vie des déplacés ne sont pas améliorées

L'article de Nada MERHI


Des enfants qui se lavent dans des eaux de bassin, des femmes qui cuisinent avec de l’eau de robinet, des mouches qui puisent dans les aliments… Les images diffusées sur le petit écran concernant le manque d’hygiène dans les centres de réfugiés en disent long sur les risques d’épidémies qui pourraient survenir si les mesures de précaution et de prévention n’étaient pas prises dans les plus brefs délais.Le problème auquel fait face le Liban au niveau de la santé publique est énorme. Et de l’aveu de plusieurs spécialistes, le pays n’a pas été confronté à une telle crise sur le plan de la santé publique depuis la grande famine de la Première Guerre mondiale, en 1916. En effet, en plus de la crise observée au niveau des hôpitaux, dont plus de 60 % interrompront leurs activités dans les prochains jours si le problème des carburants n’est pas réglé ce week-end même, des épidémies de maladies infectieuses et respiratoires risqueraient de surgir et de « s’étendre au-delà des centres des réfugiés vers l’ensemble de la population ».Jusqu’à ce jour, des cas de poux et de galle ont été déclarés dans certains centres de réfugiés, selon l’ordre des médecins. Bien que le ministère de la Santé ait envoyé des shampooings médicaux et des crèmes spéciales, le problème persiste encore à cause du manque d’eau propre. « Sur le plan infectieux, ce sont les maladies cutanées aiguës qui vont être le plus observées », explique le Dr Jacques Mokhbat, chef du département de médecine interne à la faculté de médecine de l’Université libanaise. Ainsi, en plus des cas de poux et de galle déjà signalés, des maladies cutanées comme l’impétigo (infection contagieuse et auto-inoculable de la peau, d’origine bactérienne, le staphylocoque et le streptocoque, à titre d’exemple, ayant tendance à suppurer) peuvent survenir.Au niveau gastrique, le problème est tout aussi grave. « L’eau de bassin qu’utilisent les réfugiés est riche en microbes et en parasites, les produits laitiers et les viandes mal conservés, et les légumes lavés avec une eau souillée vont être une source de contamination entraînant des gastro-entérites, principalement dues à la salmonelle, et des fièvres typhoïdes », note le Dr Philippe Chédid, pédiatre, doyen de la faculté de médecine de l’Université libanaise.« La malnutrition, notamment le manque de lait maternisé pour les nourrissons et de lait pour enfants, va être à l’origine de carences en vitamines et en sels minéraux, poursuit le Dr Chédid. Le manque de lait chez les nourrissons pourrait de même affecter leur croissance psychique et physique. Il ne faut pas non plus oublier les troubles psychologiques qui commencent d’ailleurs à être détectés chez certains enfants. »Sur le long terme, des maladies comme la tuberculose et l’hépatite pourraient surgir, avertit le Dr Mokhbat. « Le problème de la tuberculose, c’est qu’elle n’apparaît pas immédiatement, mais plusieurs mois, voire plusieurs années, plus tard, et qu’elle est contagieuse, souligne-t-il. De plus, la surpopulation pourrait entraîner des maladies respiratoires contagieuses. » Et le Dr Mokhbat de poursuivre : « La mauvaise hygiène et la mauvaise gestion des déchets vont favoriser l’accumulation des animaux comme les rats et les souris, et la prolifération de mouches et de moustiques. Ces animaux et insectes peuvent être porteurs de germes. Les mouches, à titre d’exemple, pourraient porter les salmonelles et autres microbes dans leurs pattes et les transporter sur l’alimentation. Il faut être prêt à affronter ces problèmes, à les diagnostiquer et à les suspecter correctement. » Le Dr Mokhbat met également en garde contre les maladies sexuellement transmissibles qui risquent de se développer à cause de la promiscuité.Précisant que le problème ne se limite pas uniquement aux déplacés dans les centres répertoriés, mais s’étend aussi à ceux qui se sont réfugiés dans des immeubles en construction ou dans des abris souterrains, le Dr Mokhbat remarque que le secteur médical « risque de faire face à des épidémies de gastro-entérite, de typhoïde, de varicelle, de rougeole et, avec l’approche de l’hiver, de grippe humaine ».Existe-t-il un moyen de prévenir la crise ? Oui, selon le Dr Mokhbat, qui prône « une bonne organisation et centralisation des efforts, et une bonne répartition des responsabilités ».Pour le Dr Philippe Chédid, il s’agit en premier lieu d’assurer un environnement propre aux déplacés dans les centres où ils se trouvent, « le temps de pouvoir les placer dans des endroits plus sains ». « Mais il faudrait surtout vacciner les enfants en plus contre la typhoïde et l’hépatite A », conclut-il. Malheureusement, le ministère de la Santé s’est limité à ce jour aux vaccins contre la poliomyélite et la rougeole.Nada MERHI (OJ, 12 août 2006)
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Des kilomètres à pied pour un vieux grand-père au secours des siens


