Sunday, July 23, 2006

NOUVELLES DU LIBAN: C'EST L'ENFER


24 juillet 2006
Nous tenons bon pour le moment à la montagne. Mais je ne sais pas encore pour combien de temps. Les bombardements se poursuivent sans répit. Nous avons peur de nous déplacer donc nous ne le faisons que pour les urgences car l'armée israélienne est entrain de bombarder également des voitures, des camions, des motocyclettes, des ambulances pour la croix-rouge etc. De plus, l'armée israélienne a détruit hier le plus important réseau de communications (télé, radio, téléphone, cellulaire, internet). Il ne nous reste plus que le backup. Donc si ce dernier est également détruit, ce serait une catastrophe, encore plus grande que ce que nous vivons. Nous serons coupés de tout le monde.
Nous espérons encore, en dépit de tout... Nous espérons encore...
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Feuille de route
Projet de vie, culture de mort
L'article de Michel HAJJI GEORGIOU (OJ, 24 juillet 2006)

Les rues désertées du centre-ville, à l’heure du chien-loup. Pas âme qui vive près de la place qui, l’an dernier, symbolisait la résurrection pacifique et civique d’un peuple. Seul un albatros de bronze se dresse, dans le jardin qui porte désormais son nom, fier et majestueux. Aérien. Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.Cet albatros méditatif contemple, non sans un air narquois, le néant qui a envahi la place des Martyrs, regarde Beyrouth progressivement abandonnée aux ténèbres impénétrables. Les yeux perdus dans ce silence immobile qui soustrait, l’espace d’une synesthésie ineffable et délirante, la capitale au temps humain, Samir Kassir embrasse du regard la banlieue sud et l’odeur de napalm, au loin. Chaque nuit, Haret Hreik et ses alentours s’embrasent et se consument, pris sous un déluge de feu et de métal hurlant, spectacle dantesque que seules l’impuissance et la résignation peuvent pousser un esprit sain à accepter. « L’impuissance, incontestablement, est l’emblème du malheur arabe aujourd’hui », écrivait Samir Kassir dans son livre-testament. L’impuissance génère la frustration, qui engendre à son tour la haine et la violence. L’impuissance est le dixième des cercles concentriques de l’enfer, celui qui, non sans perfidie, peut pousser à la pire des lâchetés, sinon au suicide (collectif). Celui qui peut inciter une poignée d’hommes désespérés, voire même des groupes entiers, à se vouer à un culte de la mort sans aucune chance de survie, à immoler tout un peuple sur l’autel de la violence dans l’espoir fou de déstabiliser une puissance guerrière. Comment vaincre cette impuissance, comment remédier à ce désespoir, comment expliquer à ces hommes que seule la culture de la vie peut triompher face à la puissance, que le sacrifice est tout ce qu’il y a de plus vain ?Comment dire aux masses arabes que ces vieux mythes nationalistes et ces chefs charismatiques qui les ont invariablement conduits au désastre, autrefois, n’ont plus aucun sens, que l’histoire ne doit se souvenir que des bâtisseurs, que les losers doivent finir aux oubliettes, et non plus être plébiscités ?Comment leur dire qu’il ne sert plus à rien de brandir les portraits de ces chefs, que l’énergie de la haine et du désespoir doit être cristallisée dans un effort bâtisseur de renaissance ? Que la nahda peut s’avérer plus puissante que des tonnes de missiles ? Comment les interpeller, eux, écrasés et maintenus dans l’analphabétisme depuis des décennies par des pouvoirs despotiques sournois, qui n’ont fait que les réprimer à l’aide d’une superpolice, qui les ont éduqués dans la crainte du régime et du clan, qui ne leur ont appris que la haine de l’Autre et de l’Occident ? Comment ne pas leur dire que l’Occident a longtemps toléré cette situation en soutenant ces régimes, en les confortant dans leur terrorisme d’État ? Comment leur dire que c’est