La période des fêtes est terminée... Et ensuite?
Semaine du 1-7 janvier 2007 (suite)
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L’icône et l’islam : Pamela Chrabieh
Émission Second Regard,
3 décembre 2006, Radio Canada
Un reportage de Jean-Robert Faucher
Merci Robert et à toute l'équipe de Second Regard!
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De Philippe Martin:
'Voici la onzième édition des portraits de blogueurs, avec Pamela Chrabieh Badine'.
On peut trouver l'entrevue sur Dailymotion, Cent Papiers et YULBUZZ.
Merci à Philippe et Christian Aubry!
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Il est 22h30, heure de Beyrouth. Je suis de retour de Wadi al-Chahrour. J'ai assisté au visionnement privé du film de mon amie cinéaste libano-canadienne Nada Raphaël: 'Flash...Back? Ou Ba3dein?' (Production Electrochocks). Après l'avoir diffusé à Montréal le samedi 9 et le dimanche 10 décembre 2006 à l'UQAM - dont les fonds récoltés iront à la Croix-Rouge Libanaise -, Nada s'est rendue au Liban pour y passer les fêtes en famille et pour poursuivre ses travaux sur le terrain.
Son film constitue une sorte d'introspection personnelle (émotions fortes, réflexion analytique approfondie, traumatismes de l'enfance qui ressurgissent) et d'expression de son vécu de la guerre de l'été 2006 au Liban 'à distance', 'de l'extérieur', en étant à Montréal, mais aussi paradoxalement, de 'l'intérieur'. A travers son propre cheminement qui traverse tout le film, Nada présente des témoignages de Libanais-es et de Libano-Canadiens-nes de diverses confessions, appartenances, tendances politiques et visions du monde... Surtout, des individus qui ont chacun et chacune vécu la guerre - et y ont survécu - différemment, et expriment ce vécu de diverses manières: par l'écriture, la peinture, la photographie, l'aide des déplacés-réfugiés, la musique...
Des paroles, des images, des sons et des couleurs qui déferlent, mariant des émotions contradictoires, complémentaires, des dits et des non-dits, des pensables et des impensables, des larmes et des sourires, des départs et des retours, le passé, le présent et l'avenir... En fait, les divers passés, présents et avenirs... A chacun sa guerre, sa représentation, sa souffrance et son calvaire. La guerre estampille tout le monde; elle déshumanise tous ceux et toutes celles qui en font l'expérience de près ou de loin.
Avec le film de Nada, c'est l'humanité dans ses multiples facettes, tant destructrices que constructrices, qui crie son désespoir face à la folie meurtrière et son espoir de survie... de vie...
Aucun sensationnalisme.
Aucune idéologie.
Aucun idéalisme.
Aucun 'politically correct'.
Mais la rencontre de victimes de guerre, quel que soit l'endroit dans lequel elles se trouvent, au Liban, au Canada, à Beyrouth, à Montréal, au Sud, au Nord, dans les montagnes, sur les bateaux évacuant les ressortissants nord-américains et européens... et entre tous ces lieux...
Nous sommes tous victimes, en tant qu'êtres humains, de la souffrance que nous nous infligeons les uns les autres, à petit et grand feux. Nous sommes tous responsables, en tant qu'êtres humains, de briser le cycle infernal de la violence, à petite et grande échelle, dans nos maisons, nos quartiers, nos communautés, nos pays et dans d'autres contrées.
Le message de Nada est clair: la guerre, c'est nous et c'est les autres; ce n'est pas nous et ce n'est pas les autres. Elle nous traverse et nous la traversons. Elle alimente les mémoires et les identités meurtries et meurtrières et ces dernières l'alimentent en retour. Elle puise aux injustices, inégalités, préjugés, exclusions et rejets, et en est alimentée en retour. Avec la mondialisation des échanges et des informations, et la circulation plus fluide et plus facile des individus, la guerre n'est plus locale, relative à un terrain particulier. Elle est transposable. Elle est transnationale. D'ailleurs, la plupart des grandes puissances ont la main mise d'une manière directe ou indirecte dans tous les conflits, et leurs arsenals militaires ne font qu'être renforcés... N'ont-elles pas une énorme part de responsabilité dans l'alimentation de la guerre?
Comment s'en sortir?
Eh bien, un premier pas serait de ne pas oublier, de témoigner, d'en parler, de briser les silences, les tabous, les non-dits, et d'échanger, de partager, tant à un niveau local que transnational... D'ailleurs, les distances géographiques ne forment plus forcément un obstacle présentement. Le local, l'international et le transnational s'interpénètrent; et ce qu'on nomme la Diaspora n'est pas une masse monolithique d'émigrés ayant renié leurs racines ou tout au plus retournent de temps à autres à leur pays d'origine en tant que touristes.
