Monday, February 26, 2007

ECHOS MONACAUX, OU L'APPEL DU DESERT AU DIALOGUE ET A LA PAIX

Semaine du 26 février au 4 mars 2007



Deir Mar Moussa (Syrie)


L’icône et l’islam : Pamela Chrabieh
3 décembre 2006, Radio Canada
Un reportage de Jean-Robert Faucher
Merci Robert et à toute l'équipe de Second Regard!
-----------------------------
'Voici la onzième édition des portraits de blogueurs, avec Pamela Chrabieh Badine'.
On peut trouver l'entrevue sur Dailymotion, Cent Papiers et YULBUZZ.
Merci à Philippe et Christian Aubry!
---------------------------------------------------

En cette fin du mois de février et face à une situation au Liban et plus généralement aux Proche et Moyen-Orients qui semble sans issue à court terme, je ne peux que me tourner vers des paroles, figures, actions et initiatives appelant au dialogue et à la paix. Plus la haine, l'ignorance et la guerre se répandent, plus mon espérance et ma foi en une humanité d'amour et de convivialité se renforcent.

Ci-dessous des extraits du 5e chapitre de mon livre 'A la rencontre de l'islam. Itinéraire d'une spiritualité composite et engagée' (Médiaspaul, Montréal, 2006), intitulé 'Échos monacaux', et que je tiens à partager avec vous, chers lecteurs-rices, amis-es et collègues. Ce sont les souvenirs de plusieurs séjours dans un monastère exceptionel en Syrie depuis une dizaine d'années qui sont à la base de l'écriture de ce chapitre.

Échos monacaux

Chacun a son propre chemin intérieur. Et chaque chemin intérieur est unique[1].


Oui, mais, les chemins se font écho, se croisent, s’enchevêtrent, se rejoignent et même s’interpénètrent et s’imprègnent mutuellement…
C’est ce que je retiens de quelques séjours étalés sur une période de près de trois ans au monastère Mar Moussa Al Habashi ou Moïse l’Ethiopien, surplombant une vallée près de la ville de Nebek en Syrie située à 80 kilomètres au nord de Damas et hébergeant une communauté mixte de moines et de moniales. Déjà de par son emplacement géographique et son histoire à la croisée de plusieurs civilisations et religions, une atmosphère accueillante de l’altérité imprègne tant les pierres de cet édifice et les fresques de son église que ses occupants et les visiteurs qui s’y rendent ou plutôt, les pèlerins de toutes confessions et de toutes provenances en quête d’un havre de paix et d’hospitalité. Quoi de plus merveilleux que d’y découvrir par exemple des inscriptions en arabe faisant état de la date d’édification de l’église: 450 Hégire et 1058 ap. J.C., avec la citation suivante: «Au nom d’Allah le Miséricordieux, le Compassionné.» Et cela datant d’une époque proche de celle de la première Croisade…
Les formes de méditation, de prière, de musique et de gestuelle sacrées pratiquées par la communauté de Mar Moussa appartiennent à une tradition mystique chrétienne orientale syriaque qui peut être rapprochée des traditions soufies et même des pratiques de prière de musulmans sunnites et chiites. Soit par la posture accroupie sur un tapis en signe de soumission à la volonté divine ou debout avec les mains tournées vers le ciel en signe d’invocation; soit par le choix du moyen de concentration tel la lecture d’un verset ou d’un texte biblique, ou par la répétition du nom de Dieu, Allah, Aloho. Ou encore par les paroles dont les intonations tantôt en syriaque, tantôt en arabe, évoquent la parenté des langues sémitiques, ou par la familiarité des mots et de leur sens au-delà des différences; par la mélodie, le rythme et les gestes, qui se conjuguent en une harmonie alternant entre la célébration de la puissance et de la compassion d’Allah et l’imploration et les remerciements de ses créatures; et même par le sens de l’apparent et du caché, par le goût pour l’ineffable et l’invisible, l’anéantissement, l’abandon, la recherche de la vérité qui devient affaire de patience et de déchiffrage, du «tout» qui «parle», par ces nuits passées à accompagner les étoiles dans leur méditation pour découvrir les secrets du monde, ou par ces journées où nous apprenions à respecter les merveilles de la nature, de la faune et de la flore, sans lesquelles nous dirions comme Abou-l-ala al-Maari que «notre monde est une folie». Nous apprenions donc à saisir des concepts et des valeurs et à en goûter la saveur, par un comportement adéquat face aux multiples situations de notre vie, dans une recherche permanente de l’attitude juste, du «juste milieu», en faisant l’expérience de l’amour de Dieu et de la beauté que l’on découvre en soi-même dans la contemplation intérieure, en sondant le tréfonds de notre être, notre cœur spirituel, ainsi que dans l’entraide et l’expérience du partage…
Je découvrais des similitudes significatives mais je ne savais dire à priori qui avait été influencé par qui, compte tenu du contexte de dialogue et de pluralisme qui a existé à travers les époques au sein des sociétés proche-orientales et plus généralement, autour de la Méditerranée, et qui existe encore aujourd’hui. D’ailleurs, pourrait-on en rendre compte? Et est-ce si important? Pour ma part, je n’y ai pas perçu une logique d’influences réciproques, dans le sens de modifier intentionnellement des attitudes pour en adopter d’autres par une démarche de persuasion ou de manupulation; j’ai plutôt saisi un long processus d’interpénétration de croyances, de pratiques et de rituels. Ainsi l’interpénétration n’implique ni prosélytisme ni confusion mais simplement l’absence d’homogénéité, d’univocité et d’hégémonie de certaines façons de penser et de faire. Elle n’implique pas que l’on tombe dans le sporadique, l’éclatement, le fragmentaire; il s’agit plutôt d’un incessant effort pour dépasser la simple tolérance à travers laquelle on «supporte autrui» par obligation tout en se tenant à distance, ainsi que pour mettre en jeu l’unité dans la diversité en toute liberté.
La fécondation mutuelle issue de l’interpénétration ne signifie pas ce que Daryush Shayegan nomme «une hybridation de la pire espèce», ni «un bricolage ludique», c’est-à-dire un choix de différents éléments épars pour embellir «le manteau bariolé d’Arlequin ou pour créer un kaléidoscope aux multiples paysages», ni un bricolage idéologique qui «s’évertue à construire, grâce aux amalgames, les cocktails les plus explosifs
[2]». L’interpénétration produit des discours et des pratiques dont les repères, les acteurs et les registres de connaissances de diversifient, se croisent et se déplacent, en un mouvement de «dépaysement». Ceux-ci ne se fondent pas totalement les uns dans les autres, ils gardent des caractéristiques propres à chacun d’entre eux, tout en en possédant d’autres en commun et d’autres encore qui se transforment en un parcours polymorphe, migratoire, articulant origines et affiliations plurielles. L’interpénétration peut donc être décrite en termes de syncrétisme, dans le sens d’une dynamique de combinaisons d’éléments religieux et de parcours spirituels.
Malheureusement, on qualifie souvent le syncrétisme de manière négative, puisqu’il serait l’ennemi de l’intégrité de l’identité, un mélange de doctrines et de traditions impliquant, selon la version populaire, que toutes les religions se valent et, selon la version utilitaire, que toutes les religions répondent aux mêmes besoins. Or, au sens premier, le syncrétisme était une «union de Crétois», c’est-à-dire une alliance de deux cités de l’île de Crète contre un ennemi commun; en prouvant que l’union fait la force, celles-ci mettaient de côté leurs différents économiques et idéologiques sans pour autant les nier. Selon Ysé Tardan-Masquelier, chargée de cours en histoire comparée des religions à la Sorbonne, le premier usage du mot syncrétisme dans nos langues modernes «est lié au souci de pacifier les conflits entre chrétiens. C’est le nom que l’on donne au 17e siècle pour désigner les confrontations publiques entre théologiens catholiques et protestants». Il s’agissait donc d’une démarche volontaire menée par des savants qui «n’entendaient pas créer une nouvelle religion, mais s’ouvrir au dialogue pour restaurer l’unité
[3]».
Que ce soit au sens d’actions concertées ou non, ayant pour objectif de s’unir ou d’effectuer des adaptations — dans le but de faciliter l’essor et la pérennité de religions et de spiritualités, surtout lorsqu’elles se butent à l’attachement aux traditions locales —, ou encore au sens du simple fait de se retrouver et de vivre ensemble, les exemples de syncrétismes s’avèrent donc être multiples à travers l’histoire, en dépit des frontières doctrinales. Le christianisme est lui-même le fruit de l’histoire sainte du judaïsme, de la philosophie grecque, et de toutes sortes de cultures et de spiritualités issues des sociétés proche-orientales et du bassin méditerranéen au cours des premiers siècles de son expansion, puis intégrant de plus en plus de doctrines et de pratiques au fil des siècles là où il s’implantait. Il suffit de renvoyer à l’iconographie où les représentations d’Isis portant Horus sur ses genoux s’apparentent à celles de la Mère de Dieu portant l’enfant Jésus, ou aux images semblables d’Orphée et du Christ, du thème de la descente aux enfers etc.; ainsi que de penser aux communautés qui marient les sources africaines, les croyances catholiques et les chamanismes indigènes aux Caraïbes et en Amérique du Sud; ou encore à certaines communautés musulmanes en Afrique qui véhiculent des pratiques animistes et dont les marabouts se font sorciers en alliant le Coran et les gris-gris. Toutefois, comme le terme de syncrétisme est trop chargé d’ambiguïtés, tout comme celui de métissage qui présuppose la mise en contact parfois brutale de deux ou plusieurs identités déjà constituées, souvent «pures» de toute histoire commune comme lors de la conquête du Nouveau Monde, j’adopte celui d’interpénétration et je pense que toute religion et toute spiritualité sont le résultat de l’interpénétration d’une diversité de composantes et arrivent à se maintenir et à évoluer à cause d’elle, reflétant en quelque sorte la culture humaine en elle-même qui est de nature interpénétrative.
Ce que j’expérimentais lors de mes séjours à Nebek m’aida à connaître et à reconnaître au fur et à mesure dans d’autres lieux, une forme d’interpénétration qui dépassait le simple stade du folklore, du vestimentaire, des tapis jonchant le sol de l’église et de l’emploi fréquent de terminologies apparentées à celles de l’islam; une interpénétration naturelle qui se traduit plutôt par une double appartenance à deux univers aux contours imprécis et loin d’être imperméables l’un à l’autre: l’islam et le christianisme. Tant au Liban qu’en Syrie, je rencontre des personnes qui participent à la fois à la prière du vendredi à la mosquée et à la messe le dimanche; d’autres qui invoquent sainte Rita, sainte Rafqa, saint Charbel, et qui vouent un culte à Marie, quelle que soit leur appartenance — les pèlerinages dans plusieurs couvents et monastères comptaient et comptent encore bien des musulmans pour qui Marie occupe une place privilégiée, elle qui selon le Coran, a été «choisie de préférence à toutes les femmes de l’univers» (3, 42), elle qui est la personnification du Féminin créateur, la gardienne de la mémoire monothéiste, la figure sacrée de la maternité qui donne la vie au-delà de la mort —; le partage de prières et même la formulation de prières communes ne sont pas des pratiques rares; de même en est-il de la participation aux fêtes religieuses des uns et des autres telles Noël et Al Adha. Cette interpénétration se manifeste également par l’attribution de noms musulmans à des enfants chrétiens tels Ali, Hassan et même Mohammad — ou de noms composés comme Ali-Antoine — ou inversement par l’attribution de noms judéo-chrétiens à des enfants musulmans comme Joseph, Georges ou Khodr, Élie, Charbel …
Ce ne sont évidemment que d’infimes exemples parmi tant d’autres, qui montrent que les identités religieuses et spirituelles — dans ce qu’elles charrient comme croyances, symbolismes et pratiques — ne sont pas si fixes et épurées, qu’elles peuvent coexister en paix et en harmonie, et qu’elles s’imprègnent mutuellement — sans que l’on qualifie ces imprégnations de mimétismes — tout en conservant leurs spécificités. Un des pères du monastère de Nebek se considère lui-même comme musulman, «à cause de l’amour de Dieu pour les musulmans et l’islam, dit-il; je suis musulman de par l’Esprit et non de par la lettre». Cela veut dire que les différences n’ont pas à être résorbées, mais il existe un chemin spirituel commun que chrétiens et musulmans peuvent adopter ou qu’ils peuvent édifier, dans un sens que Khalil Gibran avait si bien illustré:

Tu es mon frère et je t’aime. Je t’aime quand tu te prosternes dans ta mosquée, que tu t’agenouilles dans ton église, que tu pries dans ta synagogue. Toi et moi sommes fils de la foi — l’Esprit. Et ceux-là qui comme des têtes sont établies sur ses branches nombreuses, sont comme des doigts de la main d’une divinité qui désigne la perfection de l’Esprit
[4].

C’est ce qui m’interpelle encore et que j’ai nommé les «échos monacaux», souffles de la steppe syrienne, transcendant la séparation des cœurs entre religions, spiritualités, cultures et même entre nations, surtout que le Liban était déjà à l’époque sous «tutelle» syrienne.

(...)

[1] Faouzi SKALI, Le face-à-face des cœurs, op. cit., p. 23.
[2] Daryush Shayegan, «Le choc des civilisations», Esprit, avril 1996, p. 48.
[3] Ysé TARDAN-MASQUELIER, «Mises au point», Le Monde des Religions (mai-juin 2004), pp. 28-29.
[4] Khalil GIBRAN, A Tear and a Smile, cité par Suheil BUSHRUI, Un trésor spirituel, p. 21.
-------------------------------------------

Voici un communiqué publié par la communauté de Mar Moussa en 2003 - 'Jeûne pour la paix dans un monastère syrien' - et qui m'interpelle profondément encore quatre ans plus tard:
"A mi-chemin entre l'Iraq et la Terre Sainte, la Communauté des moines et moniales de Deir Mar Musa consacre une semaine au jeûne et à la réflexion, en solidarité avec les peuples arabes victimes de l'agression occidentale, ainsi qu'avec la race humaine meurtrie par toutes les formes de sa violence.
La Communauté monastique orientale de Saint Moïse l'Ethiopien, à Nebek, en Syrie, exprime par une semaine de jeûne et méditation, son engagement avec le peuple arabe agressé.
Nous nous sentons co-responsables et concernés par l'intégrité physique et la dignité de millions d'individus en cette période de guerres dans la région. Notre Communauté tient à rappeler que la plupart du personnel militaire iraquien est à considérer moralement à l'instar des victimes civiles de l'agression annoncée.
Notre vocation première est d'être toujours les témoins d'Allah, Dieu de Réconciliation et de Paix. L'efficacité de la prière reste notre moyen privilégié. Par ce jeûne nous voulons combattre notre propre violence, purifier nos intentions et exprimer le désir de nous rendre présents aux populations angoissées et souffrantes depuis tant de décennies.
La position géographique du Monastère, entre l'Iraq, le Liban et la Terre Sainte, nous laisse rêver d'une solidarité spirituelle efficace en union à l'effort, sur toute la planète, de tant d'hommes et de femmes, toutes croyances confondues, oeuvrant pour la Paix dans la Justice.
La guerre n'est pas aujourd'hui une solution adéquate à la résolution des conflits, tant locaux qu'internationaux. Il est inimaginable d'admettre que la Collectivité Mondiale ne puisse pas se payer les moyens de changer les structures considérées comme terroristes et dictatoriales autrement que par la guerre. Les frais de la guerre sont payés surtout par les innocents et c'est l'espérance de tout le monde qui y meurt.
L'équilibre géopolitique mondial ne peut pas dépendre du monopole stratégique et économique exercé ou poursuivi par un pays au détriment des autres.
Le système démocratique, que chaque peuple souhaite exprimer selon son génie, son histoire et sa culture propres, ne pourrait pas, sans se désavouer, devenir un privilège exclusif ou, pire, un prétexte qui justifierait les piétinements des droits des peuples.
Comment accepter la perspective de consigner les ressources de cette région, entre autres pétrolières, dans les mains de l'Hyper puissance? Et comment se rendre à la perspective de renoncer à la liberté politique et à l'originalité culturelle de notre région? Toute participation internationale vouée à nous aider à sortir des contradictions régionales ne saurait pas faire l'économie des droits humains et nationaux de notre peuple.
Partout dans le monde, combattre les terrorismes ne peut pas se faire en écrasant les populations civiles dans leurs vies, leurs droits et leurs revendications légitimes.
Pareillement, oeuvrer au désarmement (atomique, chimique, biologique et idéologique) ne peut pas se faire légitimement autrement que sous l'autorité de la Collectivité Internationale et par des moyens autres que la mise en danger des personnes innocentes, civiles et militaires.
Il est bien difficile de croire à la sincérité des propos visant la restauration de la démocratie dans la région par ceux-là même qui n'ont pas eut de scrupules à affamer et à emprisonner la majorité du peuple iraquien par l'embargo de 10 ans ceux-là même qui épaulent activement l'agression et l'occupation du territoire arabe de Palestine et qui ont toujours flirté avec les régimes liberticides de leurs partenaires stratégiques et pétroliers.
Par cela, il est difficile de croire à la volonté de servir la libération de tous les peuples de la part d'une administration qui s'est ralliée aux franges les plus violentes et expansionnistes de la société israélienne. Il y a là convergence idéologique sur la base d'un fondamentalisme biblique commun. Cela fait part de la même pathologie culturelle de tous les fondamentalismes et annonce une escalade conflictuelle mondiale suicidaire qui fait de la terreur notre pain quotidien.
En ces jours où millions de musulmans ont rejoint la Mecque, dans les habits purs et blancs du pèlerinage abrahamique, en regardant anxieux vers Jérusalem, ville du co-venant, du rassemblement final face au Jugement Divin, nous nous unissons à eux, debout sur le haut du mont Arafat, pour demander, dans la prière et les larmes, le Pardon qui seul nous ouvre à tous les voies d'une Paix sereine dans la justice.
Nous prions l'Esprit de Paix qui resurgit du fond de tous nos textes sacrés pour qu'il puisse nous conseiller et nous pousser à des pèlerinages de Paix plutôt qu'à des actions de terrorisme et de guerre".


Sunday, February 18, 2007

SAINT AUGUSTIN ET LE DIALOGUE DES CULTURES

UN MESSAGE D'ACTUALITÉ
Semaine du 19-25 février 2007


L’icône et l’islam : Pamela Chrabieh
Émission Second Regard,
3 décembre 2006, Radio Canada
Un reportage de Jean-Robert Faucher
Merci Robert et à toute l'équipe de Second Regard!
-----------------------------
De Philippe Martin:
'Voici la onzième édition des portraits de blogueurs, avec Pamela Chrabieh Badine'.
On peut trouver l'entrevue sur Dailymotion, Cent Papiers et YULBUZZ.
Merci à Philippe et Christian Aubry!
---------------------------------------------------

J'ai assisté la semaine passée à un colloque et une exposition de photos sur Saint-Augustin ('Africanité et Universalité') à l'Université Saint-Joseph à Beyrouth, Liban. Le colloque comprenait des présentations de l'ambassadeur Suisse au Liban, S.E.M. François Barras; le Doyen de la Faculté des Sciences Religieuses, le P. Louis Boisset; l'ambassadeur d'Algérie au Liban, S.E.M. Ibrahim Haci; le Pr. Otto Wermelinger, Professeur de patristique à l'Université de Fribourg en Suisse; M. Pierre-Yves Fux, Premier Conseiller auprès de l'Ambassade de Suisse à Téhéran. Les photographies de Michael von Graffenried étaient exposées à la crypte de l'église Saint-Joseph: 'Augustin en terre d'Islam'.