exactement dans ce style réactionnaire, dans l’ignorance la plus débilitante, que certains cherchent à les maintenir et qu’ils foncent tête baissée, droit dans le piège ? Comment les convaincre que faire le signe de la victoire au-dessus des ruines, propre des armées et des mouvements nationalistes arabes, c’est s’enliser encore plus dans le malheur arabe, dans l’impuissance, la frustration et la violence, c’est renforcer encore plus Israël ? Mais comment faire comprendre aussi à l’Occident qu’Israël est au cœur du malheur arabe, qu’il en a été le détonateur dès 1948, comme le prouve une fois de plus ce déferlement de manifestants, pourtant sunnites, dans les rues de Amman et du Caire, brandissant les portraits jaunis de Nasser avec ceux de Nasrallah ? Comment expliquer à tous que Malraux était un formidable visionnaire, et persuader les peuples arabes que le fondamentalisme est le véritable mal d’un siècle qui a déjà atteint tous les excès en matière de religiosité, et qu’il ne sert à rien de se laisser récupérer par cette tumeur létale qui se nourrit de pauvreté, de rage et d’analphabétisme pour se répandre ?Comment les convaincre à tous, eux et leurs cousins d’Occident, qu’il faut, comme disait Samir Kassir, « pouvoir continuer à refuser Huntington et se rappeler Lévi-Strauss », leur dire, à John Bolton d’abord, qu’il n’y a pas de « hiérarchies naturelles » en matière de civilisation, que « l’humanité est une, dès lors qu’elle repose sur un fond anthropologique commun », que la logique culturaliste encourage celle de la victimisation, donc de l’impuissance, de la frustration, de la haine, de la violence, etc., le tout dans une spirale interminable. Comment leur dire enfin que le printemps de Beyrouth, saboté par toutes les forces traditionnelles, qui ne souhaitent pas que le monde arabe bondisse dans la modernité, est un modèle de résistance et de renouveau démocratique que nul ne pourra empêcher ; qu’il est mille fois plus fort face à tous les ennemis du monde ? Comment les persuader qu’un projet de vie triomphe toujours, qu’une culture de la mort n’entraîne que le malheur et le désastre ? Que le Liban aspire à la vie, à la citoyenneté, à la modernité, qu’il est de son droit de s’extirper définitivement du malheur et de ne plus souffrir de la lâcheté des régimes arabes, même s’il reste attaché à une arabité faite de culture, d’espérance et de respect de la dignité humaine ? Que le pays du Cèdre ne veut plus jamais être victime de sa géographie : de la Syrie et des complexes annexionnistes du Baas, qui souhaite désespérément reprendre langue avec Washington dans le seul but de pouvoir remettre les pieds au Liban, de l’Iran et des lubies de fin du monde de son chef dans l’attente du mahdi, d’Israël, et de ses besoins en eau et en sécurité ? Considérations sur le malheur arabe. Comment, enfin, pousser les peuples arabes à lire cet ouvrage que Samir Kassir a écrit pour eux, surtout pour eux, avant que d’être emporté par ceux qui souhaitent, aujourd’hui encore, assassiner le monde arabe, à commencer par le Liban ?
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La chronique de Nagib AOUN
Pour que cela ne se répète plus (OJ, 24 juillet 2006)
Peut-on déjà parler de l’après-guerre, envisager l’avenir, jeter un regard serein sur un futur incertain ?Est-il seulement décent de parler de reconstruction alors que la machine de guerre israélienne poursuit son œuvre de sape, broie tout sur son passage, démolit les structures mêmes de l’État fort ?Est-il approprié d’évoquer le Liban de demain alors que celui d’aujourd’hui est défiguré, réduit en lambeaux ?Depuis qu’il existe, le Liban n’a jamais cessé d’être tué, assassiné, dépecé, mais, depuis qu’il existe, le Liban n’a, aussi, jamais cessé de ressusciter, de se réunifier, un incessant pied de nez à ses bourreaux, jamais les mêmes mais toujours aussi féroces.