Une grande part des jeunes Libano-Canadiens ayant vécu leur enfance et leur adolescence durant les combats des années 70-80 et 90 au Liban travaillent à plusieurs niveaux pour la construction d'une culture de la paix, tant au sein de leurs pays d'accueil que leurs pays d'origine. Ils démontrent que ce sont les distances 'non-géographiques' (la haine, le rejet, l'exclusion, le racisme, la xénophobie) qui constituent des tares à abolir.
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ANNONCES - NEWS
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Nahwa al-Muwatiniya is pleased to invite you to join our Hiwar (dialogue) session with Mr.Youssef Bazzi, the coordinator of “Yasser Arafat Look at me and smiled” (Diary of a fighter).
During the session, Mr. Bazzi will discuss his experience as a fighter as well as the difficulties he has faced when he decided to give up the weapon and become a “Citizen”.
Time: Monday January 8, from 8pm to 10:30pm
Place: Club 43- Gemayze, Facing EDL (Lebanon)
During the session, Mr. Bazzi will discuss his experience as a fighter as well as the difficulties he has faced when he decided to give up the weapon and become a “Citizen”.
Time: Monday January 8, from 8pm to 10:30pm
Place: Club 43- Gemayze, Facing EDL (Lebanon)
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Chers frères, chères soeurs, chers ami(e)s, C'est avec grand plaisir que Présence Musulmane Montréal vous convie à son Assemblée générale annuelle et ce le Dimanche 21 Janvier 2007 de 10h a 12h . Une occasion pour les membres de Présence Musulmane de faire connaître leurs activités au grand public, de préparer le bilan de l’année qui vient de s’écouler et surtout l'opportunité pour toute personne intéressée à joindre Présence Musulmane de pouvoir le faire selon ses disponibilités et ses propres intérêts. Une collation sera servie à la fin de l'assemblée. Le lieu et l’ordre du jour suivront sous peu. Nous espérons vous y voir nombreux, inchallah.
Le site de Présence Musulmane Canada
Le site de Présence Musulmane Canada
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6 comments:
Commentaire (OJ, 5 janvier 2007)
Pour une justice réparatrice
Le commentaire de L’archevêque Desmond Tutu, Prix Nobel de la paix*
En Afrique du Sud comme dans le reste du monde, nous avons été éduqués avec l’idée que la justice doit punir les coupables. Alors que les crimes avec violence sont en augmentation rapide – notamment les odieux viols et sévices sur enfants –, on entend de plus en plus souvent des appels au rétablissement de la peine de mort qui obtiennent un large écho dans la population. Heureusement, la Cour constitutionnelle a jugé que la peine de mort, que l’Afrique du Sud a abolie en même temps que l’apartheid, est anticonstitutionnelle.
Il est triste de constater que dans leur exigence de châtiment, souvent les hommes et les femmes ne paraissent guère avoir évolué au-delà de la fameuse devise biblique « Œil pour œil, dent pour dent ». Dans certains pays musulmans, une fois condamnés, on coupe la main des voleurs en public. Mais on oublie que ce principe avait été invoqué pour mettre fin à la vengeance qui s’abattait sur la famille de l’auteur d’un meurtre, alors qu’elle n’y était pour rien. « Œil pour œil, dent pour dent » exprime l’exigence que seul le coupable soit puni, et non ceux dont le seul tort est d’être de ses proches. Ce principe n’avait pas à l’origine le sens qu’on lui prête aujourd’hui, à savoir qu’un meurtre doit être puni par un autre meurtre. Au vu des cruautés commises durant l’apartheid, il n’aurait pas pu être appliqué dans mon pays.
Certains en Afrique du Sud voulaient des procès dans le genre du procès de Nuremberg, notamment pour les responsables des atrocités qui ont été perpétrées pour maintenir ce système pervers. Des voix se sont élevées pour demander que les responsables aient à rendre des comptes. Par chance, ce n’était pas véritablement réalisable chez nous. Le procès de Nuremberg a pu avoir lieu parce que les Alliés ont obtenu une reddition sans condition des nazis et qu’ils ont pu de ce fait leur imposer la « justice des vainqueurs ». En Afrique du Sud, ni le gouvernement de l’apartheid ni les mouvements de libération ne pouvaient l’emporter de cette façon. Nous étions dans une impasse au point de vue militaire. D’autre part, dans le cas du procès de Nuremberg, celui-ci une fois terminé, les procureurs et les juges pouvaient faire leur valise et rentrer chez eux, aux quatre coins de la planète, alors que nous habitons ici les uns comme les autres et que nous devons apprendre à vivre ensemble.
De tels procès auraient été interminables, empêchant les blessures de se refermer. Il aurait été difficile de fournir des preuves pour étayer des condamnations. Les bureaucrates sont habiles à les faire disparaître. Cela a donc été un soulagement que notre pays ait choisi la proposition de la commission Vérité et réconciliation : l’amnistie en échange de la vérité. Cette proposition était fondée sur le principe d’une justice réparatrice et de l’ubuntu (mot africain qui exprime une attitude d’humanité à l’égard d’autrui et l’importance accordée à la communauté humaine).
Lors des auditions de la commission Vérité et réconciliation, nous avons entendu des témoignages épouvantables sur les atrocités qui ont été commises tant au nom de l’apartheid que pour le combattre. « Nous avons mis de la drogue dans son café avant de lui tirer une balle dans la tête, nous avons ensuite brûlé son corps. Comme cela prend 7 ou 8 heures, nous avons fait un barbecue, accompagné de force de bières. » En termes d’inhumanité, les hommes peuvent sombrer aussi bas que cela ! À chacun de ces témoignages, nous devions nous rappeler que si ces actes étaient effectivement monstrueux, leurs auteurs restaient malgré tout des enfants de Dieu. Un monstre ne peut être tenu pour responsable de ses actes et ne peut donc être jugé. D’autre part, qualifier quelqu’un de monstre ferme la porte à toute possibilité de réinsertion. La justice réparatrice et l’ubuntu sont fondées sur la reconnaissance de l’humanité du pire des délinquants.
On ne peut renoncer envers quiconque. S’il était vrai que l’on ne peut changer, un meurtrier resterait pour toujours un meurtrier et tout le processus de la commission Vérité et réconciliation aurait été impossible à mettre en œuvre. Il a pu aboutir parce que nous avons cru que même le pire des racistes peut évoluer. Je pense qu’en Afrique du Sud, nous ne nous en sommes pas si mal sortis ; c’est aussi, semble-t-il, l’appréciation du reste du monde sur la transformation de l’Afrique du Sud et sur le processus de la commission Vérité et réconciliation. Le principe « Œil pour œil, dent pour dent » est impraticable quand des communautés sont en conflit – des représailles conduisant d’autres représailles dans une spirale sanglante, ainsi que nous le voyons au Moyen-Orient.
Le type de justice que nous avons mise en œuvre en Afrique du Sud, ce que j’appelle la « justice réparatrice », contrairement à la justice punitive, n’est pas fondamentalement axé sur la sanction. Elle vise avant tout à guérir. Le crime a porté atteinte à la relation et c’est cette blessure qui doit être guérie. La justice réparatrice considère le criminel comme une personne, un sujet qui a le sens des responsabilités et la notion de honte, et qui doit être réinséré dans la société et non pas stigmatisé.
Il y avait beaucoup de sagesse dans la société africaine traditionnelle. La justice était l’affaire de toute la communauté, et la société privilégiait l’harmonie sociale et la paix. L’idée de base était que l’on n’est un être humain qu’à travers la relation avec autrui et que lorsqu’un homme ou une femme est brisé, il faut se porter à son secours. En cas de crime, il faut obtenir réparation, et aider à la réconciliation du coupable et de la victime.
La justice punitive ignore la victime, et le système est généralement froid et impersonnel. La justice réparatrice est porteuse d’espoir. Elle estime que même le pire des criminels peut évoluer. Il ne s’agit pas d’être laxiste face au crime. Le criminel doit réaliser la gravité de son acte par la sanction prononcée, mais il doit y avoir de la place pour l’espoir, l’espoir que le criminel peut devenir un membre qui contribue utilement à la société, après qu’il eut payé sa dette envers elle. Quand nous agissons envers une personne avec la conviction qu’elle peut progresser, qu’elle progresse, elle répond souvent à notre attente.
* L’archevêque Desmond Tutu est prix Nobel de la paix
© Project Syndicate, 2006 (avec l’autorisation de l’archevêque Tutu). Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz
Le problème au Liban c'est que les leaders de la guerre se sont amnistiés mutuellement au début des années 90 - hormis certains dont un fut exilé et l'autre emprisonné -, et qu'il n'y a pas eu de Commission de Vérité et de Réconciliation adaptée à la situation Libanaise. Il est évident qu'un procès à la Nuremberg ne peut être applicable car comme en Afrique du Sud, tous les Libanais-es devraient apprendre à vivre ensemble; de plus, il n'y a eu ni de vainqueurs, ni de vaincus. En fait, tout le monde fut et est encore perdant.
Pourrait-il y avoir une justice réparatrice adaptée au contexte Libanais, et une pratique Libanaise puisant à l'ubuntu Sud-Africaine ou lui étant similaire?
Merci pour les textes et commentaires, très éclairants!
Oui pour une justice réparatrice au Liban et la guérison de nos maux!
Tarek (Montréal)
J'espère pouvoir voir le film de Nada Raphaël bientôt sur nos écrans montréalais. Bon courage!
Sylvie S.
Bien sûr qu'on est d'accord pour une justice réparatrice. Mais qui va l'appliquer et avec quelles garanties?
Z.
Qui peut offrir des garanties? A ce stade de l'histoire du Liban, il est certain que ce n'est pas les leaders actuels. Peut-être une élite renouvelée à long terme...
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