Cette exposition itinérante a débuté à Alger, Bibliothèque Frantz Fanon en Avril 2001, lors du premier colloque international sur le philosophe algérien Augustin qui s'est tenu à Annaba (Algérie).
"Le dialogue des civilisations, un thème institué par l’ONU, a marqué l’année 2001. Le président algérien Abdelaziz Bouteflika et M. Joseph Deiss, alors chef de la diplomatie suisse, avaient convenu d’organiser un colloque autour de saint Augustin (né dans cette région du globe). Ce colloque ne revêt pas un caractère religieux, mais scientifique et artistique autour de cette figure qui a rassemblé les deux grandes civilisations occidentale et orientale.À son tour, conçue à Fribourg et élaborée avec le Haut Conseil islamique, l’exposition qui a étayé visuellement le colloque a circulé depuis. Elle a d’abord clôturé l’année du dialogue qui a été organisée à l’ONU avant de se rendre vers d’autres villes européennes. Pour célébrer le 1650e anniversaire de la naissance de saint Augustin, même le gouvernement tunisien, en accord avec l’ambassadeur suisse, a voulu marquer, en 2004, la présence d’Augustin à Carthage, l’ancienne capitale de l’Africa Romana. Aujourd’hui elle est à Beyrouth pour témoigner du message universel et intemporel de l’évêque d’Hippone, dans ce berceau de la Méditerranée, grâce à l’engagement de plusieurs personnalités et institutions. La préparation de cette exposition a été une œuvre collective et c’est Otto Wermelinger, professeur de théologie et d’histoire de l’Église ancienne, et spécialiste augustinien, qui a été mandaté par l’université de Fribourg pour réunir des collaborateurs et d’autres spécialistes du monde entier afin de mettre sur pied cet événement. «En effet, depuis l’indépendance de l’Algérie (1962) et grâce à cette manifestation, confie Wermelinger, on a pu parler d’une Algérie préislamique. En retournant dans le bassin Méditerranéen, l’exposition fait découvrir la richesse et l’actualité de l’œuvre de saint Augustin, dans les mêmes termes, et avec les mêmes images et objets, pour offrir la référence d’un patrimoine commun d’autant plus riche et fécond qu’il serait partagé»" (Colette Khalaf, OJ, 19 février 2007).
Homme de paix ("Personne ne veut la guerre. Même ceux qui font la guerre veulent la paix". "Qui aime vraiment la paix aime aussi les ennemis de la paix"), Saint-Augustin fut un témoin de la rencontre de diverses cultures, synthétisant les apports de la culture gréco-romaine, païenne et chrétienne. Son oeuvre-carrefour mérite aujourd'hui d'être intégrée dans toute base des dialogues interreligieux et interculturel. Son africanité, sa romanité et son universalité constituent un repère marqué par le respect mutuel fondé sur les valeurs communes de l'unique famille humaine. En organisant cette exposition et un colloque au Liban, les organisateurs ont voulu perpétuer ce dialogue de paix.
Né en 354 à Thagaste (actuellement la ville algérienne de Souk Ahras), issu d'un mariage mixte et d'un milieu modeste, Augustin s'est converti au Christianisme en 386 à Milan avant de rentrer en Afrique pour y passer les quarante-quatre dernières années de son existence. Nommé évêque d'Hippone (aujourd'hui Annaba), il poursuivit une incessante activité catéchétique, politique et littéraire, entrecoupée de voyages à travers l'Afrique du Nord. L’Africain n’a jamais renié ses racines. Malgré ses multiples voyages, l’enracinement dans sa terre natale est demeuré un signe de son rayonnement universel.
Augustin fut un monument littéraire: 93 ouvrages formant un total de 252 livres. Les traductions de ses oeuvres sont nombreuses. Par exemple, les 'Confessions', oeuvre grand public, ont été éditées dans toutes les langues majeures de la planète, y compris en chinois, en coréen, en russe etc.
L'influence d'Augustin sur la pensée philosophique et religieuse ne s'est jamais démentie au fil des siècles. Des lecteurs célèbres comme Erasme, Luther, Rousseau ou Camus témoignent de la vitalité de son rayonnement. En Orient, ses oeuvres ne furent diffusées qu'à partir du 18e siècle. "Si la justice vient à s’effacer, que sont les royaumes, sinon de vastes brigandages?" disait saint Augustin. Quoi de plus actuel que ces mots qui resteront dans la mémoire collective?
«Augustin vivait dans un monde en mutation comme aujourd’hui. L’exposition montre à ce propos, parmi d’autres objets, un incunable et un CD-Rom que cinq siècles séparent, mais qu’une même maison d’édition bâloise a produit. L’élaboration d’une nouvelle édition sous forme de CD-Rom illustre l’actuelle vigueur des études augustiniennes. Par ailleurs, des centaines d’articles et de revues scientifiques consacrés aux sujets augustiniens sont produits chaque année», dit encore Wermelinger. Comme il s’agit de faire dialoguer les civilisations d’aujourd’hui avec cette grande figure de l’histoire, les légendes des panneaux sont rédigées en arabe, français et anglais. Parcourir l’exposition du regard est comme faire un brin de chemin avec l’évêque d’Hippone, redécouvrir ses idées et se réconcilier avec la vie intérieure.
En écho à ce parcours, la mosaïque exposée qui a servi d’emblème au colloque et à l’exposition avec les poissons de la Méditerranée et une inscription en forme de vœux «Pax et concordia sit convivio nostro» (que la paix et la concorde accompagnent notre rencontre). Le spécialiste d’Augustin, Otto Wermelinger, avait pensé immédiatement à la charte de la paix qu’on retrouve dans la Cité de Dieu avec ses dix définitions de la paix. Et où on trouve également Pax et Concordia: la paix des hommes, c’est leur concorde bien ordonnée" (Colette Khalad, OJ, 19 février 2007).
Charte de la Paix - De Civitate Dei XIX, 13 -:
- Ainsi donc, la paix du corps, c'est l'agencement harmonieux de ses parties.
- La paix de l'âme sans raison, c'est le repos bien réglé de ses appétits.
- La paix de l'âme raisonnable, c'est l'accord bien ordonné de la pensée et de l'action.
- La paix de l'âme et du corps, c'est la vie et la santé bien ordonnées de l'être animé.
- La paix de l'homme mortel avec Dieu, c'est l'obéissance bien ordonnée dans la foi sous la loi éternelle.
- La paix des hommes, c'est leur concorde bien ordonnée.
- La paix de la maison, c'est la concorde bien ordonnée de ses habitants dans le commandement et l'obéissance.
- La paix de la cité, c'est la concorde bien ordonnée des citoyens dans le comandement et l'obéissance.
- La paix de la cité céleste, c'est la communauté parfaitement ordonnée et parfaitement harmonieuse dans la jouissance de Dieu et dans la jouissance mutuelle en Dieu.
- La paix de toutes choses, c'est la tranquillité de l'ordre.
--------------------------------------------
Consulter la section des commentaires pour les nouvelles du Liban cette semaine!

