Thursday, December 14, 2006

LA CARICATURE MÉDIATIQUE:
OU LA DISTORSION DE LA RÉALITÉ LIBANAISE!
Semaine du 10-16 décembre 2006 - suite -
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L’icône et l’islam : Pamela Chrabieh
3 décembre 2006, Radio Canada
Un reportage de Jean-Robert Faucher
Merci Robert et à toute l'équipe de Second Regard!
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'Voici la onzième édition des portraits de blogueurs, avec Pamela Chrabieh Badine'.
On peut trouver l'entrevue sur Dailymotion, Cent Papiers et YULBUZZ.
Merci à Philippe et Christian Aubry!
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La caricature médiatique: un fléau dévastateur, une distorsion flagrante de la réalité, une foire de l'amalgame et de la réduction, l'invisibilisation... Faut-il se contenter de l'application du fameux dicton 'au pays des aveugles, ce sont les borgnes qui sont rois?'
Je vous recommande vivement la lecture de l'article suivant. L'auteur est chercheur à l'Institut français du Proche-Orient à Beyrouth:
Liban: Cessons la caricature
December 13, 2006
Cyberpresse.ca - Fabrice Balanche
Le conflit politique qui se déroule au Liban à l'heure actuelle entre l'opposition et le gouvernement se réduirait à un conflit entre prosyriens (l'opposition) et les anti-syriens (le gouvernement), d'après ce que nous entendons dans la plupart des médias.
Les Syriens veulent contrôler de nouveau le Liban et pour cela ils instrumentalisent les Libanais, en particulier leur allié de toujours le Hezbollah. Sur les chaînes de télévision occidentales, face à des islamistes barbus vociférant en arabe, on nous présente des hommes politiques respectables, parfaitement francophones et anglophones, rasés de près qui se posent en rempart de la démocratie et de la modernité.Le manichéisme est de rigueur.
Certes il est difficile de comprendre le Liban et de l'expliquer en quelques minutes à des téléspectateurs, mais tout de même arrêtons les caricatures. Cessons de donner la parole à des politiciens libanais caméléons qui savent très bien quel discours tenir devant les caméras occidentales.
La coalition au pouvoir regroupe trois principaux partis: le Mouvement du Futur, de Saad Hariri, le Parti Socialiste Progressiste, du chef Druze Walid Joumblat (les Druzes sont environ 5% de la population libanaise), et les Forces Libanaises, de l'ancien milicien chrétien Samir Geagea. L'élément essentiel est le Mouvement du Futur, composé essentiellement de Sunnites (entre 25 et 30% de la population libanaise), car les deux autres partis ne représentent qu'une petite fraction de la population libanaise. Cette coalition se nomme "Le 14 mars" par référence à la manifestation géante qui eut lieu en 2005 pour réclamer le retrait des troupes syriennes du Liban. Mais avant d'être anti-syriens que faisaient donc ces leaders adulés par les chancelleries occidentales?
Walid Joumblatt fut l'allié indéfectible des Syriens durant toute la guerre civile libanaise et jusqu'à l'automne 2004, date à laquelle il se serait rendu compte de son erreur pour devenir le chantre de l'opposition pro-syrienne. Samir Geagea était en prison depuis 1994, officiellement pour avoir été le commanditaire d'un attentat contre une Église, officieusement parce qu'il s'opposait à la mainmise syrienne sur le Liban; on peut donc lui accorder un certain courage et une honnêteté politique si l'on fait abstraction des massacres commis par sa milice durant la guerre civile.Quant à Saad Hariri, qui se pose en continuateur de l'uvre de son père, on oublie un peu vite que ce dernier fut premier ministre du Liban, et donc chef de l'exécutif, durant quasiment toute la période de l'occupation syrienne du Liban après la guerre civile. Il fut porté au pouvoir par la Syrie et gouverna le Liban avec son appui jusqu'à ce qu'il décide de se séparer de son protecteur.
Terminologie officielle
Les "pro-syriens", pour reprendre la terminologie officielle des chaînes d'information, se résument au Hezbollah et à ses alliés: le Mouvement Amal (chiite), le Courant Patriotique Libre, du général Michel Aoun (laïc mais essentiellement composé de chrétiens), des Nassériens, des Communistes et des opposants dans toutes les communautés aux partis et familles de notables qui se sont rangés derrière le "Mouvement du futur" de Saad Hariri. Le Hezbollah n'a participé au gouvernement libanais qu'à partir de 2005. Durant toute la période d'occupation syrienne, il était en retrait ou en opposition face au gouvernement dirigé par Rafic Hariri. Le Courant Patriotique Libre, du général Aoun, représente la majorité des chrétiens du Liban (30 à 35% de la population), notamment les plus violement anti-syriens d'entre eux.
Au Liban les alliances électorales sont stratégiques et non idéologiques. Les intérêts personnels des familles dirigeantes, les ambitions présidentielles et l'appât du gain composent et recomposent les coalitions. Néanmoins depuis le retrait des troupes syriennes du Liban, le politique reprend timidement ses droits. Ce que nous voyons dans les manifestations de l'opposition "pro-syrienne", ce sont des gens de toutes les confessions, plutôt de milieux modestes, qui se rassemblent pour demander un État de droit.
43 milliards (je rectifie: 45 milliards selon les plus récentes analyses économiques)
Les manifestants exigent que le gouvernement rende des comptes sur les 43 milliards de dollars de dettes accumulées pendant 15 ans, sous la tutelle des Syriens certes, mais aussi celle de Rafic Hariri. Pourquoi leur quotidien ne s'est-il pas amélioré? Pourquoi eux, qui n'ont d'autre ressource que leur travail, ne parviennent-ils pas à vivre et élever leurs enfants sans l'angoisse du lendemain. Il n'existe pas au Liban de services publics dignes de ce nom, les coupures d'électricité sont incessantes, l'eau du robinet n'est pas potable, la protection sociale est quasi inexistante, l'éducation est hors de prix, etc.
Voilà le Liban moderne, laïc et démocratique que préconisent les "anti-syriens" au pouvoir à Beyrouth: une société des plus inégalitaires basée sur l'argent, l'utilisation du clientélisme à base confessionnelle ou notabilière pour asservir et diviser la population, la transformation du Liban en parc de loisir pour les riches touristes arabes du Golfe. Sur le plan international, l'alignement du gouvernement de Fouad Siniora sur la politique américaine, dans un Liban meurtri par l'agression israélienne de l'été, ne fait qu'accentuer leur rejet par la majorité de la population libanaise.
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Lebanon’s crisis lingers, skepticism glides
and the citizens remain in dispute