Sami Messelmani, 75 ans, a parcouru à pied des dizaines de kilomètres entre la côte méditerranéenne et les montagnes escarpées pour ravitailler ses enfants et petits-enfants démunis après avoir fui l’offensive israélienne, rapporte Béatrice Khadige, de l’AFP. Grand, maigre, le visage émacié et le regard vif, ce pêcheur est parti dimanche de sa ville de Tyr jusqu’au village de Béqaata, dans le Chouf, pour en revenir hier déterminé à refaire la route avec davantage d’aide pour secourir les siens.« J’ai parcouru à pied l’essentiel de la route entre Tyr et Béqaata où mes quatre garçons et leurs huit enfants sont bloqués », raconte ce vieil homme édenté, le cheveu et la barbe blancs, les larmes aux yeux. « Mes quatre fils, leurs femmes, leurs huit enfants sont partis il y a trois semaines vers le nord pour plus de sécurité », raconte le pêcheur, qui travaillait avec eux à bord de deux barques dûment acquises en 60 ans de labeur.« Mes enfants m’ont fait savoir qu’ils n’avaient plus grand-chose après avoir dépensé en trois semaines chacun 800 000 livres » et partagé avec les autres déplacés les vivres dont ils disposaient.« Il y a 50 familles environ qui dorment dans cette école à même le sol, sur des chiffons et des tissus. Il n’y a pas de matelas, affirme Sami Messelmani. Et mes enfants ont tout dépensé, car il n’y a aucune aide de nulle part. » « Je n’aurais jamais imaginé vieillir pour vivre cela. Je suis parti avec douze paquets de nourriture qu’on nous avait distribués ici », raconte-t-il, en évoquant les colis apportés par le CICR aux habitants de Tyr.Son odyssée l’a mené à pied jusqu’à Saïda, distante d’une trentaine de kilomètres, où il a dormi, épuisé, sous un porche. Puis il a pris une voiture jusqu’à Baakline, non loin de Béqaata.« Cela m’a coûté 7 000 livres, dit-il, mais j’ai dû finir à pied mon voyage », soit environ cinq kilomètres. « Quand je suis arrivé, ils étaient affamés, les enfants quasiment nus pleuraient », dit-il de ses petits-enfants âgés de trois à dix ans.Le grand-père a passé la nuit avec eux sans fermer l’œil, buvant du café et se faisant raconter toutes les difficultés de ces déplacés « oubliés de tous ». Sa décision était prise: il lui fallait retourner à Tyr, puis refaire le voyage avec un peu d’argent et des vêtements pour les petits.« J’ai pris la route à 5h00 du matin mardi et je suis arrivé à Saïda à minuit », soit une trentaine de kilomètres à travers les montagnes. « J’ai trouvé une orange tombée de je ne sais où sur la route, et c’est tout ce que j’ai mangé », ajoute-t-il.« J’ai fini la route pieds nus, tellement j’avais d’ampoules et de blessures dans mes savates en plastique », raconte-t-il en montrant ses pieds calleux meurtris de petites plaies.Là encore, il passe la nuit à la belle étoile. Le lendemain matin, hier, des journalistes l’emmènent jusqu’au fleuve Litani qu’on ne franchit plus qu’à pied, les Israéliens ayant détruit les deux ponts qui l’enjambaient. Il passe donc sur le tronc d’arbre reliant les deux rives et parcourt « seul, sans un bruit autour, par un soleil torride », les 12 derniers kilomètres qui le séparent du centre de Tyr.« J’ai lavé et préparé leurs vêtements. J’en ai trois sacs maintenant et j’ai un peu d’argent. Il faut que je reparte demain, martèle le vieux pêcheur. Je ne peux pas laisser mes petits. Si les Israéliens devaient entrer dans Tyr, je les accueillerais, même s’ils devaient pour cela avoir détruit la Résistance. Je ne peux pas supporter l’idée de voir souffrir les enfants. Pourquoi devraient-ils mourir, eux ? » (OJ, 12 août 2006)