Sunday, February 11, 2007

Commémoration de l'assassinat de Rafik Hariri...

Le 14 février 2007: Fête de l'amour...

Vers un clash ou une entente entre Libanais?
-------------------------------------------------




------------------------------------------------------

BREAKING NEWS!!!

Mardi 13 février 2007.
Il est 9h30 du matin heure de Beyrouth. Nous venons de nous réveiller aux affreuses nouvelles de l'explosion de deux bus publics sur la route menant à Bikfaya (mon village d'origine) dans la région du Metn (ou le Mont-Liban). Jusqu'à maintenant, on compte 3 morts et entre 18 et 20 blessés. Nos parents et amis sont sains et saufs. C'est la première fois depuis plus de 20 ans que des civils sont ciblés par des attentats. Je ne sais quoi dire de plus... Que Dieu vienne en aide des victimes, de leurs familles, nous vienne en aide à tous et illumine les consciences de nos leaders afin qu'ils ne sombrent pas dans la discorde et qu'ils rallient leurs rangs pour faire face à ce terrorisme qui frappe le Liban et tous les Libanais, sans exception.


Pour plus d'infos et photos: http://www.tayyar.org/

-------------------------------------------------------

L’icône et l’islam : Pamela Chrabieh
Émission Second Regard,
3 décembre 2006, Radio Canada
Un reportage de Jean-Robert Faucher
Merci Robert et à toute l'équipe de Second Regard!
-----------------------------
De Philippe Martin:
'Voici la onzième édition des portraits de blogueurs, avec Pamela Chrabieh Badine'.
On peut trouver l'entrevue sur Dailymotion, Cent Papiers et YULBUZZ.
Merci à Philippe et Christian Aubry!

---------------------------------------------------

Voici le cadre local et régional en ce début de semaine esquissé sommairement:

- Scénario miraculeux qui a réuni la semaine dernière à La Mecque les Palestiniens entre eux (entente sur la constitution d'un gouvernement d'union nationale). A quand le tour des Libanais?

- Les carnages se poursuivent en Irak, en dépit du "plan de sécurité pour Bagdad".

- Des responsables américains ont présenté des "preuves" de l'ingérence de l'Iran en Irak. Does it sound familiar? On se rappelle bien les "preuves" avancées sur les "armes de destruction massive" soi-disant possédées par l'Irak...

- Célébration en Iran du 28e anniversaire de la Révolution Islamique. En cette occasion, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a "réaffirmé que l'Iran ne suspendrait pas ses activités d'enrichissement d'uranium, qualifiant 'd'humiliation' les exigences des grandes puissances. Il s’est toutefois dit prêt à négocier sur des bases « justes et équitables », tout en reportant à plus tard l’annonce de « progrès » dans le programme nucléaire iranien. Ce scénario très fleur bleue pourrait commencer à prendre forme si les entretiens Poutine-Abdallah II hier à Ryad et Assad-Moussa aujourd’hui à Damas se soldaient par un succès, même timide. Ce qu’il faut savoir, c’est que le président russe, comme le médiateur égyptien, travaillent aussi bien l’un que l’autre en faveur d’un rabibochage saoudo-syrien, qui pourrait se concrétiser par une visite de Bachar el-Assad dans la capitale wahhabite" (OJ, 12 février 2007).