Michele Chrabieh in Beirut
Friday December 14, 2006.


Three weeks have passed and the opposition’s sit-in continues and our “quasi-constitutional” government stays confined in its “luxurious mansion” in the heart of Downtown Beirut. While practicing one of its fundamental rights, the opposition is paralyzing all of Downtown’s businesses i.e. the fief of the Hariri family, the symbol of the rich and the employer of about 10,000 citizens.
Our democratically elected government keeps on ignoring the gigantic demonstrations, mainly that of Sunday December 10th, 2006, perhaps to save face and reach a win-win situation. In the midst of this chaos, Lebanese are at odds because of these two main political factions; the legitimate belligerents of the sovereignty and continuity of our nation. On top of it all, the negotiations in progress seem eternal: involving foreign interference, they revolve around the implementation of an international tribunal-to track down the assassins of our politicians, especially those of the ex-prime minister Rafic Haritri- and a government of national unity which would include an independent minister. The issue lies in the likelihood of finding such a minister who would allow the creation of a democratic arena where all of Lebanon’s minorities have a “level-headed” say in the country’s political, economic and social issues, etc. Skepticism orbits around such impartiality and neutrality, essential to balance the game of power between the opposition and March 14 Forces and avoid the possibility of having a despotic executive ruling wing.
To be continued.
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Canada: Des organismes libanais dénoncent la couverture «biaisée» de leur pays
December 13, 2006
Presse Canadienne Montréal -
Des organisations communautaires libanaises et de solidarité avec le Liban basées à Montréal ont dénoncé, mercredi, la manière dont les médias d'ici rapportent les événements qui secouent leur pays. Des centaines de milliers de Libanais manifestent depuis quelques jours à Beyrouth pour réclamer la création d'un gouvernement d'unité nationale et la tenue d'élections anticipées.Des représentants de COLCO (Council of Lebanese Canadian Organizations), de l'Association Al-Hidaya (un organisme communautaire libanais musulman) et de Tadamon (un groupe de solidarité canado-libanaise pour la justice sociale) rencontraient les médias, mercredi, à l'Institut Simone-de-Beauvoir de l'Université Concordia pour discuter de cette situation.Les organismes libanais se disent étonnés et déçus de constater que des médias canadiens et québécois parlent de manifestations organisées par le Hezbollah et des éléments pro-syriens ou pro-iraniens. Ils reprochent à certains médias d'être allés jusqu'à parler de tentative de coup d'État. Leurs porte-parole font valoir, d'une part, que la demande d'élections anticipées est l'antithèse du coup d'État. D'autre part, ils soulignent que le Hezbollah n'est qu'un acteur minoritaire au sein des manifestations auxquelles participent également des formations politiques laïques, des partis de gauche, des sunnites, des chiites, des druzes (et j'ajoute: une grande partie des chrétiens) et autres coalitions politiques, incluant des députés élus au sein de la présente assemblée législative. Quant à l'implication de la Syrie et de l'Iran, ces représentants disent trouver insultant de qualifier des centaines de milliers de Libanais d'agents étrangers, alors qu'il n'en est rien.
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A Lebanese village divided by sect, united by friendship
Residents dismiss fears of civil war, seeing no reason to hold an entire community to account over the actions of individual leaders
By Rym Ghazal
Daily Star staff
Thursday, December 14, 2006