Étrange destin d’un pays éternellement bâtisseur, ivre d’une boulimie de vie mais qui, avec la même fébrilité, crée sans arrêt les conditions de sa propre destruction, de sa propre mort.Aujourd’hui, alors que le Liban se démembre sous les coups israéliens, cette folie suicidaire doit être désamorcée, un terme doit être mis à l’engrenage fatidique.Aujourd’hui, le phénix est fatigué, est à bout de souffle et à moins d’un sursaut, d’une prise de conscience collective, ne renaîtra plus de ses cendres. Ce n’est là ni figure de style ni cliché maintes fois ressassé : depuis deux semaines le pays du Cèdre vit l’horreur au quotidien et rien n’indique que le cauchemar prendra fin de sitôt.Continuer alors à agir et à réagir avec les idées préconçues d’avant la guerre, refuser d’admettre que tout a basculé et qu’une nouvelle structure de raisonnement doit être mise en place, ce serait creuser nos tombes de nos propres mains, plonger dans des drames, des conflits sans fin. Le Liban de demain ne peut être celui d’hier. Trop de victimes sont tombées, trop de dégâts se sont produits, une colère trop longtemps contenue va surgir, s’amplifier, enfler comme une tempête qui se lève.Le Liban de demain sera différent ou ne sera pas, et c’est dès maintenant qu’il doit prendre forme. Kofi Annan, dans sa magistrale intervention devant le Conseil de sécurité des Nations unies, a clairement indiqué la voie à suivre, celle qui passe nécessairement par la légalité libanaise.Tôt ou tard, dans quelques jours, dans quelques semaines, un cessez-le-feu sera proclamé et il ne sera alors plus tolérable que la situation malsaine d’avant la guerre puisse prévaloir de nouveau.Plus jamais la guerre, plus jamais de prétextes à la guerre, plus jamais d’enjeux régionaux à exécuter. Les milliers de victimes, de mutilés, d’handicapés à vie seront en droit de demander des comptes, de réclamer des explications.Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Une interrogation, un interrogatoire, un réquisitoire auxquels il serait difficile d’échapper, un questionnement qu’il ne serait plus possible d’éluder.Le Liban de demain ne peut être celui d’hier : plus une décision capitale ne doit être prise hors de la légalité, nulle présence armée hors celle des forces de l’État ne doit être tolérée dans la région frontalière. Qu’on ne s’y méprenne pas : il n’est question là, en aucune façon, de la simple application de la 1559. Il s’agit essentiellement du droit élémentaire de tout État d’exercer son entière souveraineté sur toute l’étendue de son territoire.Est-ce mettre la charrue devant les bœufs alors qu’Israël poursuit son agression meurtrière contre le Liban ? Bien sûr que non : l’urgence est évidente, elle se justifie encore plus par l’irruption d’une véritable bombe à retardement : l’exode de centaines de milliers de réfugiés chiites qui ont tout perdu, maisons, emplois et maigres biens, et qui n’auront, pour une bonne partie d’entre eux, nul endroit où aller lorsque la guerre prendra fin.Une crise sociale en perspective, doublée de frictions intercommunautaires inévitables (nonobstant la solidarité qui se manifeste aujourd’hui avec les déplacés) si la légalité n’a pas les coudées franches pour intervenir, pour étendre son autorité.Laboratoire depuis des décennies de toutes les expérimentations, de tous les plans échafaudés pour la région, le Liban n’en peut plus d’être le cobaye de tous les apprentis sorciers, de tous les aventuriers du monde.Condoleezza Rice, péremptoire, annonce d’ores et déjà la naissance d’un « nouveau Proche-Orient ». C’est d’un « nouveau Liban » qu’il devrait s’agir en toute priorité.Plût à Dieu, une fois la guerre terminée, une fois Israël ramené à la raison, que le parti de Dieu souscrive à la volonté internationale et s’insère dans la structure d’une légalité hors de laquelle il n’y aura point de salut.