- Au Liban, les Libanais se préparent à d'une part, fêter la Saint-Valentin, et d'autre part, à commémorer le deuxième anniversaire de l'assassinat de Rafik Hariri. Un appel par le gouvernement a été lancé pour manifester dans la place des Martyrs au centre-ville de Beyrouth. Alors que l'opposition se fait discrète pour le moment... Comment la rencontre des deux factions va-t-elle se passer? Dans le calme ou le clash?
- Entretemps, de jeunes Libanais-es se mobilisent pour offrir une autre alternative que celles du gouvernement et de l'opposition: 'Resolve it, Solve it'! Un appel lancé aux leaders du pays à se mettre d'accord et à résoudre une situation intenable mençant de dégénérer en une guerre civile. Lire ci-dessous l'article du Daily Star:


Young Lebanese form human chain, urge leaders to 'resolve it, solve it'
Small but determined crowd challenges political status quo
By Iman Azzi
Daily Star staff
Monday, February 12, 2007

BEIRUT: Street protests are not a rare occurrence in Lebanon. However, demonstrations without colorful portraits of politicians or sectarian party flags are. This weekend, more than 100 Lebanese took to a former flashpoint in Beirut in a peaceful demonstration to demand an immediate solution to the current political impasse. The rally was part of a growing grassroots movement that is trying to lend a hand - or several hands - to ensuring civil peace and stability and prevent civil war.
Launched on Saturday in response to the student clashes that erupted at Beirut Arab University last month, "Resolve it, Solve it" is the latest campaign urging politicians to come together a cut a deal.
"We're fed up," said Reem Mobassaleh, 24, one of a dozen of the movement's organizers. "We want to send a message to all politicians - from every party - and have them sit down and figure out a peaceful solution."
Nearly three weeks after the Beshara Khoury intersection became a venue for burning tires during an opposition protest on January 23, cars driving by on Saturday saw a different sight: dozens of Lebanese wearing white t-shirts urging the politicians to "resolve it, solve it."
Petitions were passed around to passersby after an online version collected over 1,000 electronic signatures in less than a week. Participants formed a human chain, walking together across the former Green Line, the infamous stretch of road that divided Beirut during the 1975-1990 Civil War.
"Compromise is not failure," Mobassaleh said. "It's time that politicians start acting like public servants again."
"I was watching the news and seeing all the violence and became sick and tired of it all," said Carmen Geha, 21, another organizer. "From my community work, I know that people here have more in common than they know."
The message is not complicated - "We want an immediate and peaceful solution" read one poster - and many share the sentiment, although it fails to propose any practical solutions that could lead to an eventual compromise.
"As a Lebanese student, to watch students resort to violence, rather than engage in healthy debate, is frustrating and not the answer," said Ronnie Chatah, 25, a graduate student who was part of the human chain.
Saturday's human chain was the latest in a series of mostly youth-driven alternative political movements challenging the sectarian tradition, including Young Lebanese Citizens, March 11 and Loubnani w Bass. These groups have passed out flyers, hung up posters, held conferences, signed petitions and worn T-shirts but have so far not managed to pose a major challenge to the political status quo.
"We're trying to wake up the silent majority," Geha explained. "It's our future and I know there are others who think like us."
While Lebanese politicians can mobilize thousands in minutes, the "silent majority" is proving tougher to move into the streets. Uniting these campaigns and pooling resources and supporters might give their message a chance to be heard.
Although "Resolve it, Solve it" does not offer any solutions to the political crisis, individual members had some of their own.
Geha suggested politicians turn to NGOs for inspiration. "A lot of local groups have been proposing ideas from policies on the environment to election reform. They're worth being looked at," she said.
Chatah had a broader outlook and suggested an international conference: "We need to neutralize Lebanon - remove Lebanon from the middle of international politics. I'm here today to send a direct message that we refuse to let this country fall back into civil war."
Aussi, signalons la formation d'un nouveau groupe de jeunes Libanais-es militant contre la violence, la guerre et le confessionnalisme: CH-M-L (Jeunes Citoyens Libanais - CHABAB MOUWATINOUN LOUBNANIYOUN). Lire l'article du journal Al-Akhbar (en arabe) daté du 12 février 2007.


------------------------------------------------

De Présence Musulmane - Montréal:

Montréal, le 10 Février 2007
Pour un « nous » concitoyen
Par Salah Basalamah

Pour un « nous » concitoyen


Les derniers débats dont se sont emparés les médias québécois autour de l'accommodement raisonnable et de toutes les thématiques qui en ont dérivé ont démontré encore une fois la vivacité et l'émotivité avec lesquelles le peuple de la Belle province réagit aux questions qui mettent en jeu son identité. Présentées comme le lieu de discussion d'une destinée, d'une spécificité menacée, ces réactions deviennent parfaitement compréhensibles, pour autant qu'elles soient envisagées dans l'inclusion de tous ses membres. Or, le problème n'est pas tant de mettre l'animation du débat sur le compte de sa vitalité pour les Québécois que d'y voir plutôt l'occasion trop belle pour certains de jouer sur les sensibilités, à la fois actuelles et historiques, afin de nourrir les appréhensions et entretenir les peurs.
C'est que les débats sur les nombreux sujets sensibles que les derniers sondages ont suscités ne sont pas le seul résultat d'un intérêt naturel pour les questions de sociétés, mais également la conséquence d'un projet délibéré de consolider une conception particulière de la citoyenneté qui se veut protectrice de la culture et des « valeurs québécoises ». Ainsi, ces dernières ne seraient préservées que si les immigrants acceptaient : ou bien de laisser leurs cultures et leurs religions aux frontières du Canada, ou bien de « s'assimiler » aux choix des modèles d'identités de la société ambiante, de préférence celle d'avant l'âge de l'hyper-hétérogénéité et de la mondialisation la plus débridée. À entretenir une vision aussi immobiliste de la réalité sociale en devenir, on tombe forcément dans la nostalgie, l'illusion et, par conséquent, le déni le plus radical.
La mémoire refoulée
Lors de sa fameuse leçon de Ratisbonne de l'automne dernier, le pape avait fait l'apologie de la rationalité gréco-chrétienne comme étant l'un des traits dominants de l'identité de l'Occident laïc qu'il ne devrait d'ailleurs pas oublier. L'identité européenne, chrétienne par la foi et grecque par la raison, serait donc à concevoir par opposition à un islam présenté comme non-occidental, voire anti-occidental puisque présumé violent, impulsif et irrationnel intrinsèquement. Ainsi, il apparaît évident que, dans la bouche de la personnalité politique que représente le pape, la description de la mémoire occidentale n'est pas anodine. Elle est l'expression d'une vision sur l'histoire qui officialise le refus de reconnaître à l'islam de faire partie de la mémoire collective occidentale. Plus de sept siècles en Espagne, une présence active aussi bien dans le Nord que dans le Sud de la Méditerranée et la courroie de transmission principale du savoir au Moyen Âge. Et pourtant, l'islam est recalé au rang d'étranger, de corps exogène, encombrant et indésirable.
En voyant le « succès » dont fait preuve la manchette musulmane dans la presse et le paysage audiovisuel québécois, on se demande s'il n'y a pas lieu de constater une sorte de retour sur la place publique du refoulé religieux à travers celui, plus profond, du refoulé musulman. De fait, l'une des raisons de voir le discours islamophobique ou pour le moins islamo-aliénant se développer au Québec, c'est qu'il n'est pas reconnu à l'islam sa part légitime de participer de la mémoire de l'Occident.
L'illusion de la pureté
Un tel refoulement, s'il n'est pas généralisable, se construit cependant sur une représentation de soi plutôt dangereuse : l'illusion de la pureté. Une pureté à la fois ethnique, identitaire et surtout culturelle qui prend ses racines dans le même double binôme religieux (judéo-chrétien) et culturel (gréco-romain) européo-méditerranéen. Ce qui est remarquable, c'est de constater que cette illusion se contredit dans ce qu'elle présuppose elle-même puisqu'elle n'est pas constituée d'une origine unique ou pure, mais bien plutôt quadruple et, par conséquent, déjà hybride. Or, le refus de reconnaître l'islam comme une des composantes multiples de la mémoire de la civilisation occidentale n'est pas seulement une injustice à l'endroit de l'islam, il l'est surtout à l'endroit de ceux pour qui l'écart de vision demeure aussi important sur leur histoire au point de ne pas être en mesure de mettre en perspective les émois de leur présent.
Le métissage culturel et identitaire n'est pas qu'un constat tributaire des derniers développements de la mondialisation et du postmodernisme, mais également le processus naturel de fécondation mutuelle qui caractérise de tout temps les rencontres individuelle, collective ou intellectuelle des nations, des cultures et des langues. La réalité interculturelle du Québec ne serait qu'une nouvelle illusion si elle devait être relativisée à l'aune d'un rêve de pureté parfaitement réactionnaire et dénégateur.
La double intégration
Dans tous les débats, il est apparu évident que l'objectif ultime de la « tolérance » que certains, grands seigneurs, ont concédée à l'égard des immigrants est celui de leur intégration. On veut bien, par exemple, admettre les foulards à l'école pour que les jeunes filles musulmanes s'intègrent. Si c'est bien le cas dans les faits, il reste que l'effort d'intégration ne semble être exigé que d'un seul côté, alors que de l'autre, on « tolère ».
Ainsi, les institutions démocratiques ne seraient plus le cadre de l'application des principes d'égalité et de justice - qui exigent de tous les citoyens de se conformer aux droits et devoirs qui leur incombent -, mais le lieu d'accueil qui souffre la présence des intéressées en attendant qu'elles s'adaptent et, on l'espère, fassent montre de civisme en quittant ce qu'on ne cesse d'interpréter autoritairement comme un signe de sexisme et de soumission. Si bien qu'il n'est pas question d'effort d'intégration du côté de la « société d'accueil », mais seulement l'affectation d'une tolérance généreuse, quoique temporaire, pour celles qui doivent en fin de compte se conformer aux « valeurs québécoises ». Quelles sont-elles d'ailleurs ? Celles que consacrent les institutions démocratiques ou plutôt celles reformulées par le rêve persistant d'une homogénéité infondée ?
S'il y a le moindre espoir d'assumer pleinement le statut de terre d'immigration, ce ne sera certes qu'en promouvant une « double intégration » : pour les musulmans québécois d'agir en citoyens (respecter les lois et s'ouvrir à la société locale) et pour leurs concitoyens de mieux les connaître (écouter et côtoyer).
Après l'intégration
Si l'intégration reste une réalité qui s'impose tant que le Canada continue d'accueillir des immigrants, il n'en est revanche plus question lorsque la deuxième et la troisième générations de musulmans et de musulmanes ainsi que des centaines de convertis se réclament encore de l'islam et tiennent à leur identité religieuse comme une des composantes de leur identité de fait multiple. Y aurait-il un monde après l'intégration ?
Si ce vocable ne convient plus pour les musulmans nés au Québec, il n'est pas moins impropre pour tous ceux qui ont compris que la citoyenneté véritable tient dans l'engagement actif en faveur du développement social et du progrès des mentalités vers un vivre-ensemble débarrassé des suspicions et des appréhensions entretenues. La « participation » - en tant qu'individus musulmans - pour le bien du plus grand nombre, que ce soit à travers le politique, le social, l'économique ou le culturel ; telle est l'exigence citoyenne qu'il faut désormais défendre pour sortir des ornières de l'aliénation forcée où le discours dominant semble la confiner. L'étranger ne serait pas seulement celui qui vient d'ailleurs, mais également celui qu'on ne connaît pas ou qu'on ne veut pas connaître, même si on le côtoie depuis des années…
Un débat démocratique et éthique
En somme, un tel projet de société où le désir du vivre-ensemble n'est pas qu'une disposition « bonasse » ou un « aplatventrisme » masochiste, mais le signe d'une intelligence sociale et de bon voisinage pluralistes, ne peut aboutir qu'en étant extrêmement exigeant sur la manière de conduire les débats. Toutes les discussions que nous avons entendues ces derniers temps ont, certes, le mérite d'avoir eu lieu, mais on ne sait que trop à qui sert, pour certaines, de présenter des réponses critiquées et critiquables à plus d'un titre et d'une manière aussi peu respectueuse de soi-même, de l'opinion publique et de l'éthique de l'information.
Si l'on souhaite vraiment se rapprocher, mieux se comprendre et s'accorder sur les conditions de ce vivre-ensemble que toutes les parties appellent de leurs vœux, il est nécessaire que l'on prenne conscience, de part et d'autre, que le seul espace de convergence possible demeure celui de la concitoyenneté. Autrement dit, la conscience véritable que le « nous particulariste » que l'on ne cesse d'entendre de tous bords n'est en réalité qu'un seul, un « nous commun », large et inclusif des tous les Québécois et Québécoises quelles que soient leurs appartenances religieuses ou non. L'éthique concitoyenne est en effet celle qui nous permet à chacun de dépasser nos ghettos intellectuels respectifs, de trouver l'expression d'un universel commun et d'œuvrer aujourd'hui pour le Québec de nos enfants.