KAWTHARIYYAT AL-RIZ: Ahmad Khalil, a Sunni, and Hassan Touba, a Shiite, live in simple houses and lead simple lives, each herding goats and picking fruits and olives. To them, the question of a possible sectarian war between Sunnis and Shiites - the likelihood of which has been much touted by Lebanese media - is farfetched.
"We are too mixed, seriously," said Khalil, an Arabic teacher, as he sat under the shade of a tree surrounded by members of his family, each busy with their own banal chores. "We have been living together as neighbors for decades. Why would we start fighting each other out of nowhere?"
"We don't feel the heat of the conflict in the capital, we just watch on television the massive numbers of Shiites sitting in the streets protesting against the government, and then we watch the Sunnis in the government refusing to budge," Khalil said. "They seriously need to go back to dialogue and end this deadlock."
Khalil' daughter, Radneen, said Lebanon's political leaders were behaving like children.
"One of them says this and the other responds with that and we, the people, have to bear the brunt of their stubbornness and childishness," she said, referring to the latest exchange of heated accusations between Prime Minister Fouad Siniora and Hizbullah leader Sayyed Hassan Nasrallah, who leveled unprecedented personal attacks at each other last week.
"We are of one religion - Islam - so I don't understand why people are pushing for a conflict between the Sunnis and Shiites. It is against Allah to fight among each other and insult each other," Radneen said, adding that her main concern was feeding her children, not "picking fights with neighbors."
Stroll a few steps down the road from the Khalil family home, hang a left and you are in "the Shiite part" of the village.
There is nothing substantially different about the two halves of the village. Both consist of modest brick homes scattered about the hill on which the village is perched; both have goats and sheep skipping about.
However, noticeable additions in the Shiite quarters are posted plaques bearing the names of the village's "martyrs" and the locations in which they died.
One such plaque was that of Mohammad Abdel Monem Abdel-Monem, killed in 1990 in Talet Jarnaya.
"We are tired of our voices not being heard," said Faryal Hamad, Abdel-Monem's sister-in-law, who has participated in an ongoing Hizbullah-led demonstration in Downtown Beirut to topple the Siniora government.
"Siniora is a corrupt man. Once he is out we can bring in someone decent, who will listen to us and respect us," Faryal added.
A few doors down, Touba was preparing to head to the protest.
"We are peacefully demanding that our voices be heard. We don't want any trouble with other Lebanese, and especially not with our good neighbors," Touba said as he packed an overnight bag.
"Extra underwear, two sweaters; one for my daughter and one for my son," he said as he placed each item into the black handbag.
Transportation and foodstuffs were provided by Hizbullah officials in many towns and villages in the South to ease the flow of hundreds of thousands of opposition supporters to the massive demonstration in the heart of the capital on Sunday.
Touba and his family were heading to Beirut to spend a night or two in "tent city" on Saturday, in response to a call by Nasrallah on Thursday for his party's backers to join the protest in the capital and pressure the government to resign.
"I have nothing against Sunnis, just against this particular government. Everyone is trying to turn it into a sectarian issue, which it isn't," Touba said. "It
is about individual corrupt leaders. It's not fair to blame a whole sect for one bad leader's mistakes."
Another Lebanese civil war is out of the question, both families said, even if the row between Siniora and Nasrallah can be seen as reflective of mounting tensions in Lebanon between both leaders' traditional bases of support.