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Appel à Paris d’un collectif de citoyens libanais « Pour que le Liban vive »
Nous avons reçu d’un collectif de citoyens libanais et amis du Liban l’appel suivant :
« Le Liban subit une agression d’une violence inégalée dont la conséquence aujourd’hui est une catastrophe humanitaire sans précédent et, demain, la certitude d’une grave crise économique et sociale et un risque d’effondrement du modèle démocratique libanais.« Que personne ne s’y trompe. Il ne s’agit pas d’une action militaire israélienne de plus sur fond de tensions tristement classiques pour la région. Nous assistons à un cauchemar qui risque de briser pour toujours ce Liban que nous aimons tant.« Il est du devoir de tout Libanais ou ami du Liban, quelles que soient ses origines politiques et communautaires, partout dans le monde, de bien comprendre les enjeux de cette crise et de se mobiliser immédiatement en conséquence.« Il est de notre devoir de nous concentrer avec acharnement sur les valeurs humaines et démocratiques qui nous unissent pour renforcer notre message et notre action. Nous devons nous agripper à ces principes rassembleurs contre vents et marées et rejeter net les arguments qui les trahissent et les vieux démons de la division.« Nous, Libanais du monde et amis du Liban, nous nous retrouvons autour des principes suivants :1. Nous nous révoltons sans hésitation et sans nuances face à la destruction systématique du pays et au malheur de ses habitants, en particulier dans le Sud. Nous refusons les arguments de “guerre propre” et “d’armée morale” qui procèdent d’une désinformation indigne.2. Nous rejetons en bloc les arguments géopolitiques ou sécuritaires mis en avant pour justifier l’agression israélienne au Liban. Nous sommes horrifiés par le cynisme affiché du monde diplomatique qui donne du temps à Israël pour “finir le travail”.3. Nous exigeons d’une seule voix un cessez-le-feu immédiat et participerons à toute action qui ira dans ce sens.4. Le modèle démocratique libanais basé sur l’entente et l’équilibre entre les communautés est une fierté et une richesse. Nous croyons profondément en sa valeur de modèle et de message pour le Moyen-Orient et pour le monde. Nous croyons en son exemplarité par rapport à tous les modèles monolithiques de la région fondés sur la domination d’une fraction et l’exclusion des autres citoyens. Nous remercions les responsables religieux et politiques libanais de tous horizons qui depuis le début de la crise rejettent les logiques de division et mettent l’accent sur la défense de la patrie et l’union autour du pacte national. Nous les supplions de maintenir cette ligne à tout prix.5. Nous plaçons la sauvegarde de la nation libanaise avant tout. Une fois leur nation à l’abri, les Libanais saisiront comme une chance et une richesse la possibilité de vivre pleinement leur diversité communautaire et politique.« Soutenons de tout cœur par notre présence l’initiative “Pour que le Liban vive” comme nous devrons soutenir toute initiative de rassemblement pour la sauvegarde de la nation libanaise. Il ne s’agit ni de politique ni d’intérêt. Il s’agit simplement de survie. Dépensons-nous sans compter et sans calculer pour sauver au sein d’une union sacrée le Liban d’aujourd’hui et de demain. »Collectif de citoyens libanais et amis du Liban
(Rassemblement pacifique mardi 25 juillet, à 19h30, Mur de la Paix, au Champ-de-Mars, place Joffre, à Paris, 7e)
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« Les Israéliens reviennent ! », le cri d’effroi des habitants du Liban-Sud (OJ, 24 juillet 2006):
«Les Israéliens reviennent ! » crie Youssef Ismaïl. Cet enseignant d’un village du Liban-Sud cité dans un reportage de l’AFP a tout juste eu le temps d’entasser sa famille et ses biens les plus précieux dans sa voiture avant de foncer vers Tyr, submergée par des dizaines de milliers de déplacés. Pour Youssef, le bruit des bottes à la frontière libano-israélienne fait ressurgir le spectre d’un passé que tous les Libanais veulent oublier : l’invasion du Liban par Israël en 1982.Ali Cheikh Hussein a, lui aussi, fui son village, et il était presque trop tard. Les bombardiers F-16 israéliens ont pris Bint-Jbeil pour cible et, selon le témoignage du vieil homme, ils n’ont laissé derrière eux que « fumée et feu ». « Nous avons pris la route, et les explosions nous suivaient, assure-t-il. Ils ont rasé le village. Je suis certain que des tas de gens sont restés ensevelis sous les décombres », ajoute le retraité, qui a mis sa famille en sécurité chez des amis.Alors que les premiers soldats israéliens ont pris pied au Liban grâce à des têtes de pont proches de la frontière après plus de dix jours de pilonnage des positions du Hezbollah, Ali Hussein et les habitants du Liban-Sud ne se font pas d’illusion sur les intentions de l’État hébreu. « C’est comme en 1982 », lance Youssef, qui s’est installé chez des parents à Tyr.