------------------------------------------------

ANNONCES - NEWS

Tadamon! Montreal Presente:
"In the Shadows of the City"
Projection du film de Jean Khalil Chamoun Liban, 2000,
102 Minutes
Langue arabe / sous-titrage anglais
Evénement faisant parti du Festival Annuel de film du Groupe de recherche d'intérêt public [GRIP] de l'université de McGill
MARDI, 13 Fevrier, 20h00
entrée gratuite au Departement des Études culturelles Université McGill
3475 Rue Peel [metro McGill]
Le film de Jean Chamoun retrace les 15 ans de la guerre civile au Liban qui a pris fin en 1990. Ce cinéaste libanais reconnu nous montre la complexité de la guerre civile au Liban à travers la vie de Rami, un adolescent de 12 ans, et de sa famille. Espérant éviter la guerre civile qui gagne l'ensemble du pays, la famille de Rami déménage à Beyrouth. Cependant, la guerre les rattrape en ville et Rami et sa famille se retrouvent confrontés au chômage, à la mort et à la perte des personnes qui leurs sont chères. Ce film présente les complexités politiques et sociales des 15 ans de guerre civiles tout en mettant en relief les conséquences de cette guerre sur la jeunesse libanaise. Tadamon! Montréal proposera une discussion suite au film sur la relation existant entre la guerre civile libanaise et le sectarisme que nous observons actuellement et qui continue à toucher le Liban et le Moyen Orient. T
adamon! Montréal http://tadamon.resist.ca / 514 664 1036
---------------------------------
Tadamon! MONTREAL Presents:
In the Shadows of the City
A Film by Jean Khalil Chamoun Lebanon, 2000,
102 Minutes Arabic / English subtitles.
As part of annual Film Festival of the Quebec Public Interest Research Group [QPIRG], at McGill University.
TUESDAY, February 13th, 8pm.
Donations Appriciated.
@ the Cultural Studies Screening Room McGill University 3475 Peel Street [metro McGill]
Jean Chamoun's film revisits the tragic 15 year civil war in Lebanon which ended in 1990. Renowned Lebanese film maker Chamoun brings us into the complexities of Lebanon's civil war, through the lives of Rami, a twelve-year-old boy on the cusp of adulthood, and his family. In hopes of escaping the civil war escalating in the countryside, Rami's family moves to Beirut. However, the war follows them to the city, and there Rami and his family struggle with unemployment, death and the disappearance of loved ones. This film explores the political and social complexities of the Lebanese civil war, while addressing the consequences of war on Lebanon's youth. Also this event will include a discuss on the relationship between the Lebanese civil-war and present day sectarian conflict that continues to effect Lebanon and the entire Middle East region.
Tadamon! Montreal http://tadamon.resist.ca / 514 664 1036
----------------------------------
Nahwa al Muwatiniya is organizing this series of Hiwar sessions under the theme
"No to Civil War!"


During this Monday session, Roger Assaf, a Lebanese: playwright, director and actor will discuss his war-time community work. During the Lebanese war (1975), Roger was an active member in a local community group (between Mrayje & Hay el Sellom) formed by people form different religious backgrounds who worked tirelessly assisting the community from assisting the sick, to helping those get electricity, etc. He will tell us about how these people were living together while the war leaders were fighting by the name of confessions.