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Les radicaux de la paix

http://www.ledevoir.com/cgi-bin/imprimer?path=/2006/08/12//2006/08/12/index.htmldu samedi 12 et du dimanche 13 août 2006

De retour en Bretagne, dont l'enracinement culturel et la modernité m'enchantent, je me promettais bien de poursuivre mes petits carnets de vacances comme l'année dernière, mais ni les grandes marées qui commençaient hier, ni le jazz manouche que je suis allé écouter hier chez deux jeunes dames qui tentent de redonner vie à un village mort par la diffusion culturelle, ni les langoustines et les huîtres ne parviennent à me distraire du drame dans lequel est plongé le Proche-Orient. Malgré les vacances, le matin je me précipite pour acheter les journaux et je ne rate aucun bulletin d'information. Ce Liban qu'Israël est en train de transformer en cendres fumantes est un pays que j'aime et qu'au milieu des années 1980 je croyais fini. Dans cette région, durant deux mille ans, le pays du Cèdre, malgré les guerres et les bouleversements, les luttes intestines et les divisions fratricides, a incarné la capacité de vivre d'une société multiple composée de dix-sept communautés différentes. Ce ne fut jamais facile pour ce pays de minorités venues de partout dans la région, mais le Liban constituait une sorte de symbole de la possibilité de vivre ensemble tout en étant différents. On croyait que le pays ne se relèverait jamais de la guerre civile qui avait débuté en 1974; mais non, il était en train de le faire, retrouvait jour après jour son identité libanaise, cette identité qui englobe tant de diversités. La prospérité revenait, la Syrie s'effaçait, le tourisme fleurissait. Tranquillement, le Liban redevenait, dans cette région marquée par les chauvinismes et les intégrismes, une société de cohabitation. La région avait besoin de cet exemple, de ce phare libanais. C'est cela que la guerre démesurée que mène Israël est en train de détruire. En écrivant cela, je ne minimise absolument pas la responsabilité du Hezbollah et de sa provocation criminelle, mais cela me rappelle qu'au Proche-Orient, les extrêmes se nourrissent mutuellement et transforment en impuissants téléspectateurs de l'horreur tous les hommes et toutes les femmes de paix. Je lis les textes croisés de deux hommes modérés : le romancier franco-marocain Tahar Ben Jelloun et le cinéaste israélien Amos Gitai. Chacun dans sa sphère d'influence, ils ont milité pour la reconnaissance de deux États, le palestinien et l'israélien. Ceux qu'on appelle modérés sont en fait des radicaux de la paix et de la coexistence. Ben Jelloun écrit : «[...] pour sauver Israël il faut qu'il accepte de devenir un État comme les autres... C'est cette même normalité que réclame la Palestine. L'extrémisme qui est au pouvoir aujourd'hui n'a été possible que parce que la politique israélienne a fermé les portes, toutes les portes, à la coexistence. Avec une vraie paix, cet