« Qu’ils envahissent », lance avec défi Mahmoud Abou Zeid, qui a vécu l’invasion de 1982. « À l’époque, nous n’avions que quelques armes. Aujourd’hui, il y a une vraie résistance, affirme-t-il. Si les Israéliens envoient toute leur armée au Liban-Sud, ils peuvent peut-être venir à bout du Hezbollah », ajoute-t-il, confiant comme beaucoup de ces concitoyens dans les prouesses des combattants chiites.Pourtant, Mahmoud Abou Zeid n’hésite pas à poser la question qui hante les Libanais. « Et puis ensuite ? Que se passera-t-il ? Nous aurons el-Qaëda ou quelque chose de pire ! » affirme-t-il. Lui qui n’a rien oublié de l’engrenage mortel de l’invasion de 1982 et de ce qui a suivi avertit: « Tant que les Israéliens ne respecteront pas les droits des Arabes et considéreront notre sang comme sans valeur, les choses ne pourront qu’empirer pour eux. »
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Un millier de manifestants à Tel-Aviv contre l’offensive israélienne (OJ, 24 juillet 2006):
Un millier de personnes ont manifesté samedi en début de soirée à Tel-Aviv contre l’offensive menée par l’armée israélienne au Liban, selon un correspondant de l’AFP.Les manifestants, des juifs et des Arabes israéliens, se sont réunis sur la place Rabin, dans le centre-ville, brandissant des pancartes où l’on pouvait lire « la guerre est un désastre », « oui à la paix, non à la guerre ».Les manifestants ont également appelé à la libération immédiate de tous les prisonniers libanais et palestiniens détenus par Israël.Pour eux « l’enlèvement (des soldats israéliens) a seulement été un prétexte » pour lancer l’offensive contre le Hezbollah.Pour des manifestants, « la libération de prisonniers est une meilleure option que de creuser des tombes ».L’ex-député Shulamit Aloni a estimé lors de la manifestation qu’il « n’était pas possible que notre armée de défense devienne une armée d’occupation et de massacre ». « Nous devons accueillir une force internationale, entamer des négociations et faire la paix », a dit M. Aloni devant les manifestants dont certains avaient des drapeaux palestiniens.« Cette guerre est une catastrophe et nous pouvons empêcher cette catastrophe par des négociations qui sauveront des vies, d’Arabes et d’Israéliens », a déclaré un autre manifestant, Mohammad Barrakeh.« La guerre ne s’arrêtera pas bientôt, mais nous ne cesserons pas non plus de manifester », a-t-il ajouté.Se tenait en marge de la manifestation un petit groupe de personnes favorables au gouvernement qui ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Traîtres, nous en avons assez de vous ».Quelques échauffourées ont eu lieu entre les manifestants et ce groupe, mais la police est rapidement intervenue pour disperser les manifestants.Un rassemblement similaire, avec une cinquantaine de personnes, s’était tenu vendredi dans la ville de Haïfa.Le 16 juillet, d’autres manifestants s’étaient aussi réunis à Tel-Aviv, à l’appel du même collectif, formé notamment d’organisations pacifistes israéliennes – Tayoush, le Bloc de la paix, Yesh Gvoul (« il y a une limite »), ou encore la « Coalition des femmes pour la paix ».
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Plus de 160 personnes dans le lycée de Ghazir
« Retirez les corps des tués de Srifa de sous les décombres », implorent les réfugiés du village sinistré
Suzanne BAAKLINI
(OJ, 24 juillet 2006)
«Nous ne demandons rien, juste qu’on retire les corps de sous les décombres et qu’on nous révèle le sort de nos proches. » Ce cri du cœur, c’est Inaya Mahmoud Najed qui l’a lancé. Avec des membres de sa famille, Inaya s’est réfugiée dans un lycée à Ghazir (Kesrouan), loin de l’enfer qui a frappé sans prévenir son village natal de Srifa, où des dizaines de vies ont été fauchées dans plusieurs hécatombes, et dont l’armée israélienne a interdit l’accès pour qu’on y enterre décemment les morts. « Je viens de savoir que mon cousin a été tué, je suis sans nouvelles de mon frère et d’autres membres de la famille, déplore-t-elle. Plusieurs témoins nous ont assuré avoir entendu des voix d’enfants vivants, mais piégés sous les