But, as is often the case, the hopes for a better future of many Lebanese lies with the next generation.
Little Ahmad, Khalil's 4-year-old grandson, was untroubled - and unconcerned - by the political deadlock in the country as he sat and drew cats, flowers and a Lebanese flag.
"I want to draw," was his defiant reply to a crisis that, at least for now, has many Lebanese afraid.
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Tadamon ! Montréal se préoccupe de la manière dont les medias présentent les événements actuels au Liban
Cette couverturemédiatique ne reflète qu'une partie du débat complexe qui agite le Liban et qui a des implications importantes pour toute la région. Nous encourageons tous et toutes qui partagent nos inquiétudes à répondre aux erreurs et déformations existantes dans la couverture de la crise. Pour vous aider à répondre, nous proposons :
-une analyse médiatique : déformations/réalités
-détails des contacts des principaux médias
Vous pouvez les trouver çi-dessous ou sur notre site web au :http://tadamon.resist.ca/index.php/?p=365/lang-pref/fr/.
==> ANALYSE MÉDIATIQUE.
Le pouvoir du peuple au Liban : La vérité derrièrele brouillard
Le Liban vit ces jours-ci le plus grand mouvement populaire pacifique dans l’histoire du Moyen-Orient. Malheureusement, les Canadiens sont malinformés sur la réalité de ce qui se passe sur le terrain, à travers des nouvelles biaisées et parfois trompeuses. Il ne s’agit pas ici de prendre position pour ou contre dans cette crise, mais plutôt avoir le droit de savoir la vérité et de reconnaître le droit du peuple libanais de protester contre les agissements de son gouvernement et en élire un autre démocratiquement. Notre gouvernement a pris une position ferme en appui au gouvernement libanais. C’est le temps maintenant pour les Canadiens d’apprendre les faits entourant cette crise et tenir leur gouvernement responsable de sa position. Ce qui suit représente les distorsions propagées à travers certains de nos media dominants, et la réalité derrière les faits.
Distorsion: Ceci est une protestation du Hezbollah.
Réalité: L’opposition forme une coalition de plus de 10 partis politiques provenant de différentes confessions, différentes idéologies et différentes régions du Liban. Le Hezbollah, et son allié chiite, le mouvement Amal, sont certes les forces dominantes, mais soutenus par le Mouvement Patriotique Libre, un parti laïque ayant une base populaire majoritairement chrétienne et détenant 21 sièges au parlement. (leHezbollah et Amal détiennent ensemble 29 sièges). Les autres partis incluent un groupe formé d’une coalition sunnite, le parti communiste libanais, le mouvement populaire gauchiste et laïque, ainsi que des mouvements populaires druzes et chrétiens.
Distorsion: Ceci est une tentative de coup d’état contre un gouvernement élu démocratiquement.
Réalité: Les seuls blindés encerclant le siège du gouvernement sont ceux de l’armée libanaise, sous contrôle du gouvernement, qui se cache derrière des fils de fer barbelés en face de manifestants non armés. Les centaines de délégations qui désirent exprimer leur soutien au gouvernement se rendent au siège du gouvernement quotidiennement. Toutes les déclarations des manifestants mettaient l’emphase sur la nature pacifique du mouvement. L’opposition a réclamé, à maintes reprises, la formation d’un gouvernement d’unité nationale dans lequel les 2/3 des membres proviennent de la coalition présentement au pouvoir, et seulement 1/3 des membres de l’opposition. Ceci est loin d’être un coup d’état.
Distorsion: Ces manifestations sont un danger pour la stabilité et pour l’économie.