extrémisme s'éteindra de lui-même quand il n'aura plus de raison d'être.» Le texte de Gitai s'intitule «Espoir en ruine dans le camp des modérés». Membre-fondateur du mouvement pacifiste «Paix maintenant», il remarque justement que «le conflit actuel démontre au moins une chose : c'est que le Moyen-Orient était ces derniers temps sur le chemin de l'apaisement et de la réconciliation. De façon tragiquement répétitive et prévisible, les extrémistes interviennent chaque fois qu'un progrès est fait vers la paix et l'anéantissent par la force». Quand Gitai parle des «extrémistes», il ne montre pas du doigt seulement le Hezbollah, il accuse aussi le gouvernement Olmert. *** Il y a trois ans, le président Bush avait évoqué le printemps démocratique dans lequel baignerait dorénavant le monde arabe, une fois abattus le tyran et le régime irakiens. L'agression américaine a accouché en Iran d'un illuminé qui veut détruire Israël et doter son pays de l'arme nucléaire. C'est aussi lui qui permet au Hezbollah d'attaquer Israël avec autant d'efficacité meurtrière. En Irak, la démocratie imposée a donné le pouvoir aux chiites et encouragé la guérilla sunnite. Depuis quelques mois, on compte cinq cents morts par semaine en moyenne dans cette démocratie. Les élections imposées par les États-Unis à l'Autorité palestinienne ont transféré le pouvoir palestinien des modérés au Hamas. En Égypte, les élections aussi réclamées par les Américains ont fait un triomphe aux Frères musulmans. Quand commencera-t-on à comprendre que plus la haine des Américains et des Israéliens croît dans le monde arabe à cause de l'occupation de la Palestine par Israël, plus la démocratie donnera le pouvoir aux extrémistes ? *** On parle souvent de l'hypocrisie américaine. Ce ne fut pas le cas dans ce conflit. «Nous ne voulons pas d'un cessez-le-feu.» On ne peut imaginer de position plus claire et plus éloquente : feu vert absolu pour Israël. Non, la pire hypocrisie ici, comme durant chaque crise depuis la fin de la guerre de 1973, c'est celle du monde arabe et de la loufoque Ligue arabe. La duplicité des pays arabes est telle que, lors de la réunion qui s'est déroulée à Beyrouth cette semaine, le premier ministre libanais, Fouad Siniora, a fondu en larmes. Le Koweït, l'Arabie Saoudite, tous veulent bien signer des chèques pour la reconstruction du Liban, mais ils demeurent solidement dans le camp américain. Pourquoi ? Ils se foutent totalement de la cause palestinienne, qu'ils ont toujours instrumentalisée pour des raisons de politique interne. Non, eux aussi ont peur du Hezbollah, des Frères musulmans et du Hamas. Et s'il faut sacrifier les Palestiniens sur l'autel de leur stabilité autocratique et milliardaire, cela ne leur fait pas un pli. Pour tous ces pays majoritairement sunnites, l'ennemi, ce n'est pas Israël, c'est la crainte d'un croissant chiite qui engloberait l'Iran, l'Irak et un Liban dominé par le Hezbollah. Quelle mascarade !