Date & Time: Monday Feb. 12th, 2007 at 8:00pm, Club 43, Gemmayzé (Lebanon)


Saturday, February 03, 2007

SEEKING A BETTER LIFE! AWAY FROM THE MIDDLE EAST

February 5-11 2007/ 5-11 Février 2007
------------------------------------------------------
L’icône et l’islam : Pamela Chrabieh
3 décembre 2006, Radio Canada
Un reportage de Jean-Robert Faucher
Merci Robert et à toute l'équipe de Second Regard!
-----------------------------
'Voici la onzième édition des portraits de blogueurs, avec Pamela Chrabieh Badine'.
On peut trouver l'entrevue sur Dailymotion, Cent Papiers et YULBUZZ.
Merci à Philippe et Christian Aubry!

-----------------------------------------------------------------------
Je vous recommande la lecture des articles ci-dessous, rédigés par Alistair Lyon, Correspondant Spécial pour Reuters (Liban), sur le phénomène de l'émigration en Iraq et au Liban. J'ai rencontré Alistair depuis quelques temps, pour une entrevue qu'il utilisa en partie en vue de l'écriture de ces articles. Évidemment qu'Alistair met l'accent sur le départ, la fuite et l'exode face à une situation intenable. Je tiens quand même à assurer nos lecteurs-lectrices qu'il ne s'agit pas d'une réalité 'généralisable' et qu'il existe, en dépit de tout, des mouvements de retour et-ou des mouvements de résistance sur le terrain qui poursuivent leur lutte pour la paix. Seraient-ils l'exception à la règle?
-----------------------------------------------------------------------
Iraqis fleeing conflict flood over borders
Wed Jan 31, 2007 8:21am ET
By Alistair Lyon, Special Correspondent

BEIRUT (Reuters) - Violence in Iraq and instability in Lebanon are driving hundreds of thousands of people abroad in an upheaval not matched in the Middle East since the exodus of Palestinian refugees when Israel was created in 1948.
While Lebanese usually migrate legally to countries of their choice, Iraqis are fleeing across borders in distress to escape the bombings, death squads and sectarian cleansing that have savaged their country since the U.S.-led invasion in 2003.
Most of the Iraqis are ending up in countries that already host large Palestinian communities drawn from the 4.3 million Palestinian refugees registered with the United Nations.
The carnage in Iraq has also uprooted about half the 30,000 Palestinian refugees who lived there in Saddam Hussein's time, forcing them into a second exile or stranding them in limbo.
About 700 Palestinians have been stuck for months in wretched camps on the Iraqi-Syrian border after fleeing violence in Baghdad, despite U.N. appeals for Arab states to let them in.
The U.N. High Commissioner for Refugees says up to 50,000 Iraqis abandon their homes every month. "Iraq is the big one," UNHCR's regional representative Stephane Jaquemet told Reuters.
The agency estimates that up to 2 million Iraqis have moved to neighboring countries, mainly Syria and Jordan, before and since the war, while 1.7 million are internally displaced.
Jaquemet said he feared Syria and Jordan, which each host anywhere between half a million and a million Iraqis, might eventually close their borders to the refugees -- many of whom are fast exhausting whatever resources they brought with them.

TIGHTENING CONTROLS

Jordan already interrogates and turns away some Iraqi migrants at the frontier, especially young men who fail to convince the authorities they risk persecution at home.
Syria, already home to 432,000 Palestinian refugees, has been the most welcoming host for Iraqis, despite the extra burdens they create in a struggling economy where jobs are scarce and public services are creaky.
Yet Damascus, often accused by the United States of helping Iraqi insurgents, wins little international appreciation for its contribution in shouldering the Iraqi refugee burden.
Tens of thousands of Iraqis have also sought safety in Iran, Egypt, Lebanon, Turkey and Arab Gulf states. Only a tiny fraction of those who apply for formal refugee status with the UNHCR are accepted for resettlement in the West.
Even those who risk brutal punishment or death at home for working with the U.S. military as translators or in other supporting roles find it almost impossible to gain entry to the United States, which took in only 202 Iraqi refugees in 2006.
Inside Iraq, up to half a million people fled their homes to other parts of the country last year alone, the UNHCR says.
"The defining factor was the bombing of the Samarra sanctuary on February 22," said Jean-Philippe Chauzy, spokesman for the Geneva-based International Organization for Migration, which monitors the displacement throughout Iraq.
The destruction of the Shi'ite mosque in Samarra set off a wave of Sunni-Shi'ite revenge killings that has yet to wane.

DISPLACEMENT ON RISE

"People have fled because of violence or direct threats against their families. The rate has been about 1,000 a week and it is on the increase," Chauzy said. "People are moving to areas according to ethnic and religious lines."
"In many areas people pay rent to live in insalubrious conditions where there is little clean water or electricity. Fuel is also a problem. Many are living with relatives. It's a humanitarian crisis and the needs are enormous," he added.
Rampant insecurity in Iraq has hamstrung foreign aid agencies since the 2003 bombings of the Baghdad offices of the United Nations and the International Committee of the Red Cross.
While Iraqis try to escape the maelstrom of bloodshed, a quieter exodus of Lebanese has gathered pace since last year's war between Israel and Shi'ite Hezbollah guerrillas led to a protracted political crisis that burst into violence in January.
Lebanese economists say tens of thousands have left to seek jobs and safe havens abroad in recent months, draining youthful talent and swelling a diaspora that may already account for a quarter of the Mediterranean country's four million people.
One recent survey showed 60 percent of young graduates and older people with families hoped to leave, either because they saw no future in Lebanon or wanted to keep their children safe.
Pamela Chrabieh, a researcher in contact with many would-be migrants, said she often advised them to think twice before grappling with the trauma of settling in countries where they might face official barriers, discrimination or unemployment.
"But those who have completely lost hope say: 'It's a permanent wait and we don't know what we are waiting for any more because the whole region is in flames'," she said.
----------------------------------------------------------
Losing hope, Lebanese seek future abroad
Wed Jan 31, 2007 7:08pm ET
By Alistair Lyon, Special Correspondent

BEIRUT (Reuters) - Jad Haider is ready to pack his bags for Germany, fed up with Lebanon's political instability, simmering sectarian strife and economic malaise.
"I love this country so much. It's a beautiful country, but honestly I just can't take it any more," said the 32-year-old university English teacher. "The energy is so negative."
Jolted by last year's war between Israel and Hezbollah guerillas and the power struggles and Sunni-Shi'ite clashes that have followed, thousands of Lebanese -- many of them young and talented -- are leaving to seek jobs and new lives abroad.
"I'm not willing to stay in a country where one day you wake up and there's a war, the next day you wake up and everything's fine," Haider said. "This is no way to live."
The scale of the hemorrhage is hard to pin down, especially in a land with a long, fluid history of migration and return, but researcher Eugen Dabbous said a survey he had helped to run had confirmed many Lebanese are heading for the exits.
"Sixty percent of those surveyed want to leave," he said.
The project, conducted by the Lebanese Emigration Research Center, questioned about 600 residents from two groups -- students or recent graduates and middle-aged people.
"The younger people want to leave because they don't see a future in Lebanon, and the older group because they want to get their children out of harm's way," Dabbous said.
He said up to a million of Lebanon's estimated four million citizens already live abroad, mingling with a far bigger Lebanese-origin diaspora born of two centuries of migration.
Once mostly Christian, the outflow now affects Lebanon's Shi'ite and Sunni Muslim communities just as much. Many who left during the 1975-90 civil war sank permanent roots abroad.