Réalité: Les centaines de milliers de bombes à fragmentation éparpillées dans les plaines du Liban sud, un héritage de la guerre israélienne contre le Liban l’été dernier, continuent de tuer et de mutiler des civils de tout age, et de perturber les activités d’agriculture qui forment la principale source de revenu de dizaines de milliers de personnes. En même temps, le secrétaire général sortant de l'ONU, Kofi Annan, annonce que l’aviation israélienne a lancé plusieurs faux raids aériens au-dessus du territoire libanais au cours de ce mois-ci, atteignant parfois 14 raids par jour.Ceci est en fait la vraie menace à la stabilité et à l’économie du Liban.Les mouvements de masse causent inévitablement des troubles pour l’économie et la stabilité, mais ils sont en réponse et en réaction aux politiques gouvernementales qui causent des dommages plus grands à la stabilité et à l’économie.
Distorsion: Ceci est en fait un mouvement contrôlé par le Hezbollah et vise à dominer le pays et former un état religieux.
Réalité: Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré ouvertement que son parti est prêt à renoncer à ses sièges dans un gouvernement d’unité nationale, et les céder à ses alliés du moment où toutes les factions libanaises sont représentées dans le nouveau gouvernement. La prétention que le but est de créer un état religieux, bizarrement insinué par le Globe and Mail (Editiorial 7/12/2006), ne peut pas être prise au sérieux au Liban. Même les adversaires du Hezbollah les plus ardus ne l’ont jamais soulevé comme possibilité.
Distorsion: Les manifestants sont des pions de la Syrie et de l’Iran et essayent de réintroduire l’interférence de la Syrie et renforcer celle del’Iran.
Réalité: La Syrie et l’Iran exercent une certaine influence au Liban,mais de dire que des centaines de milliers de citoyens sont descendus dans les rues pour servir les intérêts de pays étrangers est insultant pour le peuple libanais et ne peut être pris au sérieux. S’il est possible de dire que la Syrie et l’Iran influencent les décisions de l’opposition, il est également possible de dire que les intérêts des Américains et de l’Occident, ainsi que ceux de leurs alliés dans la région (la Jordanie,l’Égypte et l’Arabie Saoudite) influencent les décisions de la coalition au pouvoir. L’ambassadeur américain au Liban rencontre régulièrement les représentants du gouvernement et émet des communiqués de presse et autres écrits concernant les affaires internes au Liban. Les gouvernements français et allemands ont envoyé, la première semaine des manifestations, des délégations pour soutenir le gouvernement en place. Erwin Cotler, membre du parlement canadien, a rencontré M. Siniora il y a juste deuxsemaines.
Distorsion: Ceci est un conflit entre chiites et sunnites.
Réalité: Ceci est un conflit politique. Seulement deux des quatre principaux orateurs qui se sont adressés aux manifestants la semaine dernière étaient des chiites. Les deux autres étaient des sunnites incluant une autorité religieuse qui a mené une prière conjointe entre chiites et sunnites. Deux anciens premiers ministres provenant de la communauté sunnite, Salim al Hoss et Omar Karami, font partie de la coalition d’opposition. Les tensions entre sunnites et chiites sont présentes, plusieurs sunnites soutiennent le gouvernement et la majorité des chiites soutiennent l’opposition, mais les enjeux de base sont de nature politique.
Distorsion: Les protestations ont comme objectif d’empêcher la formation du tribunal international visant à enquêter l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri.
Réalité: Tous les partis de l’opposition ont déclaré ouvertement et à maintes reprises leur soutien pour la formation de ce tribunal international. Le gouvernement refuse de donner aux partis de l’opposition du temps pour réviser les détails des pouvoirs de ce tribunal et de son mandat, deux points pourtant cruciaux pour assurer une protection de base contre la manipulation de ce tribunal par des forces étrangères. Le geste de ratifier la décision de l’établissement de ce tribunal sans consultation adéquate a incité les ministres de l’opposition à démissionner, et a contribué au déclenchement de cette crise.
==> DÉTAILS DES CONTACTS DES PRINCIPAUX JOURNAUX
* À noter, la plupart des journaux demande votre nom, votre ville et votre numéro de téléphone avec votre lettre, afin de vérifier l'authenticité.