décombres. »Srifa est généralement un village paisible, aux alentours de Tyr, où la principale activité est la culture du tabac. Durant la présente offensive israélienne sur la région (« pas la première que nous ayons connue, mais de loin la pire », disent les réfugiés), le village a cependant connu l’enfer. « Nous avons dû quitter nos domiciles dans l’urgence, raconte cette mère de cinq enfants. Quand nous sommes arrivés au niveau de la banlieue sud de Beyrouth, après plusieurs péripéties, une fusée a explosé non loin de nous. J’avais emporté de la maison trois grands sacs. Je les ai oubliés sur place et j’ai couru pieds nus jusqu’au bus. Je suis toujours pieds nus. »La seule bonne nouvelle que Inaya ait eue depuis le début de son exode, c’est l’arrivée inopinée de son mari, qui travaille à la banlieue sud et dont elle était sans nouvelles. Mais l’angoisse pour ceux qui sont restés là-bas, sous le déluge de feu, l’étreint ainsi que ses compagnons. « Je préfère vivre dans une tente chez moi que d’être réduite à cela, dit-elle. Tous ces jeunes gens qui sont morts, n’est-ce pas une honte ? Nous n’avons aucune base militaire près de chez nous. »Inaya et sa famille font partie des quelque 160 personnes qui ont trouvé refuge dans ce lycée de Ghazir, où de jeunes militants du Courant patriotique libre (CPL) leur viennent tous les jours en aide. « Ils ont été formidables, ils font leur possible pour nous assurer tous nos besoins », nous racontent les réfugiés. Deux de ces militants nous montrent la chambre transformée en dépôt, où l’on retrouve toutes sortes de denrées alimentaires, d’habits (parce que ces réfugiés n’ont souvent rien pu emporter), des produits divers.« Il y a des ONG qui aident, les sœurs antonines qui ont une école toute proche leur ont déjà porté assistance, le caïmacamat s’est manifesté, et le CPL assure plusieurs besoins vitaux, comme les matelas par exemple, aux réfugiés de cette école ainsi qu’à beaucoup d’autres dans la région », explique l’un des jeunes responsables de l’école, préférant garder l’anonymat. Selon lui, ni le ministère des Affaires sociales ni le Haut Comité de secours n’ont fait acte de présence. Il indique également que les habitants des environs se sont montrés concernés par la présence de ces réfugiés et ont participé aux aides.« Vont-ils nous suivrejusqu’ici ? »Samedi, une mauvaise surprise attendait la région, puisque les antennes de la LBCI et d’autres stations à Fatqa, toutes proches à vol d’oiseau, ont été bombardées par l’aviation israélienne. Tout le Kesrouan a sursauté au bruit de ces explosions, mais particulièrement les réfugiés traumatisés, qui ont les nerfs encore plus tendus. « Croyez-vous que la situation pourrait se dégrader même ici ? demande une femme, inquiète. Vont-ils nous suivre jusque dans la région où nous nous sommes réfugiés ? »Les habitants de la région et les nombreuses personnes qui s’y sont déplacées pour fuir l’atmosphère oppressante de la capitale ont eux aussi eu une frayeur, même si certains d’entre eux disaient s’attendre un peu à cette frappe et observer avec angoisse les antennes depuis le début de l’offensive. Même si beaucoup ne pensent pas que des frappes pourraient viser régulièrement la région et que les cibles, selon eux, semblaient bien définies, ils n’en ressentent pas moins une inquiétude renouvelée, condamnant une fois de plus l’offensive israélienne généralisée sur le Liban. « C’est comme s’ils nous disaient que même loin des secteurs chauds, on ne peut pas être si tranquilles », nous déclare une habitante.Les réfugiés dans les écoles, eux, vivent l’inquiétude et l’incertitude de l’avenir de manière plus accrue. « Pourquoi ont-ils frappé la LBCI ? Que Dieu garde les journalistes qui couvrent les événements », dit une femme.Même si les temps sont difficiles, Ala’ Najed, 17 ans, ne doute pas de l’issue de la bataille. « La Résistance vaincra, avec l’armée libanaise, dit-il. Ce qui se passe est trop injuste et va être à l’origine d’une contre-réaction importante. Le peuple sera le plus fort. » Une autre femme, originaire de Srifa elle aussi et dont la moitié de la famille reste au Sud, déclare : « Je préfère donner mes enfants en martyrs que vivre tête baissée. »Mais l’heure est surtout à la souffrance et à l’attente angoissante. Et rien ne personnalise mieux cette souffrance que la « hajjé » de 92 ans, dans sa chaise roulante, qui ne peut que verser des larmes et agiter ses vieilles mains pour exprimer la douleur sans cesse renouvelée des guerres incessantes...
