Friday, May 22, 2009

La jeunesse libanaise n'est pas monolithique

Dr. Pamela Chrabieh Badine

Ci-dessous l’introduction à mon allocution qui était prévue pour la table-ronde du 21 mai 2009 (USEK, Liban) sur le ‘dialogue des cultures au Liban : bilan et perspectives d’avenir’. Malheureusement, cette dernière n’a pas eu lieu. Elle fut reportée pour une date ultérieure.


« Mon intervention se base sur mes recherches de terrain sur les visions et pratiques de jeunes libanais concernant la diversité, le dialogue et la paix. Pour de plus amples détails, je vous invite à consulter mes deux derniers ouvrages : Voix-es de paix au Liban et La gestion de la diversité au Liban (bientôt disponible).
J’entreprends depuis plus de cinq années des recherches qualitatives au Liban et au Canada ayant ciblé plus de 500 jeunes libanais :
- De la génération de la guerre ou les ‘fin vingtaine-début quarantaine actuellement’.
- Des universitaires.
- Des élèves du secondaire.
Deux premiers constats à l’issue de ces recherches : la diversité des visions des jeunes ; et les caractéristiques communes transcendant les appartenances religieuses-confessionnelles.
Ces constats remettent en question la vision réductrice de la jeunesse véhiculée dans les milieux académiques et médiatiques. En effet, nous rencontrons souvent des qualificatifs comme : suivisme, immaturité, mouton de panurge, autruche ; jeunes incapables d’innovation, de lutte pacifique ; jeunes enlisés dans le rejet, la haine, l’exclusion ; jeunes divisés selon les appartenances religieuses-confessionnelles, culturelles, etc.
Certains jeunes ne veulent évidemment pas entendre parler de diversité, ni de dialogue. Tel est le cas de quelques universitaires qui suivent mes cours sur le dialogue interreligieux et la relation religion-politique – remarque : le suivi des cours est obligatoire. Ces jeunes ne constituent qu’une minorité dans le cadre de mes travaux. La grande majorité perçoit la diversité et le dialogue comme des données ou des réalités naturelles, légitimes et permanentes ; des richesses à découvrir et exploiter. Pour ces jeunes, le Liban n’est pas fait que de lieux de tensions et de conflits, mais aussi de lieux de rencontre et d’élaboration renouvelée du vivre ensemble. Le Liban peut ainsi partager avec le monde les leçons de ses déchirements mais aussi et surtout les fruits de la convivialité.
La question que ces jeunes se posent n’est donc pas l’existence ou non de la diversité, la possibilité ou non du dialogue, mais comment gérer cette diversité de manière à élargir les espaces de dialogue tout en respectant et mettant à profit les différences? ».

Avec les élections parlementaires qui approchent - 7 juin 2009 -, le besoin de cultiver le champ du dialogue et du vivre ensemble se fait pressant. Les voix de ces jeunes laissent espérer que tout n’est pas perdu, et j’en rencontre chaque jour de nouvelles prônant et pratiquant la convivialité. Néanmoins, c’est en des moments de crise que ces voix devraient hausser leur ton et se faire entendre. Si les médias traditionnels ne le leur permettent pas, l’Internet constitue un medium alternatif, efficace et pouvant atteindre un plus large public. Ces voix ne devraient pas être intimidées ou découragées par le chahut des appels à l’intolérance. Contrairement à mes collègues et mes étudiants pessimistes, je crois en ces ‘lieux’ de dialogue qui existent au Liban, qui subsistent depuis des millénaires, et qui feront en sorte que ce frêle et petit pays poursuivra sa lutte, en dépit d’un environnement hostile et d’une situation régionale explosive.

4 comments:

Imad said...

Bon courage pour les elections dans votre pays!

Anonymous said...

Interesting perspective. I always follow this blog.

h.l.

Rabih M. said...

6 days for the elections!
We wish you the best!
Can't come to Lebanon to vote but maybe next time. Good luck!

Dr. Pamela Chrabieh said...

Merci! Thank you!