Journal de Montréal, transmission@journalmtl.com
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La Presse: Le Canada invité à la neutralité dans la crise libanaise
Monde, jeudi 14 décembre 2006, p. A26
JOONEED KHAN
"Ce qui se passe au Liban est un combat politique interne, que l'opposition mène par des moyens pacifiques et démocratiques, et le Canada n'a pas à s'en mêler et encore moins à prendre parti pour un camp contre l'autre."
C'est en substance l'appel lancé hier par deux représentants de l'opposition libanaise au Canada, réunis en conférence de presse à Montréal par Tadamon!, une organisation de solidarité sur le Liban et la Palestine.
"La visite d'appui de Jason Kenney, secrétaire parlementaire du premier ministre Stephen Harper, et du député libéral Irwin Cotler, au premier ministre Fouad Siniora montre que le Canada persiste à prendre parti dans la crise libanaise, après avoir soutenu Israël dans sa dernière guerre contre le Liban", a déclaré May Haydar, de l'Association Al-Hidaya.
"Nouveau Moyen-Orient"
"La position du Canada va dans le sens du projet de nouveau Moyen-Orient des États-Unis, au mépris de la vie humaine et de la démocratie. Or, les Libanais qui campent dans les rues de Beyrouth depuis 13 jours (maintenant 15 jours) veulent un pays qui réponde à leurs besoins, pas un pays client des États-Unis. C'est pour cela qu'ils veulent changer de gouvernement", a affirmé Mary Foster, de Tadamon!.
Mme Foster rentre du Liban, où elle a assisté aux obsèques du ministre assassiné Pierre Amine Gemayel, et aux manifestations de l'opposition.
"Radio-Canada International a rapporté que deux millions de Libanais s'entassaient dimanche dans Beyrouth, et sur les routes et les ponts menant à la capitale, pour exiger un nouveau gouvernement et des législatives anticipées", a souligné Ziad Najjar, du Conseil des organisations des Canadiens libanais (COLCO). "Cela veut dire que 40 % des Libanais sont venus manifester. Ils représentaient 14 partis religieux et laïques distincts, et des courants de la société civile, dont le Hezbollah n'est qu'une fraction. Le Courant patriotique libre (CPL), le parti laïque de Michel Aoun qui a gagné 75 % du vote chrétien aux dernières élections, en est une force majeure", a ajouté Najjar, qui s'est dit proche de cette formation.
Que veulent les opposants?
"Les médias parlent ici de tentative de putsch. Mais les Libanais exigent le respect de la Constitution léguée par l'accord de Taëf, qui a mis fin à la guerre en 1990. Ils ne veulent même pas réduire les 50 % des sièges de députés que Taëf a accordés aux chrétiens alors qu'ils sont un tiers de la population", a dit Mme Haydar. "Taëf a prévu pour l'opposition un tiers des ministères, afin qu'elle puisse bloquer des décisions affectant ses intérêts. Mais le gouvernement Siniora a violé ce principe. Voilà pourquoi les ministres du Hezbollah, du Amal et proches du CPL ont démissionné. Voilà pourquoi ils réclament un nouveau gouvernement", a expliqué Najjar. "Les opposants ne sont pas contre l'enquête de l'ONU sur l'assassinat de Rafic Hariri. Bien au contraire. Un sondage publié hier dans le journal Al Akhbar montre que 89 % des Libanais sont pour l'enquête, dont 95 % des sunnites, 76 % des chiites, 93 % des chrétiens et 98 % des druzes. Ça montre que les partisans du Hezbollah et d'Aoun soutiennent l'enquête de l'ONU", a-t-il dit. "Le même sondage montre que 50 % des Libanais jugent que le gouvernement Siniora est inconstitutionnel et 73 % veulent un gouvernement d'union. Celui-ci devra élaborer une nouvelle loi électorale et organiser des législatives selon un découpage des comtés et des critères qui soient plus représentatifs de la volonté des électeurs", a-t-il ajouté. "La contestation peut durer des mois, car les exigences de démocratie des Libanais sont encore plus fortes que ce qu'on a vu en Géorgie avec la Révolution de la rose ou en Ukraine avec la Révolution orange", a conclu Mme Haydar.