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23 juillet 2006

A ce jour, on compte plus de 400 morts civiles, plus de 700 blessés civils, plus d'1 million de réfugiés, plus de 7 milliards de dollars de dégâts, et la liste ne fait que s'allonger... et les bombardements ne font que pleuvoir... des daizy cutters, des bombes au phosphore, des bombes 'intelligentes' téléguidées au laser, des missiles de plus d'une tonne chacun, des bombes 'silencieuses', des bombes qui aspirent l'oxygène... tout l'arsenal hautement technologique d'Israël s'abat sur le Liban... Sauve qui peut? Comment se sauver des feux de l'enfer? Nous ne sommes plus à ses portes, nous nous trouvons au beau milieu, en son point le plus brûlant !!!!!!!

"Sunday 23 July, 2006. 10, 11, 12 and we are still counting the days begging for this brutality to end. Lebanon, the prey of today’s barbarism, is being razed by Israel’s most sophisticated weaponry. It is alleged that the latter’s precision allows the Israelis to hit their selected targets no mistakes involved. Now, as I sit helpless on this “sunny Sunday” watching the news from my village Bikfaya, I wonder how accurate this monstrosity is as it not only levels its targets but their surroundings as well and so many innocent civilians out of which a significant percentage are children. Therefore, as Lebanese we are bound to find ways to aid the million of displaced and homeless fellow countrymen and to ask the International Community to raise its voice and shout “ENOUGH”. I urge all Lebanese citizens who can lend a hand to do something. Fear is strong and the reason is greater but we cannot abandon all those who need us more than ever" (Michele Chrabieh -Bikfaya, Lebanon)
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"Chère Pamela, courage ma chère, et ne te désespère pas encore. Tous ces sentiments que tu ressens, nous les ressentons ici nous aussi. Notre prière vous accompagne jour et nuit. Surtout ne lâche pas tes convictions sur l'importance du dialogue ouvert et de l'acceptation des différences de l'autre. Je t'ai demandé si tu veux revenir au Canada, et c'est maintenant moi qui me sens vouloir être au Liban avec chaque instant qui passe. Prenez soin de vous-même pour être présents à ceux qui ont besoin de vous. A bientot" (K., USA)
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"Malgré les nouvelles de la poursuite des bombardements sur le Hezbollah, il semble qu'il y ait une petite -très petite lueur d'Espoir -- si des négociations avec la Syrie, Palestine et le Liban prennent place. Le corridor est un tout petit effort, il faut arrêter la guerre d'abord tant d'Israel que chez les autres... Il y a l'Afghanistan aussi et tant d'autres. Nous continuons à suivre les événements qui nous terrifient par leur absurdité. Négocier, dialoguer, c'est essentiel quoi qu'en disent les USA qui aiment la guerre rentable pour eux... " (R., Montréal)
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"Pamela, bonjour et saluations a toute la famille ! Nous nous portons tous bien et nous soucions pour vous. J'ai failli perdre souflle en apprenant que vous êtes tous la, tel que je le craignais ! Dieu merci vous êtes bien portant pour le moment ! Faites attention à vous, car les images que nous voyons à longueur de journée sur différentes chaînes de télévision confirment bien ce que tu dis. La situation actuelle vient de confirmer la faiblesse de la communauté internationale. Je m'attendais au moins à ce que les pays arabes prennent clairement position. Hélas, tout le monde semble se plaire a ce spectacle macabre ! Du courage mes chers et que Dieu vous protège ainsi que tout le peuple libanais et palestinien ! (J.P. et G., Québec)
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2 comments:

Annie-Claudine said...

Ma belle Pamela,

Je suis ton blogue et chaque jour je suis soulagée de te savoir là. Je suis tellement désolée pour ce qui arrive. Dans les journeaux de Mtl, il y a eut beaucoup d'articles sur les canadiens-nes qui reviennent du Liban. Il parrait que le voyage s'est passé dans des conditions très difficile et inconfortable. Je te trouve très courageuse de rester là bas près de ta famille. J'espère que Michèle va bien.

Je t'embrasse X X X

Chroniques Blondes said...

Je pense à toi tous les jours. Courage.