JOB CRISIS

"This economy is oriented only toward the commercial banking system and real estate, so we don't have enough employment opportunities," former Finance Minister Georges Corm said.
"With the oil boom in the Gulf countries, it is by the tens of thousands that people are going there to find jobs."
So many Lebanese have left for the Gulf in recent months that wages there have declined, said Carole Contavelis, a recruitment consultant for Beirut's Headhunter International.
Of 19 people she interviewed for a general manager post in Beirut, 15 had left the country: "At the upper management level, it's 70-80 percent who are out of Lebanon."
Contavelis said the employment market had been "awful" since last year's war and was still getting worse, while political instability meant no one could plan their lives sensibly.
"Now with the brain drain, we don't have a middle class any more," she complained. "How can you build a country like that?"
Asked what would have to change to induce people to stay, she said: "Frankly, everything. No bribery. We need security, clean politicians. They are treating us like cows, but we don't want to follow any more. We want to be here for our country."
But for people like Assad Ghosn, 33, a manager at the Alfa mobile telephone company, hard choices are pressing in.
"All my close friends from university are living abroad now. During the war, we were close to leaving, but we decided to wait and see what happens," he said at his Beirut office.
Ghosn, who also has a Canadian passport, said his wife Gia was keener to leave than he was. "You have to think about your career and the future of our baby," he said. "We have relatives in Canada, but it's not an easy decision. Personally, if I go out for a career, I won't come back here."

FAMILY TIES

Many Lebanese hold second or third passports, acquired through family networks already overseas. Lebanese have spread all over the world, with big communities in the United States, Canada, Australia, Brazil, France, West Africa and the Gulf.
They tend to retain strong business, family or emotional links to their homeland, and many send money home to support their relatives, but Sensenig-Dabbous said few were planning to return to Lebanon now or invest there.
Grace Harika Nasnas, who lives in Florida, spent five months in Lebanon last year looking for a house to buy so she and her family could return. The outbreak of war on July 12 forced an abrupt change of plan. She left hastily with her two sons.
"When the Israelis hit the airport, I'm like, it's gonna be just one bomb. I didn't think it was gonna go that far," the 31-year-old recalled in a telephone conversation from Orlando.
"We always had hopes to go back and live in Lebanon. But even before the war I didn't see much opportunity for my husband to work there. It was a big risk to invest our money in something that might work or might not."
They tend to retain strong business, family or emotional links to their homeland, and many send money home to support their relatives, but Sensenig-Dabbous said few were planning to return to Lebanon now or invest there.
Grace Harika Nasnas, who lives in Florida, spent five months in Lebanon last year looking for a house to buy so she and her family could return. The outbreak of war on July 12 forced an abrupt change of plan. She left hastily with her two sons.
"When the Israelis hit the airport, I'm like, it's gonna be just one bomb. I didn't think it was gonna go that far," the 31-year-old recalled in a telephone conversation from Orlando.
"We always had hopes to go back and live in Lebanon. But even before the war I didn't see much opportunity for my husband to work there. It was a big risk to invest our money in something that might work or might not."

----------------------------------------------------
A LIRE ABSOLUMENT L'ARTICLE CI-DESSOUS DE ROBERT FISK!
----------------------------------------------------
Robert Fisk: Please spare me the word 'terrorist'
Lebanon is a good place to find out what tosh the 'terror' merchants talk

Published: 03 February 2007

So it was back to terror, terror, terror this week. The "terrorist" Hizbollah was trying to destroy the "democratically elected government" of Fouad Siniora in Lebanon. The "terrorist" Hamas government cannot rule Palestine. Iranian "terrorists" in Iraq are going to be gunned down by US troops.
My favourite line of the week came from the "security source" - just how one becomes a "security source" remains a mystery to me -- who announced: "Terrorists are always looking for new ways to strike terror... There is no end of the possibilities where terrorists can try to cause terror to the public." Well, you could have fooled me.
Lebanon is as good a place as any to find out what a load of old tosh the "terror" merchants talk. For here it is that the hydra-headed monster of Iran is supposedly stalking the streets of Beirut, staging a coup against Mr Siniora and his ministers.
Sayed Hassan Nasrallah, the Hizbollah leader, is the man Israel spent all last summer trying - vainly, of course - to kill, his black-bearded, turbaned appearance on Hizbollah's own TV station a source of fury to both Ehud Olmert and - nowadays - to Siniora's men in government.
Now it's true that Nasrallah - an intelligent, former military commander of Hizbollah in southern Lebanon - is developing a rather odd cult of personality. His massive features tower over the Beirut airport highway, a giant hand waving at motorists in both directions. And these days, you can buy Hizbollah T-shirts and Nasrallah key chains. But somehow "terror" is not quite the word that comes to mind.
This is partly because the tens of thousands of Shia Muslims whom Hizbollah represents are staging a social revolution rather than a coup, a mass uprising of the poor who have traditionally been ignored by the great and the good of Lebanese society.
The men in their tent city downtown are a powerful symbol in Lebanon. They are smoking their hooker pipes and playing cards and sleeping rough next to the shining new city which Rafiq Hariri rebuilt from the ruins of Beirut - a city to impress foreigners but one in which the south Lebanese poor could not afford to buy a cup of coffee.
Hariri's theory - or at least this is how he explained it to me before his murder - was that if the centre of Beirut was reconstructed, the money which it generated would trickle down to the rest of Lebanon.
But it didn't trickle. The bright lights of downtown Beirut were enjoyed by the rich and purchased by the Saudis and admired by the likes of Jacques Chirac but they were not for the Shia. For them, Hizbollah provided the social services and the economic foundation of its part of Lebanon as well as the military spearhead to strike at Israel and demand the return of Shebaa Farms.
The Lebanese government may have its troops mixed in with the new UN force in the south but no one doubts that Hizbollah remain in their villages, as powerful and as influential as ever. Harirism, it seems, failed and now Hariri's old friend Siniora - who, by the way, was never elected (he was appointed to the prime minister's job although you'd never know if from watching Western television) - has returned from Paris with millions of dollars to sit once more in his little "green zone", surrounded by barbed wire and soldiers and, outside the gates of his serail, by the poor of southern Lebanon and the suburbs of Beirut.
Hizbollah's electoral partners are also interesting. General Michel Aoun - whom the Americans have not yet got round to calling a "terrorist" - is the Christian leader who allows Nasrallah to claim that the opposition is non-sectarian. Aoun's supporters were involved in pitched battles with Samir Geagea's Phalangists last week and what was striking was how poor many of Aoun's Christian supporters also appeared to be. Indeed, Aoun was himself born in the same southern slums of Beirut which is Hizbollah's power base and his constant refrain - that the government is corrupt - is beginning to take hold among the disenfranchised Christian communities in the east of Beirut.
The fact that Aoun is also a little cracked does not change this. Even when this week he produced a doctored photograph supposedly showing an armed Phalangist on the streets - the image was of a Hizbollah gunman, originally taken during last summer's war but stuck on to a photograph of crowds on a north Beirut roadway - his loyal supporters did not desert him. Nestling beside their tents in central Beirut are canvas homes containing Lebanese communists - how friendly the old hammer and sickle seems these days - and a host of lesser groups which may or may not come under Syria's patronage.
Of course, the crisis in Lebanon is also about Iran and Syria, especially Iran's determination to damage or destroy any Middle East government which has earned America's friendship. In the growing, overheated drama being played out between Washington and Tehran (and Israel, of course), Lebanon is another board game for the two sides to use. America thus lined up to defend Lebanon's democracy - though it didn't care a damn about it when Israel bombarded the country last summer - while Iran continues to support Hizbollah whose government ministers resigned last year, provoking the current crisis.
Nasrallah is said to have been personally shocked by the extent of the violence and hatred manifested in last week's miniature civil war in which both Sunni and Shia Muslims used guns against each other for the first time.
But they too emerged from the slums to do battle with their co-religionists and I rather suspect that - when this latest conflict is over - there will have to be a serious evaluation of the explosive nature of Lebanon's poverty belts, a re-examination of a country whose super-wealthy launder the money which never reaches the poor, whose French restaurants and Italian designer shops are for the princes of the Gulf, whose government - however democratically elected (and Washington still doesn't seem to understand that sectarian politics mean that Lebanon cannot have a normal democracy) - seems so out of touch with its largest religious community.

But as the story of Lebanon continues, please spare me the word "terrorist".