3 comments:

Anonymous said...

Pamela,

Ce texte, « Liban: Cessons la caricature
December 13, 2006
Cyberpresse.ca - Fabrice Balanche », est d'une importance capitale. Il nous apporte un éclairage que nous ne sommes pas habitués de voir, ici, en Occident.
Il est peut-être difficile de nous présenter le Liban, tel qu'il est, en l'espace de quelques minutes, mais tant qu'à utiliser ces quelques minutes, nos médias pourraient au moins nous dreser un portrait juste, qui s'approcherait un tant soit peu de la réalité.

Nos médias sont contrôlés et ne nous présentent que ce qui fait bien leur affaire. Car, ils ont au moins autant de moyens financiers pour nous offrir une image réaliste d'un pays, peu importe lequel, qu'ils en ont pour nous dresser le portrait d'une mouche-à-feu morte dans le Grand Nord québécois: c'est une question de choix!

Il nous faudrait être très perspicaces pour connaître une situation qui ne nous est jamais présentée par nos médias occidentaux. Il nous est donc très difficile de leur réclamer la Vérité à propos de ce que nous ignorons complètement. Pour ce faire, nous avons au moins besoin d'une piste nous menant vers cette Vérité que l'on nous cache si volontairement, si allègrement...

En ce qui me concerne, ton blogue et les témoignages que tu y livres inlassablement constituent cette piste, ce lien qui nous présentent objectivement la « Réalité Libanaise » vue autant de l'intérieur, parce que tu y vis, que de lOccident, parce que tu y vis aussi.

Merci Pamela de nous informer avec une intégrité irréprochable.

André.

Dr. Pamela Chrabieh said...

Merci André. En fait, je ne fais que ce que mon coeur et ma conscience me dictent. Je suis exaspérée de constater quotidiennement la désinformation qui s'opère à grande échelle. Dans mon blogue, je donne l'exemple du Liban et des relations canado-libanaises. Mais je suis certaine que la distorsion de la réalité est un phénomène mondial, et ce qui m'attriste profondément, c'est qu'elle est appliquée très largement dans les sociétés dites 'démocratiques'. De quelle démocratie parle-t-on? Celle qui sert les intérêts de certains aux dépens des autres? Celle qui sert le pouvoir des neo-colonisateurs, des grandes puissances dans leur partage de régions stratégiques et des ressources de la planète? Heureusement que nous vivons à l'époque de l'internet et de la mondialisation de l'information pour avoir accès à une diversité de voix-es, de représentations et d'opinions.

Anonymous said...

Pamela,

Tu as complètement raison. Je me permets d'ailleurs de reproduire ici un commentaire que j'ai laissé tout à l'heure sur le blogue de monsieur Oscar Fortin : il parlait alors des faussetés publiées dans les médias à l'égard de Fidel Castro. En passant, il s'agit là d'un très beau texte de monsieur Fortin. Voici donc ce commentaire :

...«« Monsieur Fortin,

Voilà l'un des plus beaux et des plus justes portraits qu'il m'a été donné de lire à propos de Fidel Castro.

J'apprécie particulièrement le parallèle que vous faites entre Castro et Pinochet, entre « la Justice Sociale » et « L'injustice démagogique » des pouvoirs occultes élevée et « propagandée »comme étant la « Vertu des vertus » par les administrations américaines, autant démocrates que républicaines. J'espère que vous trouverez un moyen de publier ce texte dans « nos » médias et ce, même si je sais que ces mêmes médias, « assoiffés de justice et de vérité » ne seront pas très portés à publier un pareil texte, car la vérité et la justice dont ils font état dans leurs pages se résument « AUX LEURS »!

Pour être bien informés dans le sens propre du terme, je crois qu’il nous faille dorénavant s'en remettre de plus en plus aux blogues. En effet, ils ne sont pas sous la férule de la convergence, des commanditaires, des intérêts personnels et mesquins et des manipulations qu'ils imposent dans la présentation des faits, des individus. Le véritable pouvoir démocratique, grâce aux blogues notamment, retourne donc vers « l'Agora », là où il est né. Et ce pouvoir, il sera très difficile de le contrôler, de le manipuler, car il provient à la fois de partout et de nulle part. Aucune armée nucléaire américaine ne peut le vaincre autrement qu'en détruisant la Planète, ce qui est toujours possible, surtout quand on sait ce que l'« Incapable » G. W. Bush « est capable » de faire ou, plutôt, de faire faire !

André Tremblay.

Publié sur le blogue d’Oscar Fortin à 2:54 AM, vendredi, le 15 décembre 2006. »»

Pamela, tu dis que « tu ne fais que ce que ta conscience et ton cœur te dictent ». Eh bien, laisse-moi te dire que tu le fais extrêmement bien et que nous sommes de plus en plus nombreux à t’en être reconnaissants !

Bonne fin de journée et bonne fin de semaine,

André.