Collaborateur du Devoir

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L'aveuglement de l'Occident et le cas d'Israël

Robert Bernier

Physicien

http://www.ledevoir.com/2006/08/12//2006/08/12/index.html

du samedi 12 et du dimanche 13 août 2006

Le texte d'Irwin Cotler, paru dans Le Devoir du mercredi 9 août, prétend nommer, comme le veut son titre, «les causes profondes derrière le brouillard de la guerre» du Liban lorsqu'il dénonce l'antisémitisme génocidaire du Hezbollah.

Au temps de la guerre froide entre les États-Unis et l'URSS, dès qu'un intellectuel tentait de lever la tête pour condamner l'existence de camps de concentration en URSS, on le reprenait, non pas sur les faits, qui étaient indéniables, mais sur sa réaction émotionnelle teintée, disait-on, d'anticommunisme primaire. Il fallait surtout ne pas regarder les faits, qui remplissent désormais les pages du livre noir du communisme. On est dans le même scénario ici, en ce qui concerne Israël. Ne regardez pas les faits qui s'accumulent depuis plus de 60 ans, regardez en vous-mêmes, battez votre coulpe, purifiez-vous de votre antisémitisme primaire. Je vois dans la situation actuelle la même entreprise d'aveuglement de l'intelligentsia occidentale qui conduira, à plus ou moins long terme, à une profonde désillusion. Je discerne cet aveuglement notamment dans un passage du texte de M. Cotler dans lequel il refuse de pousser plus loin l'analyse des faits. Il rapporte correctement que les attaques du Hezbollah au Liban se sont poursuivies continuellement, pour ne pas dire quotidiennement, depuis 2000. Alors pourquoi, cette fois-ci, fallait-il réagir en déclenchant une guerre totale non pas contre le Hezbollah, mais bien contre le Liban ? Et c'était au lendemain du déclenchement d'une attaque rageuse et destructrice contre les populations civiles et les infrastructures de Gaza, ne l'oublions pas. C'était, surtout, au lendemain d'un accord historique entre le président de la Palestine et les dirigeants du Hamas, un accord par lequel le Hamas faisait enfin les premiers pas dans une voie qui allait le mener, tout comme l'OLP 17 ans plus tôt, vers la reconnaissance d'Israël. Son analyse des faits, s'il l'avait poussée plus loin, aurait pu conduire M. Cotler à voir que la guerre d'agression déclenchée par Israël n'avait d'autre but que de rendre à jamais intenable pour le Hamas la position modérée à laquelle il venait de se commettre. Israël aurait alors fini par être obligé de négocier l'application concrète des accords d'Oslo et de la résolution 242 de l'ONU à laquelle M. Cotler appelle. Cette résolution, rappelons-le, exige le retrait d'Israël derrière les frontières occupées depuis la guerre de 1967. La réalité, et la cause profonde de tous ces conflits récurrents, c'est le refus d'Israël de rétrocéder quelque territoire que ce soit. Au contraire, au fil des années, Israël a étendu ses colonies illégales, qu'il vient maintenant d'enclore derrière un mur de pierre. Histoire d'intransigeance L'histoire d'Israël a sans cesse été marquée par l'intransigeance. Israël accède à l'existence après une déclaration unilatérale d'indépendance, le 14 mai 1948, en flagrante contravention avec la résolution 181 de l'ONU qui exigeait un minimum de deux mois de négociations. Ici, la patience et la résolution de négocier de bonne foi auraient dû s'imposer au peuple d'Israël, auquel la communauté internationale s'apprêtait à donner des terres parmi les meilleures de la Palestine. Au contraire, c'est par un déni des recommandations de l'ONU et par une politique du fait accompli qu'Israël est venu au monde. Et cela n'a pas cessé depuis. Beaucoup de temps a passé et il devrait être évident pour tous, désormais, qu'on ne reviendra jamais en arrière là-dessus. Israël est là pour demeurer. L'ancien président de l'OLP, le défunt Yasser Arafat, a mis sa tête sur le billot depuis 1988 et reconnu officiellement l'existence d'Israël. Il a entraîné son peuple sur la voie de négociations ardues et asymétriques avec Israël, puissance occupante. L'apogée de ces négociations s'est présenté lors des fameux accords d'Oslo entre Arafat et Itzhak Rabin en 1993. Ces accords devaient mener à la création officielle du gouvernement palestinien et au désengagement des troupes d'Israël de Gaza et de la Cisjordanie. L'avènement d'un État palestinien et le retour à une vie décente, hors des camps de réfugiés, c'était ce qu'Arafat avait promis à son peuple en échange de l'acceptation de l'existence d'un Israël occupant 78 % de terres et de maisons qui avaient appartenu aux Palestiniens auparavant. Tout l'extrémisme actuel du Hamas et du Hezbollah vient de ce qu'Israël n'a jamais permis que cela arrive, n'a jamais permis qu'Arafat livre ne serait-ce que cela. À commencer par l'assassinat de 29 Palestiniens par un colon israélien dans la mosquée d'Hébron au début de 1994 et les représailles terroristes qui en ont découlé, l'assassinat d'Itzhak Rabin par un étudiant religieux d'extrême droite, l'accélération des activités de colonisation, l'exigence par Éhoud Barak de nouvelles clauses ou interprétations qui remettaient en cause les accords d'Oslo, les nombreuses élections, il s'est toujours présenté une bonne raison pour qu'Israël ne remplisse pas ses obligations.

La bonne foi

On a beaucoup reproché à Yasser Arafat de n'avoir pas négocié de bonne foi à Camp David en 2001. Aveuglement des plus profonds, encore là. Il faut se rappeler le contexte. En 2001, des élections se préparent (encore une fois) en Israël. Ces élections suspendent (encore une fois) l'application des accords d'Oslo. Éhoud Barak traîne dans les sondages loin derrière qui ? Ariel Sharon. Barak contraint Arafat à accepter des renégociations sur des clauses déjà acceptées par Israël. Ces négociations seront menées sous les auspices du président américain Bill Clinton, qui s'apprête à quitter le pouvoir. Voilà un président qui ne pourra pas miser sur l'enthousiasme du futur gouvernement américain à faire respecter tout accord qui résulterait des négociations de Camp David. Et Arafat devrait en plus négocier avec un Éhoud Barak dont on sait déjà qu'il va perdre les élections et sera remplacé par un Ariel Sharon -- dont la visite provocatrice sur l'esplanade des Mosquées a déjà déclenché la deuxième intifada -- qui ne cesse de répéter durant la campagne électorale qu'il ne se sentira lié par aucun accord signé par son prédécesseur... On demande à Arafat de négocier dans ce contexte deux points majeurs : Jérusalem et le retour des réfugiés palestiniens en Israël. Voici donc la situation : on demande au négociateur en chef des Palestiniens, Yasser Arafat, de jeter sur la table ses meilleures cartes mais en l'assurant d'entrée de jeu qu'on ne lui donnera rien en retour et que ses avancées devront servir de prix d'entrée de base pour une prochaine ronde de négociations. Vous connaissez un homme d'État responsable qui aurait accepté pareil marché de dupes ? Moi, non. Livre noir à écrire Intransigeance d'Israël, tout au long de cette longue histoire. Voilà le constat qui devrait s'imposer à nous. Et aveuglement honteux en Occident face à cette intransigeance, un aveuglement qui me rappelle les mots de Jean-François Revel dans son livre La Tentation totalitaire. Revel parle de la réaction des intellectuels occidentaux face aux révélations de L'Archipel du Goulag. Il rappelle qu'on avait assisté à la même réaction, 20 ans plus tôt, lorsque les premiers échos de l'existence des camps de concentration soviétiques étaient parvenus jusqu'en Europe occidentale : «[...] une polémique entre Sartre et Camus, dans laquelle Camus avait raison et Sartre eut le dessus [...] Si, en effet, la gauche non communiste avait rappelé, examiné et analysé le passé, comme c'eût été le devoir de responsables politiques à la hauteur de leur tâche, et d'intellectuels à la hauteur de leurs prétentions, [...] elle n'eût pu alors soutenir longtemps la fable des "exceptions fâcheuses", et des "déviations corrigées", ni échapper à la conclusion que ces divers moments formaient, reliés ensemble, une trajectoire historique ferme et claire.» La trajectoire historique d'Israël est ferme et claire, comme les faits accumulés depuis 1947 le prouvent amplement. La communauté internationale doit se réveiller. L'une des grandes injustices de notre époque continue à se dérouler devant nous et entraîne, protégée derrière le double standard de nos analyses politiques selon qu'on se tourne vers les actions et responsabilités d'Israël ou celles du monde arabe, un flot ininterrompu de catastrophes humaines où les perdants sont massivement du côté du monde arabo-palestinien. Il faut trouver un moyen de ramener Israël à l'intérieur du royaume du droit, lui qui rejette systématiquement toute résolution de l'ONU, toute Convention de Genève, de même, on le sait bien, que le Traité de non-prolifération nucléaire. Une forme de boycottage comme celle qui fut imposée à l'Afrique du Sud, sous l'impulsion de l'ancien premier ministre Brian Mulroney, doit être imposée à Israël. Condamner le terrorisme, oui, j'en suis. Mais il y a ici, derrière cette acceptation inconditionnelle de tout ce que fait Israël, les causes d'un désespoir et d'une colère du monde arabe qui forment le meilleur terreau du terrorisme. Si l'Occident perdure dans cet aveuglement, il faudra dans quelques décennies, couverts de honte que nous serons alors, écrire Le Livre noir de l'Occident au Proche-Orient.

9 comments:

Anonymous said...

Pamela,

Ils n'ont aucun respect pour la vie, à moins que ce ne soit celle d'un « Élu ». Alors, comment s'attendre à ce qu'ils respectent un accord du Conseil de Sécurité ? Ce serait là un précédent, car ils n'ont, jusqu'ici, jamais respecté un tel accord...

J'espère que tu vas bien malgré tout !

Bonne chance,

André.

Anonymous said...

Courage mon amie, et ne perdons pas l'espoir....pas encore, en tout cas...
Vous restez tous dans mes prières....
Katia (Californie)

Brigetoun said...

brusque silence, prolongé, inquiétant

Anonymous said...

Assez inquiétant, en effet !

André.

Anonymous said...

Bonjour,

Elle est probablement en déplacement, car au fur et à mesure que les bombardements meurtriers prenaient de l'ampleur, elle avait dû se déplacer au moins deux fois. Et, avec l'état lamentable dont Israël a laissé les routes et les diversses infrastructures, il est peut-être impossible pour elle d'établir une connexion internet.

Enfin, selon les images que l'on projette présentement sur les différents réseaux de télévision, se déplacer ces jours-ci au Liban n'a rien d'une randonnée pédestre dans un Club Med !

André.

Anonymous said...

Ne vous en faites pas...Pamela est à Montréal, saine et sauve.
Dès qu'elle a une connection internet, elle retournera sur son blog.

Merci à tous et toutes :)

